Thérésien Cadet

botaniste français
Thérésien Cadet
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Académie de l'île de La Réunion (d) (-)
Société réunionnaise pour l'étude et la protection de la nature (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Abréviation en botanique
CadetVoir et modifier les données sur Wikidata
Œuvres principales
Flore des Mascareignes

Thérésien Cadet est un botaniste réunionnais né le au Tévelave dans les Hauts de la commune des Avirons et mort le [1].

L'amphithéâtre Thérésien Cadet sur le campus du Moufia, à La Réunion.

Il fut professeur de biologie végétale à l'université de La Réunion, spécialiste et théoricien des formations végétales des îles Mascareignes. Il est l'un des auteurs principaux de la Flore des Mascareignes.

Biographie modifier

Thérésien Cadet est issu d'une modeste famille de milieu rural. Élève brillant remarqué par ses professeurs, il quitte pour la première fois son île natale après son baccalauréat obtenu en biologie en 1956 et entre en classe préparatoire scientifique au lycée Chaptal de Paris[2].

Il réussit le concours de l'institut de préparation aux enseignements de second degré et poursuit ses études à la Faculté des sciences biologique de Paris en tant qu'élève-professeur. C'est au cours de ses études parisiennes qu'il se pique de passion pour la botanique. Il obtient en 1961 l'agrégation de sciences naturelles (9e de sa promotion)[3].

De retour dans son île, il enseigne à l'École normale et crée le Laboratoire de sciences naturelles, participant au démarrage de l'enseignement scientifique universitaire à La Réunion.

Par ailleurs, il se rend dans les îles de l'océan Indien ainsi qu'au Kenya pour mener des prospections botaniques comparatives. Mais surtout il parcourt inlassablement le terrain à La Réunion où il herborise, collecte échantillons de plantes et témoignages, observe les différents milieux naturels et leur fonctionnement. Il entreprend ainsi de constituer à neuf un herbier auquel il contribue souvent seul et apporte personnellement plus de 7 000 échantillons, l'herbier universitaire de La Réunion[4].

En 1963, il assure l'intérim du conservateur du Muséum d'histoire naturelle de La Réunion[2]. En 1966, il rejoint le tout nouveau Centre d'enseignement supérieur scientifique de La Réunion où il crée le laboratoire de biologie végétale.

Il entretient des correspondances et communique des échantillons à de nombreux correspondants scientifiques dont notamment les Jardins botaniques royaux de Kew et le Muséum national d'histoire naturelle de Paris. Avec le soutien de ces derniers et avec celui de l'ORSTOM et d'un institut d'agronomie mauricien, il débute la rédaction de la vaste œuvre collective de la Flore des Mascareignes, appelée à combler une longue attente car le précédent ouvrage de référence, la Flore de l’île de La Réunion de Jacob de Cordemoy, avait été publié près de quatre-vingts ans plus tôt.

En 1969, il consacre une partie de ses recherches aux végétaux de France autochtones ou introduits dans les hauts de La Réunion, avec pour terrain de recherche le cirque de Cilaos. Ce dernier offre un climat tempéré, en comparaison avec le littoral de l'île[5].

Parallèlement, la préparation de sa thèse La végétation de l'île de La Réunion l'amène à une réflexion plus axée sur l'écologie et la phytosociologie. Il s'attache en particulier à décrire les différents habitats naturels de l'île de La Réunion, à comprendre leur fonctionnement et à resituer les dynamiques de la végétation dans le contexte d'une île géologiquement jeune et isolée, souvent remaniée par les phénomènes de volcanisme et d'érosion et soumise à une grande variété de micro-climats[6]. Il délimite et nomme les grandes unités de végétation qui demeurent aujourd'hui les références fondatrices de l'écologie réunionnaise. Sa thèse est soutenue en 1977 et publiée en 1980[7].

Tout en poursuivant ses travaux d'enseignement, d'herborisation et de rédaction, il s'engage plus avant dans la vie locale et la sensibilisation à la protection de l'environnement. Il publie quelques ouvrages de vulgarisation botanique, apporte son expertise à de nombreux organismes (CAUE, ONF, Conseil économique et social régional, etc.), participe (avec Yves Gomy, Harry Gruchet, Auguste et Christian de Villèle et Paul Nougier) à la fondation de la Société réunionnaise pour l'étude et la protection de la nature (SREPEN)[8]. Toujours soucieux de la place et de l'épanouissement de l'homme, conscient de la nécessité des compromis dans l'utilisation des territoires, il n'en défend pas moins avec beaucoup de conviction et d'obstination la préservation des forêts naturelles, soutenant la création de réserves, en particulier la réserve naturelle de la forêt de Mare-Longue à Saint-Philippe.

Il bénéficie au quotidien du soutien précieux de son épouse Janine qui fut aussi son élève et son assistante. C'est elle qui réalise, dans la tradition iconographique scientifique, des aquarelles d'orchidées dont une première série de 66 planches, Les orchidées de La Réunion, a été publiée en 1989. Ses premiers travaux de recherche sur les orchidées sont publiés en 1979 : il fait état du long travail qu'il lui reste à faire sur les espèces de La Réunion. Cette recherche est brutalement interrompue à son décès, huit années plus tard[9].

Thérésien Cadet décède subitement d'une crise cardiaque le [2]. À la fin de la même année 1987 paraît son dernier article, à titre posthume, écrit avec Jean Bosser et Joseph Guého, « Nouvelles observations sur des Syzygium (Myrtaceae) des Mascareignes » dans le Bulletin du Muséum National d'histoire naturelle[10].

Œuvres modifier

Outre de nombreux articles de botanique et d'écologie relatifs principalement aux Mascareignes et outre sa collaboration majeure à la réalisation de la Flore des Mascareignes, Thérésien Cadet a produit la thèse qui a fondé la compréhension moderne de la végétation de La Réunion :

  • La végétation de l'île de La Réunion, étude phytoécologique et phytosociologique, 1977, Doctorat ès Sciences. Aix-Marseille III, Aix-en-Provence, rééditée par imprimerie Cazal, Saint-Denis de La Réunion, 1980.

Il a également écrit quelques ouvrages de vulgarisation :

  • À la découverte de La Réunion, tome 4, la flore (I), 1980 et tome 5, la flore (II), 1981,
  • Fleurs et plantes de La Réunion et de l'île Maurice, 1981 et 1987, éditions du Pacifique,
  • Plantes rares ou remarquables des Mascareignes, Agence de coopération culturelle et technique, Paris, 1984.

Publications sur Thérésien Cadet modifier

  • Serge Chesne et Claire Micheneau, Thérésien Cadet, botaniste et écologiste : le scientifique aux pieds nus ..., Saint-Denis (Réunion), Orphie, (ISBN 9782877633871, OCLC 470544807).

Éponymie modifier

Hommages modifier

En 1987, Jean Bosser donne le nom Angraecum cadetii à une espèce de plante de la famille des orchidées pour l'honorer.

En 2023, le Conservatoire Botanique des Mascareignes a rendu un vibrant hommage à Thérésien Cadet en publiant un ouvrage intitulé "Plantes natives de la Réunion"[16]. Ce geste commémoratif célèbre la vie et les contributions exceptionnelles de Thérésien Cadet à la botanique et à la préservation de la biodiversité de l'île de La Réunion.

L'ouvrage "Plantes natives de la Réunion"[17] est le fruit du travail acharné de nombreux chercheurs et botanistes qui ont été inspirés par l'héritage de Thérésien Cadet. Cet ouvrage offre une exploration détaillée de la diversité botanique de l'île, mettant en lumière les espèces endémiques et endémiques menacées que Thérésien Cadet a contribué à documenter et à protéger.

À travers cette publication, le Conservatoire Botanique des Mascareignes perpétue la mémoire de Thérésien Cadet et renforce l'engagement envers la préservation de la riche biodiversité de La Réunion. Cette œuvre constitue un hommage durable à un homme dont la passion pour la nature continue d'inspirer les générations futures à protéger et à préserver le patrimoine botanique unique de l'île.

Références modifier

  1. Réunionnais du Monde, « Cadet Thérésien », sur www.reunionnaisdumonde.com, (consulté le )
  2. a b et c « Thérésien-Louis Cadet 1937-1987 », sur Témoignages.RE - https://www.temoignages.re, (consulté le )
  3. Serge Chesne et Claire Micheneau, Thérésien Cadet, botaniste et écologiste: le scientifique aux pieds nus, Orphie, (ISBN 978-2-87763-387-1)
  4. Muséum national d'histoire naturelle, « REU Herbier universitaire de la Réunion », sur www.mnhn.fr (consulté le )
  5. Thérésien Cadet, « Plantes de France dans une île tropicale : l’Ile de la Réunion », Monde des Plantes, no 365,‎ , p. 12 (lire en ligne, consulté le )
  6. Thérésien Cadet, « Plantes de France dans une île tropicale : l’Ile de la Réunion », Monde des Plantes, no 365,‎ , p. 12 (lire en ligne, consulté le )
  7. "La végétation de l'île de La Réunion" étude phytoécologique et phytosociologique, 1977, Doctorat ès Sciences. Aix-Marseille III, Aix-en-Provence, rééditée par l'imprimerie Cazal, Saint-Denis-de-La Réunion, 1980
  8. Info-Nature, île de La Réunion (octobre 2009): numéro spécial hors série sur la Roche Écrite.
  9. Thérésien Cadet, « Notes sur les orchidées de l'Ile de la Réunion », L'Orchidophile, no 37,‎ , p. 1295 (lire en ligne, consulté le )
  10. Jean Bosser, Guého Joseph et Thérésien Cadet, « Nouvelles observations sur des Syzygium (Myrtaceae) des Mascareignes », Bulletin du Muséum National d'Histoire Naturelle. Section B, Adansonia, vol. 4e série, vol. 9, no 1,‎ , p. 29 (lire en ligne, consulté le )
  11. « Turraea cadetii | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  12. « Pilea cadetii | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  13. « Cynorkis cadetii | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  14. « Angraecum cadetii | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  15. (en) « Costularia cadetii | International Plant Names Index », sur www.ipni.org (consulté le )
  16. « Les plantes natives de la Réunion – Tome 1 – Conservatoire Botanique National – Centre permanent d’initiatives pour l'environnement CBN-CPIE Mascarin » (consulté le )
  17. Balaviknesh Nilamegame, Alexis Gorissen, PLANTES NATIVES DE LA RÉUNION, La Réunion, NID nouvelle imprimerie dionysienne NID, , 464 p. (lire en ligne), pages 7 et 11

Liens externes modifier

Cadet est l’abréviation botanique standard de Thérésien Cadet.

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