Gaston d'Orléans (1842-1922)
Titres
Époux de la prétendante au trône brésilien
–
(29 ans, 11 mois et 9 jours)
Prédécesseur | Thérèse-Christine de Bourbon-Siciles |
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Successeur | Élisabeth Dobrzensky de Dobrzenicz |
Époux de la princesse impériale du Brésil
–
(25 ans et 1 mois)
Prédécesseur | Aucun |
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Successeur | Abolition du titre |
Titulature | Comte d'Eu |
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Dynastie | maison d’Orléans |
Nom de naissance | Louis Philippe Marie Ferdinand Gaston d'Orléans |
Naissance |
Neuilly-sur-Seine (France) |
Décès |
(à 80 ans) Océan Atlantique (à bord de son vaisseau) |
Sépulture | Cathédrale de Petrópolis, Petrópolis (Brésil) |
Père | Louis d'Orléans |
Mère | Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary |
Conjoint | Isabelle du Brésil |
Enfants |
Luísa de Orleans e Bragança Pedro de Alcântara de Orleans e Bragança ![]() Luiz de Orleans e Bragança Antônio de Orleans e Bragança |
Résidence | Maison d'Orléans |
Signature

Gaston d’Orléans, comte d'Eu, né le , au château de Neuilly-sur-Seine, et mort à bord du vaisseau Massilia, dans l'océan Atlantique, le , est un prince français, membre de la maison d’Orléans, petit-fils du roi Louis-Philippe Ier et époux de la princesse Isabelle du Brésil.
FamilleModifier
Le comte d’Eu est le fils aîné du prince Louis d'Orléans (1814-1896), duc de Nemours, et de son épouse la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary. Par son père, il est le petit-fils du roi des Français Louis-Philippe Ier (1773-1850) et de la reine Marie-Amélie de Bourbon, princesse des Deux-Siciles, tandis que, par sa mère, il descend de Ferdinand de Saxe-Cobourg-Saalfeld (1785-1851) et d’Antoinette de Kohary (en). Le , Gaston d’Orléans épouse[1], à Rio de Janeiro, la princesse impériale du Brésil, Isabelle de Bragance (1846-1921), fille aînée et héritière de l’empereur Pierre II du Brésil (1825-1891) et de sa femme Thérèse-Christine de Bourbon, princesse des Deux-Siciles. De cette union, naissent quatre enfants :
- la princesse Luísa Vitória de Orléans e Bragança (1874-1874) ;
- le prince Pedro de Alcântara Luís Filipe Maria Gastão Miguel Gabriel Rafael Gonzaga de Orléans e Bragança (1875-1940), prince du Grão-Para (1875-1891) puis prince impérial[2] (1891-1908), qui épouse en 1908 la comtesse tchèque Elisabeth Dobrzensky de Dobrzenicz (1875-1951). Ce sont les grands-parents de l’actuel prétendant orléaniste au trône de France, Henri d’Orléans (1933-2019), comte de Paris. Au Brésil, Pierre d’Alcantara est également le fondateur de la branche de Petropolis de la maison d'Orléans-Bragance ;
- le prince Luís Maria Filipe Pedro de Alcântara Gastão Miguel Rafael Gonzaga de Orléans e Bragança (1878-1920), prince impérial[2] (1908), qui s’unit à Marie-Pie de Bourbon-Siciles (1878-1973). Au Brésil, ce sont les ancêtres de la branche de Vassouras de la maison d'Orléans-Bragance ;
- le prince Antônio Gastão Filipe Francisco de Assis Maria Miguel Gabriel Rafael Gonzaga de Orléans e Bragança (1881-1918), sans alliance.
Le mariage ne donne pas au comte d'Eu le titre de prince impérial, que la constitution ne prévoyait pas d'attribuer au mari de l'héritière présomptive de la couronne, et que le traité de mariage[3] ne prévit pas non plus. La princesse Françoise, deuxième sœur de l'empereur Pierre II, intervient néanmoins en 1870 pour que le monarque fasse donner ce titre de prince impérial à Gaston (qui est doublement son neveu par alliance, car Françoise est mariée au prince de Joinville, oncle paternel de Gaston) par les Chambres (la Chambre des députés et le Sénat). Pierre II ne donne pas suite à cette requête : irrité par cette demande de sa sœur, il lui intime de ne pas se mêler de cette question (tu não tens nada que te meter neste negócio)[4].
BiographieModifier
À sa naissance en 1842, le fils aîné du duc de Nemours est titré comte d’Eu par son grand-père le roi Louis-Philippe Ier. En février 1848, le jeune garçon, âgé de 5 ans, fuit la France et les révolutionnaires avec sa famille. Ses parents s'installent alors en Angleterre auprès de l'ex-roi des Français et c'est dans ce pays que Gaston d’Orléans passe ensuite la majorité de son enfance et de son adolescence.
Pendant ce temps, au Brésil, l’empereur Pierre II, qui n’a pas de garçon, recherche pour ses filles, Isabelle et Léopoldine du Brésil, des princes européens qui pourraient faire office de mari et assurer ainsi la pérennité du trône brésilien. Avec l’aide de sa sœur, la princesse de Joinville, l’empereur choisit donc comme gendres Gaston d’Orléans et le prince Auguste de Saxe-Cobourg-Kohary (1845-1907), tous deux petits-enfants du roi des Français Louis-Philippe Ier.
Les deux jeunes gens arrivent ensemble au Brésil en 1864 : Gaston, pour épouser Léopoldine et Auguste, pour s’unir à Isabelle. Cependant, les deux princesses prennent la liberté de choisir chacun leur époux et Gaston épouse finalement l’héritière du Brésil !
Naturellement, en Europe, les Orléans regardent ce changement de dernière minute avec bienveillance. Pourtant, d’un point de vue dynastique, le mariage n’est pas sans conséquence. Selon les orléanistes, le comte d’Eu perd en effet ses droits sur la couronne française en devenant étranger.
À l’époque du double mariage, le Brésil est en pleine Guerre du Paraguay (1864-1870) et Gaston d’Orléans demande très vite à son nouveau beau-père de participer au combat. Il reçoit alors de l’empereur le titre de Maréchal de l’Armée. Cependant, sa condition d’étranger lui interdit de se placer à la tête des troupes brésiliennes et il doit se contenter du commandement de l’artillerie et de la coordination des opérations de Rio de Janeiro. Mais, en 1869, le duc de Caxias, commandant général de l’Armée brésilienne, tombe malade et Pierre II demande à son gendre de le remplacer sur le champ de bataille. Le comte d’Eu commande ainsi l’armée brésilienne durant les victoires de Peribebui et de Campo Grande. Puis, avec la mort de Solano Lopez, dictateur du Paraguay[citation nécessaire], à Cerro Cora, le 1er mars 1870, la guerre prend fin et le comte d’Eu peut retourner à Rio tout auréolé de gloire.
En politique, le comte d’Eu et son épouse sont proches des libéraux, qu’ils considèrent sources de progrès scientifiques, intellectuels et sociaux. Or, la princesse Isabelle obtient à plusieurs reprises, lors des séjours de son père en Europe, la régence du pays (1871-1872 / 1876-1877 puis 1887-1889), ce qui permet au couple d’influer sur la vie politique brésilienne.
Photo de Otto Hees
Le 13 mai 1888, la princesse Isabelle signe ainsi la Loi d'or (Lei Áurea) qui met fin à l’esclavage. Cet événement vaut à l’héritière du trône de recevoir le surnom de “Rédemptrice” mais il détache également les oligarchies caféières de la famille impériale. Le baron de Cotegipe, ministre favorable au maintien de l’esclavage, ne s’y trompe pas lorsqu'il déclare à la princesse : « Votre Altesse a libéré une race mais elle a perdu son trône ».
À peine un an plus tard, le 17 novembre 1889, la République est proclamée au Brésil et la famille impériale doit s’exiler au Portugal puis en Normandie, au château d'Eu.
En 1891, l’empereur Pierre II meurt à Paris et sa fille devient, pour les monarchistes brésiliens, l’« impératrice Isabelle Ire du Brésil » ; par la même occasion, le comte d’Eu « devient » alors « empereur consort ». La prétendante à la couronne impériale brésilienne et son mari restent bannis hors de leur pays.
C’est seulement en 1921, alors qu’il est déjà veuf, que le comte d’Eu peut enfin remettre les pieds au Brésil. Il rapatrie, à cette occasion, les corps de ses beaux-parents pour les ensevelir dans le Mausolée impérial de la cathédrale de Petrópolis.
L’année suivante, le comte d’Eu décède finalement de mort naturelle pendant un voyage qui devait le ramener au Brésil pour la célébration du premier centenaire de l’indépendance du pays. Sa dépouille et celle de la princesse Isabelle sont également rentrés au Brésil le 7 juillet 1953, et inhumés au Mausolée Impérial de la cathédrale de Petrópolis le 12 mai 1971.
ControverseModifier
Ainsi qu'Isabelle d'Orléans-Bragance, comtesse de Paris, le rapporte dans ses souvenirs[5], son grand-père Gaston d’Orléans n’a jamais vraiment admis la perte de son statut de prince français – qui le privait aussi de tout droit à succéder au trône de France (pour les orléanistes).
Par le pacte de famille des Orléans du 26 avril 1909, les Orléans-Bragance se sont engagés à ne faire valoir aucune prétention à la couronne de France tant qu'il subsisterait des branches françaises de la maison d'Orléans.
Titulature et décorationsModifier
TitulatureModifier
- 28 avril 1842 — 15 octobre 1864 : Son Altesse Royale le prince Gaston d'Orléans, comte d'Eu
- 15 octobre 1864 — 5 décembre 1891 : Son Altesse Impériale et Royale le prince Gaston d'Orléans, comte d'Eu, prince impérial consort de Brésil
- 5 décembre 1891 — 28 août 1922 : Son Altesse Impériale et Royale le prince Gaston d'Orléans, comte d'Eu, prince de Brésil
DécorationsModifier
Grand-croix de l'ordre de Saint-Étienne de Hongrie (1865)[6] |
Grand-croix de l'ordre de Saint-Hubert (1891)[7] |
Grand-croix de l'ordre de Léopold (3 février 1868)[6] |
Grand-croix de l'ordre de la Croix du Sud (2 septembre 1864)[6] | |
Grand-croix de l'ordre de Pierre Ier (15 octobre 1864)[6] | |
Grand-croix de l'ordre de la Rose (15 octobre 1864)[6] | |
Grand-croix de l'ordre du Christ (15 octobre 1864)[6] | |
Grand-croix de l'ordre impérial de Sant'Iago de l'Épée (15 octobre 1864)[6] | |
Grand-croix de l'ordre de Saint-Benoît d'Aviz (15 octobre 1864)[6] |
Chevalier de la Toison d'Or (1881)[8] | |
Grand-croix de l'ordre de Charles III (4 janvier 1865)[6] | |
Chevalier de l'ordre de Saint-Ferdinand (6 février 1860)[6] |
Grand-croix de la Légion d'honneur (1879)[6] |
Grand-croix de l'ordre du Soleil levant[6] |
Grand-croix de l'ordre de l'Aigle aztèque (10 mars 1865)[6] |
Grand-croix de l'ordre de la Tour et de l'Épée (25 janvier 1865)[6],[9] |
Grand-croix de l'ordre de la Maison ernestine de Saxe (1864)[6],[10] |
BibliographieModifier
ŒuvreModifier
- Gaston d'Orléans, comte d'Eu, Viagem militar ao Rio Grande do Sul, Ed. da universidade de São Paulo, Belo Horizonte, Itatiaia, 1981.
Autres sourcesModifier
- Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris, Tout m'est bonheur (souvenirs), Éditions Robert Laffont, coll. « Vécu », Paris, 1978. 440 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00107-9).
- Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris, Les Chemins creux (souvenirs, suite de Tout m'est bonheur), Éditions Robert Laffont, coll. « Vécu », Paris, 1981. 274 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00817-0).
Articles connexesModifier
Liens externesModifier
- Page en français et en anglais concernant les prétentions du prince Gaston à réintégrer la famille royale de France
- Musée Louis-Philippe du château d'Eu site officiel du Musée Louis-Philippe du château d'Eu qui conserve de nombreux objets ayant trait au comte et à la comtesse d'Eu
- Le Comte d'Eu et d'autres officiers brésiliens ayant pris part à la guerre du Paraguay c. 1870
Notes et référencesModifier
- (pt) Acte de mariage, dans Almanak administrativo, civil e industrial da província de Minas Geraes para o anno de 1865, p. 23 (lire en ligne).
- Titre de courtoisie.
- (pt) Traité de mariage, dans Apontamentos para o direito internacional ou collecção completa dos tratados celebrados pelo Brasil com differentes nações estrangeiras, p. 443 (lire en ligne).
- (pt) Marcos Costa, O Reino que Não Era deste Mundo : Crônica de uma República Não Proclamada, Rio de Janeiro, Editora Valentina, , 250 p. (ISBN 9788565859486, lire en ligne), qui cite (pt) Lourenço Luiz Lacombe, Isabel, A Princesa Redentora : biografia baseada em documentos inéditos, Petrópolis, Instituto Histórico de Petrópolis, , 288 p., p. 135.
- Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris, Tout m'est bonheur, Éditions Robert Laffont, coll. « Vécu », Paris, 1978. 440 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00107-9) ; Isabelle d'Orléans, comtesse de Paris, Les Chemins creux (souvenirs, suite de Tout m'est bonheur), Éditions Robert Laffont, coll. « Vécu », Paris, 1981. 274 p.-[16] p. de pl. ; 24 cm. (ISBN 2-221-00817-0).
- Royal Ark
- « Almanach du Royaume de Bavière »
- « Almanach de Gotha : contenant diverses connaissances curieuses et utiles pour l'année ... », sur Gallica, (consulté le 4 mai 2019)
- Geneall
- (de) « Almanach du duché de Saxe-Cobourg-Gotha », sur zs.thulb.uni-jena.de (consulté le 27 septembre 2019)