Nu Ursae Majoris

étoile binaire de la constellation de la Grande Ourse‎
ν Ursae Majoris
Alula Borealis
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 11h 18m 28,737s[1]
Déclinaison +33° 05′ 39,51″[1]
Constellation Grande Ourse
Magnitude apparente +3,49[2]

Localisation dans la constellation : Grande Ourse

(Voir situation dans la constellation : Grande Ourse)
Caractéristiques
Type spectral K3- III:[3]
Indice U-B +1,55[4]
Indice B-V +1,40[4]
Indice R-I +0,70[4]
Astrométrie
Vitesse radiale −9,63 ± 0,38 km/s[5]
Mouvement propre μα = −26,84 mas/a[1]
μδ = +28,69 mas/a[1]
Parallaxe 8,17 ± 0,17 mas[1]
Distance 399 ± 8 al
(122 ± 3 pc)
Magnitude absolue −1,95[6]

Désignations

Alula Borealis, ν UMa, 54 UMa, HD 98262, HIP 55219, HR 4377, ADS 8123 A, BD+33°2098, CCDM 11185 +3306A, FK5 425, GC 15547, SAO 62486[7]

Nu Ursae Majoris (ν UMa / ν Ursae Majoris), également nommée Alula Borealis, est une étoile binaire de la constellation de la Grande Ourse. Sa magnitude apparente est de 3,49[2]. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, le système est situé à environ 399 années-lumière de la Terre[1]. Il se rapproche du Système solaire à une vitesse radiale de −10 km/s[5].

Propriétés modifier

La composante primaire, désignée Nu Ursae Majoris A, est une géante rouge de type spectral K3- III:[3]. Elle possède une compagne de 10e magnitude située à 7,0 secondes d'arc en date de 2020, Nu Ursae Majoris B[8], qui est une naine jaune de type spectral G1V[9]. Les deux étoiles forment un véritable système binaire[10]. Un possible compagnon de type naine blanche a été proposé pour Nu Ursae Majoris A, sur la base qu'il s'agit d'une étoile à baryum[10], mais l'anomalie en baryum est très légère (« Ba0 ») et pour de telles étoiles, le renforcement apparent des raies du baryum pourrait être simplement du à une luminosité plus élevée[11].

Nomenclature, histoire et mythologie modifier

 
La figure de la série desالظباء قفزات Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », dans le ciel arabe traditionnel, tel que la décrit ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī, 964.

ν Ursae Majoris, latinisé Nu Ursae Majoris, est la désignation de Bayer de l'étoile. Elle porte également la désignation de Flamsteed de 54 Ursae Majoris[7].

Alula Borealis est aujourd’hui le nom approuvé pour ν UMa par l’Union astronomique internationale (UAI)[12]. Il vient l’arabe الثانية al-Ūlā, résultant de la troncation du nom complet, soit القفزة الألى al-Qafzat al-Ūlā, « le Premier Saut »[13],[14]. Pour comprendre ce nom, il faut se référer à la série des قفزات الظباء Qafzāt al-Ẓibā’, « les Sauts de Gazelles », qui figurent dans le ciel arabe traditionnel tel qu’il est décrit par ᶜAbd al-Raḥmān al-Ṣūfī (964). Selon lui, il s’agit des six étoiles situées sur les trois pieds de l’Ourse touchant le sol, à savoir ν et ξ UMa formant al-Ūla, soit « le Premier [Saut] », λ et μ UMa al-Ṯāniyya, « le Second », et ι et κ UMa al-Ṯāliṯa, « le Troisième ». Chaque « Saut » ressemble à la trace du pied fendu des gazelles, et, toujours al-Ṣūfī donne à ce propos ce dicton arabe[15],[16]:

« Les Gazelles sautèrent lorsque le Lion frappa la terre de sa queue. »

.

Plus tard, dans le Catalogue d’al-Tīzīnī[17], édité en complément des زيجِ سلطانی Zīğ-i Sulṭānī ou « Tables sultaniennes » d’Uluġ Bēg (1437), est donnée la transcription ‘AlKáphza’ Prima pour ξ UMa[18]. Giuseppe Piazzi s’en saisit pour donner à ξ UMa le nom de Al-ula australis et, par symétrie, à ν UMa, celui de Al-ula Borealis[19]. Ils sont ignorés par Richard Hinckley Allen (1899), mais repris dans plusieurs catalogues du XXe siècle[20],[21],[22], et finalement consacrés par l’UAI.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a et b (en) J. R. Ducati, « Catalogue de données en ligne VizieR : Catalogue of Stellar Photometry in Johnson's 11-color system », CDS/ADC Collection of Electronic Catalogues, 2237, 0,‎ (Bibcode 2002yCat.2237....0D)
  3. a et b (en) Philip C. Keenan et Raymond C. McNeil, « The Perkins catalog of revised MK types for the cooler stars », The Astrophysical Journal Supplement Series, vol. 71,‎ , p. 245 (DOI 10.1086/191373, Bibcode 1989ApJS...71..245K)
  4. a b et c (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  5. a et b (en) B. Famaey et al., « Local kinematics of K and M giants from CORAVEL/Hipparcos/Tycho-2 data. Revisiting the concept of superclusters », Astronomy & Astrophysics, vol. 430, no 1,‎ , p. 165–186 (DOI 10.1051/0004-6361:20041272, Bibcode 2005A&A...430..165F, arXiv astro-ph/0409579)
  6. (en) E. Anderson et Ch. Francis, « XHIP: An extended Hipparcos compilation », Astronomy Letters, vol. 38, no 5,‎ , p. 331 (DOI 10.1134/S1063773712050015, Bibcode 2012AstL...38..331A, arXiv 1108.4971)
  7. a et b (en) * nu. UMa -- Star sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  8. (en) Brian D. Mason et al., « The 2001 US Naval Observatory Double Star CD-ROM. I. The Washington Double Star Catalog », The Astronomical Journal, vol. 122, no 6,‎ , p. 3466 (DOI 10.1086/323920, Bibcode 2001AJ....122.3466M, lire en ligne, consulté le )
  9. (en) James B. Kaler, « Alula Borealis », sur Stars
  10. a et b (en) P. P. Eggleton et A. A. Tokovinin, « A catalogue of multiplicity among bright stellar systems », Monthly Notices of the Royal Astronomical Society, vol. 389, no 2,‎ , p. 869–879 (DOI 10.1111/j.1365-2966.2008.13596.x, Bibcode 2008MNRAS.389..869E, arXiv 0806.2878)
  11. (en) A. Escorza et al., « Hertzsprung-Russell diagram and mass distribution of barium stars », Astronomy & Astrophysics, vol. 608,‎ , article no A100 (DOI 10.1051/0004-6361/201731832, Bibcode 2017A&A...608A.100E, arXiv 1710.02029)
  12. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  13. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harrassowitz, 1961, pp. 90-91.
  14. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, pp. 112-113.
  15. (ar) ᶜAbd al-Raḥmān Abū l-Ḥusayn b. ᶜUmar al-Ṣūfī, «  Kitāb Ṣuwar al-kawākib al-ṯābita, 960, ms. arabe 5036 : Copie anonyme et non datée réalisée pour Zāhir al-Dīn Ulūġ Beg Kūrakan, petit-fils de Tamerlan, probablement à Samarqand, ca., 1430-1449, fol. 27r. »
  16. (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 58-59 (fr.), p. 60 (ar.).
  17. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p.180.
  18. (la) Thomas Hyde, « Tabulae Long. ac Lat. Stellarum Fixarum ex Observatione Ulugh Beighi, Tamerlanis Magni Nepotis, Oxonii : Henry Hall, 1665, Gadwal… (1533), p. 82. »
  19. (la) Giuseppe Piazzi, Præcipuarum stellarum inerrantium positiones mediæ ineunte sæculo XIX : ex observationibus habitis in specola Panormitana ab anno 1792 ad annum 1813, éd. Panermi : ex regia typ. militari, 1814, p. 75.
  20. (de) Paul Kunitzszch, Arabische Sternnamen in Europa, Wiesbaden : Otto Harrassowitz, 1959, pp. 140-141.
  21. (en) Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : Cambridge (Ma) : Sky & Telescope, 1986, pp. 57-58.
  22. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 149.

Lien externe modifier