Citrus lycopersicaeformis

Heennaran, Heen Naran sont des mandarines à petites fruits modérément acides du Sri Lanka comparables au Kokni ou Kodakithuli du sud de l'Inde. Le fruit est comestible à pleine maturité et elles sont utilisées comme porte-greffe d'oranger ou de citronnier pour Kodakithuli.

Classification, dénomination modifier

L'existence d'une espèce, ou d'un sous-groupe de variétés de mandarines (Citrus reticulata Blanco) est débattue dans une certaine confusion. «Les mandarines à petits fruits, qui sont d'une importance considérable en Orient et se composent de nombreuses variétés» écrit R. W. Hodgson qui en fait un sous-groupe spécifique[1], en revanche le Protocole européen pour les essais de distinctions d'uniformité et de stabilité - chapitre Mandarine (2004-2016) classe C. crenatifolia Lush. dans le sous-groupe Mandarine commune (PMN) et C. lycopersicaeformis dans le sous-groupe Mandarine Nova (HMA)[2]. Le Thesaurus of Agricultural Organisms (1990) retenait C. reticulata crenatifolia = C. crenatifolia Lush. mandarine Kaula (Espagne) et C. lycopersicaeformis = Citrus reshni synonyme mandarine Cleopatra[3].

R. Cottin (1997) donne à Heen Naran le nom botanique de Citrus lycopersicaeformis Lush.I Hort. ex Tan tandis que Citrus crenatifolia Lush. est toujours chez lui le Kaula[4] avec pour synonyme admis Citrus ×aurantium L. var. chrysocarpa (Hassk)[5] (Kew qui l'écrit Citrus × crenatifolia Lush. publie une synonymie différente: Citrus ×aurantium f. deliciosa[6]). Tanaka nomme le kokni ou kodakithuli indien sous ce même nom (C. lycopersicaeformis Tanaka) et indique que le heennaran de Ceylan est identique[7]. C'est sous ce nom d'usage indien que C. lycopersicaformis est référencé dans la Givaudan Citrus Variety Collection at UCR[8].

En revanche kokni est dans la nomenclature sous le nom Citrus crenatifolia Lush. var. kokni Lush.(1910)[9] tandis que chez Tanaka C. crenatifolia a le nom usuel de Kaula (1969)[10]. En 1937, Tanaka écrit «C. lycopersicaeformis Hort. ex Tanaka [ ] = C. crenatifolia var. lycopersicaefortnis Lush, in Ind. Forester 36:343, 1910». Il les rend donc synonymes et note «ressemble beaucoup à C. amblycarpa de Java [le Nasnaran] en ce qu'il a un apex sinueux, mais il a un péricarpe plus épais et des vésicules à filet grossier - comestibles en pleine maturité»[11].

Mais C. lycopersicaeformis reste utilisé, en l'absence d'analyse génétique, Systematic Pomology (2017) classe Heen daran dans les acrumen (les mandarines) aux côtés de billi kichili, karpura tenga (Assam), kodai-kithuli (Inde du sud), Reshmi et Konkni (Inde du nord), mandarine cleopatra (porte-greffe à fruit acide) et Naga Santra (Sri Lanka)[12].

Pour compliquer encore on trouve BATU 55, cultivar indonésien de mandarine, avec le nom de Citrus reticulata Blanco var. crenatifolia[13] et dans la littérature académique Heen naran = Citrus madurensis le calamondin.

Les noms d'usage modifier

En chinois 凯拉 (Kǎi lā), en japonais ケオンラ (Keona)[14], en singhalais හීන් නාරං (hīn nāraṁ) est une mini-mandarine décorative[15] de හීන් (heen) petite නාරන් (nāran) mandarine[16]. En 1824, Alexander Moon donne le simple nom de හීන් (heen) à Colombo pour une petite mandarine[17].

Kodangithuli était utilisé dans l'ancien Etat de Coorg où il est signalé à l'état semi-sauvage[18] alors que kokni l'est dans le reste de l'Inde.

Monkey orange (orange des singes) donné comme nom usuel de kokni ne doit pas être confondu avec le kwaka tree (Strychnos madagascariensis) d'Afrique méridionale[19]. De même, éviter la confusion avec Heen-naran-pengiri oils (ou maha-naran-pengiri[20]) qui désigne l'huile essentielle de Cymbopogon Nardus[21]

 
Citrus amblycarpa. Tanaka écrivait (1933) «plusieurs formes d'Acrumen sont signalées de diverses régions de l'Inde, mais leur identification botanique est extrêmement difficile»[22].

Description modifier

La plante se serait développée à l'état sauvage en Inde, d'après Le Journal De La Société Botanique Indienne (1937) «le fruit a peu de valeur. C'est peut-être le seul Citrus sauvage de Nilgiris et Coorg»[23]. හීන් නාරං (hīn nāraṁ) renvoie sur le site du Département de l'Agriculture du Sir Lanka à divers cultivars qui y sont décrits, les arbres inermes mesurent entre 2 et 2,5 m et produisent un fruit de 90 à 120 g avec une densité de 715 arbres/ha [24]. Le poids du fruit donné pour l'équivalent indien Kodakithuli est de 15 à 20 g. On trouve dans Indian Horticulture (1963) une description du fruit de Kodakithuli : «la pulpe est uniformément colorée en jaune mikado (couleur jaune d'œuf) et finement texturée avec une abondance de jus acide et faiblement aromatique. Les fruits ont 2 à 8 graines (moyenne 5) par fruit, les solides solubles totaux (TSS) sont à 11 %, l'acidité à 1,9 % et rapport TSS/acide 6»[18]. On considère que ce ratio doit être entre 7 et 9 pour les mandarines du commerce, 6 plus acide correspond au ration des grapefruits (C. paradisi)[25].

Les cultivars fruitiers disponibles chez les pépiniéristes singhalais sont vendus comme හීන් නාරන් (බද්ධ) (hīn nāran (baddha)) du genre heen daran[26].

La graine est très polyembryonée et la végétation des jeunes plantes vigoureuse[27]

Usages modifier

Medecine modifier

En médecine ayurvédique il traite les vomissements, les nausées et les maladies du foie[28]. Les mesures publiées en 2019 donnent des capacités antioxydantes et anti-inflammatoires importantes en comparaison à divers agrumes tropicaux srilankais[29].

Porte-greffe modifier

Hamilton (1987) le décrit comme porte-greffe prometteur pour les oranges et les mandarines, résistant au Phytophthora et tolérant à la Tristeza[30], dans une comparaison publiée en 1979 Heen naran se révèle acceptable avec l'orange Washington Navel mais non satisfaisant pour les autres variétés testées[31]. Pourtant il était toujours utilisé à Hawai pour oranges et mandarines en 2010[32].

Alimentation modifier

Quelques rares recettes typiques des usages locaux existent sur les réseaux sociaux: Heen Naran séchés, confits au sel[33].

Huile essentielle modifier

Cette HE a démontré une activité antibactérienne significative, les résultats sont statistiquement significatifs contre B. cereus, S. aureus et E. coli (2022)[34].

Notes et références modifier

  1. « The Citrus Industry », sur citruspages.free.fr (consulté le )
  2. (en) collectif, PROTOCOL FOR TESTS ON DISTINCTNESS, UNIFORMITY AND STABILITY Citrus L. – Group 1 MANDARINS, Bruxelles, CPVO-TP/201/2 Rev, , 30 p. (lire en ligne), p 3
  3. (en) Derwent Publications, Thesaurus of Agricultural Organisms, CRC Press, (ISBN 978-0-412-37290-2, lire en ligne)
  4. (en) Cottin R coordinateur, Citrus of the World - A Citrus directory, San Giuliano, SRA INRA-CIRAD. Centre de Corse,, , 65 p. (ISBN 2-7380-0720-1, lire en ligne), p 26
  5. « Citrus ×lycopersiciformis (Lush.) hort. ex Tanaka GRIN-Global », sur gringlobal.irri.org (consulté le )
  6. (en) « Citrus × crenatifolia Lush. | Plants of the World Online | Kew Science », sur Plants of the World Online (consulté le )
  7. « Mandarin hybrids / Citrus pages », sur citruspages.free.fr (consulté le )
  8. (en) « Citrus lycopersicaformis (Lush.) hort. ex Tanaka », sur Givaudan Citrus Variety Collection at UCR (consulté le )
  9. « Citrus crenatifolia Lush. var. kokni Lush. GRIN-Global », sur gringlobal.irri.org (consulté le )
  10. (en) Tanaka, « Taxonomic Problem of Citrus Fruits in the Orient - 大阪府立大学 », Bull. Univers. d'Osaka vol 21,‎ , p. 6 pages 133 à 138 (lire en ligne)
  11. (en) Tyozaboro Tanaka, « FURTHER REVISION OF RUTACEAEAURAKTIOIDIAE OF INDIA AND CEYLON (Revuio Aurantiaceam m V flf) », Rustaceae auranthioidiae of India & Ceylon,‎ , p. 14 (lire en ligne [PDF])
  12. (en) O. P. Pareek et Suneel Sharma, Systematic Pomology (Vol. 1-2) (Set), Scientific Publishers, (ISBN 978-93-87741-03-4, lire en ligne), p 614
  13. (id) Anis Ashari, Endang Nurcahyani, Hardoko Insan Qudus et Zulkifli Zulkifli, « ANALISIS KANDUNGAN PROLIN PLANLET JERUK KEPROK BATU 55 (Citrus reticulata Blanco var. crenatifolia) SETELAH DIINDUKSI LARUTAN ATONIK DALAM KONDISI CEKAMAN KEKERINGAN SECARA IN VITRO », Analit: Analytical and Environmental Chemistry, vol. 3, no 1,‎ (ISSN 2540-8267, DOI 10.23960/aec.v3i1.2018.p, lire en ligne, consulté le )
  14. « 柑橘类植物名录(一)-黄岩在线-以历史的眼光丈量黄岩 », sur www.331003.com (consulté le )
  15. (en-US) « Heen Naran plants are now available from www.ceylonagri.lk » (consulté le )
  16. (si) Alexander Moon, A Catalogue of the Indigenous and Exotic Plants Growing in Ceylon, Distinguishing the Several Esculent Vegetables, Fruits, Roots and Grains: Together with a Sketch of the Divisions of Genera and Species in Use Amongst the Singhalese : Also an Outline of the Linnæan Sexual System of Botany in the English and Singhalese Languages : for the Use of the Singhalese, Printed at the Wesleyan Mission Press, (lire en ligne), p 19
  17. (si) Alexander Moon, A catalogue of the indigenous and exotic plants growing in Ceylon, Distinguishing the several esculent vegetables, fruits, roots and grains (etc.), Wesleyan mission Press, (lire en ligne), p 56
  18. a et b Null, Indian Horticulture (lire en ligne)
  19. (en) « General History of Africa, Volume 5: Africa from the Sixteenth to the Eighteenth Century - PDF Free Download », sur epdf.pub (consulté le )
  20. Field Museum of Natural History Library, The Tropical agriculturist and magazine of the Ceylon Agricultural Society, Colombo : [A.M. & J. Ferguson], (lire en ligne)
  21. Robarts - University of Toronto, Bulletin of the Imperial Institute, London : The Institute, 1903-48 (lire en ligne), p 242
  22. Tyozaburo Tanaka, « Acclimatation des Citrus hors de leur pays d'origine. », Journal d'agriculture traditionnelle et de botanique appliquée, vol. 13, no 142,‎ , p. 389–398 (DOI 10.3406/jatba.1933.5242, lire en ligne, consulté le )
  23. P.parija, The Journal Of The Indian Botanical Society Volume Xvi, (lire en ligne)
  24. (en-US) « Fruit Crops-Jamanaran-S – Department of Agriculture Sri lanka » (consulté le )
  25. (en-US) « Managing TSS and Acid Ratio », sur Yara United States, (consulté le )
  26. (en-US) « Heen Naran plants are now available from www.ceylonagri.lk » (consulté le )
  27. Servants of Knowledge, Fruit Growing In India, Kitabistan, Allahabad, (lire en ligne)
  28. « Ayurvedic Plants of Sri Lanka: Plants Details », sur instituteofayurveda.org (consulté le )
  29. (en) H. a. C. O. Hettiarachchi, K. D. P. P. Gunathilake et S. Jayatilake, « In vitro anti-inflammatory and antioxidant properties of peel extract of selected fruits of the citrus family », 4th International Research Symposium on Pure and Applied Sciences, Faculty of Science, University of Kelaniya, Sri Lanka.,‎ (lire en ligne, consulté le )
  30. (en) Dr. Richard A. Hamilton, k Studyj of Tropical Research and Production in Pakistan, Sponsored by PARC, USAID, and the MART Project, Winrock International, , 29 p. (lire en ligne), p 7
  31. (en) Francis Tso Ping Zee, « Evaluation of 13 Rootstocks for 3 Sweet Omage Clones for Tolerance to Tristeza Virus at Malama-ki. Hawaii », mémoire Université d'Hawaï à Mānoa,‎ (lire en ligne, consulté le )
  32. (en) UH CTAHR Master Gardening Conference, Growing Tropical Fruit & Nut Trees For The Homeowner, Manoa, Université de Hawai, , 70 p. (lire en ligne), Propagation: Bud Grafting
  33. (en) « ලුණු දෙහි », sur Muhunupothe Muluthange,‎ (consulté le )
  34. (en) W. a. H. C. B. Weerakoon, W. a. D. L. Wettasinghe, C. I. Amarasekara et S. S. Denagamagei, « Comparison of the antibacterial activity between essential oils of Citrus crenatifolia and Citrus sinensis against Staphylococcus aureus, Bacillus cereus and Escherichia coli », Université de Ruhuna,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier

  • fiche INPI Citrus crenatifolia Lush,, Indian Forester 36: 343 (1910).
  • fiche GBIF Citrus crenatifolia Lush. Published in: Lush. (1910). In: Indian Forester 36: 343 Synonym of Citrus reticulata Blanco
  • fiche EPPO Global Database Citrus deliciosa (CIDDE). synonymes: Citrus crenatifolia Lushington, Citrus erythrosa Yu. Tanaka, Citrus lycopersiciformis (Lushington) Yu. Tanaka, Citrus nobilis var. deliciosa Swingle