Émile Joseph Duzer

officier supérieur français

Émile Joseph Duzer est un colonel de l'armée française, né le à Orléansville dans l'actuelle Chlef en Algérie, mort le à Tours (Indre-et-Loire), combattant de la Première Guerre mondiale et de la Campagne du Maroc.

Émile Joseph Duzer
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 76 ans)
ToursVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Autres informations
Grades militaires
Lieutenant-colonel (à partir de )
Colonel (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Distinctions

Biographie modifier

Le grand-père d'Émile Duzer, Jean-Louis (° Laymont), émigre en Algérie vers 1844[réf. souhaitée] et se marie[1] à Ténès le , trois ans après le passage de cette région sous administration française, en y faisant venir une payse de son Gers natal, Ursule Medous. Ils y ont un fils, Louis Joseph, né , marié à Élise Burillon[2].

Émile Duzer passe son enfance aux environs immédiats d'Orléansville. S'il parle français à l'école et en famille, dès qu'il est dehors avec ses copains, c'est en arabe qu'il s'exprime[réf. souhaitée].

Engagé volontaire au 7e régiment de dragons le , sa parfaite maîtrise de l'arabe est vite repérée : il fait fonction d’interprète militaire, passe les examens requis et est nommé interprète stagiaire au conseil de guerre d'Oran dès juillet 1909 puis officier interprète de 3e classe en . Sa première affectation d’officier des affaires indigènes[3] est à El Aïoun Sidi Mellouk.

En fait ce n’est qu'une base arrière car, dès 1910, et au cours des années suivantes, il participe aux combats et aux opérations de « pacification » de la frontière marocaine. C'est ainsi qu'en 1910 il fait partie de la colonne Féraud. Interprète du colonel Eugène Féraud[4] et directement partie prenante aux décisions d'un chef qu'il admire, il s'illustre en particulier dans des opérations de renseignement[5] inhabituelles pour l'époque, et assez proches de l'action des forces spéciales d'aujourd'hui. Il traverse notamment la Moulouya qui a servi quelque temps de ligne de front, et passe plusieurs jours seul en territoire ennemi déguisé en arabe. Légèrement blessé à plusieurs reprises au cours de ces années, il aura deux chevaux tués sous lui au combat[réf. souhaitée].

Contrairement à la période précédente, la Première Guerre mondiale est pour lui une période calme. Malgré ses demandes réitérées d’affectation dans des unités combattantes, il est maintenu au Maroc où la France a besoin de conserver une structure administrative et de renseignement. Ce n'est qu'au milieu de l'année 1918 qu'il parvient à ses fins, à l’occasion de la réaffectation qui suit sa promotion au grade d'officier interprète de 1re classe (capitaine) mouvement qui le maintient initialement en Afrique du Nord, mais au cours duquel il échange son affectation avec un camarade, pratique admise à l’époque. Affecté dans ces conditions au 4e régiment mixte de zouaves et de tirailleurs, il arrive à son poste le 10 juillet 1918, quelques jours avant le déclenchement de la seconde bataille de la Marne, où son régiment, au sein de la 38e division d'infanterie du général Guyot de Salins prend une part active à la percée réalisée par cette division dès le début de la contre offensive (combats de Parcy et Tigny 18 juillet 1918), puis aux combats de Clencourt et de Carlepont[réf. souhaitée][6].

À compter de début 1919, il est réaffecté dans le sud algérien (Aflou puis Djelfa) puis participe à la campagne du Rif au cours de laquelle on lui confie à plusieurs reprises le commandement de tribus ralliées utilisées comme troupes supplétives[7]. C'est là qu'il s'illustrera le plus et sera cité plusieurs fois[réf. souhaitée][8].

Affecté à Alger le au Conseil de guerre d’abord, puis à la Direction des territoires du Sud le (Service des Affaires Indigènes au Gouvernement Général de l’Algérie), il ne quittera plus, jusqu'à l’indépendance, la capitale algérienne que pour des missions ponctuelles dans le sud et ne traitera pendant les 25 années suivantes que des affaires politiques jusqu'à sa retraite le [6].

Une fois passées les cérémonies du centenaire de l'Algérie, au cours desquelles il sert d’interprète au président Gaston Doumergue[9], en 1933 de sa propre initiative il adresse au gouverneur général d'Algérie Jules Carde un rapport[10] où il analyse la montée du nationalisme algérien et alerte sur le caractère inéluctable de la perte de l'Algérie faute d’une politique adéquate.

Malgré cette conscience de la situation, il demeurera à Alger jusqu'à la fin, et ne quittera son pays natal qu'en . Auparavant, il aura réchappé à la fusillade de la rue d'Isly à Alger : le , il est au contact direct du barrage de la rue d'Isly tenu par le 4e régiment de tirailleurs et tente même d'engager le dialogue en arabe avant que les tirailleurs n'ouvrent le feu. Il est indemne, allongé derrière un arbre à quelques mètres des tireurs, et il se demandera longtemps si ces quelques mots lui ont sauvé la vie. Son témoignage[11],[12] paraît dans la presse[Laquelle ?].

Il meurt à Tours le 24 octobre 1964[réf. souhaitée][13] à l'âge de 76 ans.

Grades successifs modifier

  • 26/08/1908 : dragon de 2e classe
  • 25/09/1909 : interprète stagiaire
  • 25/09/1911 : officier interprète de 3e classe (sous-lieutenant)
  • 23/09/1913 : officier interprète de 2e classe (lieutenant)
  • 19/04/1918 : officier interprète de 1re classe (capitaine)
  • 21/03/1932 : interprète commandant
  • 25/03/1943 : lieutenant-colonel
  • 01/01/1949 : colonel[14]

Distinctions modifier

  • Croix de Guerre des T.O.E. avec deux étoiles[15]
  • Légion d'honneur[2]:
    • Chevalier du , le général Boichut procédant à la remise de la croix lors d'une prise d'armes de la garnison de Taza le de la même année ;
    • Officier du
    • Commandeur du , insigne remis devant le font des troupes par le général Guy Schlesser le de cette année
  • Médaille « Paz de Marruecos » (Espagne)

Vie familiale modifier

Marié le à Ténès avec Julie Marie Gassier (1888-1953). Le couple a eu trois enfants :

  • Alfred Émile Duzer, professeur d'hématologie au CHU de Dijon (1914-1985)
  • René Louis Duzer, conservateur des hypothèques (1916-1982)
  • Albert Robert Duzer, commerçant (1920-1986)

Notes et références modifier

  1. « Archives Nationales d'Outre-Mer, état-civil d'Algérie, Ténès, 1846, mariage Jean Louis Duzer et Ursule Medous » (consulté le )
  2. a b et c « Cote 19800035/765/86927 », base Léonore, ministère français de la Culture.
  3. Raymond PEYRONNET, Livre d'or des officiers des affaires indigènes, 1830-1930, Alger, Gouvernement Général de l'Algérie, P. et G. Souviron, , Tome 1, p. 766
  4. « Notice LH du général Féraud »
  5. « Duzer, Officier Interprète de 2e classe au service des renseignements du cercle d'Oujda. Envoyé pendant plusieurs mois à El Aïoun afin d'y intensifier le service des renseignements, a accompli cette mission avec son adresse coutumière. A fait naître les sources d'information les plus précieuses et, grâce à ses aptitudes spéciales à l'investigation, a permis de tenir plus court les tribus de la périphérie du poste. » (Bulletin Officiel, Maroc, 1915, p. 318).
  6. a et b Service Historique de la Défense (Vincennes) dossier officier n° GR 8YE 97799.
  7. Charles Joseph Damidaux, Combats au Maroc, 1925-1926, Berger-Levrault, (présentation en ligne), p. 22
  8. Service Historique de la Défense (Vincennes) dossier officier n° GR 8YE 97799 octobre 1925, citation à l'ordre du 19e corps d'armée en campagne au Maroc « Vient de se signaler à nouveau brillamment à la tête d’un groupement de partisans, pendant les opérations offensives du 19e corps d'armée au Nord de Kifane. Le 30 septembre 1925, a été chargé de précéder l’infanterie à l’attaque du Kerkour, âprement défendu par un ennemi opiniâtre et retranché à la moderne. Refoulé une 1re fois avec des pertes sensibles, est reparti à l'attaque après une préparation d'artillerie et a enlevé de haute lutte le sommet du Kerkour, soulevant par son audace et sa bravoure l'admiration de tous. » 20 octobre 1925, à l'ordre de la 1re division de marche du Maroc « Officier interprète du plus grand mérite. Après l’affaire du Kerkour (30 septembre) a su, avec beaucoup de tact politique pendant les trois jours suivants, exploiter un mouvement de soumission chez les Gzmaïa et par des reconnaissances à longue portée, a grandement facilité la progression ultérieure de la division avec laquelle il opérait. »
  9. Film des actualités cinématographiques relatant le centenaire de l’Algérie, où il apparaît : https://www.youtube.com/watch?v=abj_hmUhPAQ à l’écran de 0:47 à 1:17, de 1:33 à 3:17, de 10:33 à 11:25 (en gros plan autour de la 11e minute), 14:04 à 14:50 http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu04714/alger-accueille-le-president-gaston-doumergue.html à l'écran vers la fin de la seconde minute
  10. Le rapport rédigé par Émile Duzer en 1933 figure au Centre des archives d’outre-mer (CAOM) sous deux références différentes : - ALG GGA série H ref 10H90 - ALG GGA série CM ref 1CM3
  11. Livre blanc, Alger, le 26 mars 1962, L'Esprit Nouveau,
  12. Francine Dessaigne et Marie Jeanne Rey, Un crime sans assassins, Éditions Confrérie Castille, 4ème trimestre 1994
  13. « Notice LH », sur base Léonore (consulté le )
  14. J.O. no 200, p. 8478-8482.
  15. a et b « Registres matricules militaires », sur anom.archivesnationales.culture.gouv.fr (consulté le )

Voir aussi modifier

Liens externes modifier