La Mittelafrika ou Deutsch-Mittelafrika ou encore Afrique centrale allemande est un ensemble territorial revendiqué par le Reich durant la Première Guerre mondiale. C'est l'un des buts de guerre allemands pendant la Première Guerre mondiale. Le but majeur de la politique coloniale allemande est en effet de constituer un empire colonial fermé en Afrique centrale en reliant les colonies d'Afrique orientale allemande (actuels Burundi, Rwanda et partie continentale de la Tanzanie), le Sud-Ouest africain allemand (actuelle Namibie) et le Cameroun.

Carte de l'Afrique centrale allemande.
À titre de comparaison, l'empire colonial allemand en 1914.
Wilhelm Heinrich Solf.

Précisées dans le Septemberprogramm du chancelier du Reich Theobald von Bethmann-Hollweg, les aspirations allemandes en Afrique sont rapidement rendues illusoires par la conquête des colonies allemandes sur le continent. Après la perte de ses colonies, le Reich continue à revendiquer le retour de ses colonies, et durant le Troisième Reich, la création d'un grand empire colonial en Afrique.

Négociations et tractations internes

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Les négociations anglo-allemande concernant la répartition des possessions portugaises et belges en Afrique apportent les premiers projets concrets. En , les deux partenaires se mettent d'accord sur la revendication de l'Allemagne sur l'Angola, excepté le secteur frontalier de la Rhodésie du Nord, et sur Sao Tomé-et-Principe, ainsi que sur la revendication anglaise sur le Mozambique et la Lugenda en cas de difficultés financières du Portugal. Le secrétaire d'État allemand aux colonies Wilhelm Solf fait la proposition de rogner le Congo belge, en octroyant le Katanga et l'extrême côte septentrionale à l'Angleterre, la région au nord du Congo à la France et une jonction importante entre l'Angola et l'Afrique orientale allemande à l'Allemagne. Sa proposition échoue en raison de la résistance anglaise[1]. Faire des revendications sur le Portugal alors endetté apparaît alors comme beaucoup plus facile en comparaison avec la Belgique économiquement prospère.

Une autre proposition de Solf portant sur une Afrique centrale allemande, faite en août et , projette la répartition des colonies françaises, belges et portugaises. Par la suite, Bethmann Hollweg l'incorpore dans son Septemberprogramm. Le nouvel empire colonial allemand d'Afrique centrale doit alors recouvrir les territoires suivants : l'Angola, la moitié nord du Mozambique, le Congo belge avec les mines de cuivre du Katanga en ligne de mire, l'Afrique équatoriale française jusqu'au lac Tchad, le Dahomey et le territoire au sud jusqu'au Niger et Tombouctou. Ce projet de création d'un empire colonial d'Afrique centrale cohérent est l'un des principaux buts de guerre allemands[2].

Au printemps 1918, Solf accepte même les exigences du Deutscher Kolonialverein selon lequel les bassins du Sénégal, du Niger et les territoires situés au sud de ceux-ci jusqu'à la mer (Nigeria) doivent devenir allemands. S'ajoutent à cela, les territoires du Cap-Vert jusqu'au fleuve Orange à l'ouest ; la Rhodésie du Nord, le nord du Mozambique, l'Ouganda, le Kenya, Madagascar, les Comores, Djibouti à l'est. Comme base pour la conquête d'un empire mondial, l'État major exige en les Açores, Dakar avec l'Afrique-Occidentale française (y compris les îles Canaries et Madère), Vlora ou la jouissance de Cattaro ou Alexandrette, La Réunion, le Timor oriental, la Nouvelle-Calédonie, Yap et Tahiti[3].

Toutefois, si on le considère de manière générale, le projet d'Afrique centrale allemande ne joue qu'un rôle secondaire dans les buts de guerre allemands, même s'il est considéré comme possible à travers une victoire en Europe. D'un autre côté, ce projet colonial a été au cours de la guerre utilisé par des hommes politiques d'aspiration libérale comme un dérivatif pour la nation[4]. Pour l'Allemagne, les colonies étaient plutôt l'expression de sa puissance. Pour les concepteurs d'une Afrique centrale allemande, cette dernière devait, en tant que signe de la puissance allemande, atteindre le même rôle que l'Inde pour l'Empire britannique. Cependant, l'industrie lourde et les banques ont montré, et cela bien avant la guerre, peu d'intérêt pour les empires coloniaux et ont davantage milité pour une expansion européenne[5].

Notes et références

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Références

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  1. (de) Fritz Fischer, Krieg der Illusionen. Die deutsche Politik von 1911 bis 1914, Düsseldorf, 1969, p. 448-458 et Wolfgang J. Mommsen, Das Zeitalter des Imperialismus (=Fischer-Weltgeschichte Band 28), Francfort-sur-le-Main, 1984, p. 265.
  2. (de) Wolfdieter Bihl (Éd.), Deutsche Quellen zur Geschichte des Ersten Weltkrieges, Darmstadt, 1991, p. 58-59 et (de) Fritz Fischer, Griff nach der Weltmacht : die Kriegszielpolitik des kaiserlichen Deutschland 1914/18, Dusseldorf, Droste, [détail de l’édition], p. 115-116.
  3. (de + fr) Wolfdieter Bihl (Éd.), Deutsche Quellen zur Geschichte des Ersten Weltkrieges, Darmstadt, 1991, p. 283-284 et André Scherer, Jacques Grunewald, L’Allemagne et les problèmes de la paix pendant la Première Guerre mondiale. Documents extraits des archives de l'Office allemand des Affaires étrangères. 4 Bände (deutsche Originaldokumente), Paris 1962/1978, volume 2, p. 214-215.
  4. (de) Andreas Hillgruber, Die gescheiterte Großmacht. Eine Skizze des Deutschen Reiches 1871-1945, Düsseldorf, 1980, p. 51.
  5. (de) Karl Dietrich Erdmann, Der Erste Weltkrieg, Munich, 1980. (= Gebhardt: Handbuch der deutschen Geschichte Bd.18), p. 54.

Voir aussi

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Bibliographie

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  • Fritz Fischer (trad. Geneviève Migeon et Henri Thiès), Les Buts de guerre de l’Allemagne impériale (1914-1918) [« Griff nach der Weltmacht »], Paris, Éditions de Trévise, , 654 p. (BNF 35255571).  
  • Annie Lacroix-Riz, Le Vatican, l'Europe et le Reich : De la Première Guerre mondiale à la guerre froide, Paris, Armand Colin, coll. « Références Histoire », (réimpr. 2010 (édition révisée)), 539 p. (ISBN 2-200-21641-6).  
  • Pierre Renouvin, La Crise européenne et la Première Guerre mondiale, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Peuples et civilisations » (no 19), , 779 p. (BNF 33152114).  
  • Georges-Henri Soutou, L'Or et le sang : Les Buts de guerre économiques de la Première Guerre mondiale, Paris, Fayard, , 963 p. (ISBN 2-213-02215-1).  
  • (de) Rolf Peter Tschapek, Bausteine eines zukünftigen deutschen Mittelafrika. Deutscher Imperialismus und die portugiesischen Kolonien, Deutsches Interesse an den südafrikanischen Kolonien Portugals vom ausgehenden 19. Jahrhundert bis zum Ersten Weltkrieg, Verlag Steiner, Stuttgart, 2000
  • (de) Sönke Neitzel, "Mittelafrika". Zum Stellenwert eines Schlagwortes in der deutschen Weltpolitik des Hochimperialismus. In: Wolfgang Elz (Hrsg.): Internationale Beziehungen im 19. und 20. Jahrhundert. Festschrift für Winfried Baumgart zum 65. Geburtstag, Verlag Schöningh, Paderborn/Wien, 2003.

Articles connexes

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