Pète-Bandjoun
Pète-Bandjoun | |||||
Habitations bamiléké | |||||
Administration | |||||
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Pays | ![]() |
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Région | Ouest | ||||
Département | Koung-Khi | ||||
Démographie | |||||
Population | 70 000 hab. | ||||
Densité | 486 hab./km2 | ||||
Géographie | |||||
Coordonnées | 5° 22′ 31″ nord, 10° 24′ 44″ est | ||||
Altitude | 1 515 m |
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Superficie | 14 400 ha = 144 km2 | ||||
Localisation | |||||
Géolocalisation sur la carte : Cameroun
Géolocalisation sur la carte : Région de l'Ouest (Cameroun)
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Pète-Bandjoun est l'une des trois communes du département du Koung-Khi dans la région de l'Ouest au Cameroun.
GéographieModifier
La commune s'étend au sud de la ville de Bafoussam à une altitude moyenne de 1440 m. Elle est desservie par la route nationale 4. Elle se situe sur les bassins versants de la rivière Noun et de la Mifi-Sud, elle est drainée par deux affluents du Noun, le Nghuen et le Nlemb[1].
HistoireModifier
Elle est le chef-lieu du département du Koung-Khi. Créée en tant que commune rurale en 1959, elle a été érigée en « commune de Pète-Bandjoun » en 2007[2].
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Bandjoun (La' Djo en langue locale) proprement dit constitue également une chefferie traditionnelle, l'une des plus grandes[3] chefferies Bamiléké[4]. Cependant, la ville est à différencier du Royaume de La'djo, qui la comprenait, ainsi qu'une vingtaine d'autres chefferies.
Ses habitants parlent le ghomala’ ou bandjoun, une langue bamiléké[5].
PopulationModifier
À partir d'une extrapolation des chiffres du recensement de 2005, la population a été estimée à 47 405 habitants en 2011. Les sources communales avancent le chiffre de 112 000[6].
Organisation administrative de la communeModifier
Outre Bandjoun proprement dit, la commune comprend 38 villages[6] :
Le royaume BandjounModifier
À 20 km de Bafoussam, sur la route de Bagangté, se trouve la chefferie de Bandjoun. Des chemins sinueux, bordés de clôtures enfermant des bananiers, mènent à une succession de cases traditionnelles, bien alignées et soutenues par des piliers de bois sculpté, sorte de colonnades autour de l'habitat.
Les façades sont faites de bambous patiemment liés avec des fibres végétales ; certaines sont ornées de motifs géométriques. Les portes, encadrées de panneaux sculptés, sont surélevées à 50 cm du sol pour que les eaux d'écoulement et les animaux ne les franchissent pas. L'ensemble est surmonté d'un lourd toit conique suffisamment épais pour ne pas laisser filtrer les gouttes de pluie.
L'extérieur de la case tend à évoluer, malgré la volonté de certains notables Bamilékés qui essayent de conserver l'ancienne architecture locale. Le toit de chaume est remplacé par un toit de tôle ondulée et les rideaux en bambou ne couvrent plus les façades. Par contre, l'intérieur des cases reste partout le même : le foyer est au centre de la grande pièce ; trois pierres suffisent à supporter les marmites. Tout le mobilier est en bambou, telle l'échelle pour grimper au grenier où est stockée la réserve de maïs, d'arachides et de bois, ou également les étagères pour ranger les ustensiles ménagers, les lits et même les tabourets.
La chefferie contient aussi un musée où l'on trouve les accessoires des anciens chefs, le patrimoine de la famille, mais aussi un bâtiment moderne qui sert de salle de fêtes et de salle de réunion.
Les habitations des notables ont des toits pointus, le nombre de pointes dépend de la hiérarchie.
La grande case mesure 17 m de haut et servait autrefois de résidence au chef. Elle fut construite par le roi Notuom Ier il y a plus de quatre siècles environ. Depuis, elle est régulièrement restaurée. Sa partie supérieure est utilisée comme grenier à arachides et à maïs, à l'instar des autres cases. Elle est constituée de 3 couloirs, d'une salle de réunion décorée de peaux de lion, symbole du chef, et de peaux de panthère, symbole des grands notables, et de portes avec gravures de lézards, symbole des petits notables. Elle est supportée par des piliers sculptés dont ceux du milieu sont les plus anciens, ayant résisté aux trois incendies qui ont eu lieu à la chefferie.
La structure de la chefferie ressemble à celle de la concession des notables. L'entrée principale mène à la grande case et les cases des femmes sont situées des deux côtés de la route. Les femmes d'un côté sont dirigées par la première épouse encore appelée « nkoung » et celles de l'autre par « Djuikam », la femme de son prédécesseur qu'il prend pendant l'initiation.
Les concessions initiatiques entourent la chefferie et sont dirigées par des notables très influents. Un exemple des différentes concessions d'initiation du chef ou « Fam », la concession du bracelet royal et la concession de « Taptouom-Kwamou », l'un des deux initiateurs du « Todjom », remède initiatique que l'on administre à tous les bébés bandjounais quel que soit le lieu où ils vivent.
La forêt de la chefferie a un rôle important. La partie située juste derrière la grande case comprend le « Fam » ou lieu d'enterrement du chef. Elle n'est foulée que par les initiés. Une autre forêt se trouve près de la place du marche de « Dzemto », et tout le long de la colline des étrangers « mghue ». C'est le lieu de repos des totems des initiés.
La chefferie est le centre de convergence des différentes provinces ou « Dje », qui sont des unités administratives traditionnelles avec chacune une spécificité. Les missionnaires allemands par exemple étaient installés à « Djiomghue », juste après la rivière des étrangers. Le « Dje Njiomghue » est spécialisé dans la magie ou « nkou » dirigé par « Tatuene » et « Tatuebou ». Ils se consacrent à lutter contre les esprits maléfiques, annuler la pluie lors des cérémonies importantes, ou chasser l'esprit d'un initié décédé. Le « Dje Djesse » est spécialisé dans le « Dje » ou sacrifice pour bénir le chef et demander la pluie à Shi. Quand il fait trop chaud, « DZudie Teyo », « Dzudie Tambou » et cinq autres font un tour à Baleng et leur retour est salué dès la première pluie avant les semences.
Contrairement au chef qui est enterré par les initiés au « Fam », les épouses et les princes sont enterrés dans d'autres concessions hors de la chefferie.
Le « Fo »Modifier
Le Roi de La'djo encore appelé Fô'A-Djo est le personnage central du royaume. C'est un démiurge érigé, à travers les puissants rituels de l'intronisation, en Grand Maître du Goung'Ha-Djo (Royaume de La'djo). En tant que descendant des ancêtres fondateurs, il jouit d'un pouvoir politique primal inféodé dans la sacralité de sa royale ascendance. Disposant de pouvoirs surnaturels qui lui sont transmis lors du complexe rituel d'initiation qui accompagne son intronisation, le Roi devient le Maître de la puissance et de l'occulte magique et sacré appelé le « Kêh ». Ces attributs mystifient à souhait le personnage du Roi et lui confèrent une stature exceptionnelle de Grand Prêtre Vénérable dont la puissance s'élève au-dessus de celle des sorciers du Royaume.
le Fô'A-Djo est entouré par des personnalités qui pour certaines assurent un magistère péri-royal, un magistère magico-religieux et mystique, et pour d'autres des fonctions d'appui administratif et politique. Il y ainsi, dans la première fonction le « Kwi-Pou » et dans les secondes le Cercle des Neuf Notables. Dans les fonctions administratives, on trouve le Cercle des Sept Commissaires de Duchés et dans les fonctions politiques le Gouvernement Royal et les Grands Ducs du Royaume.
Le « Kwi-Pou »Modifier
Le « Kwi-Pou » est le second personnage de la royauté. Il est fait vice-Roi peu après la désignation du Roi. Le rituel correspondant est le même que celui qui permet de désigner le Roi. Son rôle est de le seconder. Il est désigné parmi les frères du Roi qui n'ont pas la même mère. La mère du Kwi-Pou est donc l'une des épouses du Roi défunt et coépouse de la « Ma Mefo » ou mère du Roi. Il s'installe donc un certain équilibre entre le souverain et son frère consanguin mais non-utérin. Les destinées de ces deux personnages sont cependant liées car si le Roi vient à disparaître, son Kwi-Pou perdra ses fonctions. Il est donc difficile que ce dernier intrigue contre le Roi.
Le Kwi-Pou assiste le Roi et forme avec lui un duo robuste contre les « Mkam-Bvuh ». Mais, son influence est contrebalancée par celle d'un autre fils du Roi défunt, appelé le « Wafo » et qui a la particularité d'être le frère utérin du Roi, c'est-à-dire un autre fils de la Ma Mefo.
Cercle des neuf notablesModifier
Ce cercle est constitué de personnalités à qui on prête des pouvoirs magico-religieux et dont la magistrature obéit à des logiques multiséculaires. Ces notables sont appelés « Mkam Bvuh' », ce qui signifie littéralement « les neuf notables ». Désignés de père en fils selon des traditions mystico-théocratiques rattachés aux fondations du Royaume, ils évoluent dans le plus absolu des secrets et ne doivent en principe révéler leur identité à personne. À leur décès, leurs homologues encadrent leurs obsèques dans une ambiance sacrée couverte par le Roi lui-même. Leur succession est alors structurée autour d'un de leurs fils selon des règles hautement sacralisées. Les Neuf Notables siègent en conseil sous la présidence du Roi. Ils l'éclairent et l'assistent dans toutes ses importantes décisions législatives. La salle où a lieu le Conseil des Mkam-Vuh' est appelée le « Lah'kam », c'est en quelque sorte un conseil d’État composé d'une trentaine de membres dont les neuf notables sont les plus éminents avec voix délibératives. Leur doyen en chef est le « Tekomghê ». La presque totalité des lois édictées par le chef est initiée par les Mkam. Le conseil limite et tempère l'autorité du chef évitant par là les abus de pouvoir et un possible glissement vers la dictature.
Cercle des sept commissaires de duchésModifier
Il s'agit de personnalités administratives n'ayant pas nécessairement une ascendance aristocratique. Ils font partie des serviteurs du Roi encore appelés « Mtchoh'-Fo ». Une fois nommés comme Commissaires de duché, on les appelle les « Mkem-Djie ». Ils ont pour mission d'assurer la surveillance administrative des sept duchés appelés les « Djie » (Juo Mhuo, Djie-Se, Djie-Leng, Djie-Theguem, Djie-Kouoh, Djie-Sèh, Djie-Bem). Ces duchés ont été mis en place par le Roi Notouom qui a structuré le Royaume au début du XVIIe siècle. Ils recueillent les renseignements du duché à travers un réseau d'agents de police royale appelés les « Kouh'-Guè ». Tels des agents d'administration du village, ils sont chargés de maintenir la paix, l'ordre et la sécurité interne.
Les chefs de quartier qui sont à la tête d'un quartier du village agissent chacun dans leur sphère de compétence
Gouvernement royalModifier
Le Gouvernement royal est constitué par des serviteurs du Roi ou « Mtchoh-Fo ». Ils sont répartis entre le service d'ordre intérieur patronné par le Tadiye et l'administration du Fam patronné par des Commis spéciaux appelés les « Ngwalah ».tout en notant que à la tête du gouvernement royale on retrouve la première reine mère (mère du tout premier roi qui se représente par la succession) appelé :" Mafo Matsotio " elle incarne le royaume et exerce des prérogatives sur le roi que nulle ne pourrait imaginé car non seulement elle est la mère de toute la dynastie bandjoun mais aussi elle est en même temps l'equivalant du ministre de la culture, ministre de la défense car elle dirige l'arsenal des généraux :"sonvouton" , elle est aussi la première femme guerrière du royaume ( tadjie lalie) et pour couronné le tout elle dirige toutes les femmes du royaume par le biais du "massu" et elle dirige aussi la plus grande et la plus importante réunion secrète du royaume. l'actuel Mafo Matsotio répond au nom de Tuekam Djomkam Charlotte et est la 13ieme souveraine à régné sur ce trône qui d'après certaines sources pourrais être même le plus influent du royaume[réf. nécessaire][style à revoir]
Ducs du RoyaumeModifier
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Femmes du chefModifier
La famille du chef est très nombreuse. L'un des grands chefs de Bandjoun, Kamga II, avait plusieurs dizaines de femmes et presque 250 enfants. Depuis sa mort en 1975, sa succession a été assurée tour à tour par ses fils :
- Fotue Kamga (technicien d'agriculture à qui on doit la construction du musée et du palais moderne) : il est mort tragiquement d'un accident de voiture loin de son royaume, après avoir pris une trentaine de jeunes épouses ;
- Ngnie Kamga (administrateur civil et fin danseur, il est l'initiateur de la semaine annuelle de fierté « msem » des Bandjouns) : il avait environ 60 épouses, dont les veuves de son frère Fotue Kamga ;
- actuellement Djomo Kamga Honoré (ingénieur des polymères) : il s'attelle à reconstruire le patrimoine détruit par un incendie juste après son accès au trône ; en plus des nouvelles épouses, il a la responsabilité de prendre les jeunes veuves de ses prédécesseurs en signe de continuité).
InfrastructuresModifier
Bandjoun abrite depuis 2008 Bandjoun station, un complexe d'art contemporain fondé par le plasticien Barthélémy Toguo en vue de permettre au public de s'approprier cet art, et éviter que l'Afrique ne voit partir ce nouveau patrimoine à l'extérieur du continent, à l'image de ce qui s'est passé pour l'art classique. Le complexe comporte une salle de spectacle de 1 000 places, et trois plateaux d'exposition accueillant aussi bien des œuvres d'art contemporain que d'art classique[7],[8].
MuséeModifier
Le chef possède un grand nombre d'objets d'art ayant appartenu à ses ancêtres :
- calebasses et statues ornées de perles ;
- bijoux et statuettes en ivoire ;
- masques ;
- chapeaux de danse : le plus grand, qui est porté uniquement par le chef lors de la grande fête annuelle, pèse 25 kg : il le porte durant presque toute la danse d'exhibition ou « Tso », soit à peu près deux tours de la place du marche Dzemto. Il est aidé par les serviteurs, qui portent aussi ses queues de cheval, alors que les autres notables sont aidés dans le transport de leurs chapeaux chacun par un fils ;
- tableaux, meubles (dont des trônes) ;
- trophées de chasse.
HôpitalModifier
Deux panneaux solaires ont été installés dans le dispensaire de Dja Bandjoun par la collaboration entre les associations Lumières d'Afrique (élèves français de l'école d'ingénieur Supélec, campus de Metz) et Lumières pour Tous (élèves camerounais de l'institut universitaire de la cote (IUC) )
Personnalités liées à BandjounModifier
- Victor Fotso (1926-2020), homme d'affaires
- Jean-Samuel Noutchogouin (1933-2019), homme d'affaires
- Patrice Kayo (né en 1942), écrivain
- André Siaka (né en 1949), ingénieur et grand patron
- André-Marie Tala (né en 1950), chanteur
- Michel Tagne Foko (né en 1985), écrivain et éditeur
- Antonio Ghomsi (né en 1986), footballeur
- Adolphe Teikeu (né en 1990), footballeur
- Kareyce Fotso (née en 1984), artiste musicienne
- Moustik Karismatik : humoriste
- Nyangono du Sud : artiste
- Emmanuel Chatue , Fondateur du groupe TV+ (Canal 2 international, Sweet Fm, TV+)
Notes et référencesModifier
- PNDP, Plan communal de développement de Pète Bandjoun, juillet 2011
- Décret présidentiel no 2007/117 du 24 avril 2007 portant création des communes [1].
- *(en) Mark Dike DeLancey, Rebecca Mbuh et Mark W. Delancey, « Bandjoun », in Historical Dictionary of the Republic of Cameroon, Scarecrow Press, Lanham, Md, 2010 (4e éd.), p. 238-239 (ISBN 9780810873995)
- . Elle fut touchée à deux reprises par un grave incendie, en 2005 et 2015 [2]
- (en) Fiche langue
[bbj]
dans la base de données linguistique Ethnologue. - CVUC [3], consulté le 3 juin 2016
- Roxana Azimi, « L’artiste camerounais Barthélémy Toguo veut réinventer le mécénat », sur Lemonde.fr,
- Barthélémy Toguo, « The projet », sur Bandjounstation.com
AnnexesModifier
BibliographieModifier
- Bernard Maillard, Les structures socio-religieuses de la chefferie de Bandjoun (Cameroun), Peter Lang, Ber, Frankfurt, New York, 1985 (2e éd.), 289 p. (ISBN 978-3-261-04016-9)
- Jean-Paul Notué et Bianca Triaca, Bandjoun : trésors royaux au Cameroun : Bandjoun : tradition dynamique, création et vie : catalogue du Musée de Bandjoun, 5 continents, Milan, COE, Barzio, 2005, 246 p. (ISBN 88-7439-203-6)
- Gérard Macé, Chefferies bamiléké, le Temps qu'il fait, Bazas, 2014, 84 p. (ISBN 978-2-86853-594-8)
Liens externesModifier
- Site du musée de Bandjoun
- « Goadjo-Kwuichue »(Archive • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?)
- Site touristique circuit ouest Cameroun
- Pete-Bandjoun, sur le site Communes et villes unies du Cameroun (CVUC)