Inspecteur d'académie - inspecteur pédagogique régional

fonction d'encadrement dans le système scolaire français
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Les inspecteurs d'académie-inspecteurs pédagogiques régionaux (IA-IPR) sont en France des cadres supérieurs de l’Éducation nationale qui contribuent au pilotage du système éducatif dans les académies. Ils peuvent avoir une spécialité liée à une discipline d'enseignement ou être IA-IPR « établissements et vie scolaire ».

Histoire modifier

Les inspecteurs pédagogiques régionaux ont été créés en 1964[1]. Motivée d'abord par la nécessité d'inspecter les maîtres de l'enseignement privé dont la loi Debré prévoyait la rémunération par l'État, cette création a été mise à profit pour assurer l'inspection et l'évaluation des enseignants du second degré jusque-là confiée à l'Inspection générale de l'Éducation nationale. Cette fonction leur a été presque entièrement déléguée en 1989.

Fonctions modifier

En dehors de la fonction la plus connue d'inspection et de notation des enseignants du second degré, ils exercent diverses missions précisées par un texte ministériel[2] :

  • ils veillent à la mise en œuvre de la politique éducative dans les classes et les établissements scolaires ;
  • ils évaluent les enseignants (lors des "rendez-vous de carrière") et les établissements ;
  • ils contribuent à la gestion des personnels enseignants et d'éducation et les conseillent. Ils peuvent concevoir, conduire ou évaluer le dispositif de formation continue de ces personnels ;
  • à la demande du recteur, ils peuvent conseiller les chefs d’établissement ;
  • ils participent aux travaux des groupes d’experts menés par l’inspection générale ou l’administration centrale du ministère pour l'élaboration des programmes, des sujets d'examens et des documents ressources ;
  • ils exercent leurs fonctions en responsabilité seuls ou à plusieurs selon les disciplines ou spécialités. Leur nombre varie avec la taille de l'académie et l'effectif des enseignants dans une discipline donnée ;
  • ils sont placés sous l'autorité du recteur d'académie et en liaison avec les inspections générales de l'Éducation nationale.

Recrutement modifier

Les IA-IPR sont recrutés par concours, liste d’aptitude ou détachement. Peuvent se présenter au concours : les professeurs des universités de 2e classe, maîtres de conférences, maîtres-assistants de 1re classe, professeurs de chaire supérieure, professeurs agrégés, personnels de direction d'établissement d'enseignement de classe normale et de hors classe, et inspecteurs de l’éducation nationale ; tous doivent avoir accompli, au 1er janvier de l’année du concours, cinq ans de services dans des fonctions d’enseignement, de formation, de direction, d’inspection ou d’encadrement. La majorité des admis est issue du corps des professeurs agrégés.

Perspectives d'évolution modifier

Les IA-IPR peuvent :

  • accéder par détachement aux emplois d'inspecteur d'académie directeur académique adjoint (IA-DAASEN) et de directeur académique des services de l'Éducation nationale (IA-DASEN)[3] ;
  • être détachés sur des emplois de vice-recteur dans une collectivité d’outre-mer ou de directeur de CRDP ;
  • occuper des fonctions de conseiller technique de recteur (CSAIO, DAET, DAFCO) avec un régime indemnitaire particulier ;
  • pour une dizaine d'entre eux en moyenne par an, être nommés à l'Inspection générale de l'Éducation nationale (IGEN).

Culture populaire modifier

Les IA-IPR sont des figures importantes de la carrière des enseignants du secondaire. Ils assurent en particulier l’inspection des enseignants. Cette dernière est appelée depuis 2018 rendez-vous de carrière et permet à des contingents d’enseignants prédéterminés un avancement de carrière plus rapide. Sans être généralement formés en sciences de l'éducation et de la formation, les IA-IPR coordonnent et évaluent aussi la formation pédagogique des personnels selon les disciplines. Leur fonction les amène à transmettre le discours institutionnel et à juger le travail des enseignants sur la base du témoignage de leur chef d’établissement et de l’observation d’une ou deux heures de cours[4].

Ces différents aspects contribuent à créer une image prototypique de l’inspecteur, généralement en mauvaise part, dans les représentations culturelles enseignantes. Ils occupent alors une place symbolique importante dans les représentations liées au métier d’enseignant, en particulier en début de carrière comme leur avis peut empêcher une titularisation, et apparaissent de manière récurrente dans les récits d’expérience enseignante[5] : l'accompagnement pédagogique est perçu comme une direction managériale, souvent arbitraire[6].

Si les inspections auraient, selon Éric Maurin[7], un effet positif sur la réussite des élèves, une synthèse d'études menées au Royaume-Uni et aux Pays-Bas pointe toutefois les dérives graves qu’elles peuvent induire : clientélisme, manipulation et maltraitance[8].

Notes et références modifier

  1. Association pour la célébration du bicentenaire de l'IGEN, dir. Jean-Pierre Roux, Deux cents ans d'Inspection générale (1802-2002), Fayard, Paris, 2002, 411 p. (ISBN 2-213-61389-3), p. 390
  2. Texte du Bulletin Officiel précisant les missions des IA-IPR et IEN: http://www.education.gouv.fr/bo/2005/25/MEND0501225N.htm
  3. Naïl Ver, Adeline Paul et Farid Malki, Professeur des écoles : droits, responsabilités, carrière, Retz Éditions, 2014, 223 p.
  4. Monsieur le Prof, « Ma dernière inspection »,
  5. Remedium, Cas d'école, Paris, Équateurs,
  6. Laurence de Cock, École, Paris, anamosa, , 91 p., p. 86
  7. Éric Maurin, Trois Leçons sur l'école républicaine, Paris, , 128 p.
  8. (en) Inge F. de Wolf et Frans J. G. Janssens, « Effects and Side Effects of Inspections and Accountability in Education: An Overview of Empirical Studies », Oxford Review of Education, vol. 33, no 3,‎ , p. 379-396

Voir aussi modifier