Temsamane (tribu)

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Les Temsamane ou Ait Temsamane (en rifain: ⴰⵢⵜ ⵜⴻⵎⵙⴰⵎⴰⵏ) sont une tribu amazighe rifaine localisée au nord-est du Maroc, dans le Rif central entre Nador et Al Hoceïma. La région est peuplée de plusieurs communautés berbères faisant partie de l'espace culturel et linguistique rifain : à l'ouest se trouve la tribu des Ait Waryaghar, au nord-est celle des Ait Saïd, à l'est celle des Ait Ourish, au sud celle des Ait Touzine, au sud-est celle des Tafersit. Le Nord est marqué par la côte méditerranéenne, sa partie ouest est bordée par la baie d'Al Hoceïma.

Les Temsamane sont réputés être une grande tribu guerrière[1],[2]. Ils sont historiquement célèbres pour avoir rejoint la rébellion dès le début de la guerre du Rif (1921 à 1926) accompagnés des Ait Waryaghar,Tafersit, Ait Ourish , Iqer'iyen et des Ait Touzine, formant ainsi un petit groupe solide de résistants face à l'armée coloniale espagnole, dont la défaite historique à Anoual déboucha sur la proclamation de l'indépendance de la région ainsi que la création de la République du Rif par Abdelkrim el-Khattabi.

Géographie modifier

La zone de peuplement traditionnelle des tribus de Temsamane est bordée au Nord par la Méditerranée, traversée par des oueds, notamment Ighzar Amekrane. À son embouchure se déploie la longue plage Sidi Driss, à proximité de laquelle se trouve un site archéologique contenant des vestiges phéniciens. Au nord-ouest coule l'oued Nekor, délimitant le territoire de Temsamane de celui de la tribu voisine des Aït Ouriaghel.

Découpage administratif modifier

Historiquement, la tribu de Temsaman est composée de 5 fractions ou clans appelés tharfiqt en rifain.

  • Ait Taaban
  • Ait Boudinar
  • Ait Trougout
  • Aït Marghnine
  • Ait Amghar

Certaines de ces fractions de tribus forment aujourd'hui des communes rurales. Temsamane est rattachée à la province de Driouch, elle s'établit sur un territoire se divisant en deux caïdats ;

Caïdat de Temsamane regroupant les communes rurales de: Boudinar, Temsamane, Oulad Amghar et Aït Marghnine

Caïdat de Trougout regroupant la commune rurale de: Trougout. Soit un total de cinq communes rurales, dont la plus peuplée est Temsamane. Selon le recensement de 2004, les deux caïdats totalisent 50 530 habitants.

Histoire modifier

  • Émirat de Nekor

Temsamane abrita un temps la capitale de l'émirat de Nekor fondé au VIIIe siècle par Al Himyari Mansour ibn Salih de la dynastie des Salihides, première organisation indépendante proprement rifaine, la capitale fut plus tard déménagée à Nekor un peu plus à l'ouest.

Auguste Mouliéras dit de Temsamane à la fin du XIXe siècle :

« La tribu de Témsaman, bornée au Nord par la Méditerranée, à l’Ouest par les Aït-Waryagher, à l'Est par les Aït-Saïd, au Nord par des tribus rifaines, à environ 40 kilomètres dans tous les sens. Comme les Aït -Waryagher, elle est entièrement comprise dans une grande plaine qu'arrosent trois petites rivières et de nombreuses sources.

Partout de grands vergers où l'on rencontre tous les fruits du nord de l'Afrique : figuiers, amandiers, grenadiers, jujubiers, abricotiers, poiriers, pommiers, pêchers, vignes, etc. Partout des potagers où sont cultivés tous les légumes. Les figues de Barbarie et les légumes sont en telle quantité, qu'on n'en vend jamais sur les marchés : on les donne à ceux qui, par hasard, n'en ont pas.

Temsaman mérite bien son nom. En quelque endroit que l'on gratte un peu le sol, l'eau jaillit. Dans le sud, elle est fraîche, limpide, très bonne à boire; dans le nord, où elle est trouble et légèrement saumâtre, on recueille les eaux de pluie dans d'immenses citernes. Les trois ruisseaux, l'ouad Beni-Taiban, l'ouad Sidi-Idris, l'ouad Merer'ni, sont utilisés pour l'irrigation des jardins et des terres. Des canaux très bien aménagés conduisent au loin l'eau des rivières et des sources.

Aussi la campagne n'est-elle qu'une succession de champs fertiles, produisant en abondance l'orge, les fèves, les lentilles, le maïs, la pomme de terre importée d’Algérie ou d’Espagne, les petits pois, haricots, tomates, piments, etc. D'épais massifs d'arbres rompent à chaque instant la monotonie de la plaine.

L'aspect verdoyant de ce sol fécond, soigneusement travaillé par une population laborieuse et paisible, fait penser à ces beaux coins de France où tout est cultivé, où pas un pouce de terrain n'est perdu. »[3]

Galerie photos modifier

Notes et références modifier

  1. Mohammed Azeddine Refass, « Historical Migration Patterns in the Eastern Rif Mountains », Mountain Research and Development, vol. 12, no 4,‎ , p. 383–388 (ISSN 0276-4741, DOI 10.2307/3673689, lire en ligne, consulté le )
  2. (en) Susan Gilson Miller, A History of Modern Morocco, Cambridge University Press, (ISBN 978-0-521-81070-8, lire en ligne)
  3. Auguste (1855-1931) Auteur du texte Mouliéras, Le Maroc inconnu : étude géographique et sociologique. Exploration du Rif (Maroc septentrional) / par Auguste Mouliéras,..., 1895-1899 (lire en ligne)

Liens externes modifier