Cycnorhamphus suevicus

Cycnorhamphus
Description de cette image, également commentée ci-après
Squelette reconstitué du spécimen adulte
dit le « Painten Pelican »
au musée Carnegie d'histoire naturelle à Pittsburgh.
Classification
Règne Animalia
Classe Archosauria
Ordre  Pterosauria
Sous-ordre  Pterodactyloidea
Clade  Archaeopterodactyloidea
Clade  Euctenochasmatia
Clade  Ctenochasmatoidea
Famille  Gallodactylidae

Genre

 Cycnorhamphus
Seeley, 1870

Espèce

 Cycnorhamphus suevicus
Quenstedt, 1855

Synonymes

  • Pterodactylus suevicus
    Quenstedt, 1855
  • Pterodactylus württembergicus
    Meyer, 1855
  • Pterodactylus eurychirus
    Wagner, 1858
  • Gallodactylus canjuersensis
    Fabre, 1974
  • Cycnorhamphus canjuersensis
    Bennett, 1996

Cycnorhamphus (« bec de cygne ») est un genre fossile ptérodactyloïdes archaeoptérodactyloïdes appartenant à la famille des gallodactylidés. Ce sont des ptérosaures, un groupe éteint de « reptiles ailés »[1].

Il a vécu au Jurassique supérieur en Allemagne, où ses fossiles ont été retrouvés dans la formation du calcaire de Nusplingen (Kimméridgien supérieur) au Bade-Wurtemberg[2] et dans le célèbre calcaire de Solnhofen (Tithonien inférieur) en Bavière[3]. Un spécimen a également été découvert dans le Lagerstätte de Canjuers (Tithonien inférieur) dans le sud-est de la France en 1974[4].

Une seule espèce est rattachée au genre : Cycnorhamphus suevicus. Selon S. C. Bennett (2013), l'espèce française C. canjuersensis ne montre pas de caractéristiques différentes autres qu'ontogénétiques ; il la considère comme un synonyme junior de C. suevicus[5].

Description modifier

 
Crâne fossile du spécimen adulte dit le « Painten Pelican », Burgmeister Muller Museum de Solnhofen.
 
Silhouette d'un juvénile de Cycnorhamphus suevicus avec les os découverts (en blanc).

Cycnorhamphus mesurait environ 1 m de long, 1,40 m d'envergure et pesait environ 2 kg. Il possédait une crête de 2 cm et des dents à l'avant de son bec ce qui suggère qu'il chassait de manière différente des autres ptérosaures, il n'écumait pas la surface de l'eau.

Historiquement, les Cycnorhamphus décrits n'ont longtemps été que des spécimens juvéniles. Ils ressemblaient alors à ceux de Pterodactylus antiquus avec des mâchoires rectilignes portant des dents uniquement à l'extrémité des mâchoires, deux crêtes osseuses, une située à l'arrière du crâne et l'autre allongée dans la partie centrale du sommet du crâne[5].

La reprise de l'étude d'un spécimen intrigant surnommé le « Painten Pelican » a révélé que l'animal possédait une anatomie des mâchoires très inhabituelle.

Les seules dents de l'animal sont disposées en demi-cercle à l'extrémité des mâchoires et inclinées vers l'extérieur. Les mâchoires, et en particulier la mandibule, sont nettement coudées un peu en arrière des dents, concave pour la mandibule et convexe pour la mâchoire supérieure. Cette morphologie forme un espace ouvert au niveau duquel des restes de tissus mous minéralisés ont été observés. La fonction de ces membranes n'est pas expliquée[5]. L'hypothèse a été émise qu'elles pourraient fonctionner de manière similaire à celles de certaines cigognes modernes, appelées Bec-ouverts, permettant à l'animal de tenir des invertébrés durs comme les mollusques et de les écraser pour les consommer[6].

Alimentation modifier

Cycnorhamphus se nourrissait de poissons qu'il attrapait avec son bec.

Habitat modifier

Il vivait près des littoraux.

Classification modifier

L'historique de la classification de l'espèce appelée aujourd'hui Cycnorhamphus suevicus est long et complexe.

Historique modifier

En 1855, un fossile de ptérosaure découvert en Allemagne, dans le Tithonien près de Nusplingen dans le royaume de Wurtemberg, est nommé Pterodactylus suevicus par le paléontologue allemand Friedrich August von Quenstedt[7]. En 1870, Harry Govier Seeley l'attribue à un nouveau genre : Cycnorhamphus. En 1974, Jacques Fabre découvre un spécimen de ptérosaures dans le Lagerstätte de Canjuers dans le département du Var dans le sud-est de la France[4],[8]. Il le décrit comme une nouvelle espèce du même genre que P. suevicus, mais sans retenir de nom de Cycnorhamphus qu'il juge non valide en raison d'erreurs de diagnostic par Seeley. Il érige donc un nouveau genre sous le nom binominal de Gallodactylus canjuersensis, le « doigt de la Gaule de Canjuers »[4].

En 1996, cependant, Christopher Bennett pointe que les erreurs mentionnées n'invalident pas le nom de Cycnorhamphus qui est antérieur et donc prioritaire. Il renomme donc le spécimen Cycnorhamphus canjuersensis[7]. En 2010 et 2013, Bennett publie d'autres études sur ces fossiles et conclut que C. suevicus et C. canjuersensis seraient une même espèce et que les différences constatées entre les deux pourraient s'expliquer par des variations sexuelles ou individuelles. Il met donc formellement en synonymie C. canjuersensis et C. suevicus sous le nom de ce dernier[5]. Par contre la famille des Gallodactylidae qui avait été érigée par Jacques Fabre pour héberger le genre Gallodactylus est conservée.

Phylogénie modifier

Le cladogramme ci-dessous montre les résultats de l'étude phylogénétique réalisée en 2018 par Longrich, Martill et Andres lors de la description du genre Kryptodrakon. Il montre la position de Cycnorhamphus en groupe frère de Normannognathus, comme seuls représentants de la famille des gallodactylidés[1] :

Ctenochasmatoidea
Gallodactylidae

Cycnorhamphus suevicus



Normannognathus wellnhoferi



Ctenochasmatidae


Kepodactylus



Moganopterinae

Moganopterus



Feilongus





Ardeadactylus




Elanodactylus


Gnathosaurinae

Huanhepterus




Plataleorhynchus



Gnathosaurus









Ctenochasmatinae 




Voir aussi modifier

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Liens externes modifier

Notes et références modifier

Références taxonomiques modifier

Références modifier

  1. a et b (en) Longrich NR, Martill DM, Andres B, « Late Maastrichtian pterosaurs from North Africa and mass extinction of Pterosauria at the Cretaceous-Paleogene boundary », PLoS Biology, vol. 16, no 3,‎ , e2001663 (PMID 29534059, PMCID 5849296, DOI 10.1371/journal.pbio.2001663)
  2. (de) G. Dietl et G. Schweigert. 2011. Im Reich der Meerengel. Der Nusplinger Plattenkalk und seine Fossilien
  3. (de) D. Fuchs, H. Keupp, and T. Engeser. 2003. New records of soft parts of Muensterella scutellaris Muenster, 1842 (Coeloidea) from the Late Jurassic plattenkalks or Eichstätt and their significance for octobrachian relationships. Berliner Paläobio. Abh. 3:101-111
  4. a b et c (fr) Fabre, J. A., 1974, Un nouveau Pterodactylidae du gisement de Canjuers (Var) Gallodactylus canjuersensis nov. gen., nov. sp., Annales de paléontologie, v. 62, n. 1, p. 35-70
  5. a b c et d (en) S. C. Bennett, « The morphology and taxonomy of the pterosaur Cycnorhamphus », Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie - Abhandlungen, vol. 267,‎ , p. 23–41 (DOI 10.1127/0077-7749/2012/0295)
  6. (en) Witton, Mark P. (2013). Pterosaurs: Natural History, Evolution, Anatomy. Princeton University Press. (ISBN 0691150613)
  7. a et b (en) S. Christopher Bennett, « On the taxonomic status of Cycnorhamphus and Gallodactylus (Pterosauria: Pterodactyloidea) », Journal of Paleontology, vol. 70, no 2,‎ , p. 335–338
  8. (en) Charbonnier, Sylvain & Allain, Ronan & Läng, Émilie & Vacant, Renaud. (2014). A new look at the Late Jurassic Canjuers conservation Lagerstätte (Tithonian, Var, France). Comptes Rendus Palevol. 13. 10.1016/j.crpv.2014.01.007