Héraclonas

empereur byzantin en 641

Héraclonas
Empereur byzantin
Image illustrative de l’article Héraclonas
Solidus à l'effigie d'Héraclius et de ses fils Constantin III et Héraclonas
Règne
-
Période Héraclides
Précédé par Constantin III Héraclius coempereur
Suivi de Constant II Héraclius
Biographie
Nom de naissance Constantinus Heraclius
Naissance
Décès (15 ans)
Rhodes
Père Héraclius
Mère Martine
Fratrie Constantin III

Héraclonas ou Héracléonas, de son nom officiel Constantin Héraclius (latin : Flavius Constantinus Heraclius Augustus, grec : Κωνσταντῖνος Ἡράκλειος), né en 626 et mort en 641, aussi connu sous le nom d'Héraclius II, est un empereur byzantin de la dynastie des Héraclides.

Contexte historique modifier

Au VIe siècle sous l’empereur Justinien, l’empire byzantin était à son apogée, le siècle qui suivit marqua au contraire le début d’un déclin de l’empire. Dès le début du VIIe siècle, l’empire byzantin commence à montrer des signes de décadences et d’affaiblissement, on assiste à plusieurs coups d’État qui ébranlèrent la stabilité de l’empire ainsi que de grandes difficultés géopolitiques contre les Sassanides et les forces musulmanes d'Arabie. En effet, le VIIe siècle marque le début d’une longue chute, l’empire s’engage dans une guerre couteuse en homme et en or, contre les Sassanides. Durant les premières décennies de la guerre, les Byzantins perdent de nombreux territoires en Asie Mineure, dans le Levant ainsi qu’en Mésopotamie et en Judée.  Ajoutée à cela, une nouvelle menace apparait en l'an 635, les forces arabes motivées à conquérir de nouveaux territoires afin de propager la nouvelle foi islamique, les troupes musulmanes conquièrent les possessions vitales pour l’Empire à savoir l’Égypte et l’Afrique du Nord.

Fondation de la dynastie des Héraclides modifier

Au début du VIIe siècle, l’empire byzantin connut plusieurs coups d’État qui se succèdent dus au mécontentement des élites de la capitale.  Le premier fut organisé par Phocas, il organisa l'assassinat de l’empereur Maurice en l'an 602 et se couronna empereur de l'empire byzantin[1]. L'assassinat et l'usurpation du trône, provoqua l'indignation de l’empire Sassanide et le début des hostilités la même année, Phocas se montra incompétent et enchaîna une série de défaites, les Perses sassanides progressaient rapidement et détenaient l’avantage durant les premières années de la guerre contre les forces byzantines. Compte tenu de la situation catastrophique, les élites de la capitale se révoltèrent, notamment la famille des Héraclides, ainsi en l'an 608 un général nommé Héraclius, remonta d’Égypte à la tête d'une flotte vers Constantinople afin d'y organiser un coup d'État visant l'empereur Phocas. Le , il parvint avec succès à son projet, il destitua et exécuta Phocas, et le même jour Héraclius fut couronné empereur de l’empire byzantin[2]. Commence ainsi à partir de l'an 610, la nouvelle dynastie des Héraclides qui perdura jusqu'en l'an 711.

Durant ces premières années de règne, Héraclius subit lui aussi des défaites face aux Perses sassanides, il faut attendre l'an 622 pour avoir une véritable contre-offensive. En l'an 626, il parvient à sauver la capitale contre les Avars alliés des Perses[3] et à stabiliser les frontières en Asie Mineure grâce à alliance militaire avec les "gokturk" par l'intermédiaire d'une promesse de mariage entre sa fille et le chef des forces Turcs[4], de cette alliance résulte une victoire militaire à la bataille de Ninive en 627 contre les forces perses[5],[6]

Héraclius fut perçu par les élites byzantines comme un empereur qui a sauvé l'empire, ses grandes victoires militaires lui ont permis de jouir d’une grande popularité auprès de ses sujets, ce qui ne fut pas le cas pour son successeur, Héraclonas, désapprouvé par les élites byzantines.

Biographie modifier

Enfance d'Héraclonas modifier

Son père, Héraclius, épousa deux femmes durant son règne, la première est l'impératrice Fabia Eudocia qui lui donna son premier fils Constantin III, sa deuxième épouse, l'impératrice Martine qui est également sa nièce, avec laquelle ils eurent leur fils Héraclonas, ce mariage incestueux fut dès sa conception impopulaire et contre les lois civils de l'Empire[7]. Cette impopularité dû au caractère incestueux du couple impérial est grandissante et se répercuta sur le futur empereur Héraclonas.

Héraclonas est né à Constantinople en l'an 626, dès son jeune âge, son père lui conféra le titre de César en 632[8] et le titre d’August en [9]. Cette manœuvre politique avait pour but d’affirmer et d’assurer une stabilité dynastique des Héraclides, nouvellement acquise quelque décennie plus tôt. Son demi-frère, Constantin III à l'âge de 1 an, avait lui aussi héritier de titre de Consul de l'Empire le et devient ainsi le coempereur avec Héraclius[10],[11].

Héraclonas grandit dans une enfance teintée de rivalité intrafamiliale entre sa mère, Martine qui tenta de promouvoir ses fils, principalement Héraclonas contre le fils de Fabia Eudocia, Constantin III.

En 638, on assista à un Triumvirat, Héraclonas et Constantin III sont titrés coempereurs de Byzance par leur père Héraclius, ensemble ils exercèrent le pouvoir impérial de l'Empire.

Le Co-règne modifier

Selon plusieurs études, l’empereur Héraclius meurt en l’an 641, la date étant calculée selon une formule de datation à partir d’un document en papyrus provenant d’Égypte[12]. Ainsi, en , Héraclonas et Constantin III exercèrent le pouvoir à deux[13], mais cette période fut de très courte durée, car quelques mois plus tard, c'est au tour de Constantin III de mourir entre les mois d' et de [14].

Durant son co-règne avec Contantin III, Héraclonas était déjà impopulaire, car il était le fruit d’un mariage consanguin, ce qui le rendait illégitime aux yeux des élites de la capitale. À la mort de Constantin III en , un évènement accrut encore sa cote d’impopularité : Héraclonas, alors âgé de 15 ans, exerçait officiellement le pouvoir impérial mais, en raison de son jeune âge, c’est sa mère Martine qui gouvernait en tant que régente et c'est elle qui détenait véritablement le pouvoir[15]. Des rumeurs circulèrent sur les circonstances mystérieuses du décès de Constantin III : la piste d’un assassinat par empoisonnement, organisé par la régente Martine, fut envisagée par les hauts dignitaires de l’État[16]. Ces deux facteurs précipitèrent la destitution de la régente et de l’empereur.

Destitution d'Héraclonas modifier

Dans ce contexte d’impopularité et de rumeurs quant au régicide du coempereur Constantin III, les élites et les grandes familles de la capitale se révoltèrent. Ainsi, quelques mois après le décès de Constantin III, l’armée, commandée par le général Valentin soutenu par la population, se révolte contre Héraclonas et sa mère. Avec la pression du Sénat et de l'armée, ils imposent dans un premier temps à l’empereur Héraclonas d’accepter un nouveau coempereur, Constant II, fils de Constantin III[17].  Dans un second temps, le général Valentin souhaite mettre à l'écart du pouvoir Martine et l’empereur Héraclonas, et ces derniers sont donc arrêtés en , leur visage mutilé (nez coupé pour Héraclonas, langue coupée pour Martine), l'objectif de cette mutilation étant qu’ils ne soient plus légitimes au pouvoir. Le général Valentin les exile sur l’île de Rhodes où ils mourront durant la même l'année[18].

Notes et références modifier

  1. Marjanović, Dragoljub,, Creating memories in late 8th-century Byzantium : the Short history of Nikephoros of Constantinople (ISBN 978-90-485-2965-0 et 90-485-2965-4, OCLC 1020286403, lire en ligne), p. 77
  2. Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 41
  3. Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 44
  4. Constantin Zuckerman, « La petite Augusta et le Turc. Epiphania-Eudocie sur les monnaies d'Héraclius », Revue numismatique, vol. 6, no 150,‎ , p. 117 (ISSN 0484-8942, DOI 10.3406/numi.1995.2046, lire en ligne, consulté le )
  5. Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 46
  6. Constantin Zuckerman, « Heraclius in 625 », Revue des études byzantines, vol. 60, no 1,‎ , p. 196 (DOI 10.3406/rebyz.2002.2261, lire en ligne, consulté le )
  7. (en) Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 51
  8. Nikolaos Gonis, « P. Paramone 18: Emperors, Conquerors and Vassals », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 173,‎ , p. 133 (ISSN 0084-5388, lire en ligne, consulté le )
  9. Nikolaos Gonis, « SB VI 8986 and Heraclius' Sons », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 166,‎ , p. 199 (ISSN 0084-5388, lire en ligne, consulté le )
  10. Kaegi, Walter Emil., Heraclius, emperor of Byzantium, Cambridge University Press, (ISBN 0-521-81459-6, 978-0-521-81459-1 et 978-0-521-03698-6, OCLC 49351729, lire en ligne), p. 73
  11. Clive Foss, « Emperors named Constantine », Revue numismatique, vol. 6, no 161,‎ , p. 95 (ISSN 0484-8942, DOI 10.3406/numi.2005.2594, lire en ligne, consulté le )
  12. Constantin Zuckerman, « La formule de datation SB VI 8986 et son témoignage sur la succession d'Héraclius », The Journal of Juristic Papyrology,‎ , p. 187
  13. Allen, Pauline, 1948-, Conflict and negotiation in the early church : letters from late antiquity, translated from the Greek, Latin, and Syriac (ISBN 978-0-8132-3278-2 et 0-8132-3278-3, OCLC 1155402562, lire en ligne), p. 166
  14. Constantin Zuckerman, « La formule de datation SB VI 8986 et son témoignage sur la succession d'Héraclius », The Journal of Juristic Papyrology,‎ , p. 191
  15. Marjanović, Dragoljub,, Creating memories in late 8th-century Byzantium : the Short history of Nikephoros of Constantinople (ISBN 978-90-485-2965-0 et 90-485-2965-4, OCLC 1020286403, lire en ligne), p. 86
  16. Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 53
  17. Marjanović, Dragoljub,, Creating memories in late 8th-century Byzantium : the Short history of Nikephoros of Constantinople (ISBN 978-90-485-2965-0 et 90-485-2965-4, OCLC 1020286403, lire en ligne), p. 87
  18. Haldon, John F., Byzantium in the seventh century : the transformation of a culture, Cambridge University Press, (ISBN 0-585-13188-0, 978-0-585-13188-7 et 0-521-26492-8, OCLC 44955859, lire en ligne), p. 52

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Christian Settipani, Continuité des élites à Byzance durant les siècles obscurs : Les Princes caucasiens et l'Empire du VIe au IXe siècle, 2006, [détail des éditions].
  • (en) Clive Foss, « Emperors named Constantine », in Revue Numismatique, vol. 6, no 161, 2005, pp. 93-102.
  • (en) Nikolaos Gonis, « P. Paramone 18: Emperors, Conquerors and Vassals », in Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 173, 2010, pp. 133-135.
  • (en) Nikolaos Gonis, « SB VI 8986 and Heraclius’ Sons », Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik, vol. 166, 2008, pp. 199-202.
  • (en) John F. Haldon, Byzantium in the seventh century: the transformation of a culture, 2003, 492 p.
  • (en) Walter Emil Kaegi, Heraclius emperor of Byzantium, Cambridge, Cambridge Univ. Press, 2007, 359 p.
  • (en) Dragoljub Marjanović, « The Short History in the Byzantine Historiographical Tradition », dans  Creating Memories in Late 8th-Century Byzantium, Amsterdam University Press, 2018, coll. « The Short History of Nikephoros of Constantinople », 65‑98 p.
  • (en) Bronwen Neil et Pauline Allen, « Disputing the Activities and Wills of Christ », in Conflict and Negotiation in the Early Church, Catholic University of America Press, 2020, coll. « Letters from Late Antiquity, Translated from the Greek, Latin, and Syriac », pp. 162-240.
  • (en) Constantin Zuckerman, « Heraclius in 625 », in Revue des études byzantines, vol. 60, no 1, 2002, pp. 189-197.
  • Constantin Zuckerman, « La formule de datation SB VI 8986 et son témoignage sur la succession d’Héraclius », vol. 25, 1995, pp. 187-205.
  • Constantin Zuckerman, « La petite Augusta et le Turc. Epiphania-Eudocie sur les monnaies d’Héraclius », Revue Numismatique, vol. 6, no 150, 1995, pp. 113-126.

Liens externes modifier