Mélanie Rouat
Mélanie Rouat, née le à Riec-sur-Bélon et morte le dans la même commune, est une cuisinière française.
Naissance | |
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Décès |
(à 76 ans) Riec-sur-Bélon |
Nom de naissance |
Marie-Françoise Mélanie Catherine Rouat |
Surnom |
Mimi |
Nationalité | |
Activité |
épicière, ostréicultrice, cheffe de cuisine |
Palourdes grillées, homard à la crème, dinde farcie, poularde |
Elle doit sa notoriété au critique culinaire Curnonsky qui l'a fait connaître et s'est réfugié chez elle pendant la Seconde Guerre mondiale, de 1940 à 1946[1].
Biographie
modifierJeunesse et famille
modifierMarie-Françoise Mélanie Catherine Rouat naît à Coat-Bazoin, dans la commune de Riec-sur-Bélon[2],[3]. Elle est la fille de Louis Rouat, cultivateur, et Marie-Françoise Le Gac, son épouse.
Elle commence comme ouvrière dans un élevage ostréicole. Après son mariage en 1896 avec Louis Rouat (1871-1914[4], homonyme de son père[5]), elle produit des huîtres, puis tient un magasin d'épicerie et d’huîtres[6]. Des légendes courent sur sa décision d'ouvrir un restaurant (en 1917 ?), des comédiens de la Comédie-Française[7] affamés l'en auraient incitée a préparer un repas de homards[8] ou une omelette parfaitement réussis.
Curnonsky
modifierLe journaliste et écrivain Curnonsky fait la connaissance de Mélanie Rouat en 1922 — époque où il commence la rédaction de La France gastronomique — alors qu'elle tient l'Hôtellerie Mélanie Rouat à Kerfany-les-pins[9]. En 1941, il raconte : « Ma vieille Mélanie, je la connais depuis plus de vingt ans, raconte Curnonsky. Je viens d’ailleurs à Riec-sur-Belon depuis 1903. On ignorait encore Mélanie. Elle n’a commencé qu’en 1919. Elle ne faisait d’ailleurs à manger que pour sept ou huit habitués. J’en étais avec Carco et Kisling. C’est moi qui dis, un jour, à Mélanie : "Vous avez un génie de chef. Il ne faut plus faire la cuisine pour quelques clients. Il faut ouvrir un grand restaurant". C’est ainsi que Mélanie commença à faire les choses en grand. Ce ne fut pas une maison de régime. Mais un restaurant de Cur... »[10]. C'est finalement avec deux amis peintres, Fernand Jobert[Note 1] et Maurice Asselin[Note 2], que Curnonsky lance en 1923 le restaurant de Mélanie Rouat à Riec[11].
L'école gastronomique bretonne
modifierAu début du XXe siècle la cuisine bretonne attire l'attention des gastronomes : Julia Guillou de Pont-Aven avec un homard au cari[12] (lire homard au curry, 1909[13]), le Père Batifoulier à l'hôtel d'Audierne[14]. Curnonsky cite notamment la Mère Bacon rendez-vous d'artistes au port de Brigneau (Moëlan)[15] qu'il aurait fréquenté dans les années 1920[16]. En 1929, il mentionne aussi Mélanie Rouat (homard à la crème, palourdes des Glénans, dinde rôtie farcie aux foies de volailles, admirables poulardes[17]), la bonne mère Clémence à la Chebuette (la papesse du Beurre blanc), Mme Lozivit à Concarneau (cotriade), Mme Anastasie Lecadre à Rochefort-en-Terre[18].
Chez Mélanie
modifierLe restaurant Chez Mélanie est breton : serveuses en habit traditionnel de Pont-Aven (elle-même en porte toujours la coiffe[20]), peintures d'artistes bretons au mur. Il est fréquenté par les présidents Vincent Auriol, René Coty, par Roland Dorgelès, Graham Greene[21]. Le Guide Michelin lui donne un macaron en 1932, puis deux en 1934[22]. Sa pièce de bœuf rôtie au sarrasin séduit Curnonsky qui en fait les éloges et fait part de sa découverte aux membres de l'Académie des Gastronomes[23]. Gaston Derys écrit en 1937 : « A Riec-sur-Belon opère un des grands cordons bleus de France : c’est Mélanie Rouat, en face de l’église, dont les palourdes farcies, le homard à la crème, les crêpes Mélanie sont de grandes choses. On déguste chez Mélanie, qui possède des parcs sur la rivière de Belon, des huîtres admirables. »[24].
Pendant la guerre, Curnonsky aurait avoué à son hôtesse avoir des difficultés à régler les additions. Ce à quoi elle aurait répondu : « Quand on a aidé à bâtir une maison, on a bien droit à une ardoise. »[25] Le célèbre aphorisme du gastronome est répété dans les derniers vers d'une poésie qu'il lui avait dédiée en souvenir d’une omelette inoubliable : « La Cuisine ?… c’est quand les choses / Ont le goût de ce qu’elles sont »[26].
Mélanie Rouat meurt en 1955[3]. C'est sa sixième enfant, Marie Rouat (1910-1982[6]), qu'elle a formée, qui reprend le restaurant, conservant un macaron Michelin (timbale de moules, homard Mélanie)[27],[28].
Distinctions
modifier- Membre de l'Académie des Cordons bleus en 1929[29] ;
- L'Académie des mères cuisinières lui décerne son Trophée en 1993[30].
Postérité
modifier- Louisette Bertholle donne la recette des palourdes farcies grillées dans les Recettes secrètes des meilleurs restaurants de France (1973)[31] ;
- Exposition Grand cordon-bleu de France à Riec-sur-Belon en 2017[6] ;
- La ville de Riec-sur-Belon a nommé une rue en son nom (route de Pont-Aven) en 2021[32] (Le procès-verbal du Conseil municipal du 30 juin indique qu'elle avait possédé 2 restaurants[33]).L
Bibliographie
modifier- « Mélanie Rouat, cordon bleu », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
- Jean-Yves Le Lan, Femmes Dans L'histoire - Bretagne, Nouvelles Editions Sutton, 176 p. (ISBN 9782813810434).
Notes et références
modifierNotes
modifier- Aquarelliste à Belon (Paris 1876 -1949), il devient membre fondateur de l'Académie des gastronomes en 1928.
- On lui doit des portraits de Curnonsky.
Références
modifier- Serge Rogers, « Mélanie Rouat, première cheffe bretonne aux deux étoiles », Journal Le Télégramme, (lire en ligne, consulté le ).
- Pierrick Jégu, « PORTRAIT. Qui était Mélanie Rouat, la première cheffe bretonne ? », Ouest-France, (lire en ligne, consulté le )
- Acte de naissance no 108, , Riec-sur-Bélon, Archives départementales du Finistère (avec mention marginale de décès)
- Nathalie de Broc, Le patriarche du Bélon : roman, [Paris] : Presses de la Cité, (ISBN 978-2-258-06317-4, lire en ligne), p 43
- « Généalogie de Marie Françoise Mélanie Catherine ROUAT Mélanie », sur Geneanet (consulté le )
- « Mem. Expo gourmande sur Mélanie », sur Le Telegramme, (consulté le )
- https://mellac.bzh/wp-content/uploads/2022/07/Bulletin-Municipal-Juin-2022.pdf
- Nathalie de Broc, Le patriarche du Bélon : roman, [Paris] : Presses de la Cité, (ISBN 978-2-258-06317-4, lire en ligne), p 66
- L’Intransigeant, (lire en ligne), p 6
- « 7 jours 14 septembre 1941 - (14-septembre-1941) », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le ).
- « Le critique gastronomique Curnonsky, vers 1924 Huile sur toile 130 x 97 cm Signé en bas à droite M Asselin », sur drouot.com (consulté le )
- Bretagne, [Paris] : Hachette, (ISBN 978-2-01-015841-4, lire en ligne), p 588
- Femina, (lire en ligne)
- Bretagne, [Paris] : Hachette, (ISBN 978-2-01-015841-4, lire en ligne), p 131
- Paris-soir, (lire en ligne)
- « Mémoires et Photos », sur memoiresetphotos.free.fr (consulté le )
- Paris-soir, (lire en ligne)
- Paris-soir, (lire en ligne)
- « Maurice Asselin - Dans le domaine public en 2019 », sur aventdudomainepublic.org (consulté le )
- « Coiffe de Pont-Aven (Groupe de Rosporden) - Coiffe », sur musee-breton.finistere.fr (consulté le )
- « Carrefour 27 août 1952 - (27-aout-1952) », sur RetroNews - Le site de presse de la BnF, (consulté le ).
- Yannig, « Les Restaurants Etoilés du Finistère », sur Guide Michelin. Les restaurants bretons étoilés depuis 1931, (consulté le )
- Nathalie Beauvais, Bretagne, Hachette Pratique, (ISBN 978-2-01-460034-6, lire en ligne), p 128
- Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris), Passiflora. Histoire de la Médecine. Littérature, Arts, Anecdotes, Variétés, Boulogne-sur-Seine : les laboratoires de la Passiflorine, 1931/1939 (lire en ligne), p 32
- Le Crapouillot, (lire en ligne)
- gretagarbure, « Greta Garbure », sur Greta Garbure, (consulté le )
- « Nécrologie : « Mimi » Rouat fille de Mélanie », sur Le Telegramme, (consulté le )
- France, Paris : The Company, (ISBN 978-2-06-006488-8, lire en ligne)
- Paris-soir, (lire en ligne), p 5
- « TABLE Grandes dames aux fourneaux », Le Monde.fr, (lire en ligne, consulté le )
- Secrets of the great French restaurants : nearly 400 recipes from famous restaurants starred in the Michelin Guide, London : Weidenfeld and Nicolson, (ISBN 978-0-297-76544-8, lire en ligne)
- Bretagne, [Paris] : Hachette, (ISBN 978-2-01-013375-6, lire en ligne), p 113
- https://mellac.bzh/wp-content/uploads/2021/10/20210630_PV.pdf