Marcel Dadjo

ingénieur des travaux publics, diplomate et homme politique béninois

Marcel Dadjo
Illustration.
Portrait de Marcel Dadjo
Fonctions
Ministre des Travaux publics

(7 mois et 1 jour)
Président Christophe Soglo
Prédécesseur Lui-même
Successeur Issa Raïmi Lawani
Ministre des Travaux publics, des Transports, des Postes et Télécommunications

(1 an, 4 mois et 22 jours)
Président Christophe Soglo
Prédécesseur Moébi Lassissi
Successeur Lui-même (Travaux publics)
Dominique Aplogan (Transports, Postes et Télécommunications)
Ambassadeur du Dahomey auprès de la Communauté économique européenne

(1 an et 15 jours)
Président Hubert Maga
( - )
Christophe Soglo
( - )
Prédécesseur Poste créé
Successeur Émile Poisson
Ambassadeur du Dahomey auprès de la République fédérale d'Allemagne

(3 ans, 3 mois et 4 jours)
Président Hubert Maga
( - )
Christophe Soglo
( - )
Prédécesseur Poste créé
Successeur Nicolas Ewagnignon
Ministre des Travaux publics, des Transports, des Postes et Télécommunications

(1 mois et 27 jours)
Premier ministre Hubert Maga[n 1]
Prédécesseur Moébi Lassissi (Travaux publics)
Lui-même (Transports, Postes et Télécommunications)
Successeur Victorien Gbaguidi
Ministre des Transports, des Postes et Télécommunications

(1 an, 5 mois et 7 jours)
Premier ministre Hubert Maga
Successeur Lui-même
Conseiller général du département du Centre

(4 ans et 5 mois)
Député

(4 ans, 6 mois et 26 jours)
Élection Législatives
Vice-président Sourou Migan Apithy[n 2]
( - )
Premier ministre Hubert Maga
( - )
Ministre des Travaux publics

(1 an, 3 mois et 8 jours)
Vice-président Sourou Migan Apithy
Prédécesseur Antoine Fidégnon[1]
Successeur Moébi Lassissi
Biographie
Nom de naissance Marcel Fernand Dadjo Houegban[2]
Date de naissance
Lieu de naissance Savè (Dahomey)
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Montfermeil (France)
Nationalité Béninoise
Parti politique Parti républicain dahoméen
Diplômé de École spéciale des travaux publics
Profession Ingénieur des travaux publics
Distinctions Commandeur de l'ordre national du Dahomey (1963)
Grand officier de l'ordre national du Dahomey (1967)

Signature de Marcel Dadjo

Marcel Dadjo, né le à Savè, au Dahomey (actuel Bénin) et mort le à Montfermeil, en France, est un ingénieur des travaux publics, homme politique et diplomate béninois.

Biographie modifier

Naissance et études modifier

Marcel Dadjo naît le à Savè[2] au Dahomey. Il débute ses études à Porto-Novo et les poursuit, d'abord à Dakar au Sénégal[3], puis à Paris en France où il obtient, en 1952, un diplôme d'ingénieur de l'École spéciale des travaux publics[4].

Carrière professionnelle et politique modifier

Le , par arrêté du secrétaire d'État à la France d'outre-mer, Henri Caillavet, Marcel Dadjo est nommé sur titres, ingénieur adjoint de 4ème classe stagiaire des travaux publics de la France d'outre-mer[4]. Il travaille ensuite pendant cinq ans à Abidjan en Côte d'Ivoire avant de rentrer au Dahomey en début d'année 1958[3] où il est nommé, dès le , ministre des Travaux publics[n 3],[5] par Sourou Migan Apithy, vice-président du Conseil de gouvernement.

Inscrit sur la liste de la formation de ce dernier, le Parti républicain dahoméen, il est élu député lors des élections législatives de 1959 et siège à l'Assemblée nationale jusqu'en [3]. Il est également conseiller général du département du Centre d' à [n 4],[6].

Marcel Dadjo demeure ministre des Travaux publics jusqu'au [n 5], date à laquelle il est remplacé, lors d'un remaniement ministériel, par Moébi Lassissi. Il perd son portefeuille mais conserve une place au sein du gouvernement en étant désigné ministre des Transports et des Télécommunications[n 6],[5]. Il récupère, le , le ministère des Travaux publics cumulativement avec ses fonctions précédentes[7] mais quitte finalement le gouvernement le suivant, remplacé par Victorien Gbaguidi[n 7],[8].

Marcel Dadjo retrouve rapidement une haute fonction publique ; il est choisi, à l'issue du Conseil des ministres du , pour être l'ambassadeur du Dahomey auprès de la République fédérale d'Allemagne[n 8],[9]. Il s'agit de la première représentation diplomatique dahoméenne en Europe depuis l'accession à l'indépendance et la troisième sur la scène internationale, après la France en [n 9] et les États-Unis en [n 10],[10]. Marcel Dadjo devient également, le , le premier ambassadeur du Dahomey auprès de la Communauté économique européenne[11]. Émile Poisson prend sa suite le [12],[13]. Près d'un an et demi plus tard, Marcel Dadjo quitte Bonn après avoir présenté sa démission à Sourou Migan Apithy[14]. Nicolas Ewagnignon le succède[15].

Marcel Dadjo est remis à la disposition du ministère de la Fonction publique, du Travail et des Affaires sociales à compter du [14]. Il rentre au Dahomey et est nommé chef du service de l'urbanisme et de l'habitat[16]. Le , le général Christophe Soglo prend le pouvoir de force pour la seconde fois et dissout les institutions nationales[17]. Il forme deux jours plus tard son gouvernement et redonne une fonction ministérielle à Marcel Dadjo en lui attribuant les ministères des Travaux publics, des Transports, des Postes et Télécommunications[n 11] à la place de Moébi Lassissi[5]. En tant que ministre des Transports, il est administrateur de la compagnie aérienne Air Afrique et de l'Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar[18].

Marcel Dadjo conserve ses attributions lors des remaniements gouvernementaux des 30[19] et [n 12],[5] et du [n 13],[5]. Par contre, lors de celui du [20], il ne garde que le portefeuille des Travaux publics et ce, jusqu'à qu'un groupe de militaires renverse Christophe Soglo le et s'empare du pouvoir.

À la suite de ce putsch, Marcel Dadjo part s'installer un temps en France[3].

Entrée dans le monde musical modifier

Revenu dans son pays, Marcel Dadjo se lance dans les affaires. Au début des années 70, il cofonde la Société africaine des techniques électroniques (SATEL) et devient le président directeur général de cette société anonyme au capital de 15 millions francs CFA dont le siège social est à Cotonou[21],[22]. La SATEL a pour vocation d'éditer, de fabriquer et de vendre des enregistrements commerciaux sur vinyles et cassettes audio[22],[23]. Elle possède son propre studio d'enregistrement et un équipement de pressage de disques phonographiques[24].

Longtemps le seul studio analogique d’Afrique, des artistes comme Sam Fan Thomas, Salif Keïta ou encore l'Orchestre Poly-Rythmo de Cotonou y enregistrent leurs albums[25]. D'ailleurs, grâce à ses moyens techniques et technologiques, la SATEL permet à un grand nombre d'artistes de diffuser ses œuvres à la radio et à la télévision et de les vendre sur l'ensemble du territoire national, ainsi qu'à l'export[26].

À cette époque, afin d'encourager les entrepreneurs à créer, investir et se developper au Dahomey, l'État accorde des avantages fiscaux à ces derniers ; c'est donc, sous conditions à respecter et sur des périodes déterminées, que la SATEL obtient du gouvernement, notamment en [27] et en [28], des facilités concernant particulièrement les taxes douanières, la taxe sur le chiffre d'affaires et l'impôt sur les bénéfices.

Si la SATEL est une entreprise « très avant-gardiste » dans le domaine du disque, comme la définit Issa Kpara, directeur de la Culture populaire du Bénin dans les années 80, et « qui reçoit des demandes de productions émanant de plusieurs horizons d'Afrique », elle n'en demeure pas moins être mise en difficulté par une forte concurrence déloyale venue du Nigeria qui exporte des supports audios contrefaits à moindres prix[23].

Décès modifier

Marcel Dadjo, meurt le à Montfermeil en France, à l'âge de 65 ans[2].

Distinctions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Hubert Maga est élu président de la république du Dahomey le 11 décembre 1960.
  2. Sourou Migan Apithy est vice-président du Conseil de gouvernement jusqu'au , date à laquelle Hubert Maga devient Premier ministre du Dahomey.
  3. Selon l'arrêté n° 115/A.P. du .
  4. En 1990, le département du Centre prend l'appellation de département du Zou.
  5. Selon l'arrêté n° 352/SE A.R. du , Marcel Dadjo conserve sa fonction lors du remaniement.
  6. Selon le décret n° 62/P.C.M. du .
  7. Selon le décret n° 381/P.C.M. du .
  8. Selon le décret n° 59 P.R./AF. ETR. du .
  9. Selon le décret n° 182/P.C.M. du portant création de la délégation de la république du Dahomey à Paris.
  10. Selon le décret n° 362/P.C.M./Cab. du , nommant Me Louis Ignacio-Pinto ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la république du Dahomey auprès du président de la république des États-Unis d'Amérique, cumulativement avec ses fonctions d'ambassadeur du Dahomey à l'O.N.U.
  11. Selon le décret n° 144/P.R. du .
  12. Selon le décret n° 558/P.R. du .
  13. Selon le décret n° 106/P.R. du .

Références modifier

  1. Métinhoué 2006, p. 155.
  2. a b et c « Dadjo Houegban Marcel Fernand », sur MatchID (consulté le ).
  3. a b c et d Houngnikpo et Decalo 2013, [1], p. 129.
  4. a et b « Ministère de la France d'outre-mer : Travaux publics », sur Légifrance, JORF, Paris, Imprimerie des Journaux officiels, (consulté le ), p. 2512.
  5. a b c d et e Métinhoué 2006, p. 123.
  6. Reuters 1967, p. 116.
  7. « Décret n° 1960-304 portant nomination de ministres de gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  8. Métinhoué 2006, p. 163.
  9. JORD 1961, p. 199.
  10. « Les ambassadeurs africains en Allemagne fédérale nous déclarent... », La Vie africaine, S.O.G.E.R.E.P., vol. 32-42,‎ , p. 50.
  11. « Ambassadeur du Dahomey auprès de la Communauté économique européenne », JOCE, vol. 4,‎ , p. 333.
  12. (en) Secretariat of the Commission of the European Economic Community, « Replacement of Marcel Dadjo », Bulletin of the European Economic Community, Belgique, nos 1-12,‎ , p. 8.
  13. « Décret n° 1962-487 portant nomination de M. Poisson Émile en qualité de chargé de mission auprès de la Communauté économique européenne à Bruxelles », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  14. a et b « Décret n° 1964-79 portant démission de l'ambassadeur du Dahomey auprès de la république fédérale d'Allemagne de M. Dadjo Marcel », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  15. « Décret n° 1964-80 portant nomination d'un ambassadeur auprès de la République fédérale d'Allemagne », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  16. « Nomination de Marcel Dadjo », Africa information de l'élite, Sénégal, nos 30-37,‎ , p. 63.
  17. Philippe Decraene, « Le général Soglo prend le pouvoir au Dahomey et dissout l'Assemblée nationale », sur Le Monde, (consulté le ).
  18. « Transports aériens », sur Gallica, Aviation magazine international, (consulté le ), p. 19.
  19. « Décret n° 1966-557 portant formation du gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  20. « Décret n° 1967-147 portant formation du gouvernement », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  21. « La vie des sociétés au Dahomey : Créations », Marchés coloniaux du monde, René Moreaux et Cie., vol. 28,‎ , p. 2426.
  22. a et b « Société africaine des techniques électroniques », Africa information de l'élite, Sénégal, nos 63-67,‎ , p. 73.
  23. a et b « SATEL », MN la revue du monde noir bingo, Paris, SAPEF, nos 420-431,‎ , p. 44.
  24. « Société africaine des techniques électroniques », Europe, outremer, Société nouvelle des Éditions France outremer S.A., nos 564-572,‎ , p. 2.
  25. Nicolas Dambre, « Le Poly-Rythmo, un orchestre immortel », sur Radio France internationale, (consulté le ).
  26. Huannou 1984, [2], p. 256.
  27. « Décret n° 1973-169 portant agrément de la Société africaine des techniques électroniques (SATEL) au régime "D" du code des investissements », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  28. « Décret n° 1984-465 portant agrément de la Société africaine des techniques électroniques SATEL au régime "D" du code des investissements dans le cadre de son programme d'extension et de modernisation », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  29. « Décret n° 1963-425 portant nomination et promotion dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).
  30. « Décret n° 1967-295 décret portant nominations et promotions, à titre civil dans l'ordre national du Dahomey », sur Secrétariat général du gouvernement du Bénin, (consulté le ).

Bibliographie modifier

  • JORD, Journal officiel de la république du Dahomey, Dahomey, Imprimerie des Journaux officiels, .
  • (en) Reuters, A Guide to the contemporary history of emergent Africa and its leaders, New-York, Putnam, , 504 p.
  • Adrien Huannou, La littérature béninoise de langue française : des origines à nos jours, Paris, Éditions Karthala, , 327 p. (ISBN 978-2865371051).
  • Pierre Goudjinou Métinhoué, Les ministres du Dahomey et du Bénin : mai 1957-avril 2006, Bénin, Centre national de production de manuels scolaires, , 371 p. (ISBN 978-9991960388).
  • (en) Mathurin C. Houngnikpo et Samuel Decalo, Historical Dictionary of Benin, Lanham, Toronto, Plymouth, The Scarecrow Press, , 4e éd., 488 p. (ISBN 978-0810871717).