Canal Saint-Étienne (Seine)

Le canal Saint-Étienne ou canal de Fouchy est l'une des onze dérivations[1],[2] qui furent établies au XVIIe siècle et XVIIIe siècle sur la Seine, pour améliorer la navigabilité du fleuve entre Troyes et Nogent-sur-Seine[3].

Canal Saint-Étienne
Illustration.
Le canal vu du pont de Fouchy (La Chapelle-Saint-Luc)
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Début Fouchy (La Chapelle-Saint-Luc)
48° 19′ 16″ N, 4° 04′ 18″ E
Fin Barberey-Saint-Sulpice
48° 20′ 02″ N, 4° 02′ 58″ E
Traverse Aube
Caractéristiques
Statut actuel Radié
Longueur 2,3 km
Altitudes Début : 100 m
Fin : 98 m
Maximale : 100 m
Minimale : 98 m
Dénivelé m
Infrastructures
Écluses 2
Histoire
Année début travaux 1700
Année d'ouverture 1702
Concepteur Artus Gouffier de Roannez

Présentation et localisation

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Le canal Saint-Étienne est situé dans le département de l'Aube. Il s'étend sur 2,3 km entre Fouchy (La Chapelle-Saint-Luc) et Barberey-Saint-Sulpice. Il évite un méandre de la Seine.

Histoire

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Le canal sur la carte de Cassini du XVIIIe siècle.

En 1655, Hector Boutheroüe de Bourgneuf obtient de Louis XIV par des lettres patentes[4],[5], la concession de la navigation de la haute-Seine entre Nogent-sur-Seine et Troyes. Cependant le projet, dirigé par le Maréchal du Plessis, n'aboutit pas[6]. Après de nouvelles lettres patentes en 1676[5],[7], l'entreprise nommée « La nouvelle navigation de la Seine » réalise les travaux, sous la direction de Artus Gouffier de Roannez[8],[9]. Le canal Saint-Étienne est construit de 1700 à 1702. Il est mis en eau le . Les deux premiers bateaux le parcourent le . Les ayants droit obtiennent la prolongation du privilège pour vingt années par de nouvelles lettres patentes du [2]. Les dommages causés par l'hiver 1709 interrompent définitivement la navigation, faute de réparation. Les portes des écluses ayant été détruites en 1742, les pertuis existant sur le canal ont été fermés par des aiguilles, interdisant toute possibilité de réouverture à la navigation[6]. Celle-ci ne fut rétablie jusqu'à Troyes qu'en 1846, par l'ouverture sur un autre tracé, du canal de la Haute-Seine.

Ouvrages d'art

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Le canal comportait quatre portes « roulantes en éventail »[10] à deux vantaux formant deux écluses à sas[6].Ces portes, inventées par Artus Gouffier de Roannez[11], constituent une innovation. En effet, par la forme en secteur de cylindre des vantaux, la force résultant de l'action de la pression de l'eau due à la chute passe par l'axe vertical de rotation coïncidant avec l'axe du cylindre. Cette particularité rend la manœuvre des portes de pertuis, malgré la charge de l'eau, bien plus facile et rapide qu'avec les autres systèmes connus à cette époque[12]. Gilles Filleau des Billettes en fit une description à l'Académie royale des sciences en 1699[13]. Le principe en sera repris à grande échelle en 1997, lors la réalisation du barrage mobile Maeslantkering aux Pays-Bas.

Aucun vestige de ces écluses ne subsiste.

Voir aussi

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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Notes et références

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  1. Ces dérivations étaient: Le canal Bruley, le canal de Fouchy (canal Saint-Étienne), le canal de Barberey, le canal de Riancé, le canal de Payns, le canal de Savières, le canal de Saint-Mesmin, le canal de Mesgrigny, le canal de Sauvage, le canal de Pont-sur-Seine et le canal de Nogent.
  2. a et b Joseph Jérôme Lefrançois de Lalande, Des Canaux de navigation et spécialement du canal de Languedoc, Veuve Desaint (Paris), , 588 p. (lire en ligne), « Marne, Seine », p. 275
  3. « Le canal Saint-Étienne », sur Le dictionnaire des canaux et rivières de France (consulté le )
  4. Ernest Granger, Précis historique et statistique des voies navigables de la France et d'une partie de la Belgique, Napoléon Chaix, , 796 p. (lire en ligne), « Canal de la Haute-Seine », p. 649-652
  5. a et b Théodore Ravinet, Code des ponts et chaussées et des mines, ou collection complète des lois concernant le service des ponts., t. 4, Supplément, Carilian-Goeury, (lire en ligne), p. 31
  6. a b et c Société académique d'agriculture, des sciences, arts et belles-lettres du département de l'Aube, Mémoires, Dufour-Bouquot, , 236 p. (lire en ligne), « Notice sur la navigation de la Haute-Seine par Pierre-Olivier Lebasteur », p. 182
  7. Pierre-Jean Grosley, Mémoires historiques et critiques pour l'histoire de Troyes, Duchesne, (lire en ligne), « Navigation de la Seine », p. 19
  8. (en) Alice Stroup, Royal Funding of the Parisian Academie Royale Des Sciences During The 1690s, vol. 77, American Philosophical Society, (lire en ligne), partie 4. « the company called La nouvelle navigation de la Seine, which was Roannez's brainchild »
  9. Académie royale des sciences, Histoire de l'Académie royale des sciences, Jean Boudot, , 282 p. (lire en ligne), « Sur quelques machines employées dans une nouvelle navigation de la Seine », p. 114-116
  10. Guillaume Du Verger, Annuaire administratif, statistique et commercial du Département de l'Aube, Bouquot, , 246 p. (lire en ligne), « Navigation de la rivière de Seine (1721) », p. 9, 2e partie
  11. Christian Huygens, Œuvres complètes de Christiaan Huygens. Correspondance, M. Nijhoff, , 815 p. (lire en ligne), « N° 2788 Année 1693 », p. 395
  12. Henri Melchior de Lagrené, Cours de navigation intérieure, fleuves & rivières, Éditions Dunod, (lire en ligne), « Portes cylindriques à axe vertical », p. 153
  13. Académie royale des sciences, Histoire de l'Académie royale des sciences, J. Boudot, (lire en ligne), « Description d'une nouvelle manière de porte d'écluse par Gilles Filleau des Billettes », p. 63