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Repression de mouvement autonomiste

Informations générales
Date au
Lieu Zones Bamiléké et Bassa du Cameroun
Issue Victoire des loyalistes,
Mort des leaders autonomistes, Lourd bilan sur les civils
Forces en présence
---- hommes ---- hommes
Pertes
---- morts au combat
---- morts au total
---- blessés
---- morts au combat
---- morts au total
---- blessés

Batailles

Modèle:Guerre Bamiléké

La guerre bamiléké[1] est un épisode de répression sanglante menée par les forces françaises et leurs alliés camerounais pendant la guerre d'indépendance du Cameroun, en pays Bamiléké (les alentours de la ville de Dschang[2]) en 1957 et 1958[3], puis de nouveau après la proclamation de l'indépendance en 1960[4].

Origines modifier

Le Kamerun n’était pas une colonie mais un territoire sous tutelle que Français et Britanniques ont récupéré des allemands, après la Première Guerre mondiale via la Société des Nations. Derrière le voile de la civilisation, l’objectif est l’exploitation économique. Le père François Pichon, dira que c'est :« le maintien de l’esclavage; l’autorité à coups de trique et de volontariat de la corde au cou »[5].

Contexte de l'affrontement modifier

Le mouvement de revendication UPC, issue du syndicalisme et animé par des militants déterminés, s’attaque au colonialisme[6]. Le 17 décembre 1952, son secrétaire général, Ruben Um Nyobè (1913-1958), 'homme à part, honnête et dévoué, qui tranche sur la faune politique camerounaise'[7] plaide l’indépendance sous tutelle onusienne à l'ONU. Le succès et la notoriété ne sont pas du goût de Paris, qui dépêche à New York des contradicteurs [8] comme Charles Okala et Douala Manga Bell pour contester la représentativité de l’UPC.

L'UPC se sépare de Félix Houphouët-Boigny et de Mathias Djoumessi, son président depuis 1950, et fondateur du Kumzse, l'assemblée traditionnelle du peuple Bamiléké, proche de l’administration coloniale et qui ne fit pas long feu.

Vains efforts car le nationalisme est à la mode, il faut dissoudre l'UPC.

Déroulement de la guerre modifier

La contre-subversion et l'interdiction de l'UPC modifier

1954-1955 L’Église catholique et les administrateurs coloniaux, pensent que les moyens démocratiques contre l’UPC sont voués à l’échec. Le plan de guerre de Roland Pré, nouveau Haut Commissaire en fin 1954 contre le Vietminh camerounais à la solde de « Moscou » est appliqué. Roland Pré s'inspire de Eirik Labonne, de la pensée « eurafricaine », du colonel Charles Lacheroy (1906-2005) et des théories de la « guerre révolutionnaire » élaborées en Indochine et appliquées en Algérie.
Éradiquer l’adversaire en retournant psychologiquement les populations pousse l'UPC à réclamer l’indépendance immédiate[9].

Le climat de tension dégénère en émeutes au sud du Cameroun français, en mai 1955. La répression des émeutiers précède l’interdiction de l’UPC. Les leaders traqués sont contraints à l’exil et à la clandestinité et s’interrogent sur leur stratégie légaliste, non-violente jusque-là adoptée[10].

Au pays des Blancs modifier

Camerounisation des cadres : le parcours « exemplaire » du jeune Paul Biya – Louis-Paul Aujoulat, le parrain – La politisation des jeunes Camerounais en France – Génération 1955 : les étudiants camerounais de France dans l’œil du cyclone – L’histoire méconnue des relations entre le « Réarmement moral » et les élites camerounaises

Le fusil sur la tempe & embrasement modifier

(1956-1957) Pierre Messmer, en treillis militaire parmi les libérateurs du Cameroun en 1940, et qui approuve une délégation de pouvoir aux élites locales cooptées, est choisi pour remplacer Roland Pré dès avril 1956. On cherche des nationalistes 'modérés' pour couper l’herbe sous le pied des nationalistes. authentiques. La direction de l’UPC interdite et Ruben Um Nyobè, lachés par Paul Soppo Priso et hors du jeu engagent la lutte armée contre les élections en décembre 1956. Pierre Messmer et ses troupes, surpris par ce boycottage actif, mettent la région natale d’Um Nyobè, la Sanaga-Maritime, à feu et à sang[11]. Début 1957, le sud du Cameroun français se couvre de maquis. Populaire, le mouvement embrase la région Bamiléké, suite à la destitution du chef traditionnel Pierre Kamdem Ninyim. Le 10 octobre 1957 Pierre Simo et Martin Singap lance une armée de brousse qui se forge au maquis dans la résistance[12].


L’étincelle de Baham – CNO : une armée dans la brousse de Sanaga-Maritime – SDNK : la guérilla de l’Ouest s’organise – Du Centre au Nord, la rébellion fait tâche d’huile

Répression en pays Bamiléké (1957-1958) modifier

Maurice Delauney, chef administratif de la région Bamiléké et en première ligne, organise un raid punitif au Cameroon britannique contre le siège de l’UPC. Gaston Defferre le soutiendra[13].

En région Bamiléké, on parle de camps de rétention, des méthodes de balançoire, baignoire et électricité[13]. Delauney s’appuie sur les chefs traditionnels et adjoints zélés. Il dira peu avant son décès, qu’il n’était ni au courant… ni pas au courant[13].

Jean Lamberton laissera dans les archives : L’insurrection a été châtiée en 1958 et la région a été dépeuplée à 50 %[13].

Les recettes de l'Indochine chez les Bassa modifier

En Sanaga-Maritime, la petite Algérie pour l’armée française, des opérations de guerre contre le drame sont montées. Daniel Doustin, théorise Zone de Pacification: ZOPAC. Avec Pierre Messmer, Louis Le Puloch et Jean Lamberton, il a lui aussi fait l’Indochine.

L’armée française vide les campagnes de Sanaga-Maritime et regrouper de force les villageois dans des camps fortifiés le long des routes. Toute construction en-dehors des zones de regroupement est rasée; les cultures avoisinantes saccagées. Il faut vider le bocal pour que les poissons soient au sec. Cette méthode de l'armée française et ses nombreux supplétifs africains et milices locales porte ses fruits. Les militants, traqués, meurent en brousse comme des bêtes. Par milliers, les maquisards se démobilisent et rallient les camps de regroupement[14]. La presse n'évoque rien; Xavier Torré fait régner le silence.

Le 13 septembre 1958, Ruben Um Nyobè est assassiné après une longue traque. Son corps est profané et enseveli sous une chape de béton.


Ahmadou Ahidjo président modifier

Après l’assassinat d’Um Nyobè, un jeune télégraphiste, Ahmadou Ahidjo, est installé au pouvoir. Ahidjo est l’homme idéal et il a pour adjoints Théodore Mayi Matip et Charles Assalé, deux opposants, dont la présence donne un aspect pluraliste à son gouvernement[15].

Guérilla diplomatique (1958-1959) modifier

Pour éviter des liens entre le FLN et l’UPC, comme le souhaite Frantz Fanon, la presse (Le Monde) et les dirigeants français soutiennent le clan Ahidjo. L’UPC perd sa plus grande bataille diplomatique avec la passivité du bloc de l’Est et le soutien des États-Unis à la France. La lutte armée reprendra[16].

La création de l’Armée de libération nationale du Kamerun modifier

L’ALNK, l'Armée de libération nationale du Kamerun est découverte à un contrôle routier le 10 juin 1959. Pilotée par Singap et Félix Moumié, le président de l’UPC en exil n’hésite pas à s’attaquer aussi aux Blancs dans les centres-villes et les plantations de bananes. Les troupes françaises sont cantonnées et laissent les campagnes aux maquisards. Les cartes de l’Ouest-Cameroun se couvrent de zones rouges, à éviter.

20. Une répression camouflée

Disparitions forcées – L’impossible reproduction de la ZOPAC – Tour de vis – Exécutions publiques – La création de milices : de la « harka » de novembre 1958… – …au « concours inter-milice » d’octobre 1959 – « La torture, moi je l’ai vue » – Restructuration du renseignement : au Cameroun… – …et en France – « Voilà ce qui nous attend » 20 – Une répression camouflée A partir de la mystérieuse disparition nocturne du gendarme français André Houtarde, le 12 septembre 1959, est mise à jour une technique d’élimination des opposants : leur assassinat du haut des chutes d’eau. C’est le fils d’un gendarme français, en vacances dans la région Bamiléké en 1959, qui le raconte. Hanté par ces souvenirs, il décrit les tortures subies par des Camerounais sous ses yeux dans un camp de gendarmerie français.

Un magistrat débutant, Jean-Paul Martin, découvre lui aussi l’usage de la torture et cherche à alerter sa hiérarchie. Mais, entre le juge et le tortionnaire, les autorités préfèrent sanctionner le premier pour étouffer l’affaire.

En raison des particularités juridiques de la période transitoire de 1959 (le Cameroun est toujours sous tutelle internationale mais l’indépendance sera proclamée le 1er janvier 1960), les militaires français doivent « camoufler » la répression. La mise en place de « milices » pro-françaises, même « animées du désir de tout détruire et tuer sur leur passage », ne suffit pas à « calmer » les insurgés et alimente plutôt une « véritable guerre civile Bamiléké »[17]. 21. La fausse « indépendance » de janvier 1960

Une cérémonie en trompe-l’œil – « Épuration » et « refoulement » – Une Constitution sur mesures – La tutelle des conseillers français 21 – La fausse « indépendance » de janvier 1960 Pour « nettoyer » les grandes villes avant les fêtes d’indépendance, les forces de l’ordre « refoulent » pendant plusieurs semaines, à l’aube, des centaines de Bamiléké vers les campagnes. Un officier français se réjouit de voir la capitale économique, Douala, débarrassée d’un « petit millier de parasites ».


Preuve symbolique que c’est toujours la France qui tire les ficèle, le discours prononcé par Ahidjo, le 1er janvier 1960, pour la proclamation de l’indépendance, du nouveau potentat est rédigé par un conseiller français.

La Constitution camerounaise est, elle aussi, écrite par deux conseillers français, avant d’être légitimée par un constitutionnaliste français plus célèbre que bénévole, Maurice Duverger. Tous ces hommes de lois semblent trouver parfaitement normal que le Cameroun prenne le chemin du despotisme.

Quant aux jeunes Camerounais qui accèdent à des postes prestigieux et croient être enfin maîtres de leur destin, ils constatent amèrement que leurs « conseillers » français restent en fait leurs patrons. Et que, sans ces derniers, leur pays « retomberait dans le chaos [et] le cannibalisme[18]. » 22. Janvier 1960 : l’armée française engage la « reconquête »

Novembre 1959 : le colonel du Crest refuse le « carnage de paysans bamiléké » – 1 Janvier 1960 : la préparation d’une répression sans précédent – Le général Max Briand, « un goût très prononcé pour le travail de pacification » – Debré, Messmer et Lamberton à la manœuvre – « Préliminaires » – La guerre à huis clos – Offensives : « La vie humaine ne compte plus » – Troubles jeux : le ralliement de Paul Momo – Manipuler les « maquisards » pour « semer le désordre » ? 22 – Janvier 1960 : l’armée française engage la « reconquête » Fausse indépendance, fausse paix : derrière les festivités du 1er janvier 1960, la guerre se poursuit, plus sanglante que jamais. La France, libérée de la gênante surveillance onusienne grâce à « l’indépendance » camerounaise, se prépare à une offensive de grande envergure.

Dès le 20 novembre 1959 cependant, le commandant militaire du Cameroun Du Crest claque la porte, refusant d’endosser la responsabilité d’un « véritable carnage ».

Dans les archives laissées par Jacques Foccart, conseiller Afrique du Général De Gaulle, un Français du Cameroun informe : « chacun s’efforce de rejeter sur autrui la responsabilité du massacre qui se prépare ».

C’est le Premier ministre français, Michel Debré, qui prend les choses en main. Il organise la « reconquête » du pays Bamiléké avec Pierre Messmer (et Jean Lamberton) au ministère des Armées, et, sur le terrain, un général à poigne : Max Briand. Le général Briand, dont le « goût très prononcé pour le travail de pacification » avait été apprécié en Indochine comme en Algérie, rassemble une armée de plusieurs milliers d’hommes pour, écrit-il, « annihiler les groupes terroristes et leurs sympathisants ».

Tandis que les médias français sont atones ou relaient les discours officiels de l’armée, un pasteur décrit les centaines – et « peut-être » les « milliers » – de victimes de la guerre, dont « les cadavres ne sont même plus enterrés ». Sinon par des bulldozers[19]. 23. La guerre « jusqu’au cou »

Trous de mémoire… – Un pasteur en enfer – « Coups de boutoirs » et « chasse à l’homme » – Feu aérien : « Napalm »… – …ou « cartouches incendiaires » ?-Bombardements : sous le casque des pilotes – Replis de l’ANLK, divergence militaires françaises – Le ralliement ou la mort – Répression aveugle pour guerre sans images 23 – La guerre « jusqu’au cou » A partir d’avril 1960, le Cameroun s’enfonce dans la guerre à outrance, sans que l’on parvienne toujours à déterminer précisément si les « rebelles » tués par centaines sont des « terroristes », des « sympathisants » ou de simples civils. Le récit du pasteur de Bangang en témoigne, qui assiste à un étonnant massacre perpétré par les « forces de l’ordre » : femmes éventrées, enfants déchirés, hommes décapités, alors même que les maquisards sont déjà loin.

La guerre s’enlise dans les marécages de la région Bamiléké, où insurgés et forces gouvernementales plongent jusqu’au cou, pendant que l’aviation française bombarde et mitraille sans répit, semant la mort et les flammes à coups de roquettes et de dizaines de milliers de cartouches incendiaires.

Cela n’empêche pas Le Monde de faire l’éloge du président Ahidjo, un « nationaliste modéré » dont la « ferme pondération », selon les termes du spécialiste de l’Afrique Philippe Decraene, « lui a permis de réaliser, sans effusion de sang, le programme que ses adversaires extrémistes de l’UPC entendaient imposer par la force », malgré l’« opposition irréductible et dangereuse » de ces derniers…

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1. Général Max Briand, « Rapport sur les opérations militaires au Cameroun en 1960 », 25 mars 1961

Selon Max Briand, le général qui a commandé les opérations au Cameroun en 1960-1961, le bilan humain des affrontements, pour le seul Bamiléké et pour la seule année 1960, s’élèverait à « un peu plus de 20 000 hommes », dont 5 000 morts au combat, 1 000 des suites de leurs blessures, 5 000 suite à des maladies et, surtout, 10 000 tués dans une évasive « lutte intérieure ». Du côté des forces de l’ordre, toutes unités confondues, on compte 614 « pertes amies » dont 583 civils africains. Même ratio pour les blessés « amis » : 615, dont 530 civils africains (page 6). Pour une discussion plus détaillée autour du bilan de la guerre du Cameroun, se reporter à notre introduction en ligne (p. 22 – 26)[20]. 24. Répression « à l’africaine »

L’armée, ciment de la nation franco-africaine – « Place aux activistes » : les racines françaises de l’armée camerounaise – De la répression coloniale à la « guerre civile » : la création de la Garde civique – Tabula rasa, camps sous miradors et ordre nouveau en région Bamiléké – Têtes coupées – Le « caillou bamiléké » – Pogromes contre les Bamiléké 24 – Répression « à l’africaine » Les opérations militaires se doublent d’une guerre contre-révolutionnaire souterraine, par le peuple et dans le peuple, encadrée par des professionnels français.

On comprend mieux la violence de la nouvelle armée camerounaise (constituée à partir de novembre 1959) en prenant connaissance du pedigree de son premier instructeur : Jacques Lefèvre, un jeune lieutenant français formé à la gégène par un certain Bigeard. Sous sa direction, les apprentis-officiers camerounais apprennent qu’« on ne peut pas faire des omelettes sans casser des œufs » (colonel Sylvestre Mang).

A l’Ouest, les miliciens camerounais, formés par des paras venus d’Algérie, prennent en main tous les aspects de la vie de la nouvelle société bamiléké organisée de force au sein des camps de regroupements qui enferment des dizaines de milliers de personnes.

A Paris, le colonel Lamberton propage, dans la revue Défense nationale, une violente haine anti-bamiléké au moment même où cette haine est diffusée, sur le terrain, par divers groupes « contre-révolutionnaires » entraînés dans une « guerre tribale larvée ».

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1. « Un caillou dans la chaussure » (Colonel Jean Lamberton)

Texte du colonel Jean Lamberton intitulé « Les Bamiléké dans le Cameroun d’aujourd’hui ». Publié dans la Revue de Défense Nationale, en mars 1960, ce texte redoutable décrit « les Bamiléké » comme un « caillou bien gênant » dans la chaussure du Cameroun indépendant. Reconnaissant pourtant le manque d’études sérieuses sur les peuples dits « Bamiléké », Lamberton ne craint pas de jouer les anthropologues. Et se fait affirmatif : « L’histoire obscure des Bamiléké n’aurait d’autre intérêt qu’anecdotique si elle ne révélait à quel point ce peuple est étranger au Cameroun ». Il faut noter que Jean Lamberton faisait déjà montre d’un virulent racisme – anti-Bassa, à l’époque – deux ans plus tôt, lorsqu’il était le responsable militaire de la ZOPAC (1958). La manipulation des identités « ethniques » est une des armes favorites de la répression française et pro-française face au projet national et social de l’UPC, avant comme après l’indépendance. En favorisant les affrontements « ethniques », la puissance coloniale puis néocoloniale maquille la guerre qu’elle mène en « guerre civile » ou en « conflit tribal ». Et justifie du même coup son intervention…

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2. « Quand il voulait obtenir un renseignement, il ne rigolait pas. » Portrait du lieutenant Lefèvre, directeur de l’EMIA en 1960, par Sylvestre Mang

Le colonel Sylvestre Mang a été élève du lieutenant français Jacques Lefèvre, premier directeur de l’Ecole militaire inter-armes (EMIA) du Cameroun en 1960. Il est resté à la fois fasciné et horrifié par son ancien directeur, à qui il voue ce qu’il appelle une « crainte révérencielle » : « C’était un héros, ce gars-là : costaud, un baroudeur genre Bigeard, qui nous impressionnait. Je n’ai jamais vu quelqu’un d’aussi prestigieux. Tout le monde tombait en admiration. » Sa pédagogie est à l’avenant. « Lefèvre venait d’Indochine, d’Algérie, explique Mang. Il avait une façon d’interroger les gens… Quand il voulait obtenir un renseignement, il ne rigolait pas. Mais ça c’est connu : on ne peut pas faire des omelettes sans casser des oeufs[21]. » 25. Le poison de la Françafrique

Des conventions provisoires… – … aux accords définitifs – Accords secrets franco-camerounais et conflits au sein de l’état-major français – La généralisation du « modèle camerounais » pour les fausses indépendances africaines – Février 1960 : officiellement abandonnée par l’armée française, la DGR s’exporte en Afrique – La dissémination du « clan des Camerounais » – Répression sans frontières : il faut liquider Moumié – Assassinat au Ricard piégé – C’est fini ?

25 – Le poison de la Françafrique

Le Cameroun, à travers de nombreux accords d’assistance et de coopération signés entre 1958 et 1961, devient une « référence » pour la Françafrique en gestation. Les accords franco-camerounais sont d’autant plus favorables à l’ex-puissance tutrice qu’ils se « négocient » entre Français : ceux qui entourent Ahidjo à Yaoundé, et ceux qui décident à Paris.

Précurseur, le Cameroun l’est aussi dans le domaine militaire. Les Forces Armées Camerounaises, première armée nationale constituée par la France en Afrique, deviennent « le modèle pour les armées des autres pays francophones » (Robin Luckham). Les méthodes de guerre contre-révolutionnaire, qui font leur preuve au Cameroun, se diffusent ainsi sur le continent.

Et cela d’autant plus que nombre d’administrateurs et de militaires français, qui se sont illustrés dans la répression de l’UPC avant l’indépendance, entament de glorieuses carrières françafricaines dans les pays nouvellement « indépendants ». C’est ainsi que l’on retrouvera l’ambassadeur Maurice Delauney et tout son « clan camerounais » dans le Gabon d’Omar Bongo.

Pendant ce temps, la France poursuit sa guerre secrète. En Suisse, un agent du SDECE, William Bechtel, empoisonne le président de l’UPC Félix Moumié, qui meurt le 15 novembre 1960. Deux jours après la signature des accords définitifs d’assistance et de coopération franco-camerounais.

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1. Accords et traités franco-camerounais (1958-2004)

Liste des accords et traités signés entre la France et le Cameroun de 1958 à 2004. Cette liste était encore consultable en août 2010 sur le site internet de l’ambassade de France à Yaoundé, à cette adresse : « Accords et Traités». Elle semble avoir été retirée le 3 septembre 2010. Cette page Web nous renvoie dorénavant au « site du ministère des Affaires étrangères » (français) qui, malheureusement, s’avère terriblement incomplet… Information intéressante: alors qu’un doute a longtemps plané sur l’existence d’un accord (secret) de défense entre les deux pays, celui-ci est clairement indiqué à la date du 13 novembre 1960: « Accord de défense entre la République française et la République du Cameroun ».

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2. Frantz Fanon raconte l’assassinat de Félix Moumié (1960)

Le célèbre psychiatre et militant Frantz Fanon avait noué une intense amitié avec Félix Moumié. Ils se côtoyaient notamment à Accra, capitale du Ghana et plate-forme du mouvement panafricain à la fin des années 1950, où Fanon et Moumié représentaient respectivement le Front de libération nationale (FLN) et l’Union des Populations du Cameroun (UPC). Dans ses textes, de L’An V de la Révolution algérienne (1959) aux Damnés de la terre (1961), Fanon évoque à plusieurs reprises le cas, exemplaire, du Cameroun. Le présent texte, extrait de Pour la Révolution africaine (édité à titre posthume en 1964), raconte le dernier voyage de Moumié[22].

IV / Une dictature françafricaine (1961-1971)

26. Le dictateur s’installe (1961-1963)

Ahidjo, instrument efficace du néocolonialisme – La réunification partielle des deux Cameroun – L’État « camerounisé » – Le cœur du système : la présidence – Le « parti unifié », synthèse tropicale des méthodes stalinienne et fasciste – La chasse aux « subversifs » – Centres secrets d’« internement administratif » et de « rééducation civique » – Une conception orwellienne de la « démocratie » 26 – Le dictateur s’installe (1961-1963) Une fois le Cameroun définitivement arrimé à son ex-métropole par le biais d’accords léonins, Ahmadou Ahidjo s’installe dans le solide trône que ses parrains ont façonné pour lui. Au moment de la réunification avec une partie du Cameroun anglophone, l’un des conseillers français du jeune prince s’agace du « ridicule » attachement britannique pour les droits humains, qui selon lui n’a pas sa place dans une constitution africaine.

Alors que la France officielle assure la dictature en marche de son amitié, l’ambassadeur de France, dans ses plis diplomatiques, constate froidement que le pays est dirigé par une poignée de « fascistes ». Pendant que le Cameroun se couvre secrètement de « camps de rééducation civique », où sont enfermés les « subversifs », Ahidjo fait en public l’éloge de la « démocratie africaine ».

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1. « Ne pas hésiter à copier les méthodes fascistes… » (Samuel Kamé)

Dans cette conférence donnée en août 1961, Samuel Kamé, l’un des principaux théoriciens du régime Ahidjo, insiste devant des cadres de l’Union Camerounaise pour qu’ils s’inspirent des méthodes hitlériennes. Il explique en particulier qu’il faut « faire prédominer un climat de force ». Et ajoute: « Ne pas hésiter à cet égard à copier les méthodes fascistes: escouades, sections, compagnies, bataillons, régiments, divisions (Allemagne). Ces unités doivent correspondre suivant leur importance numérique à des groupes de cases, des sections de quartiers, des quartiers ou des groupes de quartiers. Ceci, qu’il s’agisse des villes ou des campagnes. Ces unités doivent être susceptibles d’être mobilisées très rapidement (ex: jeunesse nazi, parti du colonel de la Roque, jeunesse du Bloc démocratique sénégalais au moment de l’éclatement du Mali, organisations de l’UNR à Paris pendant le coup de force militaire à Alger). »[23] 27. Néocolonialisme contre-subversif (1961-1964)

Derrière la « façade camerounaise », Paris reste aux commandes – Aide, coopération et interdépendance – L’armée camerounaise noyautée par la France – Le mystérieux colonel Blanc – Hiérarchies parallèles – Le SEDOC, une des « plus efficaces » polices secrètes d’Afrique noire – La torture comme méthode de gouvernement – Le Cameroun, prototype des « États têtards » du colonel Lacheroy 27 – Néocolonialisme contre-subversif (1961-1964) Derrière la « façade », pour reprendre le mot de l’ambassadeur de France, on constate un étrange phénomène : plus les postes de direction se « camerounisent » et plus le pouvoir réel échappe à ceux qui les occupent. Les conseillers français continuent en fait de régenter le pays, dans tous les domaines.

En particulier, un coopérant français, Jean-Victor Blanc, colonel de profession aussi discret qu’omniprésent dirige l’armée camerounaise à la place du ministre censé occuper le poste. Comme nous l’explique le général Pierre Semengue, le plus haut gradé de l’armée camerounaise : J.V Blanc « était tout mais qui ne semblait pas être tout ».

Dans la police politique, un terrible policier camerounais, Jean Fochivé, se fait connaître pour la brutalité de ses méthodes. Mais derrière lui, on reconnaît l’école française de contre-subversion, animée notamment par Maurice Robert, chef Afrique du SDECE et intime de Jacques Foccart. Ainsi, toutes les hiérarchies remontent vers Jacques Foccart, contremaître perfectionniste qui contrôle les « États têtards » francophone sur le continent noir.

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1. Le général Pierre Semengue à propos du colonel Jean-Victor Blanc : « Il était tout, mais il ne semblait pas être tout »

Le général Pierre Semengue, chef d’état-major de l’armée camerounaise, évoque un très discret conseiller militaire français, inconnu des livres d’histoire, en poste à Yaoundé au début des années 1960, le colonel Jean-Victor Blanc. De 1960 à 1966, le « colonel Blanc », dont l’accent de Carcassonne est resté dans toutes les mémoires de ceux qui l’ont connu, a de fait dirigé l’armée camerounaise à la place du ministre des Forces armées camerounaises Sadou Daoudou.

Le colonel Blanc était l’éminence grise : à la fois chef de l’état-major de l’armée camerounaise et « chef de la section Forces armées de la mission militaire française », l’inamovible conseiller technique du ministre des Forces armées camerounaises, se contentait officiellement du modeste titre de « chef du bureau des liaisons opérationnelles »[24]. 28. Splendeurs et misères de la « révolution kamerunaise » (1961-1963)

Le Kamerun dans la « révolution africaine » – Quelle révolution sans Moumié ? – Ouandié dans l’enfer des maquis – Septembre 1961, la mort au combat de Martin Singap : « L’Afrique libre ! » – Quand Ouandié réorganise le maquis… – … l’UPC en exil se déchire – Mars 1963 : les autorités franco-camerounaises s’inquiètent de l’« ampleur exceptionnelle de l’activité rebelle » 28 – Splendeurs et misères de la « révolution kamerunaise » (1961-1963) Pendant que la dictature s’installe à Yaoundé, le vice-président de l’UPC, Ernest Ouandié, retourne clandestinement au Cameroun après quatre ans d’exil pour relancer la lutte.

Ses efforts se révèlent assez rapidement payants, au point que le colonel Blanc se désole en comparant l’état d’esprit des autorités légales avec la « foi » qui anime « les rebelles ». Les succès de Ouandié et de l’ALNK sur le front intérieur, cependant, n’empêchent pas la guerre intestine qui se propage chez les militants nationalistes en exil depuis l’assassinat de Félix Moumié.

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1. « Le Patriote, organe de l’avant garde de la Révolution Kamerunaise »

Qu’est-ce qui mobilise les militants nationalistes camerounais en exil? Une illustration avec numéro de juillet 1961 du mensuel Le Patriote. Au sommaire : les « fantoches » de Yaoundé, l’impérialisme « yanquée » en Angola, la convocation du parlement congolais, les stratégies du Réarmement Moral, l’ « épuration » de l’UPC, etc[25]. 29. Soumission des esprits et « croisades antiterroristes » (1962-1964)

Isoler le « camarade Émile » – La « quasi-totalité de la population » bamiléké déplacée dans des « camps de regroupement » – La politique de l’effroi : exécutions publiques, massacres collectifs, têtes coupées… – …et torture devenue routinière – « Rééducation », « guerre psychologique » et « réarmement moral » – Délation, autosurveillance et confessions publiques – Endoctrinement et « bourrage de crâne » 29 – Soumission des esprits et « croisades antiterroristes » (1962-1964) Les autorités camerounaises et leurs soutiens français redoublent d’efforts pour soumettre les populations civiles de l’Ouest du Cameroun.

La diffusion et la banalisation des méthodes de guerre contre-révolutionnaire transforment ces dernières en méthodes de gouvernement quotidien. Un tortionnaire de l’Ouest-Cameroun, par exemple, nous détaille sans remords ni hésitation son « savoir-faire », comme un cuisinier enseigne une bonne recette.

Plusieurs années après l’indépendance, les techniques de « propagande », de « bourrage de crâne » et autre « emprise sur le cerveau » (selon la terminologie en vigueur), sont enseignées directement par de hauts cadres de la coopération française pour inciter les « forces de l’ordre » camerounaises à convertir « psychologiquement » les civils aux vertus de la dictature Ahidjo.

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1. « On était obligé de couper les têtes des rebelles » (Pierre Semengue)

A partir de 1960, les forces de l’ordre franco-camerounaises prennent l’habitude de couper les têtes des insurgés capturés et de les exposer en public: sur les places, au détour des chemins… À Bafoussam, une place s’appelle encore aujourd’hui le « carrefour des maquisards » en souvenir de cet usage macabre. Cette pratique est si généralisée et si frappante que les témoignages à ce propos sont innombrables.

Pour la première fois, le plus haut gradé de l’armée camerounaise, le général Pierre Semengue, qui fut le premier Saint-Cyrien originaire du Cameroun, assume cette pratique, qui visait, d’après lui, à fournir de « l’information » aux populations. Mutiler et exposer les cadavres des victimes de la guerre du Cameroun constitue la part la plus sombre de la guerre psychologique qui faisait rage à cette époque[26]. 30. À l’ombre du parti unique (1965-1966)

Le parti unique et le père de la nation – Vigilance et épuration : l’implication de l’Union camerounaise dans la lutte antisubversive – Des « maquis blancs » aux « faux maquis » ? – Qui tue ? Instrumentalisation de la violence armée et luttes de clans – La furie du régime d’Ahidjo contre la « peste » bamiléké – De la répression des « complots bamiléké »… – …au nettoyage ethnique – Décembre 1966 : les massacres planifiés de Tombel 30 – À l’ombre du parti unique (1965-1966) La propagande se transforme en culte, et le dictateur se dote d’un parti unique. Ahidjo engage progressivement son parti dans une lutte sans merci contre tout ce qui ressemble à de la « subversion ».

La paranoïa aidant, la chasse aux « subversifs » mute en politique de surveillance et d’épuration à l’intérieur même du parti unique. Si bien que la frontière entre rébellion, opposition et loyauté au régime devient si floue que des barons du régime sont fusillés pour collusion avec « l’ennemi ».

Finalement, la confusion généralisée génère une féroce haine à caractère « tribale », qui suscitent de véritables scènes d’épuration ethnique, à l’occasion par exemple des journées de massacre de Tombel en décembre 1966[27]. 31. La pacification par le « développement »

L’économie, un outil de contrôle des élites et des masses – Le Cameroun « qui se lève tôt » – La militarisation de l’économie : le modèle israélien – 1966-1972 : l’opération « Yabassi-Bafang » 31 – La pacification par le « développement » Avec les encouragements intéressés de la France, le « développement » économique devient l’axe majeur de la propagande officielle du régime Ahidjo, à la gloire du Cameroun « qui se lève tôt ».

Derrière les objectifs affichés, le discours sur le « développement » a surtout pour objectif d’assécher la rébellion et de discipliner les populations.L’assujettissement et le formatage de la paysannerie passent par une intense action psychologique et sont assurés par un encadrement serré des campagnes, via un réseau hiérarchisé d’organisations paysannes chargées de diffuser les techniques modernes, sans jamais solliciter l’avis des populations.

C’est dans le cadre de cette politique d’apparence « économique », que l’on voit débarquer au Cameroun des experts israéliens, spécialistes de la colonisation agricole et de l’organisation militaire du travail[28]. 32. La débâcle des Kamerunais en exil (1963-1969)

Guerre diplomatique : l’UPC perd progressivement ses soutiens africains – Divisions internes : l’UPC perd la « dernière chance » de la « solidarité afro-asiatique » – L’étau de la diplomatie gaullienne et la « fenêtre » de Brazzaville – « Deuxième front » ? De l’échec d’Osende Afana… – … à la débâcle de Woungly-Massaga – Ahidjo, mal-aimé de la Françafrique ? 32 – La débâcle des Kamerunais en exil (1963-1969) Au maquis, Ernest Ouandié est de plus en plus isolé, et l’ALNK s’affaiblit inexorablement. Seul espoir : à la faveur d’une « révolution marxiste » au Congo-Brazzaville, les frontières sud du Cameroun deviennent le nouvel horizon des upécistes exilés.

Mais, très vite, les tentatives de « Deuxième Front » lancées depuis Brazzaville tournent à la débâcle. Les divisions qui minent l’UPC en exil et les nouveaux équilibres géopolitiques empêchent le parti nationaliste d’obtenir de solides soutiens internationaux.

Les victoires militaires n’empêchent pas Ahidjo, de plus en plus fébrile, de douter d’une France qui non seulement n’a pas réagi à la révolution de Brazzaville mais qui, en plus, soutient une rébellion sécessionniste au Nigéria voisin.

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1. Ahmadou Ahidjo reçu à l’Elysée par Charles de Gaulle et Jacques Foccart

JT NUIT – 20/06/1967 – 01min35s

retrouver ce média sur www.ina.fr


2. « Osende Afana, martyr de la révolution africaine » (Tricontinental, 1970)

Quatre ans après la mort de Castor Osende Afana au maquis, le 15 mars 1966, la revue Tricontinental publie un dossier intitulé « Osende Afana, martyr de la Révolution africaine ». Signe du flou qui entoure la lutte armée kamerunaise la revue date la mort de Osende Afana à « 1977 ». Après une présentation signée Guy Clair, Tricontinental publie deux textes inédits d’Osende Afana. Le premier, est consacré à « la lutte contre le tribalisme »[29]. 33. Le coup final : l’affaire Ndongmo-Ouandié (1970-1971)

La fin des résistances ? – L’étonnant Mgr Albert Ndongmo – « Solidarité » : le réseau Curiel au secours de l’UPC – Un nouveau front anti-Ahidjo avec Mgr Ndongmo ? – Ouandié et Ndongmo arrêtés ! – Éradication : nouvelle chasse aux Bamiléké – Ouandié exécuté : l’échec de la mobilisation internationale – Le combat de Mongo Beti contre « l’arme la plus redoutable, le silence » 33 – Le coup final : l’affaire Ndongmo-Ouandié (1970-1971) A la fin des années 1960, les différentes formes de résistance à la dictature françafricaine installée au Cameroun s’épuisent.

Entre Yaoundé, Paris et Alger, un évêque détonnant, Mgr Ndongmo, en relation avec un groupe de militants internationalistes – le réseau Curiel – tentent cependant d’aider Ouandié. Ils échafaudent des plans audacieux pour l’exfiltrer du Cameroun et reconfigurer la résistance au néocolonialisme. Mais, comme le racontent en détail les membres du réseau Curiel, cette opération de la dernière chance échoue, dramatiquement, à l’été 1970.

Quelques jours avant que Georges Pompidou vienne boire le champagne à Yaoundé, à l’occasion de la première visite officielle d’un président français au Cameroun, un procès truqué aboutit à l’exécution publique, le 15 janvier 1971, de Ouandié. Ainsi disparaît, après Um Nyobè et Moumié, le dernier grand leader de l’UPC.

Scandalisé par l’attitude de la France officielle, la complaisance de la presse hexagonale et l’apathie de la majeure partie de la « gauche » parisienne, le romancier Mongo Beti s’élève contre le silence qui couvre depuis si longtemps la répression des militants kamerunais. Son livre, Main basse sur le Cameroun, est interdit dès sa parution en 1972.

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1. Voyage de Georges Pompidou en Afrique (notamment au Cameroun)

En conférence de presse à Yaoundé, un journaliste camerounais demande au président français pourquoi il n’adopte pas en France, comme Ahmadou Ahidjo au Cameroun, le système du parti unique. Réponse: « Je n’ai peut-être pas l’autorité du président Ahidjo! (…) Pour être sérieux, je crois qu’on ne peut pas envisager un gouvernement, et un gouvernement démocratique où je l’entends – c’est-à-dire finalement respectueux des droits des individus – , on ne peut pas l’envisager de la même manière partout ». (JT 20H – 12/02/1971 – 06min38s) retrouver ce média sur www.ina.fr


2. Reportage sur le Cameroun à l’occasion de la visite de Pompidou

Beaucoup de folklore mais pas un mot sur l’exécution d’Ernest Ouandié quelques jours plus tôt à Bafoussam (JT 13H – 09/02/1971 – 08min16s)

retrouver ce média sur www.ina.fr


3. Mongo Beti : préface à l’édition de 1977 de Main basse sur le Cameroun

Dans Main basse sur le Cameroun, Mongo Beti souligne les responsabilités de la presse et de la gauche françaises, cette intelligentsia hexagonale qui dénonce les « Viêt-nam des autres » sans se soucier de ce qui se passe dans les néocolonies de son pays. Le 30 juin 1972, moins d’une semaine après sa parution, le livre est interdit par les autorités françaises ; et il est saisi le 2 juillet. Ce n’est qu’en 1977, après cinq années de bataille juridique acharnée conduite par François Maspero et de conférences clandestines, que le livre pourra enfin être vendu librement dans l’Hexagone[30].

En pays Bamiléké modifier

En pays Bassa modifier

Conséquences modifier

Le bilan humain de cette répression ne peut être dressé avec certitude.
Dénué de vraisemblance, un bilan de 300 000 à 400 000 victimes circule sur Internet. C'est la reprise à la lettre sans critique du témoignage du pilote d'hélicoptère Max Bardet[31].
Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, partis à la recherche de documents plus probants, ont pu retrouver les références suivantes :

  • dans l'armée française, le général Max Briand, chef des opérations au Cameroun, évoque 20 000 morts en pays Bamiléké - pour la seule année 1960[32]. Le lieutenant-colonel Jean Lamberton, qui prend poste en région Bamiléké début 1959, affirme : 'Elle a été châtiée en 1958 et la région a été ' dépeuplée à 50 % '[33].
  • André Blanchet, journaliste au Monde a exposé, dans une conférence donnée en 1962, qu'un officiel français lui avait parlé le 1er janvier 1960 de '12 000 morts d'ores et déjà déplorés en pays [[Bamiléké]'] mais que depuis lors quelqu'un 'dont les allégations méritent d'être prises au sérieux' a évoqué un chiffre de ' 120 000 victimes '[34].
  • un rapport de l'ambassade du Royaume-Uni à Yaoundé daté de 1964 fait état, pour la période de 1956 à juin 1964 et pour l'ensemble du Cameroun, de ' 61 300 à 76 300 civils tués ' précisant que '80 % de ces pertes ont été occasionnées dans la région Bamiléké sous administration française'. Ce rapport rappelle qu'avant l'indépendance, 'l'armée française a fréquemment brûlé, ou détruit d'une autre manière, des villages entiers, qui étaient gravement infestés de terroristes'[35].

Ressources modifier

Forces en présence et mobilisation modifier

Effectifs des armées modifier

Économie modifier

Stratégie modifier

Stratégie des indépedantistes modifier

Stratégie des loyaliste modifier

Avantage de l'armée régulière modifier

Avantage des indépendantistes modifier

Les soldats modifier

Loyalistes modifier

Rebelles modifier

  • Samuel Zeze, Originaire de Sangmélima, ancien capitaine de l’insurrection de ALNK et engagé très jeune dans les années 1950 dans l'armée de l’UPC. Il a été arrêté, torturé et détenu à plusieurs reprises. Il s’engage aussi dans les fronts lancés depuis le Congo-Brazzaville au milieu des années 1960. Chant de maquis: « Ca va chauffer! »[37].
  • Achille Mbembe, Historien et philosophe camerounais, auteur de de plusieurs ouvrages avait été le premier chercheur à avoir collecté et réhabilité les textes de Ruben Um Nyobè. Pour lui, la décolonisation du Cameroun fut bel et bien une guerre et non une opération de police; stratégie politique de minimisation du conflit.

Chronologie modifier

Chronologie générale modifier

  • 22 - 30 mai 1955 : Émeutes dans les villes réprimées par Roland Pré, dissolution de l’UPC le 13 juillet 1955 et pourchasse ses militants clandestins[38].
  • 18 décembre 1956, l’UPC boycotte les élections législatives et lance la lutte armée contre l’occupant. Pierre Messmer réprime l’insurrection et l’armée française mène des «opérations de guerre» contre les maquis nationalistes, avec des milliers de victimes[38].
  • 9 décembre 1957 - 31 décembre 1958, Jean Lamberton commande la Zone de pacification de la Sanaga-Maritime. Les populations sont regroupées dans des camps et l’armée et les milices locales, traquent les maquisards[38].
  • 18 janvier - 25 mai 1959, Les militaires français sont déçus par un dispositif à vocation défensive de protection dans les régions Bamiléké de l’Ouest-Cameroun[38].
  • 1 janvier 1959, dans un Cameroun devenu « État autonome », opérations de répressions clandestines, de tortures et disparitions[38].
  • 20 décembre 1959 - 31 décembre 1960, Max Briand commande les forces françaises au Cameroun et mène dans l’Ouest-Cameroun une guerre pour reconquérir les zones nationalistes. La région est bouclée, ravagée par les bombardements aériens et des centaines de milliers d’habitants regroupés dans des villages[38].
  • 1er janvier 1961 - décembre 1964, les opérations, désormais officiellement sous commandement camerounais, sont soutenues par les troupes françaises restées sur place[38].
  • 1960 - 1971 « coopération » de la France avec le régime d’Ahmadou Ahidjo pour :
  1. discipliner les populations civiles
  2. écraser les upécistes en exil qui lancent des offensives depuis le Congo-Brazzaville
  3. combattre les groupes armés qui résistent à l’Ouest jusqu’au début des années[38].

Principales batailles et sièges modifier

Lexique modifier

Personnalités modifier

Personnalités loyalistes modifier

Personnalités indépendantistes modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Thomas Deltombe, Manuel Domergue et Jacob Tatsitsa, Kamerun ! Une guerre cachée aux origines de la Françafrique 1948-1971, La Découverte, (ISBN 978-2-7071-5913-7, lire en ligne) (l'introduction, soit jusqu'à la p. 28 et la table des matières sont disponibles en ligne)
  • Mongo Beti, Main basse sur le Cameroun. Autopsie d’une décolonisation. François Maspero, Paris, 1972 (réed. La Découverte, 2010)
  • Achille Mbembe, La Naissance du maquis dans le Sud-Cameroun, 1920-1960. Histoire des usages de la raison en colonie. Karthala, Paris, 1996
  • Richard Joseph, Le Mouvement nationaliste au Cameroun. Les origines sociales de l’UPC. Karthala, Paris, 1986

Documentaires multimédia modifier

Photographie modifier

Liens externes modifier

  • www.kamerun-lesite.com

Notes et références modifier

  1. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2012) utilise ce terme entre guillemets p. 17 et 19 en l'attribuant à Max Bardet et Nina Thellier, auteurs de « O.K. Cargo ! » mémoires d'un pilote d'hélicoptère dont ils n'ont pu retrouver trace, derrière lequel ils soupçonnent à mots couverts de se cacher Constantin Melnik, voir à ce propos p. 18
  2. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), cartes p. 5 et 7
  3. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), chapitre 13 p. 234-246
  4. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), chapitres 22 à 24 p. 392-454
  5. http://www.kamerun-lesite.com/87/les-illusions-d-une-colonisation-humaine/
  6. http://www.kamerun-lesite.com/110/l%E2%80%99introuvable-alternative-a-l%E2%80%99upc/
  7. http://www.kamerun-lesite.com/104/la-naissance-de-l-upc-1947-1948/
  8. http://www.kamerun-lesite.com/108/haro-sur-l%E2%80%99upc-1948-1954/
  9. http://www.kamerun-lesite.com/122/roland-pre-lance-la-contre-subversion-1954-1955/
  10. http://www.kamerun-lesite.com/124/l-upc-interdite-mai-1955/
  11. http://www.kamerun-lesite.com/130/le-fusil-sur-la-tempe-1956-1957/#more-130
  12. http://www.kamerun-lesite.com/132/le-kamerun-s-embrase-1957/#more-132
  13. a b c et d http://www.kamerun-lesite.com/135/repression-en-bamileke-1957-1958/#more-135
  14. http://www.kamerun-lesite.com/143/zopac-traquer-et-eliminer/#more-143
  15. http://www.kamerun-lesite.com/155/ahidjo-et-de-gaulle-peres-adoptifs-de-l-independance/#more-155
  16. http://www.kamerun-lesite.com/157/guerilla-diplomatique-1958-1959/
  17. http://www.kamerun-lesite.com/162/une-repression-camouflee/
  18. http://www.kamerun-lesite.com/164/la-fausse-independance-de-janvier-1960/
  19. http://www.kamerun-lesite.com/166/janvier-1960-l-armee-francaise-engage-la-reconquete/
  20. http://www.kamerun-lesite.com/168/la-guerre-jusqu-au-cou/
  21. http://www.kamerun-lesite.com/170/repression-a-l-africaine/
  22. http://www.kamerun-lesite.com/172/le-poison-de-la-francafrique/
  23. http://www.kamerun-lesite.com/183/le-dictateur-s-installe-1961-1963/
  24. http://www.kamerun-lesite.com/186/neocolonialisme-contre-subversif-1961-1964/
  25. http://www.kamerun-lesite.com/188/splendeurs-et-miseres-de-la-revolution-kamerunaise-1961-1963/
  26. http://www.kamerun-lesite.com/190/soumission-des-esprits-et-croisades-antiterroristes-1962-1964/
  27. http://www.kamerun-lesite.com/192/a-l-ombre-du-parti-unique-1965-1966/
  28. http://www.kamerun-lesite.com/194/la-pacification-par-le-developpement/
  29. http://www.kamerun-lesite.com/196/la-debacle-des-kamerunais-en-exil-1963-1969/
  30. http://www.kamerun-lesite.com/200/le-coup-final-l-affaire-ndongmo-ouandie-1970-1971/
  31. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), p. 18 et 20. Voir la note 1 ci-dessus au sujet de Max Bardet.
  32. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), p. 24 qui renvoient à un « Rapport sur les opérations militaires au Cameroun en 1960 », daté du 7 avril 1961 (SHAT, 6H240)
  33. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), p. 245 qui renvoient à un « PV de la réunion tenue le 3 janvier de 15 heures à 17 heures 30 à l'état-major du GCS concernant la situation dans les pays Mungo et Bamiléké », Brazzaville, daté du 5 janvier 1959 (SHAT, 6H262)
  34. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), p. 24-25 qui renvoient à « Le Cameroun 1962 : pacification et réunification », conférence devant le Groupe d'études des problèmes africains, Centre d'étude de politique étrangère, 26 octobre 1962, p. 7-8, Fonds privé d'André Blanchet à l'Académie des sciences d'outre-mer.
  35. (Deltombe, Domergue et Tatsitsa 2011), p. 24 qui renvoient à Goodfellow, British Embassy, Yaoundé, to Mellon, West and Central Africa Dept., 22 juillet 1964 (Foreign Office, 371/146876) et précisent que cette source leur est connue par un article de la chercheuse américaine Meredith Terretta.
  36. http://www.dailymotion.com/video/xggb9n_chant-de-maquis-de-samuel-zeze-ca-va-chauffer_news?start=2#.UYw4WbUqyAk
  37. http://www.dailymotion.com/video/xggb9n_chant-de-maquis-de-samuel-zeze-ca-va-chauffer_news?start=6#.UYw7O7UqyAk
  38. a b c d e f g et h Kamerun, Chronologie, Les principales étapes



Bataille de Bangui
Soldat rwandais sur l'aéroport de Bangui, près des camps de réfugiés, le 19 janvier 2014.
Informations générales
Date -
Lieu Bangui
Issue

Indécise

  • Attaque des Anti-Balaka repoussée par la Seleka
  • Massacres contre les populations civiles
  • Désarmement partiel de la Seleka et des anti-balaka par les forces françaises et la MISCA
  • Exode de la population musulmane de Bangui
  • Accord de cessation des hostilités
Belligérants
Anti-balaka   République centrafricaine
(5 décembre 2013 - 10 janvier 2014)

  Seleka
  République centrafricaine
(à partir du 10 janvier 2014)

  France

MISCA
(décembre 2013 - avril 2014)
  MINUSCA
(à partir d'avril 2014)


  Maroc

  EUFOR RCA
(depuis - avril 2014)

Commandants
• Patrice Edouard Ngaissona
• Rodrigue Ngaïbona
  Michel Djotodia
  Issa Yahia †
  Mahamat Saleh †
  Catherine Samba-Panza
  Francisco Soriano
  Jean-Marie Michel Mokoko
  Martin Tumenta Chomu
  Poncien Kisimahana
Forces en présence
12 000 à 30 000 hommes[1],[2]
(selon les anti-balaka)
 
7 000 hommes[3]
 
1 000 hommes[4]

 
250 hommes[5]

 
150 hommes
Pertes
inconnues inconnues  
2 morts

 
9 morts

 
3 morts

~ 60 musulmans massacrés par les Anti-Balaka
~ 1 000 chrétiens massacrés par la Seleka
(du 5 au 8 décembre, selon Amnesty International)[6]

90+ morts
(du 8 au 18 décembre, selon Amnesty International)[6]

104+ morts[7],[8],[9]
(du 19 au 26 décembre, selon la Croix-Rouge)

54+ morts
(du 26 décembre au 16 janvier)

36+ morts
(du 22 au 24 janvier)

30 morts[10]
(du 28 au 31 janvier, selon la Croix-Rouge)

65+ morts
(depuis le 5 février)

Troisième guerre civile centrafricaine

Batailles



La bataille de Bangui se déroule pendant la troisième guerre civile de Centrafrique. Après des attaques répétées de la part des Seleka sur les populations chrétiennes, le , les miliciens anti-balaka, probablement épaulés par des anciens membres des Forces armées centrafricaines

Affrontements du 5 au 8 décembre modifier

Attaques des Anti-Balaka et représailles des Seleka modifier

 
Vue du centre-ville de Bangui en 2010.

Pertes et conséquences modifier

L'archevêque de Bangui déclare qu'au moins 39 personnes sont mortes dans la nuit du 5 au 6 décembre et dans la journée du 6[11].


Rencontre entre François Hollande et Michel Djotodia le 10 décembre modifier

 
Vue de l'aéroport de Bangui en 2010.

Le 10 décembre, après avoir assisté le même jour à la cérémonie d'hommage à la mémoire de Nelson Mandela, le président français François Hollande arrive en République centrafricaine. À 19 heures 15, le Falcon 7X présidentiel français se pose à l'aéroport

Courte accalmie après l'intervention étrangère modifier

Le 11 décembre, des chefs religieux musulmans et chrétiens organisent une réunion dans le quartier PK13 et appellent à la réconciliation[12]. Pendant toute la durée des affrontements, l'archevêque et l'imam de Bangui, Dieudonné Nzapalainga et Oumar Kobine Layama multiplient les appels à cesser les violences et la réconciliation et essayent d'organiser des rencontres entre les différentes communautés[13].

Poursuites des affrontements et des exactions à Bangui modifier

Affrontement des 19 et 20 décembre entre Tchadiens et Anti-Balaka modifier

 
Un blindé Panhard AML (Eland) tchadien de la FOMAC, le , à Bangui.

Accord de cessation des hostilités modifier

Au début du mois de juin, une opération de « désarmement volontaire » est organisée à Bangui, et la population est invitée à remettre fusils, machettes et grenades aux mairies. Quelques armes sont récupérées mais la

Bilan modifier

Interviewé le 29 janvier, Peter Bouckaert, en mission pour Human Rights Watch, estime que les Français ont mal anticipé les actions des Anti-Balaka :


Les réfugiés modifier

Au total, l'Unicef aurait recense 55 sites de réfugiés à Bangui[14].


Épisodes de violences ponctuelles après l'accord de cessation des hostilités modifier

Une nouvelle flambée de violence secoue Bangui du 7 au 9 octobre. Le 7, un soldat de l

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées JA020114
  2. France 24 : Centrafrique : les anti-balaka défient la présidente Samba-Panza
  3. France 24 : Un millier de morts dans les violences en Centrafrique, selon Amnesty
  4. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Figaro201213
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  11. Reuters - 6 décembre 2013: At least 39 more killed in C.African Republic capital -archbishop
  12. RFI : Bangui: les autorités religieuses œuvrent à la réconciliation entre communautés
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source : http://www.carnets-voyage.com/cameroun-bakweri-map.html

Resistance armée des bakweris au colonialisme allemand - 1891-1894

Contrairement à la croyance très répandue qui laisse sous entendre que les Bakweris n'ont pas résisté à la spoliation de leurs terres par les Allemands, ils ont en fait organisé une campagne anti-Allemande efficace et ont infligé une défaite humiliante aux Allemands, à Buea en 1891. Ce fut la première perte militaire allemande sur le continent africain. Ce qui a conduit à une réestimation complète de la politique allemande de colonisation militaire au Cameroun, et, malheureusement, a entraîné une sanglante répression afin d'anéantir les Bakweris. Seule une poignée d'hommes a survécu pour raconter l'histoire.

L'histoire de la résistance militaire des Bakweris contre les Allemands est également l'histoire incroyable du chef KUVA LIKENYE de Buea. La défaite épique des forces Allemandes menées en 1891 demeure l'un des chapitres le plus glorieux (mais aussi le plus méconnu) dans l'histoire camerounaise.

La première guerre Bakweri-allemande de 1891

La guerre de 1891 a ses origines dans le désir du gouvernement colonial allemand d'occuper le secteur autour du Mont Cameroun, un secteur stratégique par la richesse du sol. Une des justification à cette guerre était d'écraser Kuva Likenye, le chef de montagne, qui était considéré comme le chef de la résistance et qui avait incité un soulèvement parmi les tribus de Bakweris.

En novembre 1891 une force expéditionnaire allemande, menée par le commandant Karl Freiher Gravenreuth (qui venait de réprimer un soulèvement des habitants d'Abo (Douala) au début de cette même année), est envoyée pour combattre les poches de résistances et pour faire une démonstration de force vis à vis des populations. Le contingent allemand a également inclus les soldats du Dahomey, du Togo et de la Sierra Leone qui avaient débarqués quelques jours plus tôt au port de Victoria (Limbe).

Quand Kuva Likenye s'est rendu compte de l'attaque imminente des forces allemandes, il a disposé ses hommes (environ 400, tous des paysans locaux). Un accrochage mémorable eu lieu au ravin de Namonge (maintenant enjambé par le pont entre le rond point de station de Buea et l'hôtel Mountain Blue).

Malgré les forces allemandes supérieures, les hommes de Kuva Likenye ont tenu leur terre, et stoppé net l'avance allemande dans Buea. Le commandant allemand, Karl Freiher Granvenreuth, fut tué immédiatement. Le corps expéditionnaire a paniqué et s'est sauvé à travers la montagne jusqu'à Victoria, avec les Bakweris à leur poursuite.

Pendant les trois années à venir, les Bakweris ont tenu les Allemands en échec, les empêchant de s'implanter sérieusement dans la région. Cette défaite eut des répercussions importantes pour la suite de la colonisation Allemande, en effet les troupes auraient du s'implanter plus loin dans l'intérieur du pays, afin de contrecarrer les mouvements Français.

En mars 1894, l'Allemagne signe un accord, avec la France, qui fixe la frontière orientale du Cameroun bien plus étroitement que prévu.

Grâce à leur victoire sur les forces impérialistes Allemandes, les Bakweris ont, avec succès, ralenti l'avance des Allemands dans l'intérieur du pays camerounais.

1894 : la vengeance de la machine militaire allemande

Les Allemands n'ont jamais oublié cette défaite, ils mettent en place une politique d'usure, visant à isoler le chef Kuva Likenye.

En décembre 1894, une force coloniale allemande, nouvellement constituée, mieux préparée et fortement armée, lance une attaque sur Buea.

Le chef Bakweri, Kuva s'est rendu compte que la résistance devenait inutile et pour éviter un carnage est parti en exil au village de Wonya Mokumba et y meurt rapidement.

Cette deuxième expédition allemande marque le commencement de l'élimination systématique des Bakweris, dans le but de saisir leurs terres et de les enfermer dans de prétendues réserves indigènes.

le traité Bakweri-allemand de paix de 1895

En avril 1895, un Traité de paix brutal a été imposé aux Bakweris, signé par Chef Endeley , frère du défunt Kuva. Les habitants étaient dépossédés de leur ancien territoire autour de la ville de Buea, et ont du payer des indemnités de guerre en bétail, en terre et en hommes . Ces derniers seront contraints plus tard à construire le palais du gouverneur de Buea, le palais de Von Puttkamer que l'on visite encore aujourd'hui.