Collégiale Saint-Fursy de Péronne

collégiale située dans la Somme, en France

Collégiale Saint-Fursy
Image illustrative de l’article Collégiale Saint-Fursy de Péronne
Blason du chapitre Saint-Fursy de Péronne
Présentation
Nom local Saint-Fursy ou Saint-Fursi ou Saint-Foursi
Culte Catholique romain
Type Collégiale
Début de la construction vers 650
Autres campagnes de travaux XIIe siècle
Date de démolition 1794
Géographie
Pays France
Région Hauts-de-France
Département Somme
Commune Péronne
Coordonnées 49° 55′ 46″ nord, 2° 56′ 06″ est
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Collégiale Saint-Fursy
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Collégiale Saint-Fursy

La collégiale Saint-Fursy est une église aujourd'hui disparue qui était située à Péronne, dans le département de la Somme. Elle avait été fondée au milieu du VIIe siècle, fut déclarée bien national à la Révolution française et démolie en 1794. S'y trouvaient les tombes de saint Fursy et du roi Charles le Simple.

Histoire modifier

Origines modifier

Saint Fursy est décédé le 16 janvier, vers 650, à Mazerolles, près de Péronne. On se disputa sa dépouille[eds 1]. C'est finalement le maire du palais Erchinoald († 658, souvent appelé Archambaud) qui l'obtint et qui fit construire pour la tombe de ce moine qu'il vénérait une église plus grande sur le Mont des Cygnes[1],[eds 2] ; l'église, dédiée d'abord aux Douze Apôtres[wmn 1], prit ensuite le vocable de Saint-Fursy. Le maire du palais l'aurait confiée à un groupe de clercs, peut-être des moines irlandais compatriotes de saint Fursy, et dont peut-être était l'un de ses frères, Saint Feuillain ou Saint Ultan. Mais il est probable que de ces deux moines, l'un s'installa plutôt à Lagny, et l'autre en l'abbaye du Mont Saint-Quentin : cette dernière abbaye est souvent confondue dans les documents anciens avec l'église Saint-Fursy, ce qui peut se comprendre étant donné la proximité des deux emplacements[eds 3]. Plus tard, les deux communautés s'opposeront régulièrement sur des questions de juridiction ecclésiastique ou territoriale.

Moyen Âge modifier

Le roi de Francie occidentale Charles le Simple, fait prisonnier en l'an 923, meurt en cet état à Péronne en 929, et est enterré à Saint-Fursy : il est représenté sur sa pierre tombale, sa bourse à la main[2].

Au premier groupe de clercs succéda ensuite un chapitre de chanoines[3], sans qu'on parvienne à préciser historiquement comment se fit la transition du statut monastique au statut collégial, mais au début du XIIe siècle, on ne se souvenait même plus de l'origine monastique des locaux[wmn 2]. La première mention d'un doyen (Stephanus decanus) date de 1040-1045[wmn 3]. Une trentaine de chanoines pouvaient vivre des revenus de la collégiale, ainsi qu'une dizaine de chapelains[wmn 4].

Les documents mentionnent un incendie en 1130[wmn 4]; les chanoines avaient les moyens de reconstruire un édifice grandiose.

La question des rapports des chanoines de Saint-Fursy et de ceux de Saint-Léger, collégiale plus modeste fondée au XIe siècle au pied du beffroi de Péronne, est assez complexe, mais il semble qu'ils se soient réunis à diverses reprises jusqu'en 1748 où il fut décidé qu'ils célébreraient l'office ensemble, mais sans partager autre chose[eds 4].

En 1156, Raoul le Vaillant, comte de Vermandois, offrit les revenus annuels des prébendes des églises de Péronne aux Templiers ; en 1191, à la mort de Philippe de Flandres qui conservait en viager le comté de Vermandois qu'il avait cependant cédé au roi, Philippe-Auguste voulut aussi donner aux Templiers les prébendes de Saint-Fursy, ce qui fut annulé par des bulles d'Honorius III[wmn 5].

Dans les années 1230, le chapitre de Saint-Fursy s'opposa fortement à l'évêque de Noyon[eds 5].

Une translation des reliques de Saint Fursy a fait date, le , en présence de Saint Louis[4],[eds 6].

Parmi les chanoines notables de cette collégiale, on peut citer Pierre de Condé (Petrus de Condeto), également archidiacre de Soissons, clerc aux comptes de Philippe le Bel[wmn 5] et Jean Le Marchant dans la seconde moitié du XIIIe siècle, auteur d'un poème en français, les Miracles de Notre-Dame de Chartres[5].

Au début du XVe siècle, les chanoines s'opposèrent à l'implantation d'un hospice tenu par les bénédictins, ce qui leur fut imposé par une bulle de Martin V[eds 7]. Ils étaient très jaloux de la gestion des chapelles des environs, jusqu'à ce qu'elles deviennent paroisses, vers le milieu du XVe siècle[eds 8].

Renaissance modifier

Au début du XVIe siècle, Charles Quint fait assiéger Péronne pendant un mois, et abandonne le 11 septembre, jour qui restera longtemps fêté en la collégiale[eds 9],[6].

Quelques décennies plus tard, en 1573, un incendie ravage les archives de la collégiale[eds 10].

Péronne est alors un centre important de la Ligue : en 1576, Henri III ayant voulu céder la ville aux Huguenots, dut faire marche arrière sur une délégation des habitants de Péronne, dont deux chanoines de Saint-Fursy[eds 11]. Ensuite de quoi la ville fut un bastion de résistance des catholiques, ce qui ne l'empêcha pas de recevoir d'Henri IV un édit assurant ses privilèges en 1594[eds 12].

En 1603 - 1604, il fut décidé, avec l'accord des chanoines de Saint-Fursy, de faire appel aux Capucins[eds 13], puis ce furent des Minimes qui s'installèrent. Quant aux chanoines, ils avaient assez de finances pour embellir le chœur de leur collégiale décrit au début du XVIIe siècle : « tout enrichi de fin or depuis quinze ans, est l’un des plus beaux chœurs de toutes les églises de la Picardie[wmn 6]. »

En 1636, les chanoines de Saint-Fursy font scandale en décidant de ne plus porter la relique du chef de saint Fursy dans la procession du Saint-Sacrement[eds 14].

Disparition de la collégiale à la Révolution modifier

Le , l'Assemblée nationale adopta le Décret des biens du clergé mis à la disposition de la Nation. Le décret du , interdit les vœux monastiques et supprima les ordres religieux réguliers exceptés ceux chargés de l'éducation et des soins aux malades et aux vieillards. La constitution civile du clergé adoptée par l'Assemblée constituante, le , prévoyait dans son article 20 que : « Tous les abbayes et prieurés en règle ou en commende, de l'un et de l'autre sexe [...] de quelque nature et sous quelque dénomination que ce soit, sont, à compter du jour de la publication du présent décret, éteints et supprimés sans qu'il puisse jamais en être établi de semblables. »

Le chapitre de chanoines fut dispersé en 1790, et la collégiale de Saint-Fursy déclarée Bien national. Mise en vente, elle fut démolie en 1794. Les reliques de Saint Fursy furent conservées en l'église Saint-Jean-Baptiste, dans la chapelle sud qui lui était dédiée, mais elles ont disparu en 1918.

À l'endroit de la collégiale s'élève maintenant le Palais de justice (57 Rue Saint-Fursy)[7].

Lors des fouilles de 2003 sur le site de l'église, des ossements humains ont été trouvés, ce qui a donné lieu à l'hypothèse que ce seraient ceux du roi Charles III le Simple, sans qu'une preuve en soit apportée.

Bibliographie modifier

  • Jules Dournel, Histoire générale de Péronne, Paris, Dumoulin, , vi+524[8]
  • Abbé Jules Gosselin, Histoire du chapitre royal de Saint-Fursy de Péronne,
  • (en) John F. Benton, « Préface », dans William Mendel Newman (éd.), Charters of Saint-Fursy of Péronne, Cambridge, Massachusetts, Mediaeval academy of America, , vii-xxiii (ISBN 9780910956598, lire en ligne)[wmn 7]
  1. p. xiv
  2. p. xvii
  3. p. xviii
  4. a et b p. xix
  5. a et b p. xx
  6. André Duchesne, Les Antiquitez et Recherches des villes . . . de France, Paris, , p. 507 cité par W. Newman, Charters, p. xix, note 42
  7. Qui présente 199 documents du cartulaire de Saint-Fursy avant 1301. Également disponible en format PDF : « Charters of Saint-Fursy of Péronne » [PDF] (consulté le ) Voir aussi le compte rendu du livre : Lucie Fossier, « W.Newman, Charters of Saint-Fursy », Bibliothèque de l'école des chartes, vol. 138, no 1,‎ , p. 120 - 121 (lire en ligne)
  • Eustache de Sachy, Essais sur l'histoire de Péronne, (lire en ligne)
  1. p. 21
  2. p. 23-24
  3. pp. 19, 55
  4. p. 33-36
  5. p. 94-95
  6. p. 97
  7. p. 119-120
  8. p. 57
  9. p. 165-166
  10. p. 208
  11. p. 211
  12. p. 234-242 ; au 17° point de l'édit, est fait mention des chanoines et chapitre de Saint-Foursi du dict-lieu (p. 241)
  13. p. 399-400
  14. p. 288

Notes et références modifier

  1. « Office du tourisme de Péronne; Saint-Fursy, le christianisateur et saint-patron de Péronne » (consulté le )
  2. Explication simple, littérale et historique des cérémonies de l'église: Dedié à Monseigneur l'Abbé Bignon, vol. 2, Florentin Delaulne, , 557 p. (lire en ligne), p. 313-314
  3. « Chapitre de la collégiale Saint-Fursy. Péronne, Somme », sur bnf.fr (consulté le )
  4. Gosselin, Histoire, pp. 483-484, cité par W. Newman, Charters, p. xxiv
  5. Anne-Françoise Labie-Leurquin, « Jean Le Marchant », dans : Robert Bossuat, Louis Pichard et Guy Raynaud de Lage (dir.), Dictionnaire des lettres françaises, t. 1 : Moyen Âge, éd. entièrement revue et mise à jour sous la dir. de Geneviève Hasenohr et Michel Zink, Paris, Fayard, 1992, p. 806.
  6. Mémoires de la Société des antiquaires de Picardie, vol. 1, Amiens, Ledien, (lire en ligne), p. 143
  7. Où siègent le « Tribunal d'instance de Péronne », sur ca-amiens.justice.fr, (consulté le ) et le « Conseil de prud'hommes de Péronne », (consulté le ).
  8. Voir le compte-rendu du livre par Fr. de F., « Jules Dournel, Histoire générale de Péronne », Revue des questions historiques,‎ , p. 700-701 (lire en ligne)

Voir aussi modifier

Source de la traduction modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier