André Chrysobergès

religieux byzantin
André Chrysobergès
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André Chrysobergès (Ἀνδρέας ὁ Χρυσοϐέργης) est un religieux byzantin rallié à l'Église latine, membre de l'ordre dominicain et évêque, né à Constantinople avant 1380, mort à Famagouste (Chypre) en février 1451.

Biographie modifier

Il appartenait à une famille (le père, trois frères et leur sœur Anna connus) proche de Démétrios Cydonès et ralliée comme lui à l'Église latine. Les trois frères s'appelaient Maxime, Théodore et André, et ils entrèrent tous trois chez les dominicains[1].

André apparaît pour la première fois dans un document du , qui le donne comme magister philosophiæ au couvent dominicain Saint-Augustin de Padoue (qui constituait un département de la faculté de théologie de l'université). D'après les statuts de 1406 de l'université, cela signifie qu'il avait au moins trente ans. En 1412, il devint chancelier des étudiants, et un chapitre général de l'ordre tenu à Gènes le lui confia la charge de maître des étudiants du Studio dominicain de la province de Rome (installé dans le couvent San Marco de Florence). Il était de retour à Padoue, pour poursuivre ses études de théologie, en 1414, mais à la fin de cette année il fut appelé au concile de Constance, où devaient se mener des discussions avec l'Église grecque, et où se trouvait notamment Manuel Chrysoloras.

Entre 1414 et 1418, il séjourna de manière alternée à Constance (où il prit la parole au moins à trois reprises, à l'ouverture, en 1416 et le ) et à Padoue. À l'occasion de l'intronisation à Constance du nouveau pape Martin V (), il prononça un discours sur l'union des Églises. D'autre part, c'est lui qui fut chargé de traduire du grec en latin les trente-six articles qui constituaient les propositions de l'empereur Manuel et du patriarche de Constantinople au concile.

Le , le pape Martin V, en considération de sa participation absorbante au concile, lui accorda par bulle une dérogation au règlement de l'université de Padoue, l'autorisant à passer l'examen du doctorat en théologie sans avoir achevé l'explication des Sentences de Pierre Lombard. Il dut décrocher le doctorat au cours du second semestre de l'année 1418.

Dans la période suivante, il semble qu'il retourna en Orient (son frère Théodore avait été nommé évêque d'Olenus en Morée le ). Par une bulle du , le pape informe l'archevêque de Sultaniya et les évêques de Caffa et d'Élusa qu'il a conféré au frère prêcheur « André de Constantinople » les revenus de la chapelle Saint-Antoine de Caffa. Il était de retour à Rome en janvier 1426, fut intégré à la famille pontificale le , et nommé maître du Sacré-Palais[2] le . Un chapitre général de l'ordre dominicain, réuni à Bologne le , le nomma vicaire des Frères Pérégrinants en Orient[3], et représentant du maître de l'Ordre auprès de la Congrégation arménienne des Frères Uniteurs[4] ; il se vit attribuer une équipe de dix confrères pour visiter les couvents dominicains d'Orient. Le , il fut chargé par le pape Martin V d'une mission à Constantinople auprès de l'empereur Jean VIII et du patriarche Joseph II à propos de l'organisation d'un concile d'union. Au cours de ce voyage, il fut d'abord bien accueilli au Palais impérial, eut aussi un débat avec des moines du monastère de Stoudion, mais finalement fut renvoyé sans aucune réponse écrite, l'empereur décidant de négocier plus longuement avec le pape lui-même. Chrysobergès était de retour à Rome avant le .

Il demeura ensuite essentiellement à Rome jusqu'à l'automne 1428, entretenant notamment des relations d'amitié avec Poggio Bracciolini, qui le fait figurer dans son dialogue De avaritia comme porte-parole de ses propres idées. En octobre 1428, le pape le chargea d'une mission auprès du roi de Pologne Ladislas II Jagellon, à propos d'un projet de croisade contre les hussites. Son voyage dura environ un an. À son retour fin 1429, il apprit la mort récente de son frère Théodore, et sa nomination comme évêque de Sutri dans un consistoire tenu le . Pour une raison inconnue, il ne prit pas possession du siège. Il fut nommé archevêque de Rhodes le par Eugène IV. Ensuite il se rendit au concile de Bâle pour y porter la proposition du pape d'en transférer le siège en Italie ; après le refus de l'assemblée, lors de sa quatrième session (), il rentra à Rome.

Il joua un rôle important au cours des négociations menées avec l'Église grecque à Ferrare, puis à Florence, en 1438/39, et fut l'un des souscripteurs de l'acte d'union entre les deux Églises adopté solennellement dans la cathédrale de Florence le . En 1444, il se rendit à Rhodes pour y travailler au ralliement à l'union de l'Église chaldéenne (soupçonnée de nestorianisme) et de l'Église maronite (soupçonnée de monothélisme). Le , il fut transféré à l'archevêché de Nicosie, et le suivant nommé légat a latere pour Chypre, Rhodes, Chios, Mytilène et les Cyclades. Le , il obtint du pape Nicolas V le feu vert pour rendre effective l'union avec l'Église chaldéenne. Il mourut à Famagouste en février 1451.

Textes modifier

On conserve d'André Chrysobergès une lettre écrite au début de 1438, avant l'ouverture du concile à Ferrare, adressée à Basile Bessarion, alors théologien de la délégation byzantine, réfutation de la doctrine de Grégoire Palamas au nom du thomisme[5], et un dialogue composé fin 1439 à Modon contre Marc d'Éphèse, chef de file des anti-unionistes pendant le concile[6].

Bibliographie modifier

  • Marie-Hyacinthe Laurent, « L'activité d'André Chrysobergès, O. P., sous le pontificat de Martin V (1418-1431). Étude et documents », Échos d'Orient, vol. 34, n° 180, 1934, p. 414-438.
  • Raymond-Joseph Loenertz, « Les dominicains byzantins Théodore et André Chrysobergès et les négociations pour l'union des Églises grecque et latine de 1415 à 1430 », Archivum fratrum prædicatorum IX, 1939, p. 5-61.
  • Jean Darrouzès, « La date de la mort d'André Chrysobergès, O. P., archevêque de Nicosie et légat apostolique à Chypre », Archivum fratrum prædicatorum XXI, 1951, p. 301-305.
  • Paolo Cherubini, article « Crisoberga (Chrysoberges), Andrea (Andrea da Costantinopoli, Andrea da Pera) », Dizionario Biografico degli Italiani, vol. 30, 1984.
  • Thierry Ganchou, « Dèmètrios Kydônès, les frères Chrysobergès et la Crète (1397-1401): de nouveaux documents», Bisanzio, Venezia e il mondo franco-greco (XIII-XV secolo). Colloquio internazionale nel centenario della nascita di Raymond-Joseph Loenertz, O. P., éd. Chr. Maltézou etP. Schreiner, Venise 2002, p. 435-495.

Notes et références modifier

  1. L'aîné, Maxime († sans doute à Lesbos entre 1410 et 1429), fut un disciple très proche de Cydonès. Dans une lettre datant de 1385/87, celui-ci l'encourage à poursuivre l'étude de l'œuvre de Thomas d'Aquin. Cydonès le présenta à son autre disciple Manuel Paléologue, qu'il accompagna pendant sa relégation à Lemnos après la prise de Thessalonique par les Turcs (1387/89). Ensuite, Maxime fut le premier disciple de Cydonès à intégrer le couvent dominicain de Péra (1390). En 1396, les frères Maxime et Théodore allèrent étudier en Italie du Nord, et en 1398, toute la famille se trouvait en Crète, colonie vénitienne, Maxime et Théodore au couvent dominicain Saints-Pierre-et-Paul de Candie. Le père mourut en Crète à peu près à la même époque que Cydonès (1397/98). Maxime eut à Candie des disputes théologiques avec les champions de l'orthodoxie Joseph Bryennios et Nil Damylas. Voir Claudine Delacroix-Besnier, « Manuel Calécas et les frères Chrysobergès, Grecs et Prêcheurs », in Les échanges culturels au Moyen Âge. Actes du 32e congrès de la Société des historiens médiévistes de l'enseignement supérieur public (Dunkerque, 2001), Paris, Publications de la Sorbonne, 2002, p. 151-164.
  2. C'est-à-dire maître de théologie de l'école pontificale, fonction pour laquelle il pouvait désigner un remplaçant en cas d'absence de Rome.
  3. La Société des Frères Pérégrinants était une structure autonome dans l'Ordre dominicain, adaptation des constitutions aux conditions particulières de l'activité en Orient. Fondée vers 1300, elle a existé, sous des noms différents et avec des variantes, jusqu'en 1857. Voir Raymond-Joseph Loenertz, La Société des frères pérégrinants, Étude sur l'Orient dominicain, I, Rome, S. Sabina, 1937, et « La Société des frères pérégrinants de 1374 à 1475 », Archivum fratrum prædicatorum XLV, 1975, p. 122-128.
  4. Cette congrégation (en arménien les Miabanołk') fut fondée au début du XIVe siècle par l'higoumène arménien Jean de Qrhna, partisan de l'union avec l'Église catholique, qui avait pris contact avec le dominicain Barthélemy de Podio, évêque latin de Maragha. Elle a existé jusqu'en 1583, date à laquelle elle fut transformée en province dominicaine sous le nom de Provincia Naxvanensis.
  5. Manuel Candal (éd.), « Andrea Rodhiensis, O. P., inedita ad Bessarionem epistula », Orientalia Christiana Periodica 4, 1938, p. 329-371.
  6. Dialogus in Marcum, Ephesiorum pontificem, damnantem ritus et sacrificia Ecclesiæ Romanæ (texte inédit).