Utilisateur:Djielle/Brouillon/Évolution cognitive des Hominines/Langage

Hommes primitifs - Heidelberg et Neanderthal modifier

La famille des hommes primitifs modifier

De même que pour Habilis, la longue durée de vie du clade des proto-hommes avec Ergaster/Erectus (un million d'années sans guère de changement anatomique ou comportemental) montre que en l'absence de changement climatique fournissant une pression sélective induisant au changement - il n'y a pas de changement[1].

Depuis un million d'années jusqu'à nos jours, le climat a été beaucoup plus instable qu'il ne l'avait été précédemment. Huit cycles glaciaires se sont succédé dans les derniers 750ka, au Pléistocène moyen (781 - 126 ka). Les fluctuations de températures moyennes ont été très importantes, atteignant 3°C en zone tropicales et jusqu'à 16°C en Europe.

D'une manière ou d'une autre, ce changement climatique semble avoir conduit au moins localement à la disparition du profil de chasse classique de Erectus, et a été à l'origine d'une pression sélective imposant la chasse au grand herbivore. Faute d'outil sophistiqué, cette chasse est largement pratiquée au contact, imposant au chasseur une constitution particulièrement robuste s'il doit y survivre.

Vers 600ka, une nouvelle espèce apparaît en Afrique : l'Homme primitif, sous les traits de Homo heidelbergensis (600-200ka). Avec lui, il y a « un nouveau sherif en ville » : l'homme primtif allait coloniser très rapidement l'Europe et l'Asie de l'ouest, balayant et remplaçant le proto-homme Ergaster/Erectus qui disparaît sur son passage.

Heidelberg est une espèce européenne et africaine, présente dans un certain nombre de sites. En Asie il donne naissance à une autre espèce, les hominidé de Denisova (1Ma? 40ka?). On le retrouve sous le nom de Homo rhodesiensis (300-125ka) en Afrique, comme Homme de Denisova (1Ma-40ka?) en Asie. Citons encore l'Homme de Petralona (700ka?), et l'Homme de Florès (95-50ka).

La vague européenne donnera naissance à l'homme de Néanderthal (300ka-30ka), dont le statut d'espèce à part reste disputé. Son corps est adapté aux latitudes élevées. Pendant près de 250ka, Neanderthal a occupé l'Europe, s'adaptant aux conditions de l'âge glaciaire, et devenant l'un des meilleurs chasseurs de gros gibier jamais rencontré.

Anatomie modifier

 
Revêtu d'une fourrure ? ou couvert de fourrure ?

Les hommes primitifs ont une constitution robuste. Leur capacité crânienne augmente, passant d'un ~ 930cm3 pour Erectus à ~1170 cm3 pour Heidelberg et jusqu'à 1320 cm3 pour Neandertal.

Une difficulté sur l'homme primitif est que l'on est plus familiarisé avec son type tardif européen (homme de Neandertal) qu'avec le type général, notamment dans sa version africaine. C'est cependant le type africain de Heidelberg qui donnera plus tard naissance à l'homme anatomiquement moderne, dont Neandertal n'est donc qu'un cousin, et non un ancêtre.

Neandertal est l'adaptation au climat glaciaire de l'Homme primitif. Quand on voit à quel point ce climat peut transformer rapidement un éléphant en mammouth par adaptation au froid (diminution de la taille des extrémités, apparition d'une couche de graisse protectrice, développement d'une pilosité importante et laineuse), on reste rêveur devant les reconstitutions modernes de Neanderthal, qui supposent un aspect résolument « presque moderne ». On sait qu'il avait effectivement des membres raccourcis par adaptation au froid, on sait qu'il ne maîtrisait pas les vêtements clos comme Sapiens - comment son adaptation a-t-elle influé son aspect extérieur, à fleur de peau? Que ne le représente-t-on pas empâté dans une couche de graisse et couvert d'une toison épaisse? Si cette adaptation était prise au sérieux, son aspect général serait probablement plus celui attribué à un Yéti, un Almasty ou un Bigfoot (dont au contraire on accentue volontiers l'aspect simiesque, comme pour mieux en affirmer le côté non-humain).

Bien que les hommes primitifs soient des bipèdes à grand cerveau, il y a beaucoup de différences avec les hommes modernes, tant au niveau du crâne que du squelette appendiculaire. Les principales différences entre un Néandertalien, petit, trapu et un homme moderne robuste, sont marquées chez le premier par une face moyenne très prognathe, un crâne aplati et allongé vers l’arrière ; des yeux situés plus hauts que les nôtres. Les principaux caractères de Neandertal : capsule cérébrale platycéphale, capacité crânienne de 1300-1750 cc, torus sus orbitaire fort et continu, chignon occipital proéminent, basicrâne relativement plat, plus grande largeur du crâne à mi-hauteur, face moyenne très prognathe, triangle mentonnier variable, incisives relativement grandes, taurodontisme (molaires et prémolaires à grandes cavités pulpaires et racines soudées), os moins épais que chez Erectus, cavités cotyloïdes plus postérieures, sillon dorsal sur le bord externe de la scapula (dans 60 % des spécimens), os longs plus courbes avec de grandes insertions musculaires, muscles fléchisseurs des doigts plus puissants[2].

Les attaches des muscles sur les os suggèrent des bras puissants : la crête scapulaire est à mettre en relation avec un plus fort développement d’un des muscles du bras, et aurait pour effet d’assurer un meilleur contrôle de certains mouvements, particulièrement dans le geste du lancer. Les os de l’avant-bras sont très courbés, ce qui détermine un vaste espace interosseux, probablement en liaison avec de puissants muscles. Et la tubérosité du radius est un peu plus éloignée de la tête de cet os que chez l’homme actuel donnant ainsi plus de force au biceps[3].

Bien que les Néanderthal aient eu une capacité crânienne importante (plus importante que celle de l'homme moderne), cette capacité crânienne n'était pas due au développement du cortex frontal, mais à un très fort développement de sa capacité visuelle. Par rapport à l'homme moderne, ses globes oculaires étaient 20% plus gros, et le lobe occipital qui assure le premier traitement des images était en conséquence plus développé[1]. Cette particularité reflète une adaptation à la chasse sous des latitudes élevées, où les conditions d'éclairage sont nettement plus mauvaises que dans les zones équatoriales.

De plus, la taille du cerveau a crû indépendamment chez Neanderthal et chez Sapiens, suggérant que la fonction développée sélectivement n'était pas nécessairement la même[4].

Outillage modifier

Heidelberg est apparu au Paléolithique inférieur, et initialement sa culture matérielle correspond à celle de l'Acheuléen. Il commence à utiliser des os comme outil pour la fabrication d'outils en silex.[5] Vers 300 ka on observe un changement technique : il invente une technique de coupe dite méthode Levallois, qui réclame de certaines capacités cognitives et marque l'entrée de la culture du Moustérien, qui correspond au Paléolithique moyen (300-30 ka).

Le Moustérien est la principale manifestation culturelle du Paléolithique moyen en Eurasie (environ 300-30ka). Il est principalement l’œuvre de l’Homme de Neandertal. Neandertal, qui vit toujours dans un mode de chasseur-cueilleur, est alors l'auteur d'un outillage complexe et élaboré. Très progressivement apparaissent des outils de plus en plus travaillés. La taille de la pierre évolue avec la technique du débitage, qui maîtrise les éclats extraits du nucléus. L'homme conçoit son outil avant de la réaliser, et détache du nucléus des lames et des éclats dont la forme est non plus conforme à un idéal abstrait, comme pour le biface, mais adaptée à l’usage qui en sera fait dans des outils composites. L’utilisation des outils retouchés se généralise, on voit apparaître des gammes très diversifiées d’outils sur éclats, dominées par différentes formes de racloirs (racloirs simples, doubles, convergents, déjetés…), des pointes, des grattoirs, des denticulés, des encoches. Les grattoirs sont utilisés pour découper la viande, mais aussi racler le cuir, et travailler le bois. L'emploi des matières dures animales (os, dents, ivoire) reste cependant limité à quelques cas particuliers tels que les retouchoirs.

Il fabriquait avec soin des épieux qui atteignaient jusqu'à 2,50 m de long ainsi que des outils en silex.[5] En outre, il serait le premier hominine à avoir utilisé des lances à pointes en pierre taillée. Il fait usage de lances robustes, terminées par les pointes triangulaires débitées suivant la méthode Levallois. Ces lances ne sont pas conçues pour être projetées comme des javelots, mais pour être utilisées comme arme d'hast.

Il dispose de racloirs et donc de peau de bêtes, mais ne sait pas les coudre, faute d’aiguilles, et ne peut que les nouer ou les attacher grossièrement.

L'outillage des hommes primitifs semble avoir lentement évolué tant en complexité qu'en qualité esthétique, surtout vers la fin de leur règne, mais cette capacité d'évolution n'est pas clairement établie. Pour certains, Neandertal a été incapable de s’adapter à une industrie plus sophistiquée, ce qui serait une des causes possibles de son extinction lors de sa cohabitation avec Sapiens, les hommes modernes[2].

Chasse collective au gros gibier modifier

Son régime est presque exclusivement carné, comme le montre le rapport isotopique de l'azote similaire à celui des carnivores contemporains [1]. Le poisson s’ajoute au régime alimentaire, peut-être capturé dans des nasses.

Les accumulations d'ossements d'herbivores (cerfs, bisons) à proximité des restes de Néandertaliens sont interprétées comme le résultat de leur chasse.[5] Les marques de découpe visibles sur les ossements d'animaux découverts dans les sites qu'il a occupés indiquent qu'il les raclait pour en retirer la viande.

Il est probable que Heildenberg se nourrissait entre autres de viande acquise par la chasse. Il était capable de venir à bout du gros gibier, par exemple les chevaux (Schöningen) et le rhinocéros (Boxgrove). Contrairement par exemple aux pratiques des chimpanzés, la chasse au gros gibier suppose une collaboration active, où les différents intervenants coordonnent leur action[6].

Maîtrise du feu modifier

La maîtrise du feu est acquise, son usage se généralise, et les hommes commencent à cuire leur nourriture.

Des traces régulières d'utilisation du feu apparaissent vers 500-400ka sur les trois continents de l'ancien monde. De rares qu'elles étaient, les traces de feu et de foyers deviennent abondantes : c'est à cette époque que l'on peut dire que le feu a été maîtrisé, dans le sens où il pouvait être allumé et entretenu à volonté[1].

Pour un groupe, il n'est possible d'entretenir des feux dans la durée que si plusieurs personnes coordonnent leurs activité ; une telle capacité demande un minimum de capacité pour échanger des informations - a minima un protolangage - et la capacité cognitive suffisante pour reconnaître l'intérêt d'une coopération et la nécessité de se partager les tâches[1].

Le fait de faire cuire intégralement ses repas de viande et de tubercules permet de mieux les digérer et augmente de près de 50% leur pouvoir nourrissant. La cuisson représente fonctionnellement une externalisation partielle du processus de digestion, ce qui permet de réduire encore la part de tissus allouée au système digestif, autorisant une augmentation de la capacité cérébrale à besoin métabolique identique[7]. Le fait de maîtriser le feu semble associé à un net accroissement de la capacité crânienne des Heidelberg, qui passe de 1200 à 1300 cm3 vers 400-300ka, ce qui semble indiquer que le feu a réglé un problème de malnutrition chronique. De plus, après cette date on n'observe plus le léger sous-développement cérébral associé aux hautes latitudes. De fait, le feu améliore non seulement la capacité nutritionnelle des aliments, mais fournit également de la chaleur et par sa lumière prolonge la durée possible des activités autour du foyer[1].

Sur le plan cognitif, la maîtrise du feu implique la maîtrise d'un certain nombre de planification et d'anticipation : sur le plan causal, il faut comprendre que d'une manière générale le feu consomme du bois, et qu'il faut ajouter du bois pour le maintenir allumé, sinon il s'éteint ; la capacité imaginative à prévoir l'avenir doit être suffisante pour prévoir que si le feu s'éteint la conséquence est indésirable (pour lutter contre le froid ou éloigner des prédateurs), et comprendre que pour répondre à ce besoin futur il faut faire quelque chose en anticipation ; et décider d'aller chercher du bois avant qu'il ne soit trop tard[8].

Capacité cognitive modifier

Besoins d'estime (confiance et respect de soi, reconnaissance et appréciation des autres)

Besoins d'appartenance et d'amour
(affection des autres)

Besoins de sécurité
(environnement stable et prévisible, sans anxiété ni crise)

Besoins physiologiques
(faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination)

Pyramide des besoins - Compulsion au dialogue

Neandertal exploite des proies variées dans des lieux variés, et par des méthodes variées, ce qui montre qu'il sait adapter aux circonstances sa stratégie de chasse collective. Il chasse collectivement, ce qui montre qu'il est capable de partager et mettre à exécution une idée de manœuvre correspondant à une stratégie adaptée. Un tel partage suppose à la fois que sa capacité d'abstraction lui permet de concevoir et critiquer une idée de manœuvre, mais également que son langage est suffisamment développé pour pouvoir l'exprimer à d'autres, et le comprendre quand il lui est exposé. Il est exact que la chasse en groupe n'implique par elle-même pas le langage (puisque les loups ou les chimpanzés peuvent chasser en groupe), mais de telles chasses animales s'appuient sur des stratégies invariables et des comportements stéréotypés. Au contraire, la chasse de Neandertal est guidée par une norme abstraite, elle-même élaborée explicitement et partagée.

La capacité d'abstraction est cruciale pour qu'un système de communication puisse être utilisé volontairement pour établir une information partagée, parce que tant l'émetteur que l'auditeur doivent pouvoir disposer d'une théorie de l'esprit d'un niveau suffisant pour pouvoir se comprendre. L'auditeur qui cherche à comprendre ce que dit le locuteur peut s'en sortir au deuxième niveau, mais le locuteur a besoin d'un troisième niveau, parce qu'il doit s'assurer que son interlocuteur comprend bien ce que lui-même a en tête. Et cela avant même de commencer à parler de l'état d'esprit de quelqu'un d'autre.[1] Selon le philosophe du langage Paul Grice, quand une personne A demande quelque chose C à un interlocuteur B, cela implique que A suppose que B est capable de comprendre que A veut obtenir C ; ce qui implique un troisième niveau d'intentionnalité.[8] Ceci étant, coordonner une coopération simple ne demande probablement pas beaucoup plus qu'un troisième niveau d'abstraction[1] (je veux que : tu comprennes que / je veux que / tu chasses le gibier de l'autre côté).

La deuxième préadaptation nécessaire à l'émergence du langage moderne a été la capacité à modéliser et exprimer la réalité d'une manière plus abstraite, symbolique et discrète, ne reposant pas sur la seule capacité mimétique analogique pour transmettre un sens conventionnel. Cette capacité, unique à l'être humain, définit et qualifie la réalité à travers le filtre d'étiquettes phono-mimétiques arbitraires, qui servent d'éléments explicites de mémorisation et de rappel — et on peut remarquer que dans cette construction, la capacité symbolique repose sur une capacité mimétique préalable[9].

Le protolangage émergeant dans la communication d'un groupe social est partagé en priorité par ceux ayant les capacités cognitives permettant de l'apprendre et le mettre en œuvre. Étant capables de s'exprimer plus facilement, de comprendre plus vite, et de proposer plus aisément des plans alternatifs, ceux-ci gagnent alors une position de dominance sociale qui leur procure un avantage sélectif dans un environnement encore largement polygame. Cette situation compétitive met une pression évolutive sur les capacités cognitives et physiologiques nécessaires à ce changement dans la communication[10] : attention et mémorisation, identification de signifiants conventionnels, mais également facilité articulatoire.

La capacité, à travers un protolangage, d'associer un signifiant phono-mimétique à un signifié dont le sens émerge à travers la communication, transforme le comportement social du groupe et le paysage culturel de l'humanité. Cet « étiquetage conceptuel » conduit à un système de représentation collective radicalement nouveau.[9] De plus, l'association entre un morphème et un sens défini constitue un moyen de rappel mémoriel bien plus efficace que le rappel de souvenirs analogiques qui peuvent être évoqués par une représentation mimétique ; la mémorisation verbale est de loin la forme la plus remarquable de rappel volontaire. Sous bien des aspects, la caractéristique essentielle du langage est sa capacité à classifier et désigner des connaissances, et les rendre accessibles sous forme symbolique comme objets d'autres réflexions[11].

Les autres espèces animales partent du même niveau à chaque génération, mais ce n'est pas le cas pour les humains. Le contenu sémantique —et même les approches culturelles qui induisent certains types de pensée— peuvent s'accumuler, et l'environnement symbolique peut en retour affecter la manière dont chaque cerveau individuel déploie ses propres ressources. Ce processus d'acculturation a dû commencer lentement, probablement avec de faibles écarts par rapport aux connaissances dont peuvent disposer les primates, mais de toute évidence il s'est accéléré de manière exponentielle dans la période moderne. Plus le changement est rapide au niveau culturel, plus est cruciale la capacité de chaque individu à intégrer l'état contemporain de la culture conceptuelle, et de participer à son enrichissement[11].

Communication orale modifier

Évolution Oto-rhino-laryngologique modifier

 
Contrôle moteur de la langue et la gorge chez l'homme moderne.

Il semble que les capacités pour la maîtrise d'une communication orale aient émergé vers 500ka.

  • Bien que les données archéologiques ne soient pas très nettes, il semble que c'est vers cette époque, à partir de l'homme primitif, que l'on voit augmenter la taille de la moelle épinière dans la région thoracique (au niveau qui contrôle le mouvement du diaphragme et des muscles de la cage thoracique), et augmenter à la base du cerveau la taille de l'ouverture à travers de laquelle passe le nerf hypoglosse, les nerfs craniaux XII qui innervent la bouche et la langue[12].
  • C'est également avec l'homme primitif que l'on voit se déplacer l'os hyoïde vers le bas de la gorge, qui établit un lien entre le haut du larynx et la base de la langue. On assiste également à un développement du processus styloïde de l'os temporal, qui sert de point d'attache à de nombreux muscles du larynx et de la langue.
  • En parallèle, le canal auriculaire se transforme et prend sa forme moderne, qui permet d'améliorer la détection de certains sons du langage moderne[1].

La position basse du larynx humain est la conséquence du changement de forme de la langue et de son extension dans le pharynx : la descente de la langue entraîne celle du larynx[13].

Sur le plan de la phonologie, le développement de l'articulation et de l'agilité de la langue semble plus lié à la production des consonnes qu'à celle des voyelles. La disposition basse du larynx est de nos jours cruciale pour produire certaines voyelles des langages modernes. Cependant la position du larynx, toute intéressante qu'elle soit, n'est déterminante que pour la prononciation correcte des langues modernes ; elle n'est ni nécessaire ni suffisante pour conclure à l'existence d'un langage au sens moderne du terme. Une capacité limitée sur les voyelles n'est pas en soi un obstacle à un langage parlé ; et la descente du larynx a certainement eu d'autre cause qu'une hypothétique pression sélective en faveur d'une élocution soignée.

Maîtrise physiologique de l'oral modifier

Passer à un système de communication verbal libère les mains pour d'autres usages, en particulier la fabrication et l'utilisation d'outils. D'autre part, bien que le langage gestuel et le langage oral puissent être considérés comme linguistiquement équivalents, la vocalisation présente de nombreux avantages. Par opposition au geste, l'émission orale entraîne un coût physiologique si bas qu'il n'est pratiquement pas mesurable. L'oral demande moins d'attention que le gestuel, et peut être suivi tout en regardant autre chose. Enfin, cette communication reste utilisable à grande distance, ou de nuit, ou quand l'orateur n'est pas visible pour l'auditeur[14].

Il ne faut cependant pas confondre la capacité à contrôler un système de communication oral et l'invention du langage. La capacité anatomique à produire tel ou tel son peut être nécessaire à l'expression d'un langage moderne, mais l'acquisition de cette capacité n'est pas en soi la preuve que le langage était employé ; et inversement, l'émission sonore n'est qu'une des voies possibles de l'expression du langage[15].

L'apparition du langage a un côté embarrassant pour la théorie de l'évolution, parce que le langage est beaucoup trop versatile et puissant pour n'être expliqué que par une question de sélection naturelle et d'élimination des moins aptes. Un langage disposant d'une sémantique simple, dont on a l'impression qu'il pourrait presque être produit par un chimpanzé, semble largement suffisant pour discuter le tout ce qu'il faut pour la chasse au mastodonte ou aux bêtes de ce genre : pour ce type de discussion, la capacité de mettre en œuvre des classes syntactiques, des règles d'accord, de la récursivité, ou des règles grammaticales de ce niveau, semble largement sur-dimentionné par rapport au besoin réel, et ceci à un point frisant le ridicule[16].

Comme souvent cité, il y a un avantage adaptatif évident à la capacité d'apprendre d'une manière qui ne soit pas liée à la présence préalable d'un stimulus[17] : les enfants peuvent apprendre de leurs parents qu'une nourriture ou un animal est dangereus, sans avoir à le constater expérimentalement par eux-même.

Par rapport à une capacité mimétique mêlant primitivement gestes et oral, le basculement de la communication vers le canal verbal vient de ce que si le geste se prête bien mieux que l'oral à une communication par iconicité, sa combinatoire plus restreinte ne se prête pas à l'utilisation d'un vocabulaire étendu,[18] qui devient pourtant d'autant plus nécessaire que l'indexicalité n'est plus possible quand la situation de référence s'étend à la zone proximale (concepts dont une expérience directe est possible, mais sans contiguïté spatio-temporelle). Le langage subit à ce stade la même transition que celle observable à l'écrit dans le système des caractères chinois : initialement fondé sur une représentation analogique évocatrice d'une scène réelle, mais dont la réalisation peut être variable parce qu'elle est analogique, le signe doit devenir fixé par des conventions sociales partagées lorsque la prolifération des signes en impose une caractérisation plus fine ; mais à partir du moment où le critère discriminant pour la compréhension du signe repose avant tout sur une convention culturelle et non plus sur une analogie d'avec le réel, il peut devenir entièrement conventionnel et dériver vers l'arbitraire sans perdre sa fonctionnalité.

Langage et fonction narrative modifier

La fonction narrative permet d’expliquer l’essentiel des caractéristiques du langage humain, et son émergence pourrait avoir constitué le facteur expliquant la différence entre nos ancêtres directs et les Néandertaliens[19].

Pour des théoriciens de la grammaire générative comme Noam Chomsky, la principale caractéristique du langage humain est sa capacité combinatoire, et cette combinatoire se traduit par des règles syntaxiques impliquant en particulier hiérarchisation et récursivité, qui à leur tour supposent une avancée cognitive qualitative.[15] Cependant, la question de l'émergence d'une "capacité grammaticale" semble être un faux problème : rien ne dit que la grammaire soit d'une nature très différente de ce que suppose un protolangage[16],[20].

Avec la complexification de la pensée, le nombre de mots dans un énoncé élémentaire augmente, et se pose de plus en plus la question d'identifier ce à quoi se rattache un nouveau mot. Il devient nécessaire de préciser le « Quis, Quid, Ubi, Quibus auxiliis, Cur, Quomodo, Quando » de l'action qui fait l'objet de la narration. C'est en particulier nécessaire dès que le discours porte sur un récit, un procès ou un argumentaire, où l'équivalent des marqueurs de temporalité et des auxiliaires modaux deviennent nécessaires. Un mécanisme de grammaticalisation de certains mots émerge probablement à ce stade. La fonction de la grammaire, de ce point de vue, est d'améliorer la performance d'un langage devenu complexe, mais la grammaire n'est pas par elle-même ce qui marque l'origine du langage (contrairement donc au postulat a priori de Chomsky, qui transpose aux origines du langage ses travaux sur la grammaire générative et transformationnelle)[21],[22],[23].

Dans un premier temps les mots pleins d'un énoncé, opérateurs dans l'univers sémantique, sont par exemple doublés par des déterminatif, qui en typifient et clarifient la fonction. Dans un deuxième temps les pratiques se figent, ces déterminatifs s'uniformisent et se séparent en un vocabulaire spécialisé (comme en chinois classique), l'ordre d'assemblage peut aussi se figer. Puis ces compléments et habitudes se figent formellement et se vident de sens propre, se transformant en un squelettes formels où les mots pleins sont enchâssés suivant leur fonction.

without recursion you can't say the man's hat or I think he left. All ou need for recursion is an ability to embed a phrase containing a noun phrase within another noun phrase or a clause within another clause. Once again, recursion is far from being an "overly powerful device." The capacity to embed propositions within other propositions, as in [ He thinks that S] or [ She said that [he thinks that S]], is essential to the expression of beliefs about the intentional states of others. After all, it doesn't take all that much brain power to master the ins and outs of a rock or to get the better of a berry. But interacting with an organism of approximately equal mental abilities whose motives are at times outright malevolent makes formidable and ever-escalating demands on cognition. competitive feedback loops, This competition is not reserved for obvious adversaries. Partial conflicts of reproductive interest between male and female, sibling and sibling, and parent and offspring are inherent to the human condition (Symons, 1979; Tooby and DeVore, 1987; Trivers, 1974).

Une grammaire peut alors prendre son autonomie, et suivre son développement propre, guidé par la « sélection naturelle » des structure les plus à même de traduire une pensée complexe et relationnelle en une émission vocale unidimensionnelle, avec un minimum d'ambiguïté, par des interlocuteurs ne disposant que d'une capacité limitée en mémoire à court terme.[16] Dans cette sélection, le locuteur et l'auditeur ont des intérêts divergents : le locuteur veut minimiser son effort et tend à réduire l'articulation, l'auditeur veut minimiser son effort de compréhension et demande clarté et explicitation. Les deux sont en conflit d'intérêt avec l'apprenant, qui comprend rapidement les structures simples mais peu compactes.

Dans cette évolution, donc, la seule capacité spécifiquement requise pour pouvoir gérer des grammaires complexes est qu'un mot, au lieu d'évoquer une signification comme le fait un mot plein, puisse établir une relation entre ces évocations. La force qui assure à terme une grammaire correcte est la tendance à l'imitation et à la conformité comportementale : les erreurs de grammaire marquent le locuteur comme non-membre du groupe, se faire accepter suppose que l'on a adopté le langage du groupe, quel qu'il soit. Ce que l'on veut dire dépend des mots pleins, la manière de le dire dépend de la pratique collective.

La pratique collective donne des instances de phrases présumées correctes, non des règles de grammaire. Du moment que la capacité cognitive est capable de faire le lien entre une phrase et son sens, et d'identifier le lien entre des occurrences et un concept évoqué, la capacité à « se rejouer des scénarios » peut reprendre les mêmes instances en en faisant varier les concepts, pour aboutir à un décodage identique appliqué à des situations nouvelles[16].

La communication devenant un enjeu, les traits améliorant la maîtrise de la voix subissent une pression sélective. Si l'on se réfère au faible développement des nerfs qui les commandent, la forme du larynx et le contrôle de la langue ne sont pas développés au point de permettre un langage, mais cette évolution permet le contrôle de l'intonation. L'Homme a pu fredonner avant de savoir parler, ce qui rejoint l'hypothèse de Darwin qui voyait dans l'origine du langage l'émission de signaux musicaux complexes à des fins de parade nuptiale ou de défense du territoire.[24],[25] Le contrôle amélioré du larynx est probablement concomitant de la perte des sacs vocaux, permettant ainsi de moduler hauteur et intensité de manière indépendante. Par rapport aux grands singes, l'émission sonore permet le contrôle de la fréquence fondamentale indépendamment de l'intensité. Cette spécialisation implique une co-évolution de l’anatomie du conduit vocal, du larynx et du système qui contrôle les vocalisations (qui se passe en grande partie dans les noyaux corticaux chez les primates)[26].

Apprentissage de l'oral modifier

Si la complexité du langage oral est un développement secondaire par rapport à l'adaptation première et essentielle qu'est la représentation symbolique, il n'était besoin au départ ni d'une grande capacité intellectuelle, ni de facilité d'élocution, ni de prédisposition de l'enfant à absorber des vocabulaires et maîtriser instinctivement des grammaires complexes : ces traits qui permettent aujourd'hui à l'homme de maîtriser un langage complexe ont pu évoluer en raison d'une pression évolutive sur la complexité du langage lui-même[27]. « Le signe linguistique unit non une chose et un nom, mais un concept et une image acoustique. » La compréhension d'un symbole est un processus interactif centré sur le langage — la forme phono-mimétique a un certain sens, et ce sens émerge lui-même de la communication, dans une tension réciproque.[9]

La pratique même de communication fait l'objet d'une sélection naturelle à l'intérieur du groupe, seules étant retenues et reproduites les formes d'expression qui permettent de mieux se faire comprendre. Dans un premier temps, des émissions vocales d'un ou deux morphèmes, sans grammaire ni règle flexionnelle, émergent et se fixent dans la pratique culturelle d'un groupe social, pour venir préciser le sens de gesticulations mimétiques intrinsèquement ambigües et imprécises. L'évolution naturelle de la communication dans le groupe conduit alors à partager une correspondance conventionnelle, entre un ensemble de signifiants phono-mimétique, et un découpage de la réalité suivant les catégories nécessaires à la communication.[10] Ce mécanisme définit et fixe la sémantique du lemme, l'entrée lexicale élémentaire, et ouvre la voie à un niveau de communication réellement linguistique[9].

Communication et enseignement modifier

Bien que les grands singes puisse apprendre par observation de l'exemple de leurs aînés, il semble que l'espèce humaine soit unique dans la tendance qu'ont les aînés à démontrer et corriger un comportement complexe[28].

Homme anatomiquement moderne modifier

 
 
Lascaux.

Contexte climatique modifier

Pléistocène supérieur (126-11 ka). Holocène (10ka-...)

L'analyse géologique de la région du Rift africain montre qu'il y a eu plusieurs périodes très arides entre 135 et 75ka, et plus particulièrement entre 135 et 127 ka d'une part, et 100 et 85ka d'autre part. Le niveau des lacs a monté de manière spectaculaire avec le retour des conditions humides vers 70ka, pour atteindre le niveau actuel vers 60ka, à peu près à l'époque de la sortie d'Afrique et de l'expansion de Sapiens en Eurasie et au-delà. Ces traces géologiques d'une période de sécheresse intense au pliocène tardif explique peut-être pourquoi il s'écoule un tel délai entre l'apparition de l'homme anatomiquement moderne en Afrique et son expansion hors du continent[29].

Anatomie modifier

L'homme anatomiquement moderne émerge en Afrique vers 200ka ; ses premières traces se trouvent en Ethiopie. Il n'est pas descendant de Néanderthal, et les populations de Heidelberg dont il est issu sont probablement celles du sud-ouest de l'Afrique.

Il est caractérisé par un squelette nettement plus gracile, et (plus tardivement) une augmentation cérébrale. Contrairement à Neanderthal, cette capacité cérébrale ne concerne pas le lobe ocipital (traitement de la vision) mais le lobe frontal, siège de la pensée abstraite.

La capacité crânienne est de l’ordre de 1250 cm3 (950–1,800). Le crâne n’a plus de crête occipitale. Le front est pratiquement droit, et le cerveau tend à s’agrandir au-dessus de l’espace des yeux. Expansion des cortex préfrontal et pariétal, important chez l’homme dans le contrôle des comportements sociaux complexes. Or ces cortex se sont développés rapidement durant les dernières dizaines de milliers d’années de l’évolution humaine, marqués par l’explosion des pratiques ouvrières.

Avec le retour d’un régime semi-végétarien, la capacité des peaux décolorées à synthétiser la vitamine D devient un avantage sélectif : les peaux s’éclaircissent d’autant plus que les populations sont nordiques. La protection contre le rayonnement solaire en été restant nécessaire, ces peaux sont capables de bronzer en réaction à une exposition régulière au soleil. Le besoin en vitamine D étant plus élevé pendant la grossesse et l’allaitement, les femmes sont généralement plus décolorées que les hommes au sein d’une même population. Avec le néolithique et la domestication animale, l’homme s’adapte à une alimentation lactée, acquérant progressivement la capacité à digérer le lait y compris à l’âge adulte.

Les hommes anatomiquement modernes sont les seuls a avoir un menton [30] mais personne ne sait trop pourquoi.

Les enfants modernes se développement lentement. Ils sont totalement dépendants de leur environnement durant les premières années de leur vie, pendant lesquelles ils font l'apprentissage du langage et de la culture de leur groupe social[12].

Mode de vie modifier

 
Hypothèse du singe aquatique : adaptations anatomiques attribuables à une activité aquatique.

L’augmentation de l’espérance de vie se traduit par l’augmentation du nombre de grands-parents ; les grands-parents prennent soin des petits enfants et les éduquent. Ceci permet aux adultes de s’impliquer plus dans d’autres activités (nourriture, etc.). On assiste à la transmission cumulative des connaissances à partir des grands-parents[2].

L'homme moderne porte des vêtements depuis 170 ka[31].

La domestication du chien, attestée dès 33ka[32], modifie les techniques de chasse[33],[34].

L’emploi des matières animales se généralise. Evolution de la lance, les plus anciennes têtes de harpons connues, réalisées en os ou en bois de cervidé et comportent un ou deux rangs de barbelures, datent de la fin du Paléolithique supérieur ; les premiers hameçons en os peuvent apparaître ; les hommes modernes inventent le propulseur (outil permettant d’augmenter la force du jet lors d’un lancer de javelot). De petites pointes de silex compatibles avec des armatures de flèches (19 ka) trahissent l’invention de l’arc. L'homme chasse ces animaux avec des sagaies ou en les piégeant. Des aiguilles d’os permettent de coudre des peaux et élaborer des vêtements.

Pour quelques auteurs, c'est la démographie qui est à l'origine d'un « comportement moderne ». [35] [36] [37] [38] Ce changement démographique est parfois attribué à des facteurs climatiques, mais l'idée principale est qu'avec la croissance de la population, les ressources se firent plus rares, et que la réponse humaine adaptative a été de développer les technologies et comportements modernes. La croissance de la population et l'augmentation des contacts inter-groupes fait que ces réponses sont plus fréquentes, plus stables, et se diffusent plus facilement, accélérant par là-même le rythme du changement culturel[39].

L'évolution comportementale est particulièrement difficile à appréhender, parce qu'elle superpose à la fois des héritages génétiques et culturels qui interagissent l'un sur l'autre.[40] Le rapport entre la démographie humaine et l'émergence des comportements modernes reflète cette complexité : l'augmentation de l'espérance de vie vers un âge adulte vers la fin du pléistocène a eu des conséquences importantes ; elle n'a pas une base phylogénétique, mais prend place dans un contexte où d'autres changements évolutifs apparaissent, et a un impact sur la taille de la population qui à son tour influe sur l'évolution génétique.[41] Initialement le résultat d'adaptations culturelles, la longévité devint le facteur permettant l'acquisition de comportements originaux et complexes, qui à leur tour augment à la fois l'importance et la survie des anciens dans le groupe.

Une telle interaction suppose une transmission orale. L'importance de la transmission intergénérationnelle est connue. De fait, dans les sociétés présentes de chasseurs-cueilleurs, l'importance du savoir-faire technique est tel que le pic de productivité des adultes n'est atteint qu'après la trentaine. Le comportement moderne reflète une organisation sociale où une proportion significative des adultes a la possibilité d'atteindre le stade de grand-parent.

Comportement moderne modifier

La littérature scientifique relie un certain nombre de traits à un comportement moderne :[42]

Écologie
Les aspects écologiques reflètent la capacité des humains à coloniser de nouveaux environnements, ce qui demande à la fois une capacité d'innovation et une planification approfondie.
  • Élargissement géographique de l'habitat à des régions précédemment inoccupées (forêts tropicales, îles, grand nord d’Eurasie).
  • Diversification alimentaire.
Technologie
Les progrès technologiques reflètent des capacités d'inventivité et de pensée rationnelle.
  • Innovations dans les techniques lithiques : technologie de débitage par lames, microlithes.
  • Meilleure maîtrise du feu et de la cuisson.
  • Formalisation des catégories d'outils, standardisation des types d'artefacts, formes géométriques.
  • Outils avec manche, outils composites.
  • Travail de l'os, des bois de cervidés, et de divers matériaux biologiques.
  • Armes de jet spécialisées.
  • Diversification croissante des catégories d'artefacts, variations temporelles et géographiques des styles.
Économie et organisation sociale
Ces aspects montrent la capacité humaine à abstraire des conclusions à partir des expériences individuelles et collectives, à arrêter et appliquer de manière suivie des planifications, à conceptualiser et prévoir le futur, et à gérer des relations entre individus et entre groupes.
  • Réseaux d'échanges étendus à longue distance, échanges de matériaux sur de grandes distances.
  • Collection et conservation d'objets exotiques.
  • Chasse collective de gros animaux dangereux.
  • Planification et variation saisonnière dans l'exploitation des ressources.
  • Réutilisation de sites de campement ; usage structuré de l'espace domestique.
  • Intensification de l'exploitation de ressources aquatiques et végétales.
  • Identité du groupe portée par le style des artefacts.
Comportement symbolique
Le comportement symbolique révèle la capacité à donner un sens aux événements, à communiquer des concepts abstraits, et à vivre des symboles au quotidien.
  • Style régionaux des artefacts.
  • Parure personnelle, par exemple de perles et d'ornements divers.
  • Usage de pigments.
  • Objets entaillés et incisés (os, coquillages, pierres).
  • Images et représentations.
  • Tombes avec offrandes, ocre, objets rituels.

Les premières traces d'utilisation de l'ocre apparaissent vers 100ka[8].

Le comportement moderne présuppose des capacités cognitives :[42]

  • La pensée abstraite, la capacité d'agir par référence à des concepts abstraits non limités dans le temps ou l'espace.
  • La capacité à planifier, à formuler des stratégies sur la base d'expériences passées et de les suivre collectivement.
  • La capacité d'innovation sur le plan technologique, économique, et comportemental.
  • Le comportement symbolique, la capacité de représenter des objets, des personnes ou des concepts abstraits au moyen de symboles arbitraires (vocaux ou visuels) et d'instancier de tels symboles par des pratiques culturelles.

Troisième sortie d'Afrique modifier

 
L'homme moderne balaye le monde.

L'homme s'habille depuis quelques 100 ka, âge de la divergence entre pou de la tête et pou du vêtement[43]

Vers 100ka, la population archaïque a disparu en Afrique, remplacée par Sapiens.

L'ADN mytochondrial conduit à estimer une population de 5000 femelles reproductrices vivant à 200ka. Des hypothèses de « population bottleneck » ont été proposées pour dater cette émergence, mais ces hypothèses reposent sur des modèles d'évolution non confirmés. Une succession d'expansion et d'isolations induites par des changements climatiques et des adaptations aux conditions locales pourraient mieux expliquer la complexité des fossiles successifs et de la composition génétique de la population présente[42].

Même si certaines parties d'Afrique (Sahara, privince du Cap) ne témoignent que d'une occupation intermittente pendant le maximum glaciaire, les reconstitutions climatiques suggèrent que l'évolution des biomes de steppes, de savanes et de forêts susceptibles d'être occupés par Sapiens (en particulier dans les régions tropicale) ont toujours été significativement plus importantes que les régions comparables d'Europe. De ce fait, la population africaine semble avoir toujours été numériquement plus importante, bien que géographiquement très clairsemée[42].

Vers 70ka il atteint le Proche-Orient. Cette troisième sortie d'Afrique a été rapprochée de l'explosion du volcan Toba[44].

Sorti d'Afrique, Sapiens se heurte probablement à Neanderthal dans le Caucase, et colonise l'Asie dans un premier temps. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'il se répand dans l'Europe occupée par Neanderthal, arrivant par les grandes plaines de l'est.

Histoire compliquée modifier

Caractérisé par des variations culturelles incrémentales : horticulture et agriculture, néolithique, âge du bronze, âge du fer.

Son évolution paraît avoir été réalisée en deux étapes : Sapiens commence vers 200ka avec un squelette gracile mais une capacité crânienne du même niveau que celle de Heidelberg, mais sa capacité augmente en Afrique vers 100ka. (ou l'inverse???)

L'explosion du paléolithique supérieur ne commence ensuite que à 500ka en Europe.

Le Paléolithique supérieur est la période de la Préhistoire qui est caractérisée par l’arrivée de l’Homme anatomiquement moderne en Europe, le développement de certaines techniques (lames, outils et armes en matières dures animales, propulseur, etc.) et l'explosion de l'art préhistorique. Il se situe entre 45 000 et 10 000 ans avant le présent et correspond à la fin de la Dernière période glaciaire.

La révolution constatée en Europe n'est pas une évolution biologique : l'Homme atteint l'Australie dès 50ka. Elle est probablement un point de vue des premiers préhistoriens, focalisés sur l'Europe.[42] The twenty-first century brought certainty to the understanding that modern humans are people alive today and their immediate ancestors. They may be described in terms of their anatomical, behavioral, and genetic modernity. Modern humans are not uniquely the descendants of a new African species that recently dispersed to replace earlier populations that lived outside of Africa. Modernity does not have this kind of phylogenetic basis; if it did, we could expect the anatomy, behavior, and genetics of modernity to appear at the same time. Instead, anatomical, behavioral, and genetic modernity have different meanings that can be understood by viewing them as different processes. Yet paleogenetics and a better understanding of the origin of modern genetic diversity demonstrate that the concepts of genetic, anatomical, and behavioral modernity are intricately related; they address three different aspects of humanity related through demography and united in the precept that all recent and living humans are modern.

L'Homme un animal social modifier

La gestion au quotidien des conflits d’intérêts s'appuie sur une structure fractale de groupes de tailles successive bande (~ 50), communauté (~150), méga-bande (~ 500), tribu (~ 1500) : à chaque rang le nombre de personnes concernées est multiplié par 3 (ou 4)[1].

La superposition du langage et du feu permet la naissance du mythe et de la fête. Il permet d'évoquer des mythes communs fondateurs de l'organisation sociale à plus grande échelle, et des mythes symboliques communs sur le « monde de l'invisible ».

Le fait de manger déclenche la production d'endorphines. C'est probablement pour ça que l'on est détendu et satisfait après un repas particulièrement copieux. Les festins collectifs représentent de ce fait un facteur de cohésion pour le groupe : déjeuner ensemble contribue à rendre les gens sympathique, et est universellement considéré comme un bon moyen de faire connaissance avec des étrangers. Chants et danses collectifs produisent de l'endorphine, à la fois par la répétition du rythme et par l'altération du rythme respiratoire que le chant impose[1].

L'organisation de telles manifestations collectives suppose un usage minimal du langage, au minimum pour que la communauté puisse se coordonner pour son organisation.

Le développement universel du langage sous sa forme complète conduit à une transition du domaine culturel, qui évolue vers une « culture mythique » pleinement développée. « Mythique », parce que sa manifestation prédominante consiste en une narration orale publiquement partagée, une expression conventionnellement conditionnée d'archétypes mythiques et d'allégories, qui a une influence directe sur les pensées et conventions du groupe. Cette adaptation du domaine culturel complète la culture mimétique précédente sans la remplacer[11].

Capacités cognitives modifier

Besoin d'accomplissement de soi

Besoins d'estime (confiance et respect de soi, reconnaissance et appréciation des autres)

Besoins d'appartenance et d'amour
(affection des autres)

Besoins de sécurité
(environnement stable et prévisible, sans anxiété ni crise)

Besoins physiologiques
(faim, soif, sexualité, respiration, sommeil, élimination)

Pyramide des besoins

It is possible that yet another unique quality of man is a capacity for genuine, disinterested, true altruism. We have at least the mental equipment to foster our long-term selfish interests rather than merely our short-term selfish interests. We can see the long-term benefits of participating in a ‘conspiracy of doves’, and we can sit down together to discuss ways of making the conspiracy work. We have the power to defy the selfish genes of our birth and, if necessary, the selfish memes of our indoctrination. We can even discuss ways of deliberately cultivating and nurturing pure, disinterested altruism— something that has no place in nature, something that has never existed before in the whole history of the world. We are built as gene machines and cultured as meme machines, but we, alone on earth, can rebel against the tyranny of the selfish replicators[45].

the Machiavellian intelligence has arisen through an arms race in the capacity to deceive. The more your inner world can handle of the series 'I know', 'I know that you know􀄁 'I know that you know that I know􀄁 etc., the more skilful you become in deceiving (and in co-operating, as we shall see). The mental weapons of deception become like the anti-anti-missiles that are fired against the anti-missiles that are sent up to shoot down the missiles[8].

L'enfant demande sans cesse « pourquoi ? ». Nous sommes la seule espèce animale qui cherche à comprendre pourquoi on fait telle ou telle chose, pourquoi on a fait quelque chose, ou pourquoi les autres font ce qu'ils font.[46],[47]

L'origine du langage est possible dès qu'il existe un problème au sein d'une communication par signaux : le sens n'est plus transparent, et l'on doit désormais rechercher une logique qui permette de répondre au problème de la signification. Cette absence de transparence du sens est le résultat d'une mutation mentale, et qui a son origine dans une curiosité pour une logique. L'aspect théorique des énoncés qui portent sur les objets (ceci est une table, une orange, un arbre) ne peuvent motiver l'émergence du langage, car il n'y a aucune raison de considérer des objets qui ne font pas problème pour l'homme. L'aspect pragmatique des énoncés du proto-langage fonctionnent tellement bien qu'il n'y a aucune raison d'en sortir. S'il existe une curiosité, c'est qu'il existe un sens qui n'est plus aisément donné. Et l'homme alors, a dû chercher du sens qui désormais, a fait problème pour lui, et face auquel il a dû répondre. Du coup, il a fallu qu'il développe des raisons qui ne lui étaient plus naturellement données[48].

  1. a b c d e f g h i j et k Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées HERD
  2. a b et c Paléontologie humaine, Michel Brunet, professeur au Collège de France - 2008-2009.
  3. Anthropologie physique, Bernard Vandermeersch, in Histoire de l'humanité, Volume I : de la préhistoire aux débuts de la civilisation.
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  5. a b et c La vie des hommes de la préhistoire, Université de Picardie.
  6. Two Key Steps in the Evolution of Human Cooperation: The Interdependence Hypothesis, Michael Tomasello et al., Current Anthropology Vol. 53, No. 6 (December 2012), pp. 673-692.
  7. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées aiello1995
  8. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Gardenfors
  9. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Donald1999
  10. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Donald2005
  11. a b et c Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées donald1998
  12. a et b On the antiquity of language: the reinterpretation of Neandertal linguistic capacities and its conséquences. Dan Dediu & Stephen C. Levinson, Front. Psychol., 05 July 2013.
  13. The Evolution of Human Speech: Its Anatomical and Neural Bases, Philip Lieberman, Current Anthropology, Volume 48, Number 1, February 2007
  14. The Origins of Language: Unraveling Evolutionary Forces, publié par Nobuo Masataka, Springer, 27 août 2008 - 157 pages.
  15. a et b Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées chomsky2014
  16. a b c et d Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées NatLangNatSel
  17. « there is a large selective advantage conferred by being able to learn in a way that is essentially stimulus-free » : in "Language in Cognitive Development: The Emergence of the Mediated Mind", également in "The Adapted Mind : Evolutionary Psychology and the Generation of Culture"...
  18. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Zlatev2014
  19. Homo Narrans: le rôle de la narration dans l'�émergence du langage. Bernard Victorri, Langages, Larousse, 2002, pp.112-125.
  20. The Myth of Language Universals: Language diversity and its importance for cognitive science - Nicholas Evans. Behavioral and Brain Sciences / Volume 32 / Issue 05 / October 2009, pp 429- 448.
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  24. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Fitch2011
  25. Darwin, C. (1871). The Descent of Man, and Selection in Relation to Sex. London: John Murray.
  26. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Demolin2010
  27. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte : aucun texte n’a été fourni pour les références nommées Deacon1
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  29. The Origins of Modern Humans - Africa: The Cradle of Modern People.
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