La Neuvième croisade, menée par le prince Édouard d'Angleterre (futur Édouard Ier) en 1271-1272, est généralement considérée comme la dernière des croisades médiévales.

Neuvième croisade
Description de cette image, également commentée ci-après
Opérations de la Neuvième croisade.
Informations générales
Date 1271-1272
Lieu Terre sainte
Casus belli Menaces mamelouks
Issue Victoire croisée
Belligérants
Croisés :
Royaume d'Angleterre
Comté de Luxembourg
Duché de Bretagne
Royaume de Sicile

Outremer:
Royaume de Chypre
Royaume de Jérusalem
Ilkhanat Hospitaliers
Templiers
Teutoniques
Sultanat mamelouk d'Égypte
Commandants
Édouard d'Angleterre
Léon III d'Arménie
Hugues III de Chypre
Bohémond VI d'Antioche
Henri V de Luxembourg
Jean II de Bretagne
Jean de Montfort
Othon Ier de Grandson
Abaqa Khan
Samagar
Baybars
Forces en présence
inconnu
10 000
inconnu

Reconquista 718 – 1492

Batailles

.

Contexte

modifier

Au cours de l’année 1268, le sultan mamelouk Baybars attaque le royaume de Jérusalem et reprend Jaffa (), Beaufort () et Antioche (). Apprenant ces nouvelles, un certain nombre de nobles, dont Édouard, prince héritier d'Angleterre, décident de se croiser. Mais l’annonce du roi Louis IX de se croiser et d’organiser une nouvelle expédition a pour effet de retarder le départ des croisés, pensant se joindre à la croisade du roi de France.

Cette croisade quitte Aigues-Mortes le , mais se dirige vers Tunis au lieu de la Terre sainte et est rapidement décimée par la maladie. La mort du roi, le , met fin à la huitième croisade, et l’armée croisée rentre en France.

La croisade

modifier

Apprenant la mort de Louis IX et la fin de sa croisade, Baybars reprend ses conquêtes, attaque le comté de Tripoli et emporte le château de Chastel Blanc () et le Krak des Chevaliers (), puis assiège Tripoli en mai[1].

C’est alors que lui parvient l’annonce d’une armée croisée, ce qui l’incite à lever le siège de Tripoli et à conclure une trêve de dix ans avec le comte Bohémond VI de Tripoli. Toutefois, il profite de sa présence au nord de Saint-Jean-d'Acre pour prendre le château teutonique de Montfort le ([2]).

En effet, le prince Édouard d’Angleterre, arrivé trop tard pour participer à la croisade de Louis IX à Tunis, avait décidé de se rendre en Terre Sainte avec un millier d’hommes. Il est rejoint en septembre par son frère Edmond qui apporte également des troupes. La première réaction d’Édouard à son arrivée dans le royaume est de se scandaliser et de chercher à lutter contre le commerce d’armes avec les Mamelouks effectués par de nombreux marchands chrétiens, notamment les Vénitiens et, dans une moindre mesure, les Génois. Malgré les protestations des croisés et les excommunications du Saint-Siège, le bayle vénitien d’Acre montre les diplômes et immunités accordés par la cour de Saint-Jean-d’Acre, et Édouard ne peut lutter contre ce commerce, suicidaire pour les établissements latins en Orient[3].

Comprenant l’intérêt de l’alliance mongole, Édouard dépêche une ambassade à Abagha, khan houlagide de Perse, effectue une incursion à Al-Bana, détruit le bourg et revient avec un joli butin. Il se concerte également avec le roi Hugues III de Chypre et le comte Bohémond VI de Tripoli. À la fin d’, le khan Abagha envoie une armée en Syrie, mais qui ne comporte que dix mille cavaliers car il est lui-même en guerre contre ses cousins. L’armée mongole pille les régions d’Alep et d’Apamée, mais se retire chargée de butin sans affronter l’armée que Baybars a réunie à Damas. Les Francs et les croisés en profitent pour tenter une incursion, mais en raison d’un effectif réduit et du manque de l’appui mongol, n’obtiennent que peu de résultats. En novembre, Édouard dirige une offensive sur Qaqun (en), sur la route de Jérusalem, mais cette attaque échoue. Des Nizârites, peut-être commandités par les Mamelouks, prétendent se faire baptiser, mais manquent de peu d’assassiner le prince le . Face au manque de moyens, Édouard rembarque à Acre en direction de l’Europe le pour prendre la succession de son père Henri III, décédé le [4].

Les expéditions suivantes

modifier

En quittant la Terre sainte, Édouard ne laisse pas le royaume démuni, car le roi Hugues III et lui-même ont conclu à Césarée le une trêve de dix ans avec Baybars, grâce également à l’entremise de Charles Ier d’Anjou, roi de Sicile.

Lors de son périple, Édouard avait été accompagné par Théobald Visconti, qui devint pape sous le nom de Grégoire X, en 1271. Le nouveau souverain pontife demanda une nouvelle croisade, sans l'obtenir, au IIe concile de Lyon en 1274.

Charles d’Anjou se lance alors dans une politique méditerranéenne. En 1271, il marie son fils Philippe à Isabelle de Villehardouin, héritière de la principauté d’Achaïe et de Morée[5]. En 1273, c’est sa fille Béatrice qu’il marie à Philippe Ier de Courtenay, empereur titulaire de Constantinople, se réservant ainsi des droits sur l’empire latin de Constantinople à reconquérir[6]. En 1276, il achète à Marie d’Antioche les droits que cette dernière dispose sur le royaume de Jérusalem en concurrence avec Hugues III[7]. Fort de ces droits, il occupe la ville d’Acre, seul vestige du royaume de Jérusalem, en profitant d'une querelle entre Hugues III, les Templiers, Hospitaliers et les Vénitiens[8].

Avec son aide, les Vénitiens veulent alors se lancer dans une croisade contre Constantinople, où l'Empire byzantin vient d'être restauré par Michel VIII. En 1281, le pape Martin IV donne son accord, et les Français se mettent en route vers Durazzo, alors que les Vénitiens prennent la voie maritime. Mais le soulèvement des Vêpres siciliennes (1282) oblige Charles à rebrousser chemin.

Conclusion

modifier

L’expédition du prince Édouard fait partie des croisades les plus sagement et intelligemment organisées, mais son manque de moyens et de troupes a réduit à néant tous ses efforts. Elle a eu cependant le mérite d’accorder dix ans de paix et presque vingt ans de survie au royaume, qui se réduit aux environs de Saint-Jean-d'Acre. Les expéditions suivantes n’ont rien apporté aux restes des États latins d'Orient , et en 1291 les Mamelouks finissent par conquérir l'ensemble des territoires syriens qui appartiennent encore aux chrétiens.

Notes et références

modifier
  1. Grousset (1936), p. 648-651.
  2. Grousset (1936), p. 651-652.
  3. Grousset (1936), p. 652.
  4. Grousset (1936), p. 653-656.
  5. Grousset (1949), p. 514-515.
  6. Alice Saunier-Seïté, (1998), p. 188-191.
  7. Foundation for Medieval Genealogy : Bohémond IV.
  8. Grousset (1934), p. 665-669.

Sources

modifier

Annexes

modifier

Articles connexes

modifier