Les Loups et les Brebis

fable de Jean de La Fontaine

Les Loups et les Brebis est la treizième fable du livre III de Jean de La Fontaine située dans le premier recueil des Fables de La Fontaine, édité pour la première fois en 1668.

Les Loups et les Brebis
Image illustrative de l’article Les Loups et les Brebis
Gravure de Michel Aubert d'après Jean-Baptiste Oudry, édition Desaint & Saillant, 1755-1759

Auteur Jean de La Fontaine
Pays Drapeau de la France France
Genre Fable
Éditeur Claude Barbin
Lieu de parution Paris
Date de parution 2016
Chronologie

Illustrations modifier

 
Dessin de Grandville (1838-1840)
 
Tableau au musée Jean-de-La-Fontaine de Château-Thierry (Nuit européenne des musées 2015).

Texte modifier

LES LOUPS ET LES BREBIS

[Ésope[1] + Isaac Nicolas Nevelet]

 
Illustration de Benjamin Rabier (1906)
 
Gravure de François Chauveau (1613-1676)
 
Illustration d'Auguste Vimar (1897)
 
Gravure de Gustave Doré (1876)


Après mille ans et plus de guerre déclarée,

Les Loups firent la paix avec les Brebis.

C'était apparemment le bien des deux partis :

Car, si les Loups mangeaient mainte bête égarée,

Les Bergers de leur peau se faisaient maints habits.

Jamais de liberté, ni pour les pâturages,

           Ni d'autre part pour les carnages :

Ils ne pouvaient jouir,  qu'en tremblant,  de leurs biens.

La paix se conclut donc ; on donne des otages :

Les Loups, leurs Louveteaux ; et les Brebis, leurs Chiens.

L'échange en étant fait aux formes ordinaires,

           Et réglé par des commissaires (1),

Au bout de quelque temps (2) que Messieurs les Louvats (3)

Se virent Loups parfaits et friands de tuerie (4),

Ils vous prennent le temps que (5) dans la bergerie

           Messieurs les Bergers n'étaient pas,

Étranglent la moitié des Agneaux les plus gras,

Les emportent aux dents, dans les bois se retirent.

Ils avaient averti leurs gens secrètement.

Les Chiens, qui sur leur foi (6), reposaient sûrement,

           Furent étranglés en dormant :

Cela fut sitôt fait qu'à peine ils le sentirent.

Tout fut mis en morceaux ; un seul (7) n'en échappa.

           Nous pouvons conclure de là

Qu'il faut faire aux méchants guerre continuelle.

           La paix est fort bonne de soi (8) :

           J'en conviens ; mais de quoi (9) sert-elle

           Avec des ennemis sans foi ?

Vocabulaire modifier

(1) " Juge ou compagnie à qui le Roi attribue un pouvoir particulier [...] de juger souverainement certaine nature d'affaires en des Chambres ou des Bureaux " (dictionnaire de Furetière)

(2) Quelque temps après que

(3) louveteaux, petits de loup

(4) les loups deviennent adultes et aiment tuer

(5) Ils choisirent le temps où ...

(6) se fiant au traité de paix

(7) pas un seul

(8) en soi

(9) en quoi


Notes et références modifier

D'après l'auteur de La Vie d'Ésope, Ésope aurait inventé cette fable pour dissuader les Samiens de le livrer à Crésus.

S'il faut en croire Plutarque, Démosthène aussi l'aurait racontée aux Athéniens lorsque Alexandre le grand les somma de lui livrer dix de leurs orateurs.


  1. (fr + grk) Ésope (trad. Émile Chambry), « LES LOUPS ET LES MOUTONS », sur archive.org,

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