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Victor Pilhes

personnalité politique française
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Victor Pilhes
Illustration.
Victor Pilhes vers 1865.
Fonctions
Préfet de l'Ariège
– [1]
(2 mois et 24 jours)
Législature Deuxième République
Prédécesseur Hippolyte Anglade
Successeur M. Hocde
Membre de l'Assemblée nationale législative (Deuxième République)
–
(9 mois et 25 jours)
Groupe politique Montagne
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Tarascon-sur-Ariège (France)
Date de décès (à 65 ans)
Lieu de décès Saint-Maurice (France)
Nationalité Drapeau de la France France
Liste des préfets de l'Ariège
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Né le à Tarascon-sur-Ariège, Victor, Appolinaire, Ferdinand Pilhes (prononciation : /pij/ "Pille" ) est un révolutionnaire et homme politique français. Commissaire de la République de l'Ariège, puis député, il est une des figures de la Commune de Paris. Il meurt à Saint-Maurice le [2]

Biographie modifier

Origines : l'enfant de l'Ariège modifier

Originaire de l'Ariège où il nait le , Victor Pilhes partage sa vie entre sa terre d'origine et Paris. Participant aux mouvements révolutionnaires de 1848 à Paris et à la Commune de Paris en 1870, il n'en sera pas moins préfet, puis député de l'Ariège. Après avoir fait ses études au collège de Pamiers, Pilhes s'inscrit à l'école de médecine de Toulouse. Mais à 19 ans, il décide de partir pour Bordeaux, puis Paris où il devient voyageur de commerce pour le compte d'une grande maison en 1840[3].

Issu d'une vieille famille ariègeoise, Victor Pilhes est l'arrière-grand-oncle de l'écrivain français René-Victor Pilhes, lequel y ajoute son prénom, Victor, au sien dès son premier roman en hommage à celui-ci.

Pilhes sous la Deuxième République modifier

Pilhes a ainsi été très actif pendant la révolution de 1848[4]. Comptant parmi les amis de Pierre-Joseph Proudhon, Pilhes entretient une correspondance suivie avec celui-ci[5]. Membre du comité central des sociétés secrètes avant février, Victor Pilhes est nommé commissaire de la République (préfet) de l'Ariège le par Ledru-Rollin, à la suite de l'instauration de la Deuxième République[6]. Cependant, il n'y reste pas longtemps en poste, car il est remplacé dès le . L'instabilité des préfets était alors grande à cette période. Victor Pilhes participe également au gouvernement révolutionnaire de 1848[7].

Pilhes fonde une librairie révolutionnaire avec Proudhon rue Croix-des-Petits-Champs en [8], après avoir rejoint Le Peuple, fondé par ce dernier de concert avec Pilhes en 1846[9]. Pilhes apporte son cautionnement au journal Le Peuple de 1850 également fondé par son ami Proudhon, qui fait suite au précédent journal interdit, qui a lancé des souscriptions à cette fin[10]. Ce journal fut interdit, et Pilhes fut condamné le par la cour d'Appel de Paris, "étant propriétaire d'un tiers du cautionnement déposé"[11].

En , Victor Pilhes échoua à se faire élire député de l'Ariège à l'Assemblée nationale constituante (Deuxième République), obtenant tout de même 14.894 voix, soit le candidat non-élu ayant obtenu le plus de voix[12]. Victor Pilhes est finalement élu le député de l'Ariège lors des élections législatives françaises de 1849 avec 18.691 voix[13] et siège à la Montagne (1849)[14]. Son frère cadet Aristide Pilhes commande alors à Rome la cavalerie de Garibaldi[15]. Victor Pilhes y fut apostrophé à plusieurs reprises à l'Assemblée Nationale à ce sujet : "Monsieur Pilhes, qui a été élu député de l'Ariège est-il le même individu qui a pris part […] aux dernières affaires de Rome ?" interroge un député de droite en séance le , avant de se prononcer sur la validation des résultats du scrutin[16].

La journée du 13 juin 1849 modifier

En 1849, Pilhes demande la mise en accusation de Louis Bonaparte et appelle le peuple aux armes[17]. Victor Pilhes est arrêté avec huit autres parlementaires de La Montagne, le dans l'affaire du Conservatoire, du nom du Conservatoire des Arts-et-Métiers. Il est ainsi poursuivi, tandis que Ledru-Rollin parvenait à s'enfuir. Le Journal de Toulouse rapporte, dans son édition en date du qu'une ébauche de gouvernement avait été projetée par les députés. Il aurait été composé notamment de Ledru-Rollin en qualité de "dictateur", Martin Nadaud "ministre des travaux publics" et Victor Pilhes "ministre de la marine"[18]. Cependant, bien que le journal décrive la situation avec force détails, il n'est pas possible de confirmer l'existence d'un tel document.

Voici comment Adolphe d'Assier narre les évènements dans son essais paru en 1883 :

« Victor Pilhes venait d'être nommé représentant de l'Ariège à la Législative de 1819 lorsqu'eut lieu la manifestation du 13 juin. On avait appris que l'armée française marchait sur Rome pour renverser la République romaine. La Constitution se trouvant ainsi ouvertement violée, quelques hommes d'énergie résolurent de la défendre. Mais la France, émasculée par les gouvernements qui s'étaient succédé depuis le 18 brumaire, avait hâte de courir à la servitude, ruere inscrvitutem, pour me servir de l'expression de Tacite. Au lieu de suivre ceux qui défendaient ses droits et ses intérêts, elle les livra à la merci de la soldatesque et des agents de police. Venus sans armes, ils furent facilement dispersés ou arrêtés. Cependant, un petit groupe de huit représentants du peuple, parmi lesquels se trouvaient le président de la Montagne, Deville et Victor Pilhes, était dans la cour du Conservatoire, prisonnier de la troupe. À ce moment, ils voient déboucher une compagnie de chasseurs à pied qui venait les chercher. Ils pouvaient encore s'échapper, à la faveur du tumulte indescriptible qui régnait dans celte enceinte, lorsque Deville s'écria : « J'étais capitaine à Waterloo, et je n'ai pas fui; aujourd'hui je défends le droit et la loi, je ne fuirai pas non plus; advienne que pourra. » Électrisés par ces nobles et patriotiques paroles, les autres représentants suivirent son exemple, et, voulant remplir leur devoir jusqu'au bout, se laissèrent conduire à la Conciergerie. »

— Adolphe d'Assier, Essai sur l'humanité posthume et le spiritisme par un positiviste, 1883, pp. 43-44[19]

Victor Pilhes sera jugé par la Haute Cour de justice de Versailles du au dans des conditions ne permettant pas de garantir les droits de la défense. Pilhes dira d'ailleurs à la barre, le jour de l'ouverture du procès : "Je commence par constater que la liste des jurés a été formée sans que les accusés n'aient exercé aucune récusation. ", comme le relate le Journal de Toulouse qui suit le procès[20]. À l'issue du procès, Victor Pilhes est condamné à la déportation et transféré à Belle-Île-en-Mer[21]. Victor Pilhes est déchu de son mandat en 1850 et son frère cadet, Aristide Pilhes, échoue à le reconquérir lors des élections partielles du . Celui-ci obtient 15.199 voix contre 34.923 pour le général Jean-Jacques Germain Pelet-Clozeau, représentant du Parti de l'Ordre[22],[23]. Fin , Victor Pilhes est transféré de la prison de Belle-Île-en-Mer à celle de Sainte-Pélagie sur l'intervention de son ami Joseph Proudhon[24]. La presse rapporte néanmoins que Mme Pilhes, sa mère octogénaire, en avait fait la requête car elle ne pouvait pas le visiter en raison de son grand âge[25]. À la suite de l'amnistie prononcée le , et après avoir promis de ne « s'occuper que d'industrie », Victor Pilhes est libéré de prison[26].

La Commune de Paris modifier

Le l'Assemblée nationale est envahie par la foule entrainant la chute du Second Empire et la proclamation de la République[27]. Pilhes figure en bonne place parmi les partisans d'Auguste Blanqui, à la tête de la contestation[28]. Ami de d'Auguste Blanqui, il figure parmi les principaux rédacteurs de son journal La Patrie en danger, quotidien publié entre le et le [29]. Pendant la commune de Paris, Pilhes prend la tête d'un régiment de la Garde nationale[30]. Il devient capitaine du XIIe régiment de la Garde nationale, au sein duquel il est surnommé le "Bayard de la démocratie". Il y mène le combat contre les Prussiens.

Retrait de la vie publique modifier

Recherché par le régime de Patrice de Mac Mahon après l'échec de la Commune, Pilhes se cachera plusieurs années dans l'Ariège. Après le départ de Mac Mahon, Victor Pilhes occupe un poste de régisseur au Palais de l'Élysée sous la présidence de Jules Grévy. Victor Pilhes décède le à l'hôpital de Charenton des suites d'une crise cardiaque. Il est enterré à Saint-Maurice.

Hommages modifier

  • La principale artère de Tarascon-sur-Ariège dont il est originaire a été baptisée Avenue Victor-Pilhes.

Bibliographie modifier

Références modifier

  1. ↑ "Comment se fait-il que depuis le 23 avril, jour solennel de ma révocation, j'ai été maintenu jusqu'au 15 juin ?" écrit Victor Pilhes, in Réunion populaire à Foix, 1848, p. 5 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56072506/f8.image
  2. ↑ Comme l'atteste le registre des décès de la ville : http://archives.cg94.fr/consultation/eta/img-server/etat-civil/94069/1MI_000395/FRAD094_1MI_000395_00074.jpg.pdf, le registre complet est disponible à http://archives.cg94.fr/consultation/eta/img-viewer/etat-civil/94069/1MI_000395/viewer.html (p. 76)
  3. ↑ Cf. La notice rédigée sur Pilhes où l'auteur ne cache pas son hostilité in Rhaye, Pascal Les Condamnés de Versailles, Paris, 1850 p. 74-78 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56841341
  4. ↑ "Au temps des Régents", in Proche de Vous, décembre 2006, no 23, (le magazine de la Mairie de Tarascon) http://www.mairie-tarascon.com/IMG/pdf/Proche_de_Vous_23.pdf
  5. ↑ Voir notamment les tomes 10 et 11, J.-A. Langlois, Correspondance. X. [1860-1861.] de P.-J. Proudhon, édition A. Lacroix et Cie, Paris, 1875, consultable sur le site de la BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5768459t
  6. ↑ Liste des préfets de l'Ariège sur le site de la préfecture : http://www.ariege.pref.gouv.fr/sections/l_etat_en_ariege/le_prefet_et_ses_ser/le_prefet?id=liste_des_prefets_de
  7. ↑ « ariege.pref.gouv.fr/sections/l… »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?).
  8. ↑ cf. Les condamnés de la Haute-Cour de Versailles, op. cit.
  9. ↑ Voir sa notice in Biographie des 750 représentants à l'Assemblée législative, élus le 13 mai 1849 par deux journalistes, E.C., D.M (anonyme), édition Pangnerre, Paris, 1849, p. 28, sur le site de la BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k24257v
  10. ↑ Souscription pour le cautionnement du journal Le Peuple sous la direction du citoyen Proudhon, , 2 p. (lire en ligne)
  11. ↑ Journal de Toulouse, 20 octobre 1850, no 310, p. 3 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1850/B315556101_JOUTOU_1850_10_20.pdf
  12. ↑ Journal de Toulouse, 30 avril 1848, no 440, p. 1 http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1848/B315556101_JOUTOU_1848_04_30.pdf
  13. ↑ Journal de Toulouse, 19 mai 1849, no 139, p. 1 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1849/B315556101_JOUTOU_1849_05_19.pdf
  14. ↑ Voir sa fiche sur le site de l'Assemblée Nationale: http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=10287
  15. ↑ Courrier de la Drôme et de l'Ardèche, 10 mars 1850, no 59, p. 1 : http://www.memoireetactualite.org/presse/26COURDROMAR/PDF/1850/26COURDROMAR-18500310-P-0001.pdf
  16. ↑ Journal de Toulouse, 1er juin 1849, no 142, p. 3 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1849/B315556101_JOUTOU_1849_06_01.pdf
  17. ↑ (en) « Histoire de l'Ariege », sur histariege.com (consulté le ).
  18. ↑ Le Journal de Toulouse, 13 juin 1849, no 158, p. 1 et 3 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1849/B315556101_JOUTOU_1849_06_17.pdf
  19. ↑ Voir Adolphe d'Assier, Essai sur l'humanité posthume et le spiritisme par un positiviste, édition A. Ghio, Paris, 1883, pp. 43-44, consultable sur le site de la BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k54973316
  20. ↑ Journal de Toulouse, 17 octobre 1849, no 279, p. 3-4 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1849/B315556101_JOUTOU_1849_10_17.pdf
  21. ↑ Louis-José Barbançon, « La loi de déportation politique du 8 juin 1850 : des débats parlementaires aux Marquises », Criminocorpus, revue hypermédia [En ligne], Les bagnes coloniaux, Articles, mis en ligne le 01 janvier 2006, consulté le 20 octobre 2012. URL : http://criminocorpus.revues.org/149 ; DOI : 10.4000/criminocorpus.149
  22. ↑ Journal de Toulouse, 13 mars 1850, no 72, p. 1 http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1850/B315556101_JOUTOU_1850_03_13.pdf
  23. ↑ Voir la fiche de Jean-Jacques Pelet sur le site de l'Assemblée Nationale : http://www.assemblee-nationale.fr/sycomore/fiche.asp?num_dept=10387
  24. ↑ Voir Tchernoff, Iouda Le Parti Républicain au coup d'état et sous le Second Empire : d'après des documents et des souvenirs inédits , édition A. Pedone, Paris, 1906, p. 337, sur le site de la BNF : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k201546v/f347.image
  25. ↑ Journal de Toulouse, 1er mai 1853, no 104, p. 2-3 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1853/B315556101_JOUTOU_1853_05_01.pdf
  26. ↑ Journal de Toulouse, 19 août 1854, no 207, p. 3 : http://images.jdt.bibliotheque.toulouse.fr/1854/B315556101_JOUTOU_1854_08_19.pdf
  27. ↑ « Histoire », sur assemblee-nationale.fr (consulté le ).
  28. ↑ Le Midi Socialiste, 5 septembre 1938, p. 2 : http://images.midi.bibliotheque.toulouse.fr/1938/B315556101_MIDSOC_1938_09_05.pdf
  29. ↑ Lemonnyer, Jules Les journaux de Paris pendant la Commune : revue bibliographique complète de la presse parisienne du 19 mars au 27 mai…, édition J. Lemnoyer, Paris, 1871, p. 56. Consultable sur le site de la BNF ; https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2294509/f55.image
  30. ↑ « Accueil », sur commune1871.org (consulté le ).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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