Bérénice Levet

essayiste,
Bérénice Levet
Bérénice Levet en janvier 2015.
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Bérénice Levet est une philosophe et essayiste française née en 1971. Elle développe une pensée conservatrice proche des idées de la droite et de l'extrême droite françaises.

Biographie modifier

Carrière universitaire modifier

Bérénice Levet soutient une thèse de doctorat en philosophie intitulée « Hannah Arendt et la littérature », sous la direction de Robert Legros à l'université de Caen Basse-Normandie en 2006[1].

Elle a enseigné au centre Sèvres[2][réf. obsolète].

Depuis 2019, elle est membre du conseil d'orientation de l'Institut Thomas-More[3].

Essayiste modifier

Sa thèse de doctorat donne naissance, en 2011, à une monographie, Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt, où elle s'intéresse à la place que la philosophe accorde dans ses écrits à la littérature et aux arts[4],[5].

Elle collabore aux journaux Causeur[6] et Valeurs actuelles[7], à la Revue des deux Mondes[8] et aux revues Le Débat, Commentaire, Esprit, Études et L'Incorrect.

Bérénice Levet prend part à un dossier de la Revue des deux mondes sur le thème « Femmes, islam et République », aux côtés d'Elisabeth Badinter et Caroline Fourest[9]. Elle prend le parti de la « galanterie » contre d'autres autrices féministes[10]. En juin 2018, au moment du mouvement #MeToo, elle co-écrit un débat avec Laure Murat dans L'Express sur le thème « Me too : révolution sexuelle ou nouveau totalitarisme »[11].

Apparitions médiatiques modifier

Bérénice Levet intervient régulièrement dans plusieurs médias (Europe 1, Sud Radio, Cnews), où elle formule essentiellement une critique de l'écologie politique, du « wokisme » et de la déconstruction des stéréotypes de genre[12],[13],[14]

Elle intervient sur le plateau de l'émission C ce soir de France 5 le 6 octobre 2022, en parlant de l'histoire de la France, et d'un « peuple historiquement français »[15].

Réception critique modifier

Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt modifier

Pierre Jourde le décrit comme un livre « indispensable à un moment où l’on s’emploie à faire doucement mourir la littérature et les sciences humaines[16] ».

Pour Paul Thibaud : « Bérénice Levet a le mérite, qui fait l’intérêt exceptionnel de son livre, d’esquisser un fil conducteur qui pourrait réunifier l’interprétation arendtienne du réel[17]. »

Le Crépuscule des idoles progressistes modifier

Les universitaires Martina Avanza et Magali Della Sudda rapprochent le livre de Bérénice Levet Le Crépuscule des idoles progressistes, qu'elles situent par ailleurs « en dehors du champ partisan », du mouvement des « Ripostes catholiques » et des mobilisations conservatrices entamé en 2013, et le qualifient d' « ouvrage anti-genre »[18].

Dans Libération, Laurent Joffrin estime que « Bérénice Levet répète sans imagination le message antimoderne des plus réactionnaires. Avec quelques énormités : même Johnny Hallyday serait fautif ». Il estime que le livre est « une synthèse de la pensée Finkielkraut, Le Goff, Zemmour, Muray ou Houellebecq, ces cinq mousquetaires du retour en arrière »[19].

Salomon Malka de la revue L'Arche qualifie l'essai de « décapant ». Il juge notamment que le « brillant lamento » de l'auteur, puise « aux meilleures sources » et « nourri d’une belle érudition, a des accents convaincants. »[20]

La Théorie du genre ou Le Monde rêvé des anges modifier

L'essai paru en 2014 est remarqué[21],[22],[23] et critiqué[24],[25],[26].

Il est vu par Atlantico comme « un des dix essais les plus importants de l'année 2014[27] ». Pour Roger-Pol Droit, les pages les plus intéressantes de l'ouvrage « replacent la vogue des rêveries sur le genre dans le désir de notre temps de reconfigurer le corps, de réengendrer carrément l’humain »[21].

Michel Onfray rapproche la démarche de Levet de celle de Merleau-Ponty et de sa phénoménologie de la séduction et indique que, pour lui : « Dans un essai à contre-courant, la philosophe Bérénice Levet montre que [le] genre réalise paradoxalement le projet chrétien : un corps sans organes, l'aspiration à une neutralité asexuée comme celle des anges »[28].

Virginie Martin, Marie-Cécile Naves et Baptiste Charles du Think Tank Different estiment au contraire que l'ouvrage témoigne d'un mépris pour les sciences sociales et les études de genre et d'une « méconnaissance inouïe du travail de centaines de chercheurs rigoureux[24] ».

Katy Barasc, philosophe et essayiste, rapproche la pensée de Levet sur ce thème des propos d'Alain Finkielkraut, Michel Onfray et Éric Zemmour : « Les croisés de l’identité sexuée annoncent l’apocalypse de l’humain ». Elle précise : « Je parle de croisade, m’y sentant autorisée par le vocabulaire martyrologique des différents articles accompagnant la parution de l’ouvrage de Bérénice Levet, en particulier celui de Roger Pol-Droit »[29].

Libérons-nous du féminisme ! modifier

Dans la revue Diogène, Éliane Viennot et Joëlle Wiels rangent l'ouvrage de Levet parmi ceux qui font semblant de se réclamer du féminisme pour mieux se ranger dans « la galaxie qui s’oppose à tout nouveau recul de la domination masculine ». L'idée centrale du livre, selon laquelle le féminisme est une bonne cause mais a été dévoyé et est devenu excessif, est un « credo repris à l’envi dans la presse conservatrice »[30].

Le courage de la dissidence, l’esprit français contre le wokisme modifier

Libération rattache le livre le Courage de la dissidence, l’esprit français contre le wokisme à un « inépuisable filon éditorial » dont les ouvrages partagent « une même propension à générer artificiellement des trouilles collectives tout en se prétendant garant de la liberté d’expression ». Il reproche à ces ouvrages leurs exagérations : « On s’étonnera toujours, encore plus depuis l’invasion de l’Ukraine par le régime de Poutine, de voir comparer, avec le plus grand sérieux, le militantisme progressiste, son attitude d’«éveil» face aux discriminations et les quelques dérives qu’il occasionne, à un régime autoritaire fondé sur un parti unique contrôlant la totalité des sphères sociales, intimes et privées »[31].

Dans un ouvrage consacré aux nouveaux conservateurs en France, Pascale Tournier cite à plusieurs reprises Bérénice Levet[32]. Selon le sociologue Arnaud Saint-Martin, du CNRS, Bérénice Levet est une essayiste « réactionnaire » proche de l'extrême droite française car elle participe au printemps 2023 au Campus Héméra, structure de formation dédiée aux militants du Rassemblement national[33]. Sur Acrimed, le journaliste Thibault Roques voit en Bérénice Levet le « dernier avatar de l’éditocratie ». Il lui reproche d'avoir « finalement préféré l’exhibition narcissique sur les plateaux et à la radio au dur labeur des philosophes de profession » et estime que « Bérénice Levet n’appartient visiblement pas à cette catégorie de philosophes en quête de définitions précises ou de comparaisons historiques motivées » mais qu'elle propose une « bouillie de pensée, fondée sur des « vérités » hors sol assénées sans la moindre enquête de terrain ». Selon lui, les institutions auxquelles elle s'associe sont « un savant mélange de libéralisme, de conservatisme et de catholicisme »[34].

Publications modifier

Autre modifier

Notes et références modifier

  1. a et b Notice de la thèse, sur theses.fr.
  2. Fiche sur le site du centre Sèvres.
  3. « Qui sommes-nous ? – Institut Thomas-More », sur institut-thomas-more.org (consulté le ).
  4. « Bérénice Levet, philosophe : “Il est capital, chez Arendt, d'avoir pour passion la vérité” », entretien, lemonde.fr, 28 juin 2012.
  5. « Bérénice Levet, la philosophe et la musique », Frédérick Casadesus, mediapart.fr, 24 mars 2012.
  6. Fiche sur le site de Causeur.
  7. Articles sur le site de Valeurs actuelles.
  8. « Lire Saint Augustin » sur le site de la revue.
  9. Féminisme «blanc» ?, article de Laurent Joffrin dans Libération le 31 mars 2016. Page consultée le 31 mai 2023.
  10. Yves Charles Zarka, La France en récits:, Presses Universitaires de France, (ISBN 978-2-13-082444-2, DOI 10.3917/puf.zarka.2020.01, lire en ligne).
  11. Alain Viala, « Mille choses galantes (Dossier A : Corpus) », Les Dossiers du Grihl, vol. 13, no 1,‎ (ISSN 1958-9247, DOI 10.4000/dossiersgrihl.7350, lire en ligne, consulté le ).
  12. «  Bérénice Levet : "L'idéologie wokiste enferme l'individu dans le cercle étroit de ses identités"  », Europe 1, 23 mai 2022.
  13. «  Bérénice Levet dénonce le «totalitarisme vert» des nouveaux écologistes  », Sud Radio, 2 février 2022.
  14. «  Bérénice Levet : "Le wokisme ne l'emportera pas sur l'esprit français"  », Sud Radio, 1er décembre 2022.
  15. « Émission du mercredi 5 octobre 2022 »  , sur France.tv, (consulté le ).
  16. « Le Musée imaginaire d'Hannah Arendt », nouvelobs.com, 19 février 2012.
  17. « La méthode d’Hannah Arendt », causeur.fr, 5 février 2012.
  18. Martina Avanza et Magali Della Sudda, « « Ripostes catholiques » », Genre, sexualité & société [En ligne], n°18, Automne 2017, mis en ligne le 01 décembre 2017, consulté le 27 mai 2023. [lire en ligne] ; DOI https://doi.org/10.4000/gss.4118
  19. Chronique «La cité des livres ». Le progressiste, ce galeux, ce pelé…, article de Laurent Joffrin dans Libération le 31 janvier 2017. Page consultée le 28 mai 2023.
  20. Salomon Malka, Le brillant lamento de Bérénice Levet, larchemag.fr, 17 février 2017
  21. a et b Roger-Pol Droit, « Question de genre », 13 novembre 2014, sur lemonde.fr.
  22. Charles Jaigu, « Vers la société indifférenciée : les révélations de Bérénice Levet sur la théorie du genre », 2 novembre 2014, sur lefigaro.fr.
  23. Denis Tilinac, « Un vade-mecum de l'insoumission », 27 novembre 2014, Valeurs actuelles.
  24. a et b « Michel Onfray et la "théorie du genre" : entre mépris et mauvaise foi, il manque de rigueur », Baptiste Charles, Virginie Martin et Marie-Cécile Naves, sur leplus.nouvelobs.com, 2 novembre 2014.
  25. (it) Nicoletta Tiliacos, « La teoria del gender non è che "nuovo puritanesimo" », sur ilfoglio.it, 24 décembre 2014.
  26. « Assez des discours justifiant l'inégalité des sexes », Patrick Altman, huffingtonpost.fr, 2 janvier 2015.
  27. Géraldine Moisand, « "La Théorie du Genre", de Bérénice Levet : un des dix essais les plus importants de l'année 2014 », 18 décembre 2014, sur atlantico.fr.
  28. « La théorie du genre : ce nouveau puritanisme », par Michel Onfray, nouvelobs.com, 21 décembre 2014.
  29. Katy Barasc, « Dé-marque et pro-nomination : pour une autre phénoménologie de la languécriture », dans La notion d’humanité dans la pensée contemporaine, Presses universitaires de Paris Nanterre, (ISBN 978-2-84016-332-9, DOI 10.4000/books.pupo.17747., lire en ligne), p. 197–216
  30. Éliane Viennot et Joëlle Wiels, « Être féministe en 2020 ou Comment faire face au succès ?: », Diogène, vol. n° 267-268, no 3,‎ , p. 9–27 (ISSN 0419-1633, DOI 10.3917/dio.267.0009, lire en ligne, consulté le )
  31. Simon Blin, "L’anti-«wokisme», inépuisable filon éditorial", article dans Libération le 11 mai 2023. Page consultée le 28 mai 2023.
  32. Pascale Tournier, Le Vieux monde est de retour. Enquête sur les nouveaux conservateurs, Stock, 2018.
  33. Ne pas baisser la garde : Maffesoli et les « RNifleurs », article d'Arnaud Saint-Martin sur le carnet de recherches Academia le 1er avril 2023. Page consultée le 28 mai 2023.
  34. Bérénice Levet, dernier avatar de l’éditocratie, article par Thibault Roques sur Acrimed le 11 janvier 2023. Page consultée le 28 mai 2023.
  35. Fiche sur le site de l'Académie française.
  36. Voir article sur le blog « La Messagerie littéraire ».

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Article connexe modifier

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