Carnet de routes

Album de Aldo Romano, Louis Sclavis, Henri Texier et Guy Le Querrec
Sortie [1]
Enregistré , studio de la Maison de la culture d'Amiens
Durée 47 min 48 sec
Genre Jazz fusion-free jazz
Producteur Michel Orier
Label Label Bleu
Critique

Albums de Aldo Romano, Louis Sclavis, Henri Texier et Guy Le Querrec

Carnet de routes est un album-concept de jazz regroupant Aldo Romano, Louis Sclavis, Henri Texier et le photographe Guy Le Querrec – l'inspirateur du projet et membre à part entière de l'album – composé en 1994-1995 et paru le sur le Label Bleu. Il est considéré comme un album majeur de l'histoire du jazz français et l'un de ses plus gros succès de vente[5],[6].

Historique modifier

La formation du trio musical est à l'initiative Guy Maurette, directeur du centre culturel français de Malabo, capitale de la Guinée équatoriale sur l'île de Bioko, qui convainc en 1989 le batteur italien Aldo Romano[Note 1] de donner des cours dans son institution dans le cadre des séries « Jazz à… » menées depuis le début des années 1980 par les centres culturels français en Afrique[7],[8],[9]. Il recommande également la présence de Guy Le Querrec, photographe de l'agence Magnum et passionné de jazz[10],[11], pour les accompagner dans le projet, lequel doit comporter également un volet iconographique. Ce dernier, ami d'enfance du contrebassiste Henri Texier – qui a déjà collaboré avec Aldo Romano – fait pression pour que le trio soit complété par le clarinettiste Louis Sclavis en place d'Éric Barret, partenaire régulier et premier choix de Romano[5],[9],[11]. Organisés à la suite de repérages faits par Guy Le Querrec, bon connaisseur de l'Afrique[11],[8], un premier voyage est entrepris en février-mars 1990 à bord de minibus et de taxis-brousse, ponctué de rencontres dans le réseau de l'Alliance française et des centres culturels locaux, d'échanges avec les populations, et de concerts impromptus lors d'étapes improvisées[8], suivi d'un second voyage fait sur le même principe en mars-avril 1993 pour poursuivre le projet musical auquel les photographies de Guy Le Querrec – devenu le « griot du trio[7] » – sont intimement liées[5].

Le disque est donc le résultat des deux voyages en Afrique – organisés administrativement et financés par le centre culture français de Malabo[7] – faits par les quatre membres du groupe ayant eu pour étapes[12] :

Voulant se dégager du free jazz, porté notamment par Louis Sclavis, et plutôt creuser le sillon du jazz fusion au soc des musiques africaines dont le jazz américain est en partie issu, le trio se confronte aux musiciens de rue et des villages qu'ils traversent – l'influence des rencontres au Ghana ayant été la plus importante selon Aldo Romano –, s'imprègnent des rythmes ternaires africains et des gammes pentatoniques[5]. Au retour du second voyage africain, le trio compose en France, principalement à la Maison de la culture d'Amiens dirigée par Michel Orier, fondateur du Label Bleu, les neuf titres, inspirés de leurs souvenirs[6], qui constitueront l'album. L'influence des compositions du musicien sud-africain Johnny Dyani (en) a également été rapportée[2]. Ces morceaux originaux sont écrits par chacun des membres du trio, et Guy Le Querrec est chargé de sélectionner les photos des voyages destinées à constituer, tel un carnet de route(s) parcourues – qui donnera son titre à l'album – saisies par son propre instrument, le Leica[11], le livret du disque dont il constitue une partie indissociable de la musique[5],[13].

L'album est ensuite enregistré et mixé durant la période 1994-1995 dans le studio Gil-Evans de la Maison de la culture d'Amiens sous la direction technique de Philippe Tessier du Cros assisté de Pierre Guinot ; le mastering est réalisé par Jean-Pierre Bouquet[12]. Le disque paraît le sur le Label Bleu et fait l'objet d'une réédition le chez le même éditeur musical[12]. La parution de l'album est suivie d'une tournée en 1997, qui avec l'important succès du disque, entrainera la composition par le trio de deux nouveaux albums : Suite africaine (1999) et African Flashback (2005)[14],[5].

Pour les vingt ans de la parution de l'album – devenu dans l'intervalle une référence du jazz français[5],[1] – un concert anniversaire est organisé le 12 septembre 2015 par la Philharmonie de Paris[15] précédé en mars 2015 d'un concert au New Morning[13].

Le « quartet » Romano-Sclavis-Texier-Le Querrec

Liste des titres de l'album modifier

No TitreAuteur Durée
1. Standing Ovation (for Mandela)Aldo Romano 4:23
2. VolLouis Sclavis 6:01
3. Doualagad (à GLQ)Henri Texier 6:18
4. Bororo DanceAldo Romano 6:45
5. Annobon[Note 3]Aldo Romano 5:00
6. Les Petits Lits blancsLouis Sclavis 6:53
7. Flash mémoireLouis Sclavis 3:23
8. KorokoroHenri Texier 5:15
9. EntraveHenri Texier 3:30

Composition du « quartet » modifier

Accueil critique modifier

Franck Médioni, pour Les Inrocks, s'attache tout particulièrement à synergie apportée par les images de Guy Le Querrec qui de « la musique, épouse[nt] la scansion, le rythme de la mélodie syncopée » proposant un disque au « son captivant […], un subtil jeu de miroirs au fort pouvoir d'évocation[16] ». Plus de vingt après sa parution, le journal québécois Le Devoir rappelle toujours l'importance du « splendide » disque que constitue Carnet de routes[17] tandis que Télérama lui consacre un long article « sur l'histoire d'un disque majeur [… devenu] un album culte du jazz français[5] ».

En termes de ventes, cet album est considéré comme l'un des plus gros succès du jazz français, voire européen de ce type de jazz, avec plus de 70 000 exemplaires vendus, notamment en raison de la présence dans l'album d'un livret regroupant les quatre-vingts photographies de Guy Le Querrec[14],[5],[16].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Au départ, Aldo Romano devait faire cette tournée en Afrique avec Michel Petrucciani, mais les tensions entre les deux musiciens font que ce projet échoue. Guy Maurette recommande alors Henri Texier. Voir références Nathalie Piolé (2018) et Marc Thouvenot (2017).
  2. Pour Henri Texier, cette étape à Faraba sera l'une des plus importantes du périple en raison de l'accueil des villageois et de la réception de leur musique. Voir référence Nathalie Piolé (2018).
  3. Ce morceau, le plus célèbre de l'album, a été utilisé comme indicatif radiophonique ainsi que dans la bande originale du film Dieu seul me voit (Versailles-Chantiers) (1998) de Denis Podalydès.

Références modifier

  1. a et b (en) « Carnet de routes » (versions de l'album), sur AllMusic .
  2. a et b (en) « Carnet de routes » (fiche album), sur AllMusic .
  3. (en) « Carnet de routes », sur Discogs.
  4. « Carnet de routes », SensCritique (consulté le ).
  5. a b c d e f g h et i Louis Victor, « Carnet de Routes : les 20 ans d'un album culte du jazz français », Télérama, .
  6. a et b Pierre Breton, « Aldo Romano », Dictionnaire du jazzEncyclopaedia Universalis, 2015, (ISBN 9782852295537), p. 822.
  7. a b et c Guy Maurette, Livret de Carnet de routes, pp. 4-6.
  8. a b et c Nathalie Piolé, « Henri Texier, "La musique de jazz est toujours si vivante" (5/5) », Les Grands Entretiens, France Musique, 20 avril 2018.
  9. a et b Marc Thouvenot et Henri Texier, « Henri Texier, un contrebassiste-compositeur », nepantla.net, 9-10 juin 2017.
  10. Véronique Brocard, « Photos interdites », Télérama, .
  11. a b c et d Jean-Jacques Birgé, « Guy Le Querrec, derrière le rideau rouge », sur blogs.mediapart.fr, .
  12. a b et c Livrets du disque Label Bleu #LBLC 6569.
  13. a et b « Romano - Sclavis - Texier. Carnet de Routes : 20e anniversaire », New Morning.
  14. a et b Michel Contat, « Le free de la passion », Télérama, .
  15. « Romano, Sclavis, Texier – Carnet de routes », sur philharmoniedeparis.fr (consulté le ).
  16. a et b Franck Médioni, « Carnet de routes », Les Inrockuptibles, .
  17. Serge Truffeau, « Henri Texier, le chaman du jazz », Le Devoir, .

Annexes modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

Lien externe modifier