Histoire de l'Irlande primitive

(Redirigé depuis Préhistoire de l'Irlande)

La période de l'Irlande primitive s'étend du Mésolithique (10 000 av. J.-C.) jusqu'à l'adoption officielle du christianisme autour du Ve siècle. On peut distinguer quatre grandes périodes : le Mésolithique, le Néolithique, l'âge du bronze et la période Celte. Le mésolithique est caractérisé par un peuplement faible de chasseurs-cueilleurs.

Tumulus de Newgrange, la plus grande tombe à couloir néolithique d'Irlande, vers 3200 avant notre ère.

À partir de 4500 av. J.-C., on trouve les premières traces d'élevage, ce qui marque la transition avec le Néolithique. Cette période est marquée par l'introduction de l'agriculture, de la poterie et par l'utilisation d'outils en pierres plus sophistiqués qu'au Mésolithique. Mais la caractéristique la plus spectaculaire reste l'apparition de monuments mégalithiques (Cairns, Tumulus, Dolmens, Dolmens en coin).

L'apparition du travail du bronze, alliage de cuivre et d'étain, établit la transition entre le Néolithique et l'âge du bronze. L'Irlande possède de riches mines de cuivre qu'elle exporte dans toute l'Europe. Les artisans fabriquent également de nombreux bijoux en or, le sous-sol de l'Irlande étant particulièrement riche. De petits dolmens sont encore érigés à cette époque, mais dans des proportions bien moindres qu'au Néolithique.

L'arrivée des peuples celtes coïncide en Irlande avec le début de l'âge du fer. La manière dont l'Irlande adopte la culture et la langue celte est sujet à débat parmi les spécialistes. Des études récentes suggèrent une introduction progressive grâce aux contacts commerciaux, quand des modèles plus anciens décrivent plutôt des invasions. La fin de la période celte est provoquée par la montée en puissance du roi de Tara et la conquête gaélique de l'Ulster. Quelques décennies plus tard, le roi de Tara imposa le christianisme comme religion officielle mettant fin à la période de l'Irlande primitive.

Âge de glace en Irlande.

Le Mésolithique (10 000 av. J.-C. – 4500 av. J.-C.) modifier

 
Reconstruction d'une cabane de chasseurs-cueilleurs - période mésolithique, Irish National Heritage Park

Le peu que nous savons de l’époque pré-chrétienne en Irlande nous vient de quelques rares mentions dans des écrits romains, de la poésie, de l’archéologie et de la mythologie irlandaise, qui, elle, nous renseigne sur l'identité des peuples ayant colonisé l'île.

Le Mésolithique représente en Irlande la plus ancienne période de peuplement humain. Jusqu'à tout récemment la plus ancienne preuve d’occupation humaine après le retrait de la glace était datée entre 8 000 et 7 000 ans av. J.-C.; des établissements de chasseurs-cueilleurs ont été retrouvés dans une demi-douzaine de sites sur toute l’île d’Irlande : le mont Sandel près de Coleraine en Irlande du Nord, Woodpark dans le comté de Sligo, dans l’estuaire de la rivière Shannon, au Lough Boora dans le comté d'Offaly, au Curran dans le comté d'Antrim et dans quelques sites plus petits dans le Munster. Toutefois, des ossements d'ours comportant des marques de couteaux trouvés en 1903 dans le comté de Clare ont fourni des dates approximatives à 10 500 av J.C. après de nouvelles analyses[1].

Il est généralement admis [réf. nécessaire] que ces premiers habitants colonisèrent d'abord le nord-est de l’île venant d’Écosse. Même si le niveau de la mer était à l’époque beaucoup plus bas qu’il ne l’est à l’heure actuelle, l’Irlande était probablement déjà une île quand les premiers habitants arrivèrent par bateau. Sans surprise, puisque les premiers sites habités au Mésolithique sont situés le long des côtes. Manifestement, ces premiers habitants étaient des marins qui dépendaient largement de la mer pour leur subsistance. Cet état de fait était en partie dû aux éléments naturels : ils durent attendre des siècles pour que le pergélisol dénudé laissât la place à des terres fertiles et boisées.

Les génomes des chasseurs-cueilleurs d'Irlande montrent une forte proportion de courts segment d'homozygotie ce qui atteste une longue période d'isolement. Ces résultats suggèrent que les populations locales n'étaient pas capables de franchir aisément les mers. Pour cette raison, ils forment une branche à part des autres chasseurs-cueilleurs du nord-ouest de l'Europe, alors que les chasseurs-cueilleurs de Grande-Bretagne sont beaucoup plus proches de ceux du continent, probablement reliés à celui-ci par le Doggerland[2].

Les chasseurs-cueilleurs du Mésolithique se nourrissaient de poissons et de coquillages, d’oiseaux, de sangliers et de noisettes. Ils chassaient avec des lances, des flèches et des harpons équipés de fines pointes de silex nommées microlithes. Ils complétaient leur régime alimentaire en cueillant des noix, des fruits et des baies. Ils vivaient dans des abris saisonniers qu’ils construisaient avec des peaux d’animaux tendues sur une simple armature en bois. Le foyer pour la cuisine était situé à l’extérieur de la hutte.

Pendant le Mésolithique, la population de l’Irlande est estimée à entre 3 000 et 10 000 individus[2].

La période de transition entre le Mésolithique et le Néolithique en Irlande est marquée par les premières traces d’élevage. Elles ont été retrouvées sur le site archéologique de Ferriter’s Cove dans la péninsule de Dingle et datées vers 4350 avant notre ère[3].

Le Néolithique (4500 av. J.-C. – 2500 av. J.-C.) modifier

Le Néolithique a vu l’introduction de l’agriculture et de la poterie en Irlande, ainsi que l’utilisation d’outils en pierre plus élaborés. Comme ailleurs en Europe, les migrations de populations jouent un rôle prépondérant dans ces transformations. Les études génétiques montrent que l'arrivée de l'agriculture est probablement due à l'arrivée d'une nouvelle population qui a suivi le courant Impressa ou méditerranéen, puis a suivi le mouvement mégalithique qui s'est répandu sur toute la façade atlantique[4],[5].

L’agriculture débuta autour du Ve millénaire av. J.-C. Des moutons, des chèvres, des bovins et des céréales furent importés du sud-ouest de l'Europe continentale. La population de l’île augmenta de manière significative. Aux Céide Fields dans le Comté de Mayo, un vaste système de champs du Néolithique, sans doute un des plus vieux au monde, a été retrouvé, préservé sous une épaisse couche de tourbe. Ce système consiste en un ensemble de petits champs séparés les uns des autres par des murets en pierres sèches. Les "Céide Fields" ont été exploités pendant de nombreux siècles entre 3500 et 3000 av. J.-C. Les principales cultures étaient le blé et l’orge.

La poterie fit son apparition à peu près à la même période que l’agriculture. De la vaisselle similaire à celle retrouvée dans le nord de l’Angleterre a été mise au jour en Ulster (Lyle's Hill) et à Limerick. Les pièces typiques de cette poterie sont des bols à large embouchure et à fond rond.

Mais la caractéristique la plus marquante du Néolithique en Irlande est la soudaine apparition de monuments mégalithiques et leur spectaculaire prolifération. Les plus importantes de ces tombes sont clairement des lieux religieux et cérémoniels importants pour la population néolithique[réf. nécessaire]. Dans la plupart des tombes qui ont été fouillées, ont été retrouvés des restes humains, généralement incinérés, mais pas systématiquement. Des offrandes funéraires, poterie, pointes de flèches, perles, pendentifs, haches, etc., ont aussi été exhumées. Ces tombes mégalithiques, plus de 1200 sont maintenant recensées, se répartissent en quatre groupes distincts :

  • Cairn – Ils sont caractérisés par la présence d’une courte allée couverte. On les trouve presque exclusivement dans le nord de l’île et font partie des plus anciens monuments.
  • Tumulus – Ils constituent le plus petit groupe pour ce qui est du nombre, mais sont les plus impressionnants par leur taille et leur importance. Ils sont localisés principalement dans le nord et l’est de l’île, les plus grands et les plus connus ayant été découverts dans les quatre grands 'cimetières' néolithiques de Brú na Bóinne, de Loughcrew (tous deux dans le Comté de Meath), de Carrowkeel et de Carrowmore dans le Comté de Sligo. Le plus connu de tous est le tumulus de Newgrange, inscrit au patrimoine mondial de l'humanité. C’est un des monuments alignés sur les astres les plus anciens du monde. Il a été construit autour de 3200 ans av. J.-C. Au solstice de décembre, les premiers rayons du soleil pénètrent par un orifice pratiqué au-dessus de l'entrée de la tombe, et illuminent la chambre mortuaire qui se trouve au centre du tumulus. À proximité, le tumulus de Knowth contient la plus vieille carte de la lune gravée dans la pierre.
  • Dolmens– La plupart d’entre eux est regroupée en deux ensembles, un dans le sud-est de l’île (les dolmens de Knockeen et de Gaulstown dans le Comté de Waterford en sont des exemples exceptionnels), l’autre dans le nord de l’île.
  • Dolmens en coin (wedge-shaped gallery grave) – Il s’agit d'une forme irlandaise de dolmens, nommée en référence à la forme de la chambre mortuaire qui se termine en coin (marquée par un rétrécissement de l’ouest vers l’est de la largeur et de la hauteur). C’est le plus grand et le plus répandu des quatre groupes. Ces tombes sont particulièrement présentes dans l’ouest et le sud-ouest de l’Irlande. Le Comté de Clare en est très riche. C’est l’ensemble le plus récent des quatre types de tombes, il date de la fin du Néolithique.

La présence de ces grands monuments funéraires pourrait indiquer l'existence d'une organisation sociale hiérarchisée. L'analyse de l'ADN de personnes enterrées dans plusieurs sites néolithiques, y compris dans trois tombes à couloir, soutient l'existence d'une élite soudée[6],[2]. L'analyse des haplogroupes du chromosome Y semble montrer l'importance de la lignée paternelle (patrilinéarité) dans ces populations. L'haplogroupe I2a est largement dominant[2].

À l'apogée du Néolithique, la population de l'Irlande excédait probablement les 100 000 individus, jusqu'à peut-être atteindre la barre des 200 000. Mais autour de 2 500 ans av. J.-C., il semble qu'il y ait eu une crise économique, ce qui provoqua un déclin de la population[réf. nécessaire].

La génétique montre que vers -2300 de nouveaux groupes humains venus d'Europe centrale se sont établis dans l'île et ont remplacé les populations néolithiques existantes. Cette « grande vague de modification de génomes » possède environ un tiers de ses ancêtres provenant de la steppe pontique et est associée à la diffusion de la culture campaniforme. Ainsi, alors que les plus anciens fermiers du Néolithique avaient des cheveux noirs, les yeux bruns et ressemblaient davantage à des Européens du Sud, les nouvelles variantes génétiques qui circulent dans les hommes de l'âge du bronze avaient le type de chromosome Y le plus commun dans l'Irlande actuelle, les allèles des yeux bleus et la variante la plus importante la maladie génétique hémochromatose. Le génome de ces nouveaux arrivants présente une très forte affinité avec les génomes des Irlandais modernes[7].

L'âge du bronze (2 500 av. J.-C. – 700 av. J.-C.) modifier

L'âge du bronze commence véritablement lorsque du cuivre est allié avec de l'étain pour produire des objets en bronze. En Irlande, cela se passe vers 2000 av. J.-C. lorsque quelques haches plates et des objets semblables sont fabriqués à Ballybeg. La période précédente s'appelle le Chalcolithique ou l'Âge du cuivre, pendant laquelle la plupart des haches de Ballybeg et de Lough Ravel sont produites. Le bronze est utilisé pour fabriquer à la fois des armes et des outils. Épées, haches, dagues, hallebardes, alènes, gobelets, trompettes sont parmi les objets découverts dans les sites de l'âge du bronze. Les artisans irlandais deviennent particulièrement réputés pour leurs trompettes en forme de cor, fabriquées par la méthode de la cire perdue. On en retrouve dans toute l'Europe et on peut en voir une représentation auprès du Gaulois mourant, sculpture grecque attribuée à Épigone.

Le cuivre, nécessaire à la fabrication du bronze, est extrait en Irlande, principalement dans le sud-est du pays, tandis que l'étain est importé de Cornouailles en Grande-Bretagne. La plus ancienne mine de cuivre connue dans ces îles est située dans la péninsule de Ross Island aux lacs de Killarney, dans le comté de Kerry. L'exploitation minière et la métallurgie s'effectuent sur place entre 2400 et 1800 av. J.-C. Une autre des mines de cuivre les mieux préservées d'Europe se trouve dans le Mont Gabriel dans le comté de Cork. Elle fonctionne pendant plusieurs siècles au milieu du second millénaire. On estime que les mines de Cork et de Kerry ont produit pas moins de 370 tonnes de cuivre durant l'âge du bronze. Comme les objets en bronze mis au jour ne représentent seulement que 0,2 % environ de cette production, on peut supposer que l'Irlande a été un des principaux exportateurs de cuivre de cette période.

L'Irlande est également riche en or à l'état natif, et l'âge du bronze voit la première exploitation importante au Ve siècle de ce métal précieux par des artisans irlandais. C'est en Irlande qu'a été découvert le plus grand nombre de trésors en or de l'âge du bronze de toute l'Europe. Des ornements en or fabriqués en Irlande se retrouvent jusqu'en Allemagne et en Scandinavie. Pendant les premières époques de l'âge du bronze, ces ornements consistent en de simples croissants ou disques faits avec de minces feuilles d'or. Plus tard, le torque irlandais bien connu fait son apparition. C'est un collier fait d'une tige ou d'un ruban de métal torsadé, formé en boucle. Des boucles d'oreilles en or, des disques solaires et des lunules (croissants lunaires portés autour du cou) sont également fabriqués en Irlande durant l'âge du bronze.

Un des types de poterie les plus distinctifs, la céramique campaniforme, c'est-à-dire en forme de cloche, fait son apparition dans l'île pendant l'âge du bronze. Elle diffère beaucoup de la poterie fine à fond rond du Néolithique. On pensait à une époque que cette poterie était associée à un peuple particulier, la population campaniforme, dont l'arrivée aurait coïncidé avec l'introduction de la métallurgie. Mais cette théorie n'est maintenant plus défendable : il n'y a pas de population campaniforme, et la métallurgie s'est établie en Irlande bien avant l'apparition de la céramique à fond rond. La variante irlandaise de cette poterie est d'origine locale et son apparition est la preuve d'une influence étrangère plus que d'une invasion massive.

De plus petits dolmens en coin continuent à être élevés pendant l'âge du bronze, mais les grandioses tombes à passage du Néolithique sont abandonnées pour toujours. Vers la fin de l'âge du bronze, apparaissent les premières tombes à ciste : elles consistent en un petit coffre en pierre rectangulaire, couvert d'une dalle, enfoui à faible profondeur. De nombreux cercles de pierre sont érigés à cette période, notamment en Ulster et au Munster.

Parmi les restes préservés d'humains des âges du bronze et du fer, il convient de citer les « hommes des tourbières ». Il s'agit de corps momifiés dans la tourbe, présentant des signes de mort violente qui semblent issus de cultes sacrificiels. L'homme de Cashel, daté des alentours de l'an 2000 av. J.-C., découvert en 2011 est le plus ancien connu.

Durant l'âge du bronze, le climat de l'Irlande se détériore, et surviennent de vastes déforestations. À la fin de cette ère, la population en Irlande compte probablement plus de 100 000 personnes, atteignant peut-être même les 200 000 individus, soit guère plus qu'à l'apogée du Néolithique.

Les Celtes modifier

 
Maquette en or du Broighter Hoard, un trésor d'artefacts en or de l'âge du fer trouvé près de Limavady, dans le nord de l'Irlande, v. 100 av. J.-C.

En Irlande, l'Âge du fer correspond à la présence d'une population nommée les Celtes. Selon T.F. O'Rahilly[8], cette population se distinguait de ses prédécesseurs par l'usage du fer, et partageait un certain nombre de traits culturels communs avec les autres peuples celtes du centre et de l'ouest de l'Europe. L'importance relative des invasions massives et des diffusions culturelles lentes dans l'apparition de ces similitudes est encore matière à débats.

Les langues celtiques de Grande-Bretagne et d'Irlande peuvent être divisées en deux groupes : le groupe gaélique ou goïdélique et le groupe brittonique. L'apparition des premiers écrits au Ve siècle révéla l'usage du gaélique en Irlande, et du brittonique en Grande-Bretagne. Il fut donc naturel de supposer tout d'abord que l'Irlande avait été envahie par des Celtes gaéliques, pendant que la Grande-Bretagne l'était par des Celtes brittoniques. Aujourd'hui encore, il n'est pas rare d'entendre soutenir qu'il n'y eut qu'une unique invasion celtique dans l'histoire irlandaise [réf. nécessaire]. Selon cette théorie, en 350 av. J.-C., un groupe de personnes, appelé les Milesiens, introduisit la langue irlandaise en Irlande, et soumit les populations pré-celtiques grâce à son armement supérieur. Mais cela relève davantage de la mythologie.

Modèle historique d'O'Rahilly modifier

Le celtologue irlandais T. F. O'Rahilly, proposa un modèle pour la préhistoire irlandaise, basé sur son étude des influences sur la langue irlandaise, et une analyse critique de la mythologie irlandaise et de la pseudo-histoire [8]. Ses idées, bien qu'encore extrêmement influentes, ne sont plus universellement acceptées. Il distingue quatre vagues successives d'envahisseurs celtiques :

La conquête gaélique de l'Ulster modifier

Les écrits connus aujourd'hui en Irlande ne remontent pas au-delà de 431. Le roi gaélique de Tara, connu sous le nom de Niall Noigiallach ou « Niall aux neuf otages », est la plus ancienne figure historique, dont l'existence n'est pas disputée, et dont nous avons quelques connaissances. Selon les archives existantes[réf. nécessaire], son père, Eochaid Mugmedon, était un roi de Tara, et il dirigeait le royaume de Mide.

Niall succéda à son père vers l'an 400, et il aurait régné pendant vingt-sept ans. Son règne marqua la montée de Tara comme la puissance dominante du pays. À l'origine de ce pouvoir, il y avait la conquête de l'Ulster, l'aboutissement de siècles de conflit entre les Gaëls de Tara et les Ulaids de Emain Macha. Ce conflit est évoqué dans le cycle mythique connu sous le nom de Cycle d'Ulster, qui inclut l'épopée nationale irlandaise, le Táin Bó Cúailnge.

La conquête gaélique de l'Ulster fut entreprise principalement par trois des fils de Niall, Conall Gulban, Eógan et Énda, qui furent récompensés par trois sous-royaumes dans l'ouest de la province nouvellement conquise. Le résultat direct de cette conquête fut la réorganisation de l'Ulster en trois sur-royaumes :

  • Ulidia, à l'est, couvrait la plus grande part des comtés modernes d'Antrim et de Down. Il était dirigé par les Dál nAraidi, une dynastie cruthnienne autochtone, qui avait pris le parti de Niall pendant la guerre. Les Ulaid ou les Dál Fiatach, qui avaient constitué la puissance dominante en Ulster pendant des siècles, furent vaincus, leur siège royal à Emain Macha détruit, et ils furent repoussés vers l'est dans le comté de Down. La conquête gaélique eut aussi un impact significatif sur l'histoire écossaise. Une des tribus éméiennes d'Ulster, qui avaient été réduites à la vassalité par Niall, était les Dal Riada, dont le territoire traditionnel était situé au nord-est du pays. À la suite de leur défaite, quelques-uns des Dal Riada traversèrent la mer et colonisèrent l'Argyll. Au cours du temps, cette colonie devint la puissance dominante du nord de la Grande-Bretagne. Le royaume d'Écosse fut créé au IXe siècle par l'union des Dal Riada et du royaume indigène des Pictes.
  • Airgallia, parfois anglicisé sous l'appellation Oriel, au centre de l'Ulster couvrant la plus grande partie des comtés d'Armagh, de Coleraine[réf. nécessaire], de Fermanagh, de Louth, de Monaghan et de Tyrone. Ce royaume était en réalité une confédération de neuf sous-royaumes, chacun d'eux dirigé par une dynastie autochtone, qui avait été réduite à la vassalité par la conquête de Niall. Afin de s'assurer de leur loyauté, il les obligea à lui envoyer à Tara des membres éminents de leurs familles comme otages. C'est de là que vint le nom d'Airgialla, qui signifie « donneurs d'otages », et sans doute aussi l'épithète de Niall, Noígiallach, qui veut dire « aux neuf otages ».
  • Ailech, à l'ouest, occupait la même étendue que l'actuel comté de Donegal. À l'origine, il était composé de trois sous-royaumes, Tír Eógain, Tír Chonaill et Tír Énda, mais Tír Énda fut conquis par les descendants de Conall et fut incorporé dans Tír Chonaill. Les deux royaumes restants augmentèrent en taille et en importance, et leurs noms ont été conservés dans les noms gaéliques des deux comtés modernes de l'Ulster : Donegal et Tyrone. Ailech fut dirigé pendant plus de huit siècles par les descendants de Conall et Eógan, connus collectivement sous le nom des Uí Néill, qui fournirent plusieurs hauts-rois d'Irlande. Vers 425, la prise d'Ailech, le siège royal qui était devenu la capitale des Uí Néill du nord, et qui donna son nom au royaume, marqua la fin de la conquête gaélique de l'Ulster.

Après la mort de Niall, son fils, Lóegaire mac Néill, lui succéda comme roi de Tara. C'est durant son règne que le christianisme fut officiellement introduit dans le pays. Niall aux neuf otages a l'honneur d'être l'ancêtre de tous les hauts-rois d'Irlande, excepté deux, qui régnèrent sur le pays depuis le Ve siècle jusqu'au temps de Brian Boru au début du XIe siècle.

Notes modifier

  1. (en) « The Bear from Clare - new evidence for an early human presence in late Pleistocene Ireland », sur TwilightBeasts, (consulté le ).
  2. a b c et d (en) Lara M. Cassidy et al., A dynastic elite in monumental Neolithic society, nature.com, Nature, volume 582, pages 384–388, 2020
  3. (en) Kerry: A kingdom worthy of the name, thehistorypress.co.uk
  4. (en) Lara M. Cassidy et al., Neolithic and Bronze Age migration to Ireland and establishment of the insular Atlantic genome, PNAS, 28 décemb re 2015
  5. (en) Federico Sánchez-Quinto et al., Megalithic tombs in western and northern Neolithic Europe were linked to a kindred society, pnas.org, 7 mai 2019, 116 (19) p.9469-9474
  6. (en) Andrew Curry, DNA from ancient Irish tomb reveals incest and an elite class that ruled early farmers, sciencemag.org, 17 juin 2020
  7. (en) Scientists Sequence First Ancient Irish Human Genomes, tcd.ie, 28 décembre 2015
  8. a et b Early Irish History and Mythology, Medieval Academy of America, 1947

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

en français modifier

en anglais modifier

  • Gerhard Herm, The Celts, St. Martin's Press, 2002 (ISBN 0-312-31343-8).
  • T. F. O'Rahilly, Early Irish History and Mythology, Medieval Academy of America, 1947
  • T. F. O'Rahilly, Irish Dialects, Past and Present, 1932
  • T. F. O'Rahilly, The Goidals and Their Predecessors, London, The British Academy, 1935
  • Volume V14, Page 789 of the 1911 Encyclopedia Britannica [1]
  • "Ptolemy's Ireland," copyright (c) 1997-2006 [2]
  • C.F.C. Hawkes, Pytheas: Europe and the Greek Explorers, Oxford University Press, 1977
  • Edward Luther Stevenson, Trans. and ed. 1932. Claudius Ptolemy: The Geography. New York Public Library. Reprint: Dover, 1991. levrenn II, pennad kentañ
  • Francis John Byrne, Irish Kings and High-Kings. Batsford, London, 1973 (ISBN 0-7134-5882-8)
  • Seán Duffy (ed.), Atlas of Irish History. Gill & Macmillan, Dublin, 2nd edn, 2000 (ISBN 0717130932)
  • Nora Chadwick, The Celts, Pelican Books, 1971
  • C. Thomas Cairney, Clans and Families of Ireland and Scotland - An Ethnography of the Gael AD 500-1750, Willow Bend Books, 1989.
  • Richard Bradley, The Prehistory of Britain and Ireland, Cambridge University Press, 2007, (ISBN 0-521-84811-3), (ISBN 9780521848114)
  • T. M. Charles-Edwards, Early Christian Ireland, Cambridge University Press, 2000, (ISBN 0-521-36395-0), (ISBN 978-0-521-36395-2)
  • Barry Raftery, Pagan Celtic Ireland: The Enigma of the Irish Iron Age, Thames and Hudson, 1998 (ISBN 0-500-27983-7)
  • Lloyd Robert Laing, The Archaeology of Celtic Britain and Ireland, C. AD 400-1200: C. AD 400 - 1200, Cambridge University Press, 2006 (ISBN 0-521-83862-2)