Pierre-Antoine Baudouin

peintre français
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Pierre-Antoine Baudouin, né en 1723 et mort en 1769, est un peintre et dessinateur français.

Pierre-Antoine Baudouin
Naissance
Décès
(à 45 ans)
Paris
Nationalité
Activité
Maître
Lieu de travail
Mécène
Influencé par
A influencé
Conjoint
Marie-Émilie Boucher (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Distinction
Peintre du roi (1763)
Œuvres principales
Les quatre heures du jour
La Soirée aux Tuileries
Les amours champêtres

Ses gouaches, rares, et ses dessins, sont très estimés et collectionnés depuis la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Élève de François Boucher, il est considéré comme l'un des maîtres de Fragonard[1].

Biographie

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Les Heures du jour. Le Matin, 1753, gouache, New York, MET.
 
Les Heures du jour. La Nuit, 1753, gouache, New York, MET.
 
Le Coucher de la mariée, 1767, gouache, Ottawa, musée des beaux-arts du Canada.
 
Le Modèle honnête, 1769, gouache, Washington, National Gallery of Art.
 
La Mort et le banquier Musée des Arts décoratifs (Paris)

Pierre-Antoine Baudouin est le fils d'un graveur. Il devient l'élève puis le gendre de Boucher, qui fut son maître en peinture et en genre.

Il épouse, en effet, la plus jeune fille de François Boucher, Marie-Émilie, le [2]. Il se spécialise ensuite dans les miniatures à la gouache qu’il expose pour la première fois au Salon de 1761. Il est reçu membre de l’Académie royale en 1763 avec une petite gouache de sujet historique Phryné accusée d’impiété devant l’Aréopage, (Paris, musée du Louvre) et il peint par la suite des illustrations d’épisodes bibliques.

Cependant, il fait surtout sa renommée en tant que dessinateur de scènes libertines dans un cadre contemporain. De telles gouaches furent exposées au Salon de 1763 à 1769. Certaines furent condamnées par l’archevêque de Paris et même par Diderot — lui-même auteur de romans libertins sous pseudonyme — qui écrit : « Greuze s'est fait peintre, prédicateur des bonnes mœurs ; Baudouin, peintre, prédicateur des mauvaises. Greuze, peintre de famille et d'honnêtes gens ; Baudouin, peintre des petites-maisons et des libertins »[3]. Et celui-ci d'ajouter en guise de portrait : « Un type sympathique, facile à vivre, plein d'esprit et quelque peu enclin à mener une vie dissolue ; mais qu'ai-je à craindre, ma femme a plus de quarante cinq ans ! »[4].

L'un de ses chefs-d’œuvre est sans doute la suite de quatre gouaches intitulée Les quatre heures du jour (1753) et que De Ghendt transpose sur cuivre avec une grande délicatesse de tons (1765).

Un certain nombre de ses œuvres est directement inspiré par les scènes d’amour pastoral de Boucher mais l’attention aux thèmes moraux et aux détails démontre qu’il était aussi influencé par Jean-Baptiste Greuze.

Il reçut bien entendu des commandes de la Cour. Il est élu le membre de l'Académie royale de peinture et de sculpture et est nommé peintre du roi. Il peint ainsi en 1766, deux portraits pour le roi et une Suite de la vie de la Vierge, en 1767, pour Mme du Barry, alors favorite de Louis XV, et mécène avisée.

Baudouin a sans doute été pour Fragonard un mentor en iconographie libertine. À partir de 1765, ils se partagent l’atelier du défunt peintre Jean-Baptiste Deshays de Colleville au Louvre — dont Baudouin était le beau-frère par alliance. En 1767, ils font la demande d’aller copier ensemble les tableaux de Rubens au palais du Luxembourg. Au moment du décès précoce de Baudouin en 1769, les dessins et tableaux de Fragonard abondent dans son atelier[1].

Baudouin fut l’un des dessinateurs les plus populaires des dernières décennies de l’Ancien Régime. En 1760, lors de la vente Testard, l'une de ses petites gouaches trouve preneur à 1 750 livres[2]. Il reçut des commandes d’importants collectionneurs tel que le marquis de Marigny. Plusieurs de ses gouaches gravées par Nicolas Ponce[5], tel Annette et Lubin connurent un grand succès. La vente de son atelier a lieu en [2].

Baudouin eut quelques élèves, dont Joseph Fratrel[6].

Son fils, François-Jean Baudouin (1759-1835) devient, en dépit de sa généalogie et de l'abhorration du libertinage après 1789, l'imprimeur officiel des assemblées révolutionnaires à partir de 1790, car il fut élevé après la mort de son père par l'imprimeur Michel Lambert qui était son oncle paternel[7].

Une première tentative de catalogue raisonné de l'œuvre a été publiée en 1875 par Emmanuel Bochet (1835-1919) et encore, de façon indirecte, c'est-à-dire par les gravures tirées de ses gouaches et dessins[8]. L'ensemble se compose principalement de gouache sur papier, de dessin à la plume et sanguine, de miniatures sur ivoire ou bois, de pastels, et de très rares huiles sur toile. Fréquemment reproduites en gravure du vivant de l'artiste et à titre posthume, certaines œuvres originales ne sont connues que par la seule mention faite au Salon, et également par la gravure même.

Curieusement, Portalis et Beraldi signalent Baudouin comme auteur, à ses débuts, d'une seule gravure : il s'agit d'une eau-forte ornant le livret de La Princesse de Navarre, comédie-ballet créée à Versailles le . Aussi, ne faut-il pas le confondre avec le colonel et graveur Simon René de Baudouin[9].

  • « Les quatre heures du jour » (série de 4 gouaches, 25,9 × 20 cm, 1753)
    • Le Matin, New York, MET[10]
    • Le Midi, une femme endormie, un livre à côté de sa main.
    • Le Soir, femme nue s'habillant devant un miroir.
    • La Nuit, New York, MET[11]
  • Loth enivré par ses filles, gouache de 1761.
  • Le Repos pendant la fuite en Égypte, gouache de 1761.
  • Loth et ses filles endormies, gouache de 1761.
  • Phryné accusée d’impiété devant les aréopagites, gouache, Salon de 1763, 46,4 × 38,2 cm, Paris, musée du Louvre[12]
  • Le Curieux, 1763-1769, gouache, collection particulière[13]
  • Le Cueilleur de cerises (vers 1764-65), peinture sur toile, 91,1 × 71,8 cm, Canada, collection privée (ancienne collection Cailleux, première série d'amours champêtres ?)[14].
  • Le Catéchisme, gouache de 1765, États-Unis, collection privée.
  • Le Confessionnal, gouache de 1765.
  • Annette et Lubin, gouache de 1765, copie, Paris, musée Cognacq-Jay.
  • Le Carquois épuisé (La Fille éconduite), Salon de 1765, gouache.
  • Les enfants trouvés, gouache de 1765.
  • La Lecture (La Lectrice endormie), vers 1765, 29 × 22,5 cm, Paris, musée des Arts décoratifs[15]
  • « Les amours champêtres », suite de 4 gouaches (Salon, 1765-1767) :
    • I : Petite idylle galante, 33,5 × 42 cm, collection particulière.
    • II : Une jeune fille querellée par sa mère, 30,5 × 23,9 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art.
    • III : La Visite de l'amant, 31,8 × 21,6 cm, Cleveland, Cleveland Museum of Art.
    • IV : La chaumière ou La mère qui surprend sa fille sur une botte de paille, 31,3 × 41,6 cm, collection particulière.
  • Promenade familiale au jardin, gouache de 1765-1766, 27,4 × 38,9 cm, Washington, National Gallery of Art[16].
  • Les soins tardifs, vers 1767, gouache, 29 × 21 cm, Paris, musée des Arts décoratifs.
  • Le Coucher de la mariée, 1767, 36 × 31,7 cm, œuvre destinée au marquis de Marigny, nouvellement marié, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada.
  • Le Sentiment de l'Amour cédant à la Nécessité, 1767.
  • L’Épouse indiscrète, vers 1767-1769, gouache, 30 × 27 cm, Paris, musée des Arts décoratifs.
  • Le Modèle honnête, 1769, gouache, 40,6 × 35,7 cm, Washington, National Gallery of Art.


Département des arts graphiques du musée du Louvre :

  • Concert de chambre - Quatuor, miniature en médaillon[17].
  • Diane blessée par l'Amour, miniature sur ivoire en médaillon[18].
  • Le Message d'amour, miniature sur ivoire en paysage[19].
  • Suite de scènes galantes, deux dessins, plume et pierre noire
  • Série de portraits dessinés


Autres, non datés :

  • Le Déjeuner champêtre, gouache, Paris, musée Cognacq-Jay[20].
  • La Soirée aux Tuileries, gouache, Paris, musée Cognacq-Jay[21] — il existe une copie en collection particulière[1].
  • Le Galant jardinier, copie de l'original [1780], Clermont-Ferrand, musée d'art Roger-Quilliot[22].
  • Le Chemin de la fortune, gouache, États-Unis, collection Jeffrey Horvitz.
  • Jeune femme assise dans un parc, gouache, 33 × 45,7 cm, collection privée.
  • Scène érotique dans un paysage, huile et pastel en ovale, 27 × 27 cm, collection privée.
  • Jeune servante réveillée par son chat dans une soupente, aquarelle et encre, 18,5 × 13,5 cm, collection privée.
  • Nymphes endormies épiées par des faunes, huile sur toile, 34 × 42 cm, Narbonne, musée de la ville.
  • L'Invention du dessin
  • La Mort de Britannicus
  • Cephal et Procris

Notes et références

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  1. a b et c « Pierre-Antoine Baudouin : un maître du libertinage pour Fragonard », notice de Guillaume Faroult, sur grandpalais.fr.
  2. a b et c Ch. Blanc (1868), VII, § Baudouin, pp. 1-8.
  3. Essais sur la peintures, Paris, Buisson, An IV, p. 240.
  4. Bochet 1875, p. 5
  5. Selon Bochet (1875, 74) outre De Ghendt et Ponce, ses autres principaux interprètes sont Beauvarlet, Bonnet, Choffard, Nicolas de Launay, Moitte, Moreau le Jeune et Simonet.
  6. « Fratrel (Joseph) », in: H. Beraldi et R. Portalis, Les graveurs du Dix-huitième siècle, D. Morgand & Fatout, 1881-1882, tome II, pp. 217-218.
  7. « François-Jean Baudouin — Itinéraire (1759-1835) », d'après la notice biographique de O. F. Abbot, In: The Monotype Recorder, 1939 — Site de l'université de Paris I.
  8. Emmanuel Bocher, Les gravures françaises ou catalogue raisonné des estampes, eaux-fortes, pièces en couleur, au bistre et au lavis, de 1700 à 1800. Deuxième fascicule : Pierre-Antoine Baudouin, Paris, La Librairie des bibliophiles, 1875.
  9. Les graveurs du dix-huitième siècle, Tome 1, Paris, 1880, p. 127.
  10. Notice du catalogue en ligne, MET.
  11. Notice du catalogue en ligne, MET.
  12. Notice UtPictura18, université de Montpellier III.
  13. Scène de lavement avec un voyeur — Vente Sotheby’s, New York, 28 mai 1999 — sur UtPictura18, université de Montpellier.
  14. Il s'agirait d'une esquisse, seule peinture sur toile relevée de Baudouin.
  15. Reading, catalogue en ligne The Athenaeum.
  16. Family Promenade in the Park, catalogue en ligne The Athenaeum.
  17. Notice no 50350034163, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  18. Notice no 50350017869, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  19. Notice no 50350017870, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.
  20. Notice en ligne, Paris-Musées Collections.
  21. Notice en ligne, Paris-Musées Collections.
  22. Notice no M0121002456, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Joconde, ministère français de la Culture.

Annexes

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Article connexe

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Bibliographie

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  • Cet article comprend des extraits du Dictionnaire Bouillet. Il est possible de supprimer cette indication, si le texte reflète le savoir actuel sur ce thème, si les sources sont citées, s'il satisfait aux exigences linguistiques actuelles et s'il ne contient pas de propos qui vont à l'encontre des règles de neutralité de Wikipédia.
  • « Pierre-Antoine Baudouin » par Charles Blanc, In: Histoire des peintres de toutes les écoles. L'École française II, volume VII, Paris, Vve Jules Renouard, 1868 — sur Gallica.
  • Emmanuel Bochet, Les gravures françaises du XVIIIe siècle : ou, Catalogue raisonné des estampes, vignettes, eaux-fortes, pièces en couleur au bistre et au lavis, de 1700 à 1800, Paris, Jouaust-La Librairie des bibliophiles, 1875 [réédition], Deuxième fascicule — « Pierre-Antoine Baudouin »lire sur archive.org.
  • (en) « Pierre-Antoine Baudouin », extrait de la notice dans le dictionnaire Bénézit  , sur Oxford Art Online, (ISBN 9780199773787)

Liens externes

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