Pierre Chateau-Jobert

militaire et théoricien contre-révolutionnaire français
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Pierre Yvon Alexandre Jean Chateau-Jobert (alias Conan) est un officier supérieur de l'armée française, combattant de la Seconde Guerre mondiale (et à ce titre, compagnon de la Libération) et des guerres d'Indochine et d'Algérie, né à Morlaix le , et décédé à Caumont-l'Éventé dans le Calvados le à l'âge de 93 ans.

Pierre Chateau-Jobert
Pierre Chateau-Jobert

Surnom Conan
Naissance
à Morlaix, France
Décès (à 93 ans)
à Caumont-l'Éventé, France
Origine Française
Allégeance Armée française
Grade Colonel
Années de service 1934 – 1962
Conflits Seconde Guerre mondiale
Guerre d’Indochine
Guerre d’Algérie
Distinctions Commandeur de la Légion d'honneur

Famille et formation modifier

Son père ayant été tué au front en 1915, il est pupille de la Nation, il fait ses études à Morlaix, au collège Stanislas à Paris et au collège Saint-Charles de Saint-Brieuc où deux pleurésies successives l’empêchent de préparer l’École navale. Après son service militaire qu’il effectue en 1934-1935, il reste dans l’armée et suit, comme sous-lieutenant, les cours de l’École d'application de l'artillerie et du génie à Fontainebleau. Affecté au 154e régiment d'artillerie, il suit les cours de l’école d’observateurs en avion de Dinan. Blessé durant la bataille de France, il rejoint l’Angleterre et s’engage dans les Forces françaises libres, à Londres, le , sous le nom de Conan, afin que sa famille ne souffre pas de représailles des Allemands. Ce surnom lui restera toute sa vie. Il s'est marié à Douala à la Noël 1940 avec l'infirmière militaire et résistante Lucienne Delcuze[1].

Carrière militaire modifier

Guerre mondiale

Lieutenant à la 13e demi-brigade de Légion étrangère (DBLE), il se bat en Érythrée, en Syrie et en Libye où il est blessé en . Le , capitaine, il prend le commandement du 3e SAS qui devient, en , le 3e régiment de chasseurs parachutistes (RCP). Le 3e RCP opère sur les arrières de l’ennemi, par petites unités, dans des régions non encore libérées du territoire métropolitain, du Poitou à la Bourgogne. Chef de bataillon en , il transmet le commandement du régiment au lieutenant-colonel de Bollardière.

Il crée, par la suite, le Centre École de parachutisme militaire, basé à Lannion, puis à Pau-Idron.

Indochine

Adjoint du colonel de Bollardière, puis commandant de la Demi-brigade coloniale de commandos parachutistes SAS, il est engagé à la fin de 1947 et en 1948, au Cambodge, en Cochinchine et en Annam. Après un séjour à Vannes-Meucon où il commande en second la 1re DBCCP auprès du colonel Gilles, il retourne en Indochine en 1950, comme lieutenant-colonel, à la tête de la 2e DBCCP, pour se battre au Tonkin et en Cochinchine jusqu’en . Le , alors que Château-Jobert s'apprête à quitter l’Indochine, à la fin de son deuxième séjour, le général Salan, commandant en chef des forces en Extrême-Orient préside la cérémonie d’adieux.

Algérie

Après un passage en métropole, il est affecté à l’état-major des Forces terrestres, maritimes et aériennes à Alger de 1953 à 1955, puis, en , au commandement du 2e régiment de parachutistes coloniaux (RPC).

Suez

Colonel, lors de l’affaire de Suez, le , il est parachuté au sud de Port-Saïd à la tête d’une partie de son régiment renforcée de commandos du 11e Choc et y atteint tous ses objectifs jusqu’à l’ordre du cessez-le-feu. L'autre partie du régiment commandée par le lieutenant colonel Albert Fossey-François saute avec succès sur Port-Fouad le même jour.

Dans les premiers jours de 1957, le colonel Château-Jobert, après l’affaire de Suez, de retour en Algérie vient se présenter au général Salan, commandant supérieur interarmes. Il lui fait part de sa déception de ne pas avoir reçu l’ordre de pousser ses parachutistes au-delà de Port-Saïd et de Port-Fouad, jusqu’au Caire et à Suez. En 1957, il commande à Bayonne la Brigade de parachutistes coloniaux où il succède au général Jean Gracieux.

Dans les semaines qui suivent le , il est en liaison avec des délégués d’Alger, tel le commandant Robert Vitasse.

OAS modifier

En 1959-1960, il est auditeur à l’IHEDN et suit les cours du CHEM. Affecté au Niger en , il se solidarise avec les officiers qui, le , suivent le général Maurice Challe dans le putsch des généraux, ce qui lui vaut plusieurs mois d’arrêts de forteresse. Le , alors qu’il est affecté à l’état-major de l’amiral préfet maritime de Cherbourg, il rejoint clandestinement l’Algérie et se met aux ordres du général Salan, chef de l’OAS.

À la fin du mois de , à son arrivée à Alger, Pierre Château-Jobert est d'abord reçu par Jean-Jacques Susini, puis par le général Salan qui lui confie le commandement de l’OAS du Constantinois qui manque chroniquement de cadres supérieurs. Cette nomination est officialisée par une note de service du général Salan diffusée largement en Algérie. Responsable du Constantinois, il y retrouve le lieutenant Michel Alibert et y noue, en vue de leur ralliement, de nombreux contacts avec des officiers supérieurs et subalternes des régiments qui y sont stationnés, 13e Dragons, 6e Cuirassiers et 2e REC - (Le général Michel Multrier, commandant de la zone Est Constantinois dira : « l’OAS progresse vite dans le Constantinois quand Château-Jobert en prend la tête »).

Condamné à mort modifier

Désapprouvant les « Accords Susini-Mostefaï », il quitte l’Algérie le à bord d’un cargo qui le ramène en métropole. Clandestin, en France et en Espagne, il continue son combat ; en 1965, il est condamné à mort par contumace pour son action au sein de l'OAS. Il réapparaît à Morlaix le , après la première amnistie de .

Il met à profit ses années de clandestinité pour étudier les idées de la Contre-révolution catholique.

Gracié modifier

Gracié en 1968, Chateau-Jobert retourne, dans le Finistère, à sa ville natale de Morlaix en 1969[2] où il se consacra à l'écriture de livres de doctrine d'action politique, et publie plusieurs ouvrages d'analyse et de réflexion, basés sur son vécu militaire personnel, ayant toujours cherché à comprendre les guerres qu'il faisait.

En 1992, il fait partie du comité de parrainage de la bibliothèque privée Jeanne-d'Arc[source insuffisante], sise à Paris, qui comprend des ouvrages anti-maçonniques, antisémites, négationnistes, ou « faisant l'apologie de Vichy »[3].

Le , le PC du 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine (2e RPIMA) à l’île de La Réunion, héritier direct du 2e régiment de parachutistes coloniaux, est baptisé « PC Lieutenant-Colonel Château-Jobert ».

Un buste à son effigie a été inauguré le dans l'enceinte de l'École des Troupes Aéroportées de Pau.

Commandeur de la Légion d'honneur, Compagnon de la Libération, titulaire de la croix de guerre 1939-1945 avec onze citations et de la croix du Distinguished Service Order (D.S.O.), il est décédé le et a été inhumé à Morlaix.

États de service modifier

  • Service militaire de 1934 à 1935.
  • Élève officier à l'École d'Application de l'Artillerie de Fontainebleau
  • Affectation au 154e régiment d'artillerie de Tournoux, puis détaché à l'École d'Observateurs en avion de Dinard.
  •  : blessé au cours du repli de l'École
  •  : s'évade de l'hôpital de Vannes et embarque à Saint-Jean-de-Luz sur un bateau polonais à destination de l'Angleterre.
  •  : s'engage dans les Forces françaises libres, sous le nom de Conan.
  • Lieutenant de la 13e Demi Brigade de la Légion Étrangère en Érythrée
  • Détaché à l'État-Major de la Brigade française d'Orient
  • 12 au , est chargé de l'approvisionnement en munitions pour les opérations autour de Keren
  • Il prend part aux campagnes de Syrie et de Libye avec le 1er Régiment d'Artillerie FFL et est blessé le .
  •  : Est promu capitaine et demande à servir dans les parachutistes. Est breveté à Ringway.
  •  : Prend le commandement du 3e French Special Air Service (3e SAS) également appelé côté français 3e Bataillon d'Infanterie de l'Air, qui deviendra le 3e Régiment de Chasseurs Parachutistes fin .
  • est parachuté en Saône et Loire et prend le commandement de la mission Harrod, à la tête des hommes du 3e SAS, Conan se distingue en ramenant un de ses officiers blessé au milieu des Allemands. Le 3e RCP qui opère dans des régions non libérées recevra une citation à l'Ordre de l'Armée pour ses actions de sabotage, embuscades et coups de main contribuant au succès des armées alliées.
  • , promu chef de Bataillon, il remet le commandement du 3e RCP au lieutenant colonel de Bollardière.
  •  : crée le Centre-école de parachutisme militaire basé à Lannion.
  •  : crée le Centre-école de parachutisme militaire basé à Pau. Se porte volontaire pour l'Indochine.
  • à  : commandant de la demi-brigade coloniale de commandos parachutistes en Indochine. Il dirige de nombreuses opérations aéroportées au Cambodge, en Cochinchine et en Annam.
  • 1949-1950 : commandant en second de la 1re demi-brigade coloniale de commandos parachutistes de Vannes. Promu lieutenant colonel.
  • 1950-  : Il prend le commandement de la 2e D.B.C.C.P, ainsi que des troupes aéroportées Sud et est parachuté en opérations au Tonkin et dans le sud Viêt Nam.
  • 1952-1953 : reprend le commandement de la 1re demi-brigade coloniale de commandos parachutistes de Vannes. Auditeur à l'Institut des hautes études d'administration musulmane.
  • 1953-1955 : affecté à l'état-major des forces terrestres, maritimes et aériennes d' Afrique du Nord à Alger
  • 1955 : promu colonel il commande en novembre le 2e régiment de parachutistes coloniaux (2e RPC), devenu par la suite le 2e R.P.I.Ma. à Constantine
  •  : parachuté au sud de Port-Saïd à la tête de son régiment renforcé des commandos du 11e Choc lors de l'opération franco-britannique de Suez, il y défait l'armée égyptienne et reçoit sa reddition.
  • 1957 : commande la Brigade de Parachutistes Coloniaux à Bayonne.
  •  : soutient le mouvement en faveur du maintien de l'Algérie française : le putsch d'Alger qui porte de Gaulle au pouvoir.
  • 1959-1960 : auditeur de la 12e Session de l'Institut des hautes études de Défense nationale et au Centre des hautes études militaires.
  •  : affecté au Niger prend le commandement des troupes du Niger Ouest.
  •  : affirme son appui au putsch des généraux pour le maintien de l'Algérie française. Est condamné à plusieurs mois d'arrêts de forteresse.
  •  : affecté à l'état-major du préfet maritime de Cherbourg.
  •  : part clandestinement pour l'Algérie, se met aux ordres du général Salan et y prend le commandement de l'OAS de l'Est Algérien (le Constantinois).
  •  : quitte l'Algérie et vit 7 années de clandestinité jusqu'à l'amnistie en 1968, il ne sera jamais pris.
  • 1965 : condamné à mort par contumace pour son action dans l'OAS par la Cour de Sûreté de l'État.
  •  : à la suite de l'amnistie de juin, réapparait à Morlaix, sa ville natale.

Principales décorations modifier

Œuvres modifier

Bibliographie modifier

  • « Interview du Colonel Chateau-Jobert », Lecture et Tradition, no 59,‎ , p. 6-13

Références modifier

  1. Service Historique de la Défense: GR 16 P 169435 Delcuze ép. Chateau-Jobert dit Conan Yvan, Lucienne Paule 15.07.1918 Versailles Seine-et-Oise.
  2. Journal officiel de la République française: Lois et décrets, France - 1972 (Google livres): "A Mme Château-Jobert, née Delcuze (Lucienne) du débet de 19.268,37 F constaté du 4 août 1968 au 24 novembre 1969 au titre de la pension militaire de réversion n° B 66-500 431"
  3. Jean-Yves Camus et René Monzat, Les Droites nationales et radicales en France : répertoire critique, Lyon, Presses universitaires de Lyon, , 526 p. (ISBN 2-7297-0416-7), p. 154.
  4. Name: Pierre Château Jobert Publication Date: 1 novembre 1957 Rank: Lieutenant Colonel Regiment or Unit: Infanterie Coloniale Theatre of Combat or Operation: British to Foreign: France Award: Distinguished Service Order Date of Action or Award: 1956-1964 http://discovery.nationalarchives.gov.uk/SearchUI/Details?uri=D7621340

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier