Alain Plenel

fonctionnaire français
Alain Plenel
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Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 91 ans)
LausanneVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Alain François PlenelVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Enfant
Autres informations
Distinction

Alain Plenel, né le à Lannion et mort le à Lausanne en (Suisse), est un fonctionnaire français de l'éducation nationale qui a occupé le poste de vice-recteur de la Martinique de 1955 à 1960.

Ses prises de position et ses engagements à la suite des émeutes de décembre 1959 à Fort-de-France lui valent des rétorsions de la part des autorités ainsi qu'une certaine reconnaissance en Martinique. Il est le père du journaliste Edwy Plenel.

Biographie modifier

Né le dans la commune bretonne de Lannion[1], Alain Plénel est le fils d'un représentant de commerce catholique et radical[2]. Après des études à Rennes chez les eudistes et l'obtention d'un bac littéraire au lycée de Rennes en 1940, il obtient en 1946 une agrégation de géographie[2].

Il mène ensuite une carrière dans la fonction publique qui l'amène aux Caraïbes, où il obtient le poste d'Inspecteur d’académie[1] avant d'être nommé le au vice-rectorat de la Martinique, alors placé sous l'autorité du recteur de l’académie de Bordeaux[3]. Il y écrit un rapport intitulé « Le problème de la jeunesse martiniquaise est critique »[4].

La fusillade de Fort de France modifier

Le 20 décembre 1959, des émeutes à caractère racial éclatent à Fort-de-France à la suite d’une altercation entre un automobiliste métropolitain et un motocycliste martiniquais[5]. L'évènement occasionne la mort de trois jeunes gens, tués par des balles policières qui crée un vif émoi[6].

Le vice-recteur Plenel assiste aux obsèques de Christian Marajo, la plus jeune des victimes, âgée de 15 ans[6], dont il prononce l’éloge funèbre. Peu après, lors d’une cérémonie d’inauguration d’école au Morne-Rouge, il évoque les émeutes et les victimes en faisant un parallèle entre les émeutiers de la révolution française de juillet 1830 et ceux décembre 1959 en évoquant « les Trois Glorieuses » et proposant, à la suite du maire, de baptiser l'école du jeune élève[1].

Dans un contexte fortement marqué par la crise algérienne, ces déclarations sont perçues par le pouvoir gaulliste, et le préfet local Jean Parsi, comme autant d'encouragements à l’agitation anticolonialiste. Alain Plenel est convoqué en Métropole par sa hiérarchie[2] et quitte la Martinique le 30 janvier 1960[7] suscitant une forte mobilisation d'enseignants, d'élèves et de parents en sa faveur[7]. Le 19 février 1960, une grève de l'Éducation nationale en soutien au vice-recteur est organisée en Martinique et suivie par 92% des enseignants, suivant la préfecture[8].

Retour en Hexagone modifier

Le Ministère de l’Éducation le nomme à l'Institut pédagogique national à Paris[2], où il a la charge de la Radio Télévision Scolaire mais sa hiérarchie lui interdit alors l'accès au territoire martiniquais[2],[9], une décision ouvrira la voie à plusieurs procès à la cour d'appel de Paris[10],[11].

Il milite avec Aimé Césaire, Rosan Girard et Édouard Glissant[2] en France pour la constitution du Front Antillo-Guyanais sur l’Autonomie (FAGA)[12] qu'il co-fonde avec Glissant, Marcel Manville, Paul Niger et Cosnay Marie-Joseph. Le FAGA tient congrès en avril 1961, mais est dissous par décret présidentiel en juillet de la même année[12]. En 1963, il témoigne procès des étudiants de l'Organisation de la Jeunesse Anticolonialiste de la Martinique (OJAM)[13],[14] et, entre juin 1963 et septembre 1965, publie dans Les Temps Modernes plusieurs articles critiques sur la politique française dans les Départements d’Outre-mer[5].

Le 12 février 1965[15], un décret présidentiel paraît au Journal Officiel qui met fin à ses fonctions d'inspecteur d’académie[16]. Son recours contre ce décret est rejeté par le Conseil d'État[17] mais il est finalement réhabilité en 1982, avant de prendre sa retraite trois ans plus tard[4].

Il meurt d'un infarctus le à Lausanne, à l'âge de 91 ans[16].

Hommages modifier

L’école de Fond Marie-Reine, à Morne-Rouge, est rebaptisée « école Alain-Plenel » le [18].

Distinctions modifier

Alain Plenel a reçu plusieurs distinctions[2] :

Notes et références modifier

  1. a b et c Edwy Plenel, « In Memoriam Alain Plénel, 1922-2013 », Médiapart,‎ (lire en ligne)
  2. a b c d e f et g François-Xavier Guillerm et Adams Kwateh, « Alain Plénel : « J'étais vu comme un représentant des révoltes coloniales » », France-Antilles,‎ (lire en ligne)
  3. Patrick Odent-Allet, « Alain Plenel, une part de notre histoire », sur BUAG, Université des Antilles et de la Guyane, (consulté le )
  4. a et b François-Xavier Guillerm et Adams Kwateh, « Alain Plénel : "J'étais vu comme un représentant des révoltes coloniales" » sur France-Antilles, 22 novembre 2013
  5. a et b Laurent Jalabert, « Les mouvements sociaux en Martinique dans les années 1960 et la réaction des pouvoirs publics », Études caribéennes,‎ (DOI https://doi.org/10.4000/etudescaribeennes.4881, lire en ligne)
  6. a et b Romuald Fonkoua, Aimé Césaire, Perrin, coll. « Tempus », (ISBN 978-2-262-04265-3, lire en ligne)
  7. a et b Louis-Georges Placide, Les émeutes de décembre 1959 en Martinique : Un repère historique, L'Harmattan, , p. 189
  8. Louis-Georges Placide, Les émeutes de décembre 1959 en Martinique : Un repère historique, L'Harmattan, , p. 190
  9. Jean-Marc Théolleyre, « Prise en 1962, la mesure interdisant l'accès de la Martinique à M. Plenel pose un problème de compétence » sur Le Monde, 18 novembre 1966
  10. M. Plenel, ancien vice-recteur a ainsi subi une voie de fait estime la cour d'appel de Paris sur Le Monde, 28 novembre 1968
  11. Le refoulement de M. Alain Plénel du département de la Martinique sur Le Monde, 27 mars 1971
  12. a et b Aliocha Wald Lasowski, Edouard Glissant, une introduction, Pocket, (ISBN 978-2-8238-0634-2, lire en ligne)
  13. « De nombreux témoins insistent sur les difficultés économiques et politiques de l'île », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne  , consulté le )
  14. Raphaël Confiant, Aimé Césaire - Une traversée paradoxale du siècle, L'Archipel, (ISBN 978-2-35905-132-2, lire en ligne)
  15. « n.t. », Les Temps modernes : revue mensuelle, no N° 230 à 235,‎ , p. 537
  16. a et b Edwy Plenel, « In Memoriam Alain Plénel, 1922-2013 » sur Mediapart, 24 novembre 2013
  17. Conseil d'Etat, Section, du 8 mars 1968, 66407, publié au recueil Lebon (lire en ligne)
  18. « L'école de Fond Marie-Reine devient l'école primaire Alain Plenel - martinique 1ère », martinique 1ère,‎ (lire en ligne, consulté le )
  19. « Le Prix Carbet devient « Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde » », sur Politiques publiques,

Bibliographie modifier

  • Laurent Huberson, Enquête sur Edwy Plenel, Le Cherche Midi, (ISBN 9782749124872)
  • Louis-Georges Placide, Les émeutes de décembre 1959 en Martinique : Un repère historique, L'Harmattan, (ISBN 9782296243774)
  • Joseph Jos, La terre des gens sans terre : Petite histoire de l'école à la Martinique (1635-1982), L'Harmattan, (ISBN 9782296325210)

Voir aussi modifier

Liens externes modifier