Nella Nobili

écrivaine et poète italienne
Nella Nobili
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Biographie
Naissance

Bologne
Décès
(à 59 ans)
CachanVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Domaine
Poésie
Archives conservées par

Nella Nobili est une poétesse et écrivaine née à Bologne le 6 janvier 1926 et morte le 18 février 1985 à Cachan[2]. Elle est considérée comme une représentante de la littérature prolétarienne. Elle rédige des textes en français et en italien, parlant notamment du travail à l'usine et de l'amour des femmes[3],[4].

Biographie modifier

Nella Nobili naît en 1926 à Bologne, d'un père maçon et d'une mère couturière[5]. Venant d'un milieu modeste, elle arrête l'école a douze ans pour travailler - nous sommes en plein fascisme - dans une usine, d'abord dans un atelier de céramique, puis à quatorze ans comme souffleuse de verre[6]. C'est en autodidacte qu'elle commence à développer un lien avec l'écriture et la poésie[7]. Pendant les pauses, après le travail, elle écrit ses premiers textes, et lit avidement tout ce qu'elle trouve : la poésie italienne, mais aussi Rilke - une poète qu'elle aime tant - et Emily Dickinson.

Son père émigre en Algérie et, pour aider sa mère, Nella Nobili « commence à travailler dès l'âge de 12 ans, livrant du lait et exécutant d'autres menus travaux[5]. » En 1940, elle devient souffleuse de verre dans une usine qui fabrique des ampoules pharmaceutiques (elle met en poèsie son expérience, 30 ans après, dans Le Jeune fille à l'usine, 1978[8]). En 1943, l'usine ferme et elle devient fille de salle dans un hôpital. Elle reprend son emploi à l'usine en 1945.

Après la Seconde Guerre mondiale, en 1949, elle s'installe à Rome. Là, elle fréquente des groupes anti-fascistes, des artistes et écrivains comme Renata Vigano, Enrico Berlinguer ou Sibilla Aleramo. Ils sont ses premiers lecteurs, et par l'originalité de sa voix poétique, elle commence à se faire reconnaître et soutenir, notamment par Giorgio Morandi, Elsa Morante[7] et Michel Ragon[4]. Giorgio Morandi, en 1948, « lui présente le directeur romain du journal Il Giornale di Roma qui publie un article élogieux sur sa poésie sous le titre fatidique “Poetessa operaia” (“Poétesse ouvrière”) ». Grâce à cette rencontre, elle publie son premier recueil de poèmes, Poesie aux éditions Tosi & Danzi en 1949[9].

Ses premiers poèmes n'évoquent pas son expérience en usine et elle regrette d'être enfermée dans cette image, comme elle l'écrit dans son journal : « Cette camisole de force que l'on m'applique une fois pour toutes : “poétesse-ouvrière-prolétarienne”. Chemise sale entre toutes. Étiquette mensongère. Publicité mensongère. Rien, nulle part dans ce recueil de 1949, n'était fait pour mériter cette tache originelle. Patience. Patience. »[9] Désenchantée par son expérience romaine, elle part pour la France[6].

Nobili arrive en 1953 à Paris, où elle demeurera jusqu'à la fin de sa vie, et commence à écrire en français dans les années 1960, en plus de son activité artisanales de boutons de manchettes. Elle publie alors des recueils de poèmes et des ouvrages, notamment Les femmes et l'amour homosexuel, avec sa compagne, Edith Zha, en 1979[10], qui rassemble des témoignages, des réflexions et de la documentation sur l'amour homosexuel féminin. Elle publie dans des revues telles que Sorcières[11] et correspond avec des figures comme Giorgio Morandi, Michel Ragon, Bernard Noël, Claire Etcherelli ou Henry Thomas[4]. En 1975, Simone de Beauvoir, l'une de ses détracteurs, juge son écriture maladroite, inexpérimentée, improvisée et ce jugement sera très douloureux pour la poétesse[12].

Elle se suicide à l'âge de 59 ans, en 1985[4], à Cachan[2].

Ses œuvres sont traduites en partie par Marie-José Tramuta, professeure à l'Université de Caen-Normandie. Ses archives sont conservées par l'Imec (Institut Mémoires de l'édition Contemporaine)[13].

Œuvres modifier

  • I quaderni della fabbrica, 1948.
  • Poesie, Tosi & Danzi, 1949.
  • La Jeune fille à l'usine, Éditions Caractères, Paris, 1978[8].
  • Le Sommeil de la raison engendre des monstres, 1970.
  • Les Femmes et l'amour homosexuel, avec Edith Zha, Hachette, coll. Les travaux et les jours, 1979[10].
  • Histoire d'amour, 1980 ; rééd. Marie-José Tramuta (éd.), Paris, Cambourakis, 2023
  • Douze poèmes de deuil, N. Stern, coll. « Inédits manuscrits », .
  • « Les Immaternelles », dans la revue Sorcières : les femmes vivent, 1981, p. 45-47[11].

Bibliographie modifier

  • Nella Nobili, Poèmes, Marie-José Tramuta (éd.), Paris, Istituto italiano di cultura, coll. « Cahiers de l'hôtel de Galliffet », 2017

Notes et références modifier

  1. « https://portail-collections.imec-archives.com/ark:/29414/a011447944998toTQwr »
  2. a et b « Nella Nobili (1926-1985) », sur data.bnf.fr (consulté le )
  3. (it) Andrea Federica de Cesco, « Nella Nobili come Saffo, una raccolta celebra la poetessa morta suicida », sur Corriere della Sera, (consulté le )
  4. a b c et d « Nobili, Nella (1926-1985) », sur Institut Mémoires de l'édition contemporaine (consulté le )
  5. a et b Nella Nobili (préf. Marie-José Tramuta), Histoire d'amour, Paris, Cambourakis, , 88 p. (ISBN 9782366248074), p. 7
  6. a et b (it) « Nella Nobili, riscoperta di una poeta di frontiera (Jessy Simonini) », sur La macchina sognante, (consulté le )
  7. a et b « Poésie d'ailleurs : La poésie de Nella Nobili et autres expériences poétiques transnationales », sur iicbruxelles.esteri.it (consulté le )
  8. a et b Nella (1926-1985) Auteur du texte Nobili, La Jeune fille à l'usine / Nella Nobili, (lire en ligne)
  9. a et b Nella Nobili (préf. Marie-José Tramuta), Histoire d'amour, Paris, Cambourakis, , 88 p. (ISBN 9782366248074), p. 9
  10. a et b Nella (1926-1985) Auteur du texte Nobili et Édith (1945- ) Auteur du texte Zha, Les Femmes et l'amour homosexuel / Nella Nobili, Édith Zha, (lire en ligne)
  11. a et b Nella Nobili, « Les immaternelles », Sorcières : les femmes vivent, vol. 23, no 1,‎ , p. 45–47 (lire en ligne, consulté le )
  12. (it) « Dalla frontiera : Nella Nobili, Ho camminato nel mondo con l’anima aperta, di Jessy Simonini », sur La macchina sognante, (consulté le )
  13. « Ressource «Nobili, Nella (1926-1985)» - », sur Mnesys (consulté le )

Liens externes modifier