Geoffroy de Mortemer

seigneur de Couhé

Geoffroy de Mortemer (en anglais : Geoffrey Mortimer), né vers 1308 ou 1309 et mort avant le , est un noble anglo-français du XIVe siècle, membre de la famille Mortemer.

Geoffroy de Mortemer
Titres de noblesse
seigneur de Couhé et de Peyrat
Biographie
Naissance
V. 1308 ou 1309
Décès
Av.
Nom dans la langue maternelle
Geoffrey MortimerVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Famille
Père
Mère
Conjoint
Jeanne de Lezay
Enfants
Jean de Mortemer
Jeanne de Mortemer
Parentèle
Autres informations
Grands-Parents
Héritier
Jean de Mortemer
Armoiries de Geoffroy de Mortemer

Biographie

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Famille

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Geoffroy est l'un des fils de Roger Mortimer, 3e baron Mortimer de Wigmore, au nord de Hereford, et 1er comte de March, et de Jeanne de Joinville, 2e baronne Geneville[1]. Son père est sous le règne du roi Édouard II l'un des plus puissants barons des marches galloises. Sa mère est quant à elle la petite-fille de Geoffroy de Joinville et de Mahaut de Lacy, et devient l'héritière des barons des Marches et d'Irlande ; elle est également la petite-nièce de Jean de Joinville, biographe de Saint Louis.

Origine

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La famille Mortimer descend d'un des compagnons anglo-normands de Guillaume le Conquérant débarqués avec lui en Angleterre en 1066 : Raoul de Mortemer[1].

Enfance

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Né vers 1308 ou 1309, Geoffroy Mortimer n'est que le cinquième enfant et le troisième fils du couple[2] et, de ce fait, il est alors peu probable qu'il hérite des nombreux titres ou biens paternels ou maternels. Pour autant, il est rapidement désigné en tant qu'héritier des possessions que détient sa grand-mère maternelle Jeanne de Lusignan, dame de Couhé et de Peyrat, qui réside dans le royaume de France et y possède plusieurs terres. Ainsi, il est fort probable que Geoffroy demeure en France pendant l'essentiel de son enfance et de son adolescence. Il sert vraisemblablement en tant qu'écuyer auprès de Jean de Fiennes, baron de Fiennes et de Tingry, en Picardie, dont il est parent via sa grand-mère paternelle Marguerite de Fiennes[3]. Cette filiation fait de Geoffroy le cousin de Robert de Fiennes, plus tard connétable de France.

Exil en France

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En raison de sa présence durable auprès de la famille de Fiennes en France, Geoffroy Mortimer n'assiste pas à la révolte infructueuse que son père et d'autres barons anglais conduisent contre le roi Édouard II à compter de l'été 1321, qui s'achève par la reddition et l'emprisonnement de Roger Mortimer à la Tour de Londres en . Contrairement aux autres membres de sa fratrie, Geoffroy n'est alors pas en Angleterre et échappe au destin de ses frères Edmond, Roger et John, qui sont incarcérés sur ordre du roi Édouard. Il demeure en France et hérite des biens de sa grand-mère Jeanne de Lusignan[4] à sa mort, survenue peu avant le [5]. Geoffroy prend par la suite contrôle des seigneuries de sa grand-mère, situées à Couhé, Peyrat[4], Pontarion[6], Salles et Genté.

Avant la fin de la même année, Geoffroy rend hommage au roi de France Charles IV le Bel pour les nouveaux domaines qu'il vient d'acquérir[7]. Entretemps, son père Roger s'évade de la Tour de Londres le , s'embarque pour la France et le rejoint en Picardie. Roger Mortimer, désormais le leader officiel de la fronde baronniale au roi d'Angleterre, s'appuie sur les revenus de son fils afin de maintenir son train de vie qui lui permet d'entrer en contact avec d'autres rebelles anglais réfugiés sur le continent. On sait en effet que les possessions de Geoffroy sont d'une valeur estimée à 16 000 livres en , date à laquelle il donne en gage ses biens français pour cette somme à Charles IV, à condition qu'il rembourse ladite somme dans un délai de trois ans[8].

Retour en Angleterre

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Geoffroy figure au sein de l'armée d'insurgés que lève son père en pour aller renverser Édouard II. L'invasion se révèle être un succès : l'armée royale fait défection et le roi est capturé et emprisonné, avant d'être destitué par le Parlement en . Le 1er février suivant, au cours du couronnement du nouveau roi Édouard III que Roger Mortimer peut encore contrôler au vu de son jeune âge, Geoffroy et ses frères Edmond et Roger sont vêtus comme des comtes de la pairie du royaume et sont formellement adoubés par Henri de Lancastre, 3e comte de Lancastre[9]. Pendant les trois années qui suivent, Roger Mortimer gouverne réellement l'Angleterre au nom du roi et en profite pour s'attribuer de nombreux honneurs, dont le titre de comte de March en .

Roger témoigne en outre d'une faveur croissante envers son fils Geoffroy, notamment en lui attribuant en le château de Donnington, récemment confisqué à Edmond de Woodstock, 1er comte de Kent[10]. Geoffroy n'hésite pourtant pas à surnommer son père « le Roi des Fous »[11]. Toutefois, inquiet de la toute-puissance du comte de March, Édouard III fait arrêter Roger Mortimer ainsi que ses fils le [12]. Accusé d'avoir usurpé l'autorité royale, le comte de March est déchu de tous ses titres et exécuté le . Geoffroy Mortimer est quant à lui blanchi de toute implication dans les crimes de son père et est rapidement relâché par le roi. Il est autorisé à quitter l'Angleterre mais voit tous ses biens anglais confisqués par la couronne.

Vie ultérieure en France et mort

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Geoffroy passe ainsi le reste de sa vie dans ses possessions françaises, où il mène alors une existence extrêmement discrète. Il y épouse une certaine Jeanne de Lezay[1], avec laquelle il a un fils, Jean, et une fille, Jeanne[13]. On dispose tout de même de certaines informations sur les activités de Geoffroy, notamment le litige qui l'oppose durablement avec la couronne de France au sujet de l'abbaye de Saint-Maixent. En effet, celle-ci se situe à proximité de ses terres de Couhé et Geoffroy revendique l'autorité sur le bâtiment religieux, alors qu'il ne possède qu'un fief du monastère de Saint-Maixent. En conséquence, il est condamné le par le Parlement de Paris à payer une indemnité à la couronne.

Les rapports de Geoffroy Mortimer avec l'Angleterre reprennent ensuite après la signature du traité de Brétigny en 1360 : ses fiefs du Poitou relèvent effectivement désormais de la suzeraineté anglaise. Il prête alors hommage au prince d'Aquitaine Édouard de Woodstock à deux reprises, une première fois le dans la cathédrale de Saintes et une seconde le suivant à la cathédrale de Poitiers. Le , enfin, il vend ses biens de Peyrat et de Pontarion à Guy Aubert, seigneur de Bulbon. Geoffroy Mortimer meurt entre le [14] et le . Son fils Jean (Ier) de Mortemer hérite donc de l'ensemble de ses titres, terres et honneurs. La lignée des Mortemer en France, sires de Couhé, perdure jusqu'au XVIe siècle, avec la mort de François de Mortemer vers 1559, sans descendant mâle[15].

Mariage et descendance

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Jeanne de Lezay

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Geoffroy de Mortemer épouse, vers 1331, Jeanne de Lezay[2], noble poitevine, issue du sous lignage[16] de Lezay de la maison de Lusignan[17].

Postérité

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Le couple a deux enfants[13] :

  • Jean de Mortemer, seigneur de Couhé dès 1376, épouse Jude de l'Isle-Jourdain[14], dame de Bastide, fille de Bertrand comte de l'Isle-Jourdain en Gascogne. Ils ont pour descendance :
    • Jean II de Mortemer (♰ 1454) qui épouse en premières noces Pernelle de Parthenay, fille de Louis de Parthenay, seigneur de Soubise ; puis en secondes noces Philippe de la Rochefoucauld[14].
  • Jeanne de Mortemer, épouse du seigneur de l'Isle Bouchard.

Ascendance

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Sceau et Armoiries

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Sceau [1324]

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Avers : Rond, 18 mm[18],[19].

Description : Dans un trilobe, écu d'un burelé chargé de six lions, 3, 2, 1, au franc canton burelé chargé d'un écusson en cœur.

Légende : ✠ SECRETVM ..VM

Légende transcrite : Secretum meum.

Armoiries [1324]

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  Blasonnement :
Écu burelé d'argent et d'azur de dix pièces, chargé de six lions rampants de gueules posés en orles, au franc canton d'or à la fasce d'azur, au chef tiercé en pal, le premier tranché d'azur sur or, le troisième taillé des mêmes, le deuxième d'azur au pal d'or, un écusson d'argent en cœur
Commentaires : Blason de Geoffroy de Mortemer, d'après l'empreinte d'un sceau de 1324.

Références[18],[19]

Références

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  1. a b et c Marcel Fouché, « Les Seigneurs de Mortemer au Moyen-Age », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, 4e série, vol. VIII,‎ 3e trim. 1966, p. 502 (lire en ligne)
  2. a et b Marcel Fouché, « Les Seigneurs de Mortemer au Moyen-Age », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, 4e série, vol. VIII,‎ 3e trim. 1966, p. 514 (lire en ligne)
  3. Mortimer 2003, p. 121.
  4. a et b Auguste-François Lièvre, Notes sur Couhé et ses environs, Niort, Clouzot, (lire en ligne), Seigneurs, « Mortemer », p. 50-51
  5. SIGILLA : base numérique des sceaux conservés en France, « Chatellenie de Couhé - Geoffroy de Morthemer, seigneur de Couhé - sceau aux contrats », sur sigilla.org, Université de Poitiers
  6. Recueil des documents concernant le Poitou contenus dans les registres de la Chancellerie de France (1334-1348) (éd. Paul Guérin), vol. II, t. XIII : Archives historiques du Poitou, Poitiers, Oudin, (lire en ligne), CCX, p. 27-29
    1310, août, Lire : Le roi de France, Philippe [IV] le Bel, avait promis à Jeanne de la Marche, soeur de Guy, comte de la Marche et d'Angoulême, les châtellenies de Couhé et de Peyrat dont elle devait hériter de la succession de son oncle, Guy de la Marche, seigneur de Couhé et Peyrat, en dédommagement de celle de son frère et voulant lui faire une faveur spéciale, lui donne à perpétuité avec tous les droits afférents les villages de Saint-Hilaire et de Pontarion qui sont évalués à 112 livres tournois de revenu annuel qu'elle pourra tenir à partir de la mort de son oncle comme celui-ci les tenait.
  7. Mortimer 2003, p. 133.
  8. Phillips 2010, p. 461.
  9. Ormrod 2011, p. 55.
  10. Mortimer 2003, p. 234.
  11. Mortimer 2003, p. 227.
  12. Mortimer 2003, p. 239.
  13. a et b Marcel Fouché, « Les Seigneurs de Mortemer au Moyen-Age », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, 4e série, vol. VIII,‎ 3e trim. 1966, tableau no 2 (lire en ligne)
  14. a b et c Auguste-François Lièvre, Notes sur Couhé et ses environs, Niort, Clouzot, (lire en ligne), Seigneurs, « Mortemer », p. 51
  15. « Mortemer/Mortimer, p. 4 et 6 à 8 », sur Racines & Histoire, par Etienne Pattou, 2004 et 2022
  16. José Enrique Ruiz Doménec, « Système de parenté et théorie de l’alliance dans la société catalane (environ 1000-environ 1240) », Revue Historique, no 262,‎ , p. 305-326 (lire en ligne   [PDF])
    José Enrique Ruiz Doménec propose de substituer à la notion généalogique de branche cadette le concept de « sous-lignage » : issu d'une souche principale qui en encadre les membres, il est toujours prêt à combattre à son service.
  17. Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, vol. 4 : Annexes 7 à 10 - Bibliographie (Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell), Université de Nantes, , Annexe 10 : Tableaux de filiation et schémas, chap. 19 (« Les sous-lignages d'Angles et de Lezay »), p. 178
    Issu de Simon Ier le Brun (v. 1110-v. 1181), fils d'Hugues VII de Lusignan (v. 1060-v. 1148).
  18. a et b Inventaires et documents publiés par ordre de l'Empereur : Collection de sceaux (éd. Louis Douët d'Arcq), t. I, Paris, Henri Plon, (lire en ligne), no 2986 : Mortemer (Geoffroi de), Écuyer - Poitou - (1324), p. 691
  19. a et b SIGILLA : base numérique des sceaux conservés en France, « Geoffroy de Mortemer - sceau du secret », sur sigilla.org, Université de Poitiers

Bibliographie

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  • Marcel Fouché, « Les Seigneurs de Mortemer au Moyen-Age », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, 4e série, t. VIII,‎ 3e trim. 1966, p. 501-514. [lire en ligne]
  • Jean-Paul Laurent, « Geoffroy de Mortemer, sire de Couhé : un émigré anglais fixé depuis 1337 en Poitou », Bulletin de la Société des antiquaires de l'Ouest et des musées de Poitiers, 4e série, t. XII, 2e trim. 1973, Poitiers, p. 91-132.
  • Auguste-François Lièvre, Notes sur Couhé et ses environs, Niort, Clouzot, 1869. [lire en ligne]
  • Ian Mortimer, The Greatest Traitor : The Life of Sir Roger Mortimer, Ruler of England 1327-1330, New York, St. Martin's Press, , 377 p. (ISBN 0-312-34941-6, présentation en ligne)
  • (en) Mark Ormrod, Edward III, New Haven, Yale University Press, , 721 p. (ISBN 978-0-300-11910-7, lire en ligne)
  • (en) Seymour Phillips, Edward II, New Haven ; Londres, Yale University Press, , 679 p. (ISBN 978-0-300-15657-7)