Utilisateur:MaudLuce/Brouillon

Nécropole de Saint-Seurin
Une partie de la Nécropole
Pays
France
Commune
Bordeaux
Patrimonialité
Titre des Monuments Historiques
Coordonnées
Carte

La Nécropole de Saint-Seurin modifier

La nécropole de Saint-Seurin est un monument bordelais classé au titre des monuments historiques situé sur l'actuelle place des Martyrs de la Résistance à l'emplacement de la collégiale médiévale de Saint-Seurin. La collégiale de Saint-Seurin est occupée par cette nécropole depuis la fin de l'Antiquité. Cet édifice, qui est l'un des plus anciens vestiges de la ville de Bordeaux, constitue un précieux témoignage de son histoire et des bouleversements profonds qu'elle a connus au cours des siècles.

Histoire modifier

Contexte modifier

La ville de Bordeaux fait l'objet d'une forte romanisation, avec l'apparition d'institutions de type "romain" entre les règnes de Claude (41-54 ap JC) et de Vespasien (69-79 ap JC), qui s'accompagnent d'un mouvement d'embellissement urbain. Avec la conquête romaine de la Bretagne, le commerce bordelais prospère, et un grand nombre d'individus acquièrent une aisance financière dont témoignent leurs monuments funéraires. Après des attaques barbares au IIIe siècle, la ville se fortifie et se dote d'une gigantesque enceinte. Au IVe siècle, Burdigala devient l'une des plus importantes cités de la Gaule, notamment grâce aux réformes administratives entreprises par Dioclétien (284-305 ap JC), puis par Constantin. Elle est proclamée chef-lieu du diocèse méridional des Gaules, d'où la présence de nombreux fonctionnaires ou militaires dans la ville à cette époque. Malgré la présence attestée d'adeptes de la "nouvelle religion" dès le IIIe siècle, ce n'est qu'à partir de l'édit de Milan proclamée par Constantin en 313 ap JC que le christianisme commence à être pleinement embrassé par la population bordelaise. La ville se dote alors de nombreuses églises. Après le pillage de la ville et son invasion par les Wisigoths entre 414 et 418 ap JC, des tensions d'ordre religieux émergent entre Aquitains catholiques de culture gallo-romaine et Goths ariens. Ce n'est qu'avec Clovis et la victoire écrasante des Francs près de Poitiers que la ville sera récupérée et que le culte chrétien retrouvera pleinement sa place.

Campagnes de fouilles modifier

Plusieurs campagnes de fouilles archéologiques ont été entamées à partir du XIXe siècle dans le but de percer les mystères de la nécropole Saint-Seurin. Monseigneur Jean-Pierre-Albert Cirot de la Ville, vicaire de Saint-Seurin de 1834 à 1841 a le premier entrepris des travaux et édite un ouvrage, Origines chrétiennes de Bordeaux. Histoire et description de l'église Saint-Seurin retraçant le résultat de ses fouilles en 1866. Après lui, les fouilles réalisées par Paul Courteault et Camille Jullian en 1909 et 1910 ont mis à jours une partie de cette vaste nécropole, notamment des sépultures superposées dont la mise en place s'échelonne entre le IVe et le XIIIe siècle. Après l'abandon de cette campagne faute de moyens, d'autres fouilles ont par la suite étaient dirigées par Raymond Duru, architecte des bâtiments de France, entre 1964 et 1969. Enfin, le Projet Collectif de Recherche mis en place entre 1997 et 2002, en dépoussiérant les structures, a permis une meilleure lisibilité du site et son évolution globale est désormais mieux comprise. La recherche sur la nécropole se poursuit aujourd'hui notamment grâce aux travaux de Natacha Sauvaitre.

Une nécropole antique modifier

Typologie des sépultures et objets antiques retrouvés à Saint-Seurin modifier

Le mobilier, les amphores et les décors peints retrouvés à Saint-Seurin laissent penser qu'il n'y a pas eu d'occupation antérieure au IVe siècle. 435 inhumations ont été mises à jours dans la nécropole. Natacha Sauvaitre a établi une typologie des sépultures retrouvées qui en distingue cinq types:

- Sépultures en pleine terre (70), difficiles à discerner.

- Tombes en coffre de bois (14): présence de pierres de calage et/ou de clous.

- Tombes sous tegulae ou tuiles (17): espaces clos et secs autours du corps, tuiles parfois disposées en bâtière.

- Amphores (70): surtout des enfants en bas âge. La plupart datent du IVe siècle.

- Sarcophages (265): types de sépultures le plus courant. On trouve des cuves rectangulaires monolithes à fond plat, aux parois épaisses d'une dizaine de centimètres, pouvant présenter des décors gravés. La plupart sont datées des IVe et Ve siècles.

Par ailleurs, deux mausolées se distinguent par leurs aménagements somptueux (salle 8 et mausolée 7).

Les objets retrouvés dans les tombes (peignes, céramiques, fioles, monnaies,...) constituent de précieux indices pour la datation.



L'influence romaine Bordeaux modifier

L'orientation générale des bâtiments et l'iconographie d'une fresque murale constituent les témoins d'une romanisation de Bordeaux. Les édifices mis à jours lors des fouilles de Saint-Seurin suivent une orientation qui semble reprendre l'axe d'un decumanus romain. L'axe de circulation au nord de la collégiale reprends cette orientation, traduisant une inscription dans la tradition romaine d'établissement des nécropoles aux abords des routes.

Une fresque restaurée dans le mausolée 7 a été analysée par Alix Barbet, spécialiste des fresques romaines. Elle comprend une plinthe ocre-jaune surmontée d'une partie basse rouge-bordeeaux striée, décorée de méandres et de carrés. Au dessus, on distingue un espace peuplé d'êtres marins (canards, cheval marin portant une créature nue). Un grand rocher délimite la composition. La fresque est un témoignage de la permanence des thèmes antiques dans la peinture funéraire en Gaule, voir de l'héritage artistique de l'Antiquité, maladroitement exécuté par le christianisme primitif.

La nécropole après l'Antiquité modifier

Les premiers signes d'une christianisation de Bordeaux modifier

On note significatifs:

- Le sarcophage de Flavinus (fin du IVe - début du Ve). C'est le seul à contenir une épitaphe et dont on connait l'identité des défunts présents dans la tombe: "Ci gît Flavinus, du régiment des Mattiaques seniors, qui a vécu quarante-cinq ans et laissé dans un profond désespoir sa femme et ses fils". Le chrisme gravé dans la plaque, entouré de l'alpha et de l'oméga, et la présence de colombes portant des rameaux d'oliviers, attestent la foi chrétienne du défunt.

 
Sarcophage de Flavinus, Musée d'Aquitaine, Bordeaux

- Sarcophage à décor végétal exposé au musée d'Aquitaine (Ve - VIe siècles) en marbre des Pyrénées, typique de l'école d'Aquitaine. La cuve est décorée sur trois faces (hampes d'acanthes, rinceaux de vignes, de lierre, chrisme inversé, alpha et oméga, écailles).

Les réutilisations postérieures et interprétations de la nécropole modifier

Le cimetière de Saint-Seurin a été utilisé jusqu'en 1794. La pratique de l'empilement des sarcophages est attesté jusqu'au XIIIe siècle. De nombreuses légendes entourent le site, notamment la crypte de l'église et peuvent constituer de nouvelles pistes de recherche. La présence de dépouilles de nombreux Saints (saint Seurin, sainte Véronique, sainte Bénédicte et saint Martial) dans la crypte est sujette à débats.

Bibliographie modifier

BARBET Alix, Peinture murale en Gaule, Actes des séminaires ZFPMA 1982-1983, 1er et 2 mai 1982 à Lisieux, 21 et 22 mai 1983 à Bordeaux, p 103-112.

BARRAUD Dany, PICHONNEAU Jean-François, « La nécropole chrétienne de Saint-Seurin » in Archéologia n°424, juillet-août 2005

BARRAUD Dany, BOST Jean-Pierre, « Burdigala sous le Haut-Empire » in Archéologia n°424, juillet-août 2005

BOUVIER Armel, SAPIN Christian, GUIBERT Pierre, BLAIN Sophie, « Les apports de la chronologie par luminescence : étude de la crypte de la collégiale Saint-Seurin » in Les sarcophages de l’Antiquité Tardive et du haut Moyen Âge : fabrication, utilisation, diffusion, Actes des XXXe Journées internationales d’archéologie mérovingienne, Aquitania supplément n°34, Bordeaux, 2009, p.539-548.

CARTRON Isabelle, BARRAUD Dany, HENRIET Patrick, MICHEL Anne, Autour de Saint-Seurin : lieu, mémoire, pouvoir, des premiers chrétiens à la fin du Moyen Âge, Ausonius Éditions, Bordeaux, 2009

CIROT DE LA VILLE, Jean-Pierre-Albert, Origines chrétiennes de Bordeaux ou Histoire et description de l’Église Saint-Seurin, édité par V.J Dupuy, Bordeaux, 1867

DELAPLACE Christine, « Synthèse historique sur la Gaule du Sud au Ve siècle » in Les sarcophages de l’Antiquité Tardive et du haut Moyen Âge : fabrication, utilisation, diffusion, Actes des XXXe Journées internationales d’archéologie mérovingienne, Aquitania supplément n°34, Bordeaux, 2009, p.473-480

ROUGÉ Guillaume, SCUILLER Christian, GLEIZE Yves, « Cartographie des sites à sarcophages en Aquitaine (IVe- VIIIe siècles) » in Les sarcophages de l’Antiquité Tardive et du haut Moyen Âge : fabrication, utilisation, diffusion, Actes des XXXe Journées internationales d’archéologie mérovingienne, Aquitania supplément n°34, Bordeaux, 2009, p.149-163

SAUVAITRE Natacha, La nécropole de Saint-Seurin de Bordeaux : étude archéologique et architecturale, Mémoire de Maîtrise sous la direction d’Isabelle CARTRON, Bordeaux, 2002

SAUVAITRE Natacha, « La nécropole Saint-Seurin de Bordeaux : état de la recherche » in Revue Archéologique de Bordeaux, tome XCVI, année 2005, p.129-156

Bordeaux, 2000 ans d’Histoire, Catalogue d’exposition du Musée d’Aquitaine, Bordeaux, 1971, p.157-169 Sculpture médiévale de Bordeaux et du bordelais, Catalogue d’exposition du Musée d’Aquitaine, Bordeaux, 1976,

COURTEAULT Paul, RADET Georges, PARIS Pierre, Rapport général sur les fouilles de Saint-Seurin présenté à M. Le maire de Bordeaux par la commission de la Faculté des Lettres chargée des fouilles, 1910, version numérisée en 2013. URL : http://1886.u-bordeaux-montaigne.fr/files/original/54d3e9dc2d5643410bcffdf2af0328b8.pdf

SALEM Walid, « Légendes et mystères de la crypte de Saint-Seurin », Rue89 Bordeaux, 19 septembre 2015. URL :

http://rue89bordeaux.com/2015/09/legendes-et-mysteres-de-la-crypte-saint-seurin/

http://www.bordeaux.fr/images/ebx/fr/groupePiecesJointes/26482/2/pieceJointeSpec/72923/file/St- Seurin.pdf