Marie-Thérèse de Modène
Marie-Thérèse, princesse de Modène, princesse royale de Hongrie et de Bohême, et archiduchesse d’Autriche-Este, est née le et morte le . Fille du duc François IV de Modène et de Marie-Béatrice de Savoie, elle épouse en 1846 Henri d'Artois, comte de Chambord, prétendant légitimiste au trône de France sous le nom d'« Henri V ».
Titre
Épouse du prétendant légitimiste au trône de France
–
(36 ans, 9 mois et 8 jours)
Prédécesseur | Marie-Thérèse de France |
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Successeur |
Marie-Béatrice de Modène (Succession légitimiste) Marie-Isabelle d'Orléans (Succession orléaniste) |
Titulature |
Princesse de Modène Archiduchesse d’Autriche-Este Comtesse de Chambord |
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Dynastie | Maison de Habsbourg-Este |
Nom de naissance | Maria Teresa Beatrice Gaetana[1] d'Austria d'Este |
Naissance |
Modène (Modène) |
Décès |
(à 68 ans) Goritz (Empire austro-hongrois) |
Sépulture | Couvent des Franciscains de Castagnavizza |
Père | François IV de Modène |
Mère | Marie-Béatrice de Savoie |
Conjoint | Henri d'Artois |
Religion | Catholicisme |
Biographie
modifierEnfance
modifierMarie-Thérèse Béatrix Gaétane[2] d'Autriche-Este, naît le au palais ducal de Modène. Elle est la fille aînée du duc souverain de Modène, François IV, et de son épouse, Marie-Béatrice de Savoie, fille du roi Victor-Emmanuel de Sardaigne.
Nièce d’une reine des Deux-Siciles, d’une impératrice d’Autriche et d’une duchesse de Parme, Marie-Thérèse cousine avec de nombreux autres souverains (François-Joseph Ier d’Autriche, François II des Deux-Siciles, Charles III de Parme, Charles-Albert de Sardaigne, etc).
La future comtesse de Chambord était très proche de son oncle, l’archiduc Maximilien d’Autriche-Este.
Élevée dans une minuscule Cour d’Italie, Marie-Thérèse démontre très tôt des qualités qui la suivirent sa vie durant.
En effet, l’archiduchesse grandit auprès de ses parents et de sa fratrie. Très pieuse, et cela dès son enfance, Marie-Thérèse fut surnommée selon certain « La joie du peuple milanais »[3].
Famille
modifierElle appartient à la Maison de Habsbourg-Este, née d'une alliance matrimoniale entre la princesse Marie-Béatrice d'Este, princesse de Modène et héritière des duchés de Massa et de Carrare, et le prince Ferdinand de Habsbourg-Lorraine, grands-parents de Marie-Thérèse. Ce mariage permettait au duc Hercule III de Modène, qui n'avait pas de fils, de se trouver un héritier en la personne de son beau-fils le prince Ferdinand, en vertu de la loi salique de Modène qui empêchait les femmes d'accéder au trône. Marie-Béatrice était cependant l'héritière de sa mère, la duchesse de Modène Marie-Thérèse Cibo de Malaspina, souveraine des duchés de Massa et de Carrare.
Exilé durant la Révolution française et le Premier Empire, François d'Autriche-Este, fils aîné de Marie-Béatrice et de Ferdinand, devint après les morts de son grand-père (Hercule III en 1803) et de son père (Ferdinand d'Autriche en 1806) l'unique héritier du duché occupé.
En 1814, après la chute de Napoléon, le duché de Modène fut restauré et le père de Marie-Thérèse monta ainsi sur le trône sous le nom de François IV. Marié à sa propre nièce, Marie-Béatrice de Savoie fille de Marie-Thérèse d'Autriche-Este, le duc ne consomma son mariage que cinq ans plus tard avec la naissance de Marie-Thérèse. Celle-ci fut suivie de deux garçons, François et Ferdinand, puis d'une fille, Marie-Béatrice.
Mariage
modifierVers 1845, la dauphine de France (1778-1851), comtesse de Marnes, dont le mari fut à la tête de la branche aînée des Bourbons, incite son neveu Henri d’Artois (1820-1883), prétendant légitimiste au trône de France et petit-fils du roi Charles X (1757-1836), à épouser une princesse de la Maison d'Autriche-Este, pour deux raisons principales : ils sont catholiques et François IV est le seul souverain européen à ne pas avoir reconnu la monarchie de Juillet. Le prince Henri porte son dévolu sur la fille cadette du duc, la princesse Marie-Béatrice de Modène, qu'il estime plus jolie que sa sœur aînée. Séduite par celui-ci, Marie-Béatrice est cependant déjà promise à un cousin du prince, le comte de Montizón, Jean de Bourbon, frère du prétendant carliste au trône d'Espagne. Le comte de Chambord convole alors avec l'aînée, Marie-Thérèse, qui a presque trente ans, soit trois ans de plus que lui, et qui souffre de surdité. Le mariage a lieu en 1846 dans le duché de Modène, en présence de toute la famille de la princesse et du prince. Elle porta alors le titre de courtoisie de comtesse de Chambord et fut considérée comme reine de France de jure par les partisans de son mari.
Le couple n'eut pas d'enfant, ce dont la comtesse de Chambord souffrit énormément. Elle présentait une malformation due à l'avancée d'une travée osseuse de son bassin qui barrait de long en large l'entrée de son utérus. Il lui était impossible d'enfanter. Le terme utilisé à cette époque pour désigner une personne présentant ce type de malformation était bréhaigne.
Retour en France, exil et fin de vie
modifierSon époux étant exilé, elle s'installe avec lui au château de Frohsdorf en Autriche. Après la chute du Second Empire, le comte de Chambord fut appelé par de nombreux députés légitimistes et orléanistes pour accepter de devenir « roi » avec une troisième restauration, à la suite des élections de 1871 qui ont donné une vaste majorité royaliste à l'assemblée. Henri d'Artois accepte et se réconcilie avec son cousin le comte de Paris, chef de la branche d'Orléans, qui voudrait néanmoins que d'Artois, n'ayant pas d'enfants, le choisisse comme héritier. Mais la majorité des députés refusant de renoncer au drapeau tricolore, le projet de restauration avec le comte de Chambord est abandonné par le président royaliste Patrice de Mac-Mahon, qui préfère soutenir les orléanistes. Henri d'Artois revient alors en France à Versailles pour rencontrer Mac-Mahon et pour le convaincre de rétablir les Bourbons. Mais la majorité des députés, y compris les orléanistes, refuse toujours le drapeau blanc. Après un court séjour en France, le comte de Chambord repart pour l'exil en 1873.
La branche aînée des Bourbons s'éteint avec le comte de Chambord, en 1883. En effet, le couple n'eut pas d'enfant ce qui marqua le début d'une querelle (toujours d'actualité) entre les maisons de Bourbon d’Espagne et d'Orléans pour savoir laquelle a le plus de légitimité à la Couronne de France.
Marie-Thérèse soutenait l'ancien prétendant carliste Jean de Bourbon, chef de la nouvelle branche aînée des Bourbons et époux de sa sœur Marie-Béatrice, et s'opposait aux Orléans et surtout au comte de Paris qu'elle n'appréciait guère depuis l'échec de la restauration de 1873.
La comtesse de Chambord, alors considérée par les royalistes comme « reine douairière », meurt deux ans et demi après son époux, le au palais Lantieri à Görtz (aujourd'hui Gorizia en Italie).
Elle est inhumée au couvent des franciscains de Kostanjevica (à Nova Gorica, actuellement Slovénie).
Titulature et décorations
modifierTitulature
modifierIndirecte | Son Altesse Impériale et Royale |
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Directe | Votre Altesse Royale |
Alternative | Madame |
- - : Son Altesse Impériale et Royale l'archiduchesse et princesse impériale Marie-Thérèse d'Autriche-Este, princesse royale de Hongrie et de Bohême, princesse de Modène ;
- - : Son Altesse Impériale et Royale la comtesse de Chambord (mariage).
- Sa Majesté la reine de France et de Navarre (prétention).
- - : Son Altesse Impériale et Royale la comtesse de Chambord (mariage).
- Sa Majesté la reine douairière de France et de Navarre (prétention).
Décorations dynastiques
modifierDame de l'ordre de la Croix étoilée[4] |
Dame d'honneur de l'ordre de Thérèse |
Hommages
modifierUne Polka de Ernesto Catalini lui est dédiée. Cette musique se nomme Béatrice et a été composée vers 1850[5].
Une musique composée par Mme de Lignières Parmentier est également dédiée à « Son Altesse Royale la comtesse de Chambord »[6].
Ascendances
modifierNotes et références
modifier- (it) Duché de Modène, Almanacco di corte : per l'anno bisestile 1832. (almanach de la cour royale de Modène), Modène, per gli Eredi Soliani, Tip. Reali, coll. « Almanacco di corte », , 368 p. (OCLC 801118590, lire en ligne), Nascite de' sovrani e principi d'Europa., « Modena. », p. 31.
- Maria Theresia Beatrix Cajetana von Este : acte de mariage no 29, archives de Bruck an der Mur.
- Prosper Védrenne, La comtesse de Chambord, Marie-Thérèse, Reine de France, Paris, Tolra,
- (de) Hof- und Staats-Handbuch des Kaiserthumes Österreich: 1868, (lire en ligne)
- « Béatrice Polka Favorite Pour Piano, Par Ernesto Catalani : [estampe] », sur Gallica (consulté le )
- « «La Consolation.» Romance. «Paroles de M.r Alphonse Balaydier Musique de Madame De Lignière Parmentier.» Une Vignette représente la comtesse de Chambord qu'un ange, un lis dans les bras, s'apprête à couronner. En haut : «Hommage De L'Auteur A son Altesse Royale Madame La Comtesse De Chambord.» Au bas : Prix 2 fr. 50. Au verso, sur 2 pages in-4°, 4 couplets avec l'accompagnement au piano : Consoles toi ma pauvre enfant, Voile tes pleurs sous ta paupière Le malheur est fait pour la terre, Mais le bonheur au ciel t'attend. [Etc.] : [estampe] », sur Gallica (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Serge Bernstein et Pierre Milza, Histoire du XIXesiècle, collection Initial, Éditions Hatier, Paris, 2013.
- André Castelot, Madame Royale », Éditions Perrin – 1950.
- C.J. Grand, L’ange de l’exil. Madame la comtesse de Chambord. Marie Thérèse d’Este, reine de France et de Navarre, Lecoffre, 1872.
- Daniel de Montplaisir, Le comte de Chambord, dernier roi de France, Perrin, 2008.
- Jean-Paul Roussilhe, La duchesse de Berry ou la mère persécutée, Éditions Rencontres de Lausanne, Lausanne, 1966.
- Souvenirs de la duchesse d’Uzès, Éditions Lacurne, Paris, 2011.
- Prosper Védrenne, La comtesse de Chambord. Marie Thérèse, reine de France, épouse d’Henri V. Enfance, vie, portrait, avenir, Tolra, 1871.
- Pierre Kalmar, Marie-Thérèse Béatrix Gaétane d'Este-Modène, archiduchesse d'Autriche-Este, princesse de Modène, comtesse de Chambord, duchesse de Bordeaux et reine de France et de Navarre. Une petite biographie, CRÉBU NIGO, 2017.
Liens externes
modifier
- Ressource relative à la musique :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :