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La rafle de Martellière est une rafle effectuée à Voiron dans la nuit du 22 au 23 mars 1944 par la Gestapo, au hameau de la Martellière, et qui a abouti à la déportation de 18 personnes dont une majorité d'enfants. Un seul a survécu.

La rafle de La Martellière est, avec celle d'Izieu, le 6 avril 1944, et celle de la maison de la Verdière (près de Marseille)[1], le 20 octobre 1943, l'une des trois rafles contre des maisons accueillant des enfants en zone Sud.

Contexte national modifier

 
Régions et départements de France sous l'occupation allemande durant la seconde Guerre mondiale.

De juin 40 à novembre 42, Voiron était située en zone libre puis, jusqu’en septembre 43, en zone d’occupation italienne. À cette époque, beaucoup de juifs se réfugient dans le sud-est de la France, les Italiens ne les poursuivant pas.

Après le retrait de l’Italie du conflit, les Allemands envahissent leur zone d’occupation et se mettent à chasser les Juifs.  [2]

Contexte local modifier

La rafle de la Martellière s’inscrit dans une série d’évènements se déroulant à Voiron sans forcément qu’il y ait de liens entre eux. En effet, les Miliciens menés par Jourdan mènent des arrestations et des pillages visant les juifs alors que la rafle est faite par les Allemands. Les Juifs arrêtés par les Miliciens ne sont pas remis aux Allemands, les Miliciens rançonnent les Juifs et déchaînent contre eux leur violence.  Jourdan fut par la suite assassiné et, par vengeance, les miliciens tuèrent 6 juifs[3].

Le déroulement de la rafle de la Martellière à Voiron modifier

 
Neuvième fort de Kaunas avec le monument d'hommage aux victimes
 
Stèle à la mémoire des déportés du convoi 73 au cimetière du Père Lachaise

Dans la nuit du 22 au 23 mars 1944 vers 3h du matin, la Gestapo débarque dans une maison située hameau de la Martellière. La Gestapo trouve 18 juifs dont une majorité enfants. La rafle réveilla le voisinage[2].

Erwin Uhr, le rescapé, garde en mémoire chaque mot, chaque geste: "L’un des hommes a frappé à la porte. Tout le monde dormait. Un grand est allé ouvrir. "Gestapo!", a hurlé l’Allemand. Les sept autres sont entrés avec lui. Il y avait quatre miliciens français parmi eux. Ils disaient:"“Mais ce sont des juifs!. Ce sont des juifs!" comme s’ils étaient surpris de ne pas trouver de résistants."[4]

Pendant ce temps-là le rabbin Schneour Zalman Schneersohn qui supervise cette cache se rend à la Martellière avec deux fidèles acolytes. Ils sont donc prévenus à temps et peuvent se cacher. Plus tard dans la nuit, ils trouvent la maison vide et saccagée.

Les 18 victimes ont été emmenées au QG de la Gestapo à Grenoble. Trois jours plus tard, ils furent tous déportés dans le camp de Drancy puis peu de temps après, les 11 plus jeunes et la cuisinière seront déportés à Auschwitz en Pologne dans le convoi 71. Le reste du groupe partit plus tard dans le convoi 73, le 15 mai 1944 vers Kaunas-Reval en Lituanie Estonie. [5]. Ils finiront tous par mourir dans les chambres à gaz sauf Erwin Uhr[5].

Les victimes modifier

  • 1 Le survivant :ERWIN UHR (16 ans)
  • 2 Abraham BUGAJSKI
  • 3 Gerard ECKMAN
  • 4 Léonard ORLOWSKI
  • 5 Abraham ROSENZWEIG
  • 6 Jack ROVINSKY (le petit TOTO)
  • 7 Simond ROVINSKY
  • 8 Bernard ROVINSKY
  • 9 Simond BELK
  • 10 Isodore BUGALJSKI
  • 11 Théodore IZBICKI
  • 12 Maurice KOUZKA (grand frère de Rachel)
  • 13 Emmanuel SAWELSKI
  • 14 Martin SPINDEL
  • 15 Samuel SPITZ
  • 16 Karl UHR (petit frère d’Erwin 9 ans)
  • 17 Rachel KOUZKA (10 ans)

Onze ont été déportés à Auschwitz en Pologne et, quatre à Kaunas-Reval en Lituanie[5].

Le seul survivant de la rafle de la Martellière est Erwin Uhr, âgé de 16 ans. Il a perdu son petit frère, Karl UHR, qui avait 9 ans. Il a survécu car il a été considéré comme apte au travail par les nazis est a donc travaillé jusqu’à l’arrivée de l'armée rouge[2].

Une rafle oubliée puis redécouverte modifier

La rafle a été oublié jusqu’en 1996 jusqu’à ce qu’une étudiante grenobloise du nom de Delphine Deroo découvre des documents concernant la rafle de la Martellière[2] et en parla donc à un résistant de l’époque : Herbert Herz. La nouvelle a été publiée à la radio et sur les journaux pendant l’été 1997.C’est une grande découverte car jusqu’à ce jour personne ne le savait ou n'en parlait. Cette bâtisse détruite a dû attendre plus de cinquante ans pour être reconnue et entrer dans l’ Histoire. Après cette découverte commence une grande enquête pour trouver des témoins qui auraient pu assister à cette rafle. Ils ont retrouvé Hadassah Carlebach (née Schneerson) qui est la fille du rabbin Schneour Zalman Schneersohn celui qui supervisait la cache enfants tués pendant cette rafle. Ensuite le seul rescapé de cette rafle Erwin Urh fut retrouvé dont personne à Voiron connaissait un rescapé. Paul Jacolin, se manifeste, c’est un agriculteur âgé de quatre-vingt-sept ans qui assure avoir caché vingt-trois juifs dont le rabbin Schneour Zalman Schneersohn et sa famille pendant la rafle dans une maison lui appartenant[2],[5].

Commémorations modifier

Le 14 septembre 1997 une plaque à l’effigie de la rafle de la Martellière a été installée sur le mur du lycée agricole de la Martellière[2]. Lors de cette installation, Erwin Uhr, invité d’honneur de la ville de Voiron et seul survivant de cette rafle, a assisté à cette cérémonie. Les organisateurs pensaient qu’il n’y aurait qu’une poignée de personnes mais finalement ce sont des centaines de personnes qui ont assisté à cette cérémonie.

Depuis, une cérémonie a lieu tous les deux ans. En mars 2015, les élèves du lycée ont égrené les noms des victimes avant de déposer des fleurs au pied de la plaque commémorative[6].

Ressources modifier

Bibliographie modifier

Ouvrages modifier

  • Tal Bruttmann, ‘’La logique des bourreaux’’, HACHETTE Littératures, 2003
  • Duclos, Jean Claude, "Être juif en Isère entre 1939 et 1945", Département de l'Isère, 1999
  • Delphine Deroo, ‘’Les enfants de la Martellière’’,Éditions Grasset, 1999
  • Éve Line Blum (dir.), "Nous sommes 900 français : À la mémoire des déportés du convoi no 73 ayant quitté Drancy le 15 mai 1944", Besançon, 7 vol. 1999-2012

Articles modifier

  • Floriane Benoit, “Rafle des enfants juifs: Voiron retourne son passé”, ‘’l’Humanité’’, 25 août 1997 [lire en ligne (page consultée le 17 mars 2017)]
  • M. K., "La ville de Voiron découvre la rafle de seize enfants juifs", ‘’l’Humanité’’, 23 août 1997 [lire en ligne (page consultée le 23 mars 2017)]
  • "L'histoire. Erwin Uhr, unique survivant de la rafle de Voiron, en 1944", "Libération", 15 septembre 1997 [lire en ligne (page consultée le 23 mars 2017)]
  • ”Une plaque commémorative pour la rafle de Voiron”, ‘’La Croix’’,16 septembre 1997 [lire en ligne (page consultée le 28 novembre)]
  • Philippe Broussard, « Voiron, la rafle oubliée », ‘Le Monde’’,2 décembre 1997 [lire en ligne (page consultée le 17 mars 2017)]

Liens externes modifier

Articles connexes modifier







  1. « Union générale des Israélites de France - Wikipedia »
  2. a b c d e et f Broussard, Philippe, « Voiron, la rafle oubliée », Le Monde,‎
  3. Bruttmann, Tal, 19.-, La logique des bourreaux, 1943-1944, Hachette Littératures, (ISBN 201235646X, OCLC 417446292, lire en ligne)
  4. Éve Line Blum (dir.),, "Nous sommes 900 français : À la mémoire des déportés du convoi no 73 ayant quitté Drancy le 15 mai 1944",, Besançon, Compte d'auteur, 1999-2012
  5. a b c et d Deroo, Delphine., Les enfants de la Martellière, Grasset, (ISBN 9782246569213, OCLC 41506615, lire en ligne)
  6. « Educagri : site d'information et de promotion des établissements publics d'enseignement agricole. »