Jacques de Morgan

explorateur et égyptologue français (1857-1924)
Jacques de Morgan
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 67 ans)
MarseilleVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Jacques Jean Marie de MorganVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Karagueuz EffendiVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
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Jacques de Morgan, né le à Huisseau-sur-Cosson, mort à Marseille le , est un préhistorien, archéologue, égyptologue et iranologue français. Sa formation d'ingénieur civil de l’École des mines de Paris et ses fonctions professionnelles d'ingénieur des mines lui ont donné l'occasion d'explorer et de fouiller ses premiers sites archéologiques en Orient. Investi par la suite de fonctions archéologiques officielles en Égypte et en Iran, il a publié de nombreux comptes-rendus de ses recherches et des analyses plus générales. Il est notamment le découvreur du code de Hammurabi en 1901 en Iran, et l'inventeur du Capsien en 1909 en Tunisie.

Biographie modifier

Jacques Jean Marie de Morgan, issu d'une famille d'origine galloise, fait ses études secondaires au lycée de Lons-le-Saunier[1]. Initié très tôt à l'archéologie par son père Eugène de Morgan, il développe par la suite un intérêt particulier pour la géologie, la botanique et la paléontologie[2]. Cela le pousse à devenir ingénieur et finit donc diplômé de l'École des mines de Paris (promotion 1879) en 1882[3].

En tant qu'ingénieur, il travaille sur les mines de Belgique, de Suède, de Transylvanie[4], d'Arménie orientale, d'Inde, de Malaisie, du Caucase et de Perse.

Malaisie modifier

En Malaisie (1884-1885), il s'occupe de l'exploitation de mines d'étain de la région du Pérak. Il est également chargé par le gouverneur britannique de cartographier la région, ce qui l'amène ainsi à rentrer en contact avec les populations locales et à mener des recherches ethnographiques[5]. Il rassemble aussi des collections de papillons, mollusques et plantes. Il publie largement ses découvertes[6] et devient officier des Palmes académiques[7].

Arménie modifier

De 1886 à 1889, il est à Akhtala (Arménie) avec Maurice Chaper pour exploiter une mine de cuivre pour le compte d'investisseurs français. Démissionnant en 1888, il obtient du ministère de l'Instruction publique une mission scientifique officielle de 1888 à 1889. Il mène des fouilles archéologiques dans la région du Lori sur les sites d'Akhtala, de Mouçi Yéri, d'Alaverdi ou encore de Cheitan-Thagh[8]. Il rentre ensuite en France et publie largement ses découvertes[9]. Il est le premier en 1891 à signaler la présence de pétrole dans les régions qu'il a visitées[10].

Familiarisé avec l'histoire de l'Arménie lors de ce séjour, trente ans plus tard, il réagira vigoureusement au génocide perpétré par le gouvernement ottoman de 1915 à 1917[11].

Égypte modifier

Avant d'être délégué général du ministère de l'Instruction publique en Perse, il est désigné pour succéder à Eugène Grébaut à la direction du Service des antiquités de l'Égypte, poste qu'il occupe six ans (1892-1897)[12]. Fouillant complètement la nécropole de Dahchour, il eut la chance de mettre la main en 1894 sur le trésor des princesses dans les galeries des reines de la pyramide de Sésostris III[13].

Parallèlement, il s'intéresse à des outils préhistoriques en pierre qu'il trouve lors de ses prospections. Cela le mène à publier en 1896 Recherches sur les origines de l'Égypte[14] dans lequel il s'intéresse à la préhistoire égyptienne, alors sujet de débats au sein du milieu savant. On considère aujourd'hui que cette date correspond à la naissance de la préhistoire égyptienne en tant que discipline[15]. Dans le même temps, lors de ses fouilles à Nagada, Jacques de Morgan met au jour un tombeau royal de la Ire dynastie[16]. Un sujet lui tenait à cœur, les probabilités de l’origine asiatique de la civilisation égyptienne qu'il cherchera ensuite en Iran à Suse.

Iran modifier

Il est nommé en 1897 en Perse, par le ministère de l'Instruction publique, en tant que délégué général et se voit confier des fouilles sur le territoire iranien[17]. Il fouille principalement à Suse selon des méthodes « industrielles » en creusant de larges tranchées destinées à atteindre les niveaux anciens[18]. Il découvre ainsi des objets fondamentaux pour notre connaissance de l'Orient ancien : l'obélisque de Manishtusu, la stèle de Narâm Sin, la statue de Napirasu, et le code d'Hammurabi en 1901.

Il explore également des dolmens dans le Talyche, une région située au sud-ouest de la mer Caspienne, et rapportera en France du mobilier archéologique, des fossiles, des insectes et des mollusques pour qu'ils soient étudiés. Il démissionne de son poste de directeur de la Délégation archéologique française en Perse en 1912 déçu de ses résultats et fragilisé par des scandales financiers[19]. La fouille de Suse est alors reprise par son collaborateur Roland de Mecquenem.

Critiques modifier

En dépit de ses succès, sa méthode de fouille est jugée, de nos jours, trop centrée sur la recherche d’objets, au détriment des bâtiments et niveaux stratigraphiques qu’il fait détruire et creuser sans ménagement pour atteindre le sol initial, les strates protohistoriques étant ainsi perdues à jamais. Par exemple il n'a pas hésité à construire un imposant fort d'architecture française à proximité du site millénaire de Suse en réutilisant des pierres issues des monuments antiques (Citadelle de Suse).

Legs scientifique modifier

On lui doit l'invention du terme Capsien en 1909[20], et la définition du terme Mésolithique la même année[21].

Le Musée d'Archéologie nationale à Saint-Germain-en-Laye est dépositaire du legs de 8 000 références de Jacques de Morgan[22].

Décorations modifier

Publications modifier

Notes et références modifier

  1. Henry de Lumley, « Jacques de Morgan », Célébrations nationales, Ministère de la culture et de la communication. Direction des archives,‎ , p. 210-212.
  2. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. Le virus de l'archéologie », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  3. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. L'école des Mines », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  4. « Jacques de Morgan. Jeunesse et apprentissage. Les premières explorations 1880-1882 », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  5. « Jacques de Morgan. Le royaume de Pérak (1884). L'apport sur la connaissance des populations », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  6. « Jacques de Morgan. Le royaume de Pérak (1884). Les publications », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  7. « Jacques Jean Marie de Morgan (1857-1924) », sur annales.org, Biographie de Jacques de Morgan par Roland de Mecquenem, publiée dans le Bulletin de l'association des anciens élèves de l'École des mines (1924).
  8. Jacques de Morgan, Mission scientifique au Caucase, études archéologiques et historiques. Les premiers âges des métaux dans l'Arménie russe, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne).
  9. Jacques de Morgan, Mission scientifique au Caucase, T. 1 : Études archéologiques et historiques, Les premiers âges de métaux dans l’Arménie russe, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne)
  10. Jules Rouch, Époque contemporaine, tome IV de Histoire Universelle des Explorations publiée sous la direction de L.-H. Parias, Paris, Nouvelle Librairie de France, 1957, p. 121
  11. Jacques de Morgan, Contre les barbares de l'Orient, Paris, Berger-Levrault, (lire en ligne)
  12. « Jacques de Morgan. Égypte (1892-1897). Un ingénieur chez les égyptologues », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  13. Jacques de Morgan, Fouilles à Dahchour mars-juin 1894, Vienne, Adolphe Holzhausen, (lire en ligne).
  14. Jacques de Morgan, Recherche sur les origines de l'Égypte, l'âge de la pierre et des métaux, Paris, Ernest Leroux, (lire en ligne).
  15. Eve Gran-Aymerich, « Préhistoire européenne et préhistoire orientale », Bulletin de la Société préhistorique française,‎ , p. 88 (lire en ligne).
  16. « Jacques de Morgan. Égypte (1892-1897). La préhistoire égyptienne. Le tombeau de Nagada », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  17. Le Musée du Louvre a fait l'acquisition en 2013 d'un sceau intitulé Sceau de Jacques de Morgan, (1901-1902, Iran, bronze ciselé, argent et turquoise, 5,8 × 4,2 cm) qui a pu être offert en cadeau à de Morgan par les autorités iraniennes ; l'inscription indique en persan « Jacques de Morgan, représentant général et officier spécial du ministère de l'Instruction publique du gouvernement de la France, 1319 » (source : Béatrice André-Salvini et Yannick Lintz, « Le sceau persan d'un grand archéologue », dans Grande Galerie - Le Journal du Louvre, déc. 2013./jan./fév. 2014, no 26).
  18. « Jacques de Morgan. La Perse (1889-1912). Les travaux de terrain », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  19. « Jacques de Morgan. La Perse (1889-1912). Suse après Morgan », sur Jacques de Morgan. Grands sites archéologiques.
  20. Ismail Saafi, Nabiha Aouadi, Catherine Dupont et Lotfi Belhouchet, « L’économie de subsistance dans la cuvette de Meknassy (Sidi Bouzid, Tunisie centrale) durant l’Holocène d’après l’étude malacologique », Bulletin de la Société préhistorique française, vol. 110, no 4,‎ , p. 703-718 (lire en ligne).
  21. José Garanger, André Leroi-Gourhan, La Préhistoire dans le monde, Presses universitaires de France, , p. 496.
  22. Pierre Barthélémy, « Avant les pharaons, les Égyptiens étaient déjà passés experts en poterie », sur lemonde.fr, .
  23. « Morgan de, Jacques Jean Marie », base Léonore, ministère français de la Culture

Bibliographie modifier

  • François Djindjian, Christine Lorre, Lydie Touret, Caucase, Égypte et Perse : Jacques de Morgan (1857-1924), pionnier de l’aventure archéologique, actes du colloque « Jacques de Morgan » en l’honneur du 150e anniversaire de sa naissance (École nationale supérieure des mines de Paris, 5 avril 2008), Saint-Germain-en-Laye, Musée d’archéologie nationale, 2009.
  • Andrée Jaunay, Mémoires de Jacques de Morgan 1857-1924 – Souvenirs d’un archéologue, Paris, L’Harmattan, .
  • Andrée Jaunay, Exploration dans la presqu’île malaise par Jacques de Morgan, Paris, CNRS Éditions, .
  • Pierre Labrousse, « Jacques de Morgan, Exploration dans la presqu'île malaise, 1884 », Archipel, no 67∏assage=225-227,‎ (lire en ligne).
  • Edmond Pottier, « Jacques de Morgan », Syria. Archéologie, Art et histoire, nos 5-4,‎ , p. 373-380 (lire en ligne).

Voir aussi modifier

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