Mu Ursae Majoris

étoile binaire spectroscopique de la constellation de la Grande Ourse
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μ Ursae Majoris
Tania Australis
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 10h 22m 19,740s[1]
Déclinaison +41° 29′ 58,27″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente +3,03 à 3,10[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)
Caractéristiques
Stade évolutif AGB[3]
Type spectral M0III[4]
Indice U-B +1,89[5]
Indice B-V +1,59[5]
Indice R-I +0,96[5]
Variabilité β Lyr suspectée + LB[2]
Astrométrie
Vitesse radiale −21,30 ± 1,66 km/s[6]
Mouvement propre μα = −81,47 mas/a[1]
μδ = +35,34 mas/a[1]
Parallaxe 14,16 ± 0,54 mas[1]
Distance 230 ± 9 al
(71 ± 3 pc)
Magnitude absolue −1,18[7]
Caractéristiques physiques
Rayon 80 R[6]
Gravité de surface (log g) 1,0[6]
Luminosité 1 202 L[6]
Température 3 899 K[6]
Métallicité [Fe/H] = −0,04[7]
Rotation 7,5 km/s[6]
Composants stellaires
Composants stellaires μ UMa[8]
Orbite
Demi-grand axe (a) 0,002 8
Excentricité (e) 0,061
Période (P) 230,089 j
Inclinaison (i) 13,6°
Argument du périastre (ω) 236,4°
Époque du périastre (τ) 2 425 577,030 JJ

Désignations

Tania Australis, Alkafzah al Thaniyah, μ UMa, 34 UMa, HD 89758, HIP 50801, HR 4069, BD+42°2115, FK5 386, GC 14232, NSV 4829, SAO 43310[9]

Mu Ursae Majoris (μ UMa / μ Ursae Majoris), également nommée Tania Australis, est une étoile binaire de troisième magnitude de la constellation de la Grande Ourse. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, le système est situé à environ 230 années-lumière de la Terre[1]. Il se rapproche du Système solaire à une vitesse radiale de −21 km/s[6].

Propriétés modifier

Il a été montré par spectroscopie que Mu Ursae Majoris est une binaire spectroscopique à raies simples avec une compagne située à seulement 0,2 ua de la primaire (en supposant une distance de 71 pc) et avec une période de révolution de 230 jours[8]. Sa composante visible est une géante rouge de type spectral M0III[4] située sur la branche asymptotique des géantes[3]. C'est une étoile variable irrégulière à longue période de type LB ainsi qu'une variable de type β Lyrae suspectée dont la magnitude apparente varie entre 3,03 et 3,10[2].

Nomenclature, histoire et mythologie modifier

 
La figure de la série desالظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel que la décrit ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, 964.

μ Ursae Majoris, latinisé Mu Ursae Majoris, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 34 Ursae Majoris[9].

Tania Australis est aujourd’hui le nom approuvé pour μ UMa par l’Union astronomique internationale (UAI)[10]. Il vient de l’arabe الثانية al-Ṯāniyya, résultant lui-même de la troncation du nom complet, soit الثانية القفزة al-Qafzat al-Ṯāniyya, « le Second Saut »[11],[12]. Il faut se référer, pour comprendre ce nom, à la série des قفزات الظباء Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », qui figurent dans le ciel arabe traditionnel tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). Selon lui, il s'agit des six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol, à savoir ν et ξ UMa formant al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMa al-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMa al-Ṯāliṯa, « le Troisième ». Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[13],[14]:

« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »

Bien plus tard, par interversion des syllabes /q/ et /f/ et changement du /r/ en /z/, قفزة Qafza’, « Saut », devient فقرة Fiqra, « Vertèbre », dans de catalogues tardifs comme dans le زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437)[15]. Selon Richard Hinckley Allen, c'est à la lecture de Thomas Hyde que l’astronome britannique Francis Bailey aurait tronqué la transcription AlPhikrat AlTHânia pour en faire Tania Australis pour μ UMa[16].

Autres dérivations du nom arabe :

  • El Phikrah. C’est une autre troncation du nom arabe الثانية الفقزة al-Fiqrat al-Ṯāniyya, donné par Uluġ Bēg (1437)[17] et repris par le canal de la transcription el-phikra proposée par le philologue allemand Friedrich Wilhelm Lach (1796) [18], pour le couple λ et μ UMa par Johann Elert Bode dans son Uranographia[19]. Bien que Richard Hinckley Allen donne la transciption Al Phikra al-Thānia pour cette étoile[16], le nom reste rare dans les catalogues.
  • Al Kaphza Australis. Il vient de l’arabe القفزة al-Qafza, « le Saut », une troncation de الثانية القفزة al-Qafzat al-Ṯāniyya, « le Second Saut », et notée Al Ḳafzah al Thāniyah par Richard Hinckley Allen (1899)[20], que l’on relève dans certains catalogues.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b et c (en) « VSX : Detail for mu. UMa », sur The International Variable Star Index, AAVSO (consulté le )
  3. a et b (en) Olin J. Eggen, « Asymptotic giant branch stars near the sun », The Astronomical Journal, vol. 104, no 1,‎ , p. 275–313 (DOI 10.1086/116239, Bibcode 1992AJ....104..275E)
  4. a et b (en) Philip C. Keenan et Raymond C. McNeil, « The Perkins catalog of revised MK types for the cooler stars », The Astrophysical Journal Supplement Series, vol. 71,‎ , p. 245 (DOI 10.1086/191373, Bibcode 1989ApJS...71..245K)
  5. a b et c (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  6. a b c d e f et g (en) Alessandro Massarotti et al., « Rotational and radial velocities for a sample of 761 HIPPARCOS giants and the role of binarity », The Astronomical Journal, vol. 135, no 1,‎ , p. 209–231 (DOI 10.1088/0004-6256/135/1/209  , Bibcode 2008AJ....135..209M)
  7. a et b (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  8. a et b (en) Shulin Ren et Yanning Fu, « Hipparcos Photocentric Orbits of 72 Single-lined Spectroscopic Binaries », The Astronomical Journal, vol. 145, no 3,‎ , p. 81 (DOI 10.1088/0004-6256/145/3/81  , Bibcode 2013AJ....145...81R)
  9. a et b (en) * mu. UMa -- Spectroscopic binary sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  10. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  11. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961, pp. 90-91.
  12. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 112-113.
  13. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 27r. »
  14. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
  15. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, pp. 8-11. »
  16. a et b (en) Richard Hinckley Allen, « ''Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, réed. st. Star Names, Their Lore an Meaning, New-York: Dover Publications, 1963, p. 443. »
  17. (la) Thomas Hyde, Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi…, op. cit. , pp. 8-11.
  18. (de) Friedrich Wilhelm Lach, « « Beitrag zur orientalischen Sternkunde », in Algemeine Bibliotek der biblischen Litteratur, Bd. VII, Stück 4, 577-651, Leipzig : Weidmann, 1796, p. 400. »
  19. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. VI.
  20. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names and their meaning, op. cit. , p. 443.

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