Oryza

genre de plantes

Oryza est un genre de plantes monocotylédones de la famille des Poaceae, sous-famille des Oryzoideae[2],[3]. Ce genre comprend une vingtaine d'espèces acceptées, dont les deux espèces de riz cultivé, Oryza sativa et Oryza glaberrima, qui figurent parmi les principales plantes alimentaires.

Les espèces du genre Oryza sont des graminées poussant dans les zones humides, qui peuvent atteindre 1 à 2 mètres de haut. Le genre comprend des espèces annuelles et vivaces[4].

Plusieurs espèces de riz sauvage (non cultivées), notamment Oryza perennis, Oryza nivara, Oryza rufipogon, Oryza latifolia, Oryza punctata, très proches biologiquement des riz cultivés, se comportent parfois dans les rizières comme des mauvaises herbes difficiles à extirper et sont considérées comme nuisibles[5].

Étymologie modifier

Le mot oryza est une déclinaison (notamment le nominatif singulier[a]) d'un nom latin féminin signifiant « riz ». Ce nom est une transcription du mot grec ὄρυζα / oryza (de même sens), lui-même issu du sanskrit via le persan.

Caractéristiques générales modifier

Les espèces du genre oryza regroupent des plantes herbacées, annuelles ou vivaces, poussant en touffes. Les tiges (chaumes) sont dressées ou ascendantes. Les feuilles, principalement caulinaires, ont un limbe linéaire, plat, relativement large, et une ligule membraneuse[6].

L'inflorescence est une panicule rameuse, souvent penchée, généralement composée de multiples rameaux spiciformes, les ramifications inférieures habituellement verticillées, faiblement ou non ramifiées. Les épillets, portés par un pédicelle court, sont fortement comprimés latéralement. Ils se désarticulent à maturité sous les lemmes stériles, et sont persistants chez les variétés cultivées. Ils comptent trois fleurons, dont seul le fleuron supérieur est fertile. Les fleurons stériles se réduisent à deux lemmes étroites à la base du fleuron fertile. Les glumes, à l'état de vestiges, subsistent après la désarticulation comme une collerette lobée, peu profonde, à l'apex du pédicelle. Toutefois, les écailles étroites situées à la base du fleuron fertile sont parfois considérées comme des glumes plutôt que des lemmes stériles, et la collerette à l'apex du pédicelle tout simplement comme un tissu de ce dernier. La lemme fertile carénée, scarieuse, étroitement papillée, parfois couverte de fines épines, rarement lisse, présente cinq nervures très visibles et un apex non aristé ou portant une arête droite. La paléole, semblable à la lemme, mais plus étroite, présente trois nervures et un apex se terminant en bec. Les fleurons fertiles présentent six étamines. Le fruit est un caryopse de forme variable, avec un embryon dont la longueur est 25 % de celle du caryopse, et un hile linéaire aussi long que le caryopse[6].

Taxinomie modifier

Synonymes modifier

Selon GRIN (5 mars 2015)[7] :

  • Padia Moritzi ;
  • Porteresia Tateoka.

Liste d'espèces modifier

Plus de 300 noms ont été proposés comme espèces, sous-espèces et autres taxons infraspécifiques au sein du genre Oryza. Le nombre d'espèces distinctes acceptées varie selon les auteurs. Selon Kew World Checklist, seules les 19 espèces listées ci-dessous doivent être retenues comme distinctes[8].

Selon World Checklist of Selected Plant Families (WCSP) (22 avril 2017)[9] :

Génome modifier

On a déterminé chez les espèces du genre Oryza dix types de génomes (parfois 11), dont six génomes diploïdes (AA, BB, CC, EE, FF et GG) et quatre ou cinq génomes allotétraploïdes (BBCC, CCDD, HHKK, HHJJ[10] et KKLL[11]. La répartition des espèces entre ces différents types de génomes est présentée ci-après[12]. La plupart des espèces du genre Oryza ont été groupées en complexes d'espèces, en nombre variable selon les auteurs. La section Oryza sativa se subdivise en deux complexes, le complexe Oryza sativa, qui comprend sept espèces morphologiques partageant toutes le génome diploïde AA, et le complexe Oryza officinalis, qui regroupe des espèces ayant quatre génomes différents, BB, CC, DD et EE, avec à la fois des espèces diploïdes et des espèces tétraploïdes[13].

Complexe d'espèces Type de
génome
Nombre de
chromosomes (2n)
Espèces Distribution[14] Caractères utiles[15] Commentaires[16]
Section Sativa
Complexe Oryza sativa AA  24 Oryza sativa cosmopolite cultigène, rendement élevé
AA  24 Oryza glaberrima Afrique occidentale cultigène ; tolérance à la sécheresse, à l'acidité du sol, à la toxicité ferreuse, à la carence en phosphore ; résistance à la nielle bactérienne (Xanthomonas oryzae pv oryzae), à la pyriculariose (Magnaporthe grisea), au virus de la marbrure jaune du riz (RYMV), à la cécidomyie du riz (Orseolia oryzivora), aux nématodes ; compétitivité vis-à-vis des adventices
AA  24 Oryza barthii (Oryza breviligulata) Afrique résistance à la cicadelle verte, à la nielle bactérienne ; évitement de la sécheresse ; tolérance à la chaleur et à la sécheresse
AA  24 Oryza glumipatula Amérique centrale et Amérique du Sud aptitude à l'élongation ; source de stérilité mâle cytoplasmique (CMS) ; tolérance à la chaleur
AA  24 Oryza longistaminata Afrique résistance à la nielle bactérienne, aux nématodes, aux foreurs des tiges ; évitement de la sécheresse
AA  24 Oryza meridionalis Australie aptitude à l'élongation ; évitement de la sécheresse ; tolérance à la chaleur et à la sécheresse
AA  24 Oryza nivara Asie tropicale et subtropicale résistance au virus du rabougrissement herbacé du riz (RGSV), à la nielle bactérienne écotype annuel d'Oryza rufipogon
AA  24 Oryza rufipogon Asie tropicale et subtropicale, Australie tropicale résistance à la nielle bactérienne, à la pyriculariose, à la cicadelle brune, au virus du tungro ; tolérance modérée à la pourriture de la gaine (Thanatephorus cucumeris, anamorphe : Rhizoctonia solani) ; tolérance à l'aluminium et à l'acidité du sol ; élongation accrue sous hautes eaux ; loci d'augmentation du rendement
Complexe Oryza officinalis BB, BBCC  24, 48 Oryza punctata Afrique résistance à la cicadelle brune, à la nielle bactérienne, à la cicadelle zigzag (Recilia dorsalis) ; tolérance à la chaleur et à la sécheresse
CC  24 Oryza officinalis Asie tropicale et subtropicale, Australie tropicale résistance aux thrips, à la cicadelle brune, à la cicadelle verte, à la pourriture des tiges (Magnaporthe salvinii) ; tolérance à la chaleur
CC  24 Oryza rhizomatis Sri Lanka évitement de la sécheresse ; résistance à la pyriculariose ; tolérance à la chaleur
CCDD  48 Oryza malampuzhaensis Inde race tétraploïde d'Oryza officinalis
BBCC  48 Oryza minuta Philippines, Papouasie Nouvelle-Guinée résistance à la nielle bactérienne, à la pyriculariose, à la cicadelle brune, à la cicadelle verte
BBCC  48 Oryza schweinfurthiana Afrique race tétraploïde d'Oryza punctata
BBCC  48 Oryza eichingeri Afrique orientale, Sri Lanka résistance à la cicadelle brune (Nilaparvata lugens), à la cicadelle à dos blanc (Sogatella furcifera), à la cicadelle verte seule espèce présente à la fois en Asie et en Afrique
CCDD  48 Oryza alta Amérique centrale et Amérique du Sud résistance à la pyrale rayée du riz (Chilo suppressalis) ; production élevée de biomasse
CCDD  48 Oryza grandiglumis Amérique du Sud production de biomasse élevée
CCDD  48 Oryza latifolia Amérique centrale et Amérique du Sud résistance à la cicadelle brune, à la nielle bactérienne ; production élevée de biomasse
Section Australiensis
EE  24 Oryza australiensis Australie tropicale résistance à la pyriculariose, à la nielle bactérienne, à la cicadelle brune ; évitement de la sécheresse ; tolérance à la chaleur et à la sécheresse membre du complexe Oryza officinalis
Section Brachyantha
FF  24 Oryza brachyantha Afrique tolérance à l'ombre ; stolonifère
Section Padia Section basale ou primitive du genre Oryza
HHKK  48 Oryza schlechteri Papouasie Nouvelle-Guinée stolonifère
KKLL  48 Oryza coarctata Asie du sud tolérance au sel ; stolonifère
Section Ridleyanae
Complexe Oryza ridleyi HHJJ 48 Oryza longiglumis Iran Jaya, Indonésie, Papouasie Nouvelle-Guinée résistance à la pyriculariose, à la nielle bactérienne
HHJJ 48 Oryza ridleyi Asie du Sud, Papouasie Nouvelle-Guinée résistance à la pyriculariose, à la nielle bactérienne, au virus du tungro, aux foreurs des tiges et à la mineuse du riz (Hydrellia philippina)
Section Granulata
Complexe Oryza meyeriana GG  24 Oryza granulata Asie du Sud tolérance à l'ombre ; adaptation aux sols aérobies variété dOryza meyeriana
GG  24 Oryza meyeriana Asie du Sud-Est tolérance à l'ombre ; adaptation aux sols aérobies
GG  24 Oryza neocaledonica Nouvelle-Calédonie

Phylogénie modifier

 

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le génitif singulier oryzae (« du riz ») est employé comme épithète spécifique pour nommer de nombreuses espèces d'insectes ravageurs du riz et de moisissures responsables de maladies cryptogamiques. Pour les articles consacrés à de telles espèces, consulter la liste générée automatiquement.

Références modifier

  1. Tropicos.org. Missouri Botanical Garden., consulté le 5 mars 2015
  2. (en) Robert J. Soreng, Paul M. Peterson, Konstantin Romaschenko, Gerrit Davidse, Fernando O. Zuloaga, Emmet J. Judziewicz, Tarciso S. Filgueiras, Jerrold I. Davis et Osvaldo Morrone, « A worldwide phylogenetic classification of the Poaceae (Gramineae) », Journal of Systematics and Evolution (JSE), vol. 53, no 2,‎ , p. 117–202 (lire en ligne).
  3. (en) « Oryza L. », Tropicos (consulté le ).
  4. (en) « 稻属 dao shu Oryza Linnaeus, Sp. Pl. 1: 333. 1753. », sur Flora of China (consulté le ).
  5. A. Ferrero, « Le riz nuisible, caractères biologiques et contrôle », dans R. Labrada, Gestion des mauvaises herbes pour les pays en développement: Addendum 1, Rome, FAO, (lire en ligne), p. 92-114.
  6. a et b (en) « 37. Oryza Linnaeus, Sp. Pl. 1: 333. 1753. », sur Flora of China (eFloras.org) (consulté le ).
  7. USDA, Agricultural Research Service, National Plant Germplasm System. Germplasm Resources Information Network (GRIN-Taxonomy). National Germplasm Resources Laboratory, Beltsville, Maryland., consulté le 5 mars 2015
  8. (en) « Oryza L., Sp. Pl.: 333 (1753). », sur World Checklist of Selected Plant Families (WCSP), Royal Botanic Gardens, Kew (consulté le ).
  9. WCSP. World Checklist of Selected Plant Families. Facilitated by the Royal Botanic Gardens, Kew. Published on the Internet ; http://wcsp.science.kew.org/, consulté le 22 avril 2017
  10. (en) Fei Lu et al., « Comparative sequence analysis of MONOCULM1-orthologous regions in 14 Oryza genomes », National Academy of Sciences of the USA, (consulté le ).
  11. (en) J. Maclean, B. Hardy, G. Hettel, Rice Almanac : Source Book for One of the Most Important Economic Activities on Earth, IRRI, , 4e éd., 283 p. (ISBN 978-971-22-0300-8, lire en ligne), p. 7-10.
  12. (en) Song Ge, Tao Sang, Bao-Rong Lu et De-Yuan Hong, « Evolution Phylogeny of rice genomes with emphasis on origins of allotetraploid species », Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), vol. 96, no 25,‎ , p. 14400–14405 (PMCID PMC24448, lire en ligne).
  13. (en) Jonathan Gressel, Crop Ferality and Volunteerism, CRC Press, , 448 p. (ISBN 978-1-4200-3799-9, lire en ligne), p. 258-259.
  14. (en) Hiro-Yuki Hirano, Atshushi Hirai, Yoshio Sano, Takuji Sasaki, Rice Biology in the Genomics Era, volume 62 de Biotechnology in Agriculture and Forestry, Berlin, Springer Science & Business Media, , 381 p. (ISBN 978-3-540-74250-0, lire en ligne), p. 239-240.
  15. (en) Paul L. Sanchez, Rod A. Wing, et Darshan S. Brar, « The Wild Relative of Rice: Genomes and Genomics », dans Qifa Zhang, Rod A. Wing, Genetics and Genomics of Rice, volume 5 de Plant Genetics and Genomics: Crops and Models, Springer Science & Business Media, , 402 p. (ISBN 9781461479031, lire en ligne), p. 9-24.
  16. (en) Jay Maclean, Bill Hardy et Gene Hettel, Rice Almanac, 4e édition, Institut international de recherche sur le riz (IRRI), , 298 p. (ISBN 978-971-22-0300-8, lire en ligne).

Voir aussi modifier

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