Statue de Notre-Dame de France

statue monumentale en bronze de la Sainte Vierge
Statue de Notre-Dame de France
Présentation
Type
Architecte
Matériau
Construction
1856 - 1860
Commanditaire
Hauteur
16 m de haut
(22,70 m avec le piédestal)
Propriétaire
Ville du Puy-en-Velay
Patrimonialité
Localisation
Département
Commune
Coordonnées
Carte

La statue de Notre-Dame de France est une statue monumentale en fonte dominant la ville du Puy-en-Velay en France. Cette Vierge à l'Enfant est construite sur les plans de Jean-Marie Bonnassieux entre 1856 et 1860, à partir de canons capturés lors du siège de Sébastopol. Elle est bénie solennellement par l'évêque du Puy, Auguste de Morlhon, le .

Emplacement modifier

La statue se situe à 757 mètres d'altitude[1],[2], au sommet du « rocher Corneille » — reste d'un neck en basalte de 132 mètres de haut[2] — situé dans le nord de la ville du Puy-en-Velay, dans la région Auvergne-Rhône-Alpes en France.

Histoire modifier

C'est un prédicateur jésuite, le Révérend Père Xavier de Ravignan (1795-1858), qui, le premier, a l'idée d'ériger une statue de la Sainte Vierge au sommet du « rocher Corneille ». Il en parle à l'abbé Théodore Combalot (1797-1873) lors d'une retraite au Puy, qui, enthousiasmé, expose aussitôt le projet aux prêtres du diocèse rassemblés en la cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation le [3]. L’évêque du lieu, Auguste de Morlhon, accueille le projet avec engouement et, après diverses études préparatoires, crée le [4] une commission chargée de préparer et surveiller l'exécution des travaux. Ce « comité de l’œuvre de Notre-Dame de France » lance dans le même mois un concours européen, doté de trois mille francs, destiné à choisir le modèle de la statue et une souscription, le , qui prend le relais des quêtes organisées dans tout le diocèse dès 1850[5].

Le concours rencontre un succès inespéré, puisque des artistes de toute l'Europe envoient leur propositions. C'est finalement pas moins de 53[6] (ou 54[7]) maquettes qui sont présentées et exposées au public pendant une semaine dans une salle de l'hôtel de ville du Puy. Le , le jury présidé par Auguste de Morlhon vote à bulletins secrets pour le modèle de Jean-Marie Bonnassieux[8].

Dès lors, les travaux peuvent commencer et, le , la première pierre est posée[9]. Mais, malgré le succès de la souscription — qui rapportera en tout 325 000 francs[10] —, des difficultés financières se font sentir, menaçant tout le projet. Le , Auguste de Morlhon se rend alors à Paris pour plaider cette cause auprès de l'Empereur Napoléon III. En plus d'obtenir de lui un don de 10 000 francs, l'évêque le convainc — sur l'inspiration du maréchal Pélissier — d'offrir les canons qui seront capturés si le siège de Sébastopol, alors en cours, réussit et que la paix revient[11]. Trois jours plus tard, la ville tombe. Le , le traité de Paris mettant fin à la guerre de Crimée est signé et, vingt jours après, l'Empereur tient sa promesse en livrant 150 000 kg de fonte de fer provenant des canons de marine de Sébastopol[12].

En , la fonte de la statue commence à Givors[12] dans les hauts fourneaux de la Société des Hauts-Fourneaux et Fonderies de Givors E. Prénat & Cie. Les travaux du piédestal, qui n'avaient guère avancé depuis la pose de la première pierre, reprennent alors. Le , les premiers éléments de la statue arrivent au Puy[13], où ils sont peu à peu assemblés.

Le [14], la statue, enfin achevée, est bénie solennellement par Auguste de Morlhon en présence de près de 120 000 fidèles[réf. nécessaire].

La statue et son socle sont inscrits aux monuments historiques en 1997[15], et entièrement restaurés en 2012[16],[17],[18]. Ils constituent le monument le plus visité du département de la Haute-Loire[14] avec 88 850 visiteurs en 2010[19].

Depuis au moins les années 1930, une rumeur circule[20],[21] à propos du sculpteur qui se serait suicidé du haut de la statue après s'être rendu compte que Jésus était du mauvais côté de la Vierge sur son œuvre. Cette rumeur est fausse, le sculpteur ayant rempli fidèlement le cahier des charges tel que prévu lors du concours. La même légende existe à propos de la réplique de la statue à La Vouise[22],[23].

Caractéristiques modifier

La statue représente la Vierge Marie couronnée d'étoiles, se tenant debout sur un demi globe terrestre où elle écrase du pied un serpent, et tenant sur son bras droit l'Enfant Jésus qui bénit la ville et la France[24].

Elle s'élève sur un piédestal en arkose de Blavozy de 6,70 mètres de haut et mesure elle-même 16 mètres[14], pour une circonférence de 17. Les pieds de la Vierge font chacun 1,92 m, son avant-bras 3,75 m, sa main de 1,56 m et le pourtour de la tête de l'Enfant Jésus 4,80 m[25].

Sa masse totale est estimée à 835 tonnes, dont 680 pour le piédestal, 110 pour la statue — dont 1,1 tonne pour la tête de l'Enfant-Jésus et 600 kg pour son bras qui bénit la ville[25] — et 45 pour son revêtement[14],[2].

Conçue comme une structure autoporteuse, elle est composée d'une centaine de pièces de fonte fixées entre elles par des boulons de gros calibre[25]. Un escalier de pierre composé de 33 marches est aménagé dans le piédestal et permet d'accéder à l'intérieur de la statue qui est creux et comporte un escalier tournant en fonte de 58 marches qui dessert trois étages, prolongé par une échelle de 16 barreaux qui permet d'accéder à la couronne de la Vierge[26]. Longtemps fermé au public pour des raisons de sécurité, l'accès à cette dernière est à nouveau possible depuis , mais la vue se fait désormais au travers d'un dôme translucide mis en place lors des travaux de rénovation de 2012[27]. À chaque niveau, quatre petites ouvertures offrent un panorama sur la ville du Puy et ses environs[2].

Galerie modifier

Notes et références modifier

  1. « Le Rocher Corneille et la Statue Notre Dame de France », sur hauteloire.fr, Conseil départemental de la Haute-Loire (version du sur Internet Archive).
  2. a b c et d Inventaire 1911, p. 269.
  3. Roselat 1860, p. 21–22.
  4. Calemard de Lafayette 1860, p. 13.
  5. Roselat 1860, p. 24.
  6. Roselat 1860, p. 27.
  7. Calemard de Lafayette 1860, p. 15.
  8. Roselat 1860, p. 31.
  9. Roselat 1860, p. 37.
  10. Roselat 1860, p. 36.
  11. Roselat 1860, p. 40–41.
  12. a et b Calemard de Lafayette 1860, p. 29.
  13. Roselat 1860, p. 77.
  14. a b c et d « Notre Dame de France », sur lepuyenvelay.fr, mairie du Puy-en-Velay (consulté le ).
  15. Notice no PA43000007, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.
  16. Jean-Baptiste Ledys, « Le chantier de restauration de Notre-Dame-de-France devrait être achevé à la fin mai », La Montagne, (consulté le ).
  17. « Le Puy-en-Velay : le métal de la vierge parle », L'Éveil de la Haute-Loire, (version du sur Internet Archive).
  18. Anne-Laure Dabert, « La remise à neuf de Notre-Dame de France sera célébrée le avec jeux de lumière », La Montagne, (consulté le ).
  19. Chiffres Clés du tourisme marchand, Mission départementale de développement touristique (MDDT) de Haute-Loire, 2011.
  20. « Séance du  : La légende de Bonnassieux », Bulletin historique, scientifique, littéraire, artistique et agricole illustré, Société académique du Puy-en-Velay et de la Haute-Loire, t. XXIV,‎ , p. 133.
  21. J.A.O.C., « Vierge tenant l'Enfant-Jésus sur le bras droit », L'Intermédiaire des chercheurs et curieux, vol. CII, no 1910,‎ , p. 113–114 (lire en ligne).
  22. Gilbert Coffano, « Les « miracles » de la Vierge de la Vouise », dans Dauphiné mystérieux et légendaire, Montmélian, La Fontaine de Siloé, , 254 p. (ISBN 2-84206-114-4), p. 141 [lire en ligne].
  23. « Statue de la Vouise », sur avf.asso.fr, Accueil des villes françaises.
  24. Calemard de Lafayette 1860, p. 39.
  25. a b et c Roselat 1860, p. 76.
  26. Calemard de Lafayette 1860, p. 40.
  27. Jean-Louis Bouilhol, « Notre-Dame de France sera prête en janvier », sur lepuyenvelay.fr, mairie du Puy-en-Velay (version du sur Internet Archive).
  28. Le Magasin pittoresque 1862.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Articles connexes modifier

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