Oto (agrume)

Agrume d'Okinawa

Citrus oto, ou simplement Oto dans la littérature académique est un agrume devenu marginal appartenant aux petites mandarines sauvages ou cultivées des iles Ryūkyū. Il a été classé dans le groupe Yukubuni (2021), population d'agrumes hybrides qui ont une ascendance significative de pomelos (C. maxima).

Dénomination modifier

Les O sont longs, on le trouve écrit ootoo[1] ou otoo, オートゥー (Ōto~ū) otou en dialecte local[2].

Le nom binomial est Citrus ×oto Yu.Tanaka (1948)[3] synonyme de Citrus oto hort. ex Yu. Tanaka[4]. Parfois abusivement assimilé à Citrus depressa quoique génétiquement clairement distinct[5].

En japonais オートー (Ōtō)[6], en chinois 奥太橘 (Ào tài jú) risque de confusion dans cette langue avec Citrus otachibana Hort. ex Y. Tanaka[7]. Il aurait été appelé 青唐九年母(オートークネンボ) (Ao tō kunenbo (ōtōkunenbo)) puis kunenbo a disparu[8].

Histoire modifier

La culture est à son apogée à Okinawa au début de l'Ere Shōwa (1926-1989) avec 300 t/an. Concurrencé par des introductions étrangères (tankan) elle décline dans les années 1970. De nos jours (2023) son marché est local cantonné au nord de l'île principale d'Okinawa[8].

Description modifier

En 2013, un premier séquençage permet d'isoler un groupe de mandarines archaïques avec une forte origines maternelles C. maxima. Ce sont C. keraji, C. oto, C. tarogayo, C. platymamma et C. yatsushiro[9]. En 2021, G. Albert Wu et al. identifient aux iles Ryūkyū un famille hybride qu'ils nomment Yukunibu soit agrumes aigres en dialecte d'Okinawa. La phylogénie est Kunenbo pour parent femelle et divers parents de pollen de C. ryukyuensis pour parents males. Le groupe Yukunibu regroupe trois accessions cultivées principalement pour le jus (oto, kabuchi et tarogayo) et diverses accessions sauvages. Ils datent l'apparition de cette famille entre le VIIIe et XIIe siècles. Les Yukunibu sont des hybrides F1 fixes[10].

La même année Masashi Yamamoto donnent une phylogénie sur base génétique:

  • Kunenbo x shikuwasa (C. depressa) engendrent oto, kabuchi (C. keraji) et tarogayo,
  • Kunenbo x kabuchi donnent Keraji (C. keraji )[11].
 
Les 9 chromosomes de C. oto (première ligne des yukunibu, grossie). Seul un jeu de chromosome dominant résulte de l'hybridation, on y voit la part de l'ascendance C. maxima en vert et la proximité de Tarogayo TRG[12].

Les polymétaflavones des péricarpes de shikuwasa, kabuchi et oto (nobilétine, tangerétine et sinensétine) sont légèrement différentes, en fonction de leurs compositions en PMF. Sayuri Teramoto et al. (2010) distinguent 3 groupes un autour de shikuwasa (avec C. depressa var. 'Ishikunibu' et Tachibana), un autre autour de Kabuchi (avec Tarogayo et Unju) ces deux groupes étant très riches en PMF et enfin Oto et diverses mandarines. Ce travail insiste sur l'énorme diversité des variétés si on considère l'ensemble des iles de l'archipel[13]. Le jus d'oto contient une quantité de polyméthoxyflavones inférieure à celle du jus de fruits Shikuwasa (2019)[14].

Tarogayo modifier

 
Dans le yukunibu, Oto est entre kabuchi et tarogayo avec une ascendance mandarine plus marquée (Guohong Albert Wu et al. 2021)

タルガヨー 、タルガヨ、タロガヨ (targayo, targayo, tarogayo) littéralement Qui es-tu ? en langue d'Okinawa est synonyme de Marsakunibo (bonne mandarine)[15]. Il est cultivé cultivé à Motobu, village d'Ogimi, ville de Nago[16].

Une croyance populaire voulait qu'il soit un hybride de Kabuchi (C. keraji) et d'Oto à qui il ressemble. Il a été montré que C. nobilis var Kunenbo est l'origine maternelle de C. tarogayo[9]. Comme Oto, Tarogayo est récolté vert début novembre. Il est devenu encore plus rare qu'Oto[8]. Yuichiro Tanaka en a fait une espèce: Citrus Tarogago Hort. ex Yu. Tanaka[17](1948)[18].

Distribution modifier

Oto existe (2024) sous forme sauvage ou cultivée dans les Iles Ryūkyū à Kurusima (île d'Okinerabu), Yuneauteau (île de Yoron), dans l'archipel des Nansei [19], et les provinces de Suo, Shikoku, Kyushu, à Taiwan, et en Chine[20].

Les fruits se récoltent de fin novembre à janvier encore verts, il tournent ensuite au jaune et sont alors consommés.

Bibliographie modifier

  • Masashi Yamamoto, Kanami Tani, Naoko Kozait. The Morphological and Genetic Characteristics of Local Citrus Grown on  the Ryukyu Islands, Japan. Kagoshima, 2021 年 65 巻 4 号 p. 206-215[21].
Remarquable travail d'analyse comportant un inventaire étendu des agrumes de l'archipel d'Okinawa

Notes et références modifier

  1. (en) Mitsugu Sakihara, Okinawan-English Wordbook, University of Hawaii Press, (ISBN 978-0-8248-3102-8, lire en ligne), p 141
  2. (ja) Ryūkyū Daigaku Nōgakubu, Ryūkyū Daigaku Nōgakubu gakujutsu hōkoku, Ryūkyū Daigaku Nōgakubu., (lire en ligne)
  3. (en) « Citrus ×oto Yu.Tanaka », sur www.gbif.org (consulté le )
  4. (en) « Citrus oto hort. ex Yu.Tanaka, 1948 », sur www.gbif.org (consulté le )
  5. « M.M.P.N.D. - Sorting Citrus names part1 », sur www.plantnames.unimelb.edu.au (consulté le )
  6. « カンキツ果実のフラボノイド組成 | 農研機構 », sur www.naro.go.jp (consulté le )
  7. « 柑橘类植物名录(二)-黄岩在线-以历史的眼光丈量黄岩 », sur www.331003.com (consulté le )
  8. a b et c (ja) « 「タンカン」から「シークヮーサー」まで|沖縄在来のミカンを紹介 », sur オリオンストーリー (consulté le )
  9. a et b (en) Tshering Penjor, Masashi Yamamoto, Miki Uehara et Manami Ide, « Phylogenetic Relationships of Citrus and Its Relatives Based on matK Gene Sequences », PLoS ONE, vol. 8, no 4,‎ (PMID 23638116, DOI 10.1371/journal.pone.0062574, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) Guohong Albert Wu, Chikatoshi Sugimoto, Hideyasu Kinjo et Chika Azama, « Diversification of mandarin citrus by hybrid speciation and apomixis », Nature Communications, vol. 12, no 1,‎ , p. 4377 (ISSN 2041-1723, DOI 10.1038/s41467-021-24653-0, lire en ligne, consulté le )
  11. Masashi Yamamoto, Kanami Tani et Naoko Kozai, « The Morphological and Genetic Characteristics of Local Citrus Grown on the Ryukyu Islands, Japan », Tropical Agriculture and Development, vol. 65, no 4,‎ , p. 206–215 (DOI 10.11248/jsta.65.206, lire en ligne, consulté le )
  12. (en) Guohong Albert Wu et al., « Fig. 3: Hybrid speciation and admixture map of Ryukyuan and mainland Japanese citrus. | Nature Communications », Communications naturelles, vol. 12, no 4377,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. https://www.jstage.jst.go.jp/article/hrj/9/3/9_3_263/_pdf/-char/ja
  14. https://api.lib.kyushu-u.ac.jp/opac_download_md/2236348/agr0186.pdf
  15. (ja) « あなたはだあれ? タロガヨ - 熱帯果樹写真館ブログ », sur goo blog (consulté le )
  16. (ja) Association japonaise des semis d'arbres fruitiers, « Mandarin-1 (Keraji, Oto, Keraji, Tarogayo, oranges des îles, oranges jaunes) マンダリン-1(カブチー、オートー、ケラジ、タロガヨ、 島ミカン、黄ミカン) », japanfruit,‎ , p. 13 pages (lire en ligne).
  17. « Taxonomy - GRIN-Global Web v 1.10.6.1 », sur agb.amvmt.lt (consulté le )
  18. (es) « Citrus tarogayo Yu.Tanaka », sur www.gbif.org (consulté le )
  19. https://www.jstage.jst.go.jp/article/nettai/2/1/2_27/_pdf/-char/ja
  20. « 在来作物・果樹類詳細表示 », sur www.amami.or.jp (consulté le )
  21. Masashi Yamamoto, Kanami Tani et Naoko Kozai, « The Morphological and Genetic Characteristics of Local Citrus Grown on the Ryukyu Islands, Japan », Tropical Agriculture and Development, vol. 65, no 4,‎ , p. 206–215 (DOI 10.11248/jsta.65.206, lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier