Jean-Augustin Pénières

personnalité politique française
Jean-Augustin Pénières
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Membre du Conseil des Cinq-Cents
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Jean-Augustin Pénières-Delzors, né le à Saint-Julien-aux-Bois[1], mort le à Saint Augustine en Floride, est un homme politique de la Révolution française.

Biographie modifier

Jeunesse et début de carrière politique modifier

Fils de Jean Pénières, avocat en parlement et juge, Jean-Augustin Pénières entame une carrière militaire et juridique. Il devient avocat et garde du corps du roi.

La France devenue une monarchie constitutionnelle en application de la constitution de 1791, Pénières est élu, en septembre de la même année, député suppléant de la Corrèze, à l'Assemblée nationale législative. Il n'est cependant pas appelé à siéger[2].

Mandat à la Convention modifier

La monarchie française prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792 : les bataillons de fédérés bretons et marseillais alliés aux habitants des faubourgs de Paris prennent le palais des Tuileries. Louis XVI, destitué, et sa famille, sont incarcérés à la tour du Temple.

En septembre 1792, Pénières est élu député de la Corrèze, le septième et dernier, à la Convention nationale[3]. À l'ouverture de la session, alors âgé de vingt-six ans, il est le plus jeune élu présent, avec Jean-Lambert Tallien (député de Seine-et-Oise). Tous deux sont secrétaires du président Philippe Rühl, le doyen de l'hémicycle[4].

Pénières prend la parole sur les sujets de politique générale. En , il se prononce contre l'annexion de la Savoie, hostile à une République trop étendue[5]. Début janvier 1793, en qualité de membre du Comité des Colonies, il intègre le Comité de Défense générale, avec ses collègues girondins Ignace Brunel et Jean-Baptiste Boyer-Fonfrède[6]. En février 1793, il prononce un rapport sur les colonies indiennes de la France[7]. En avril de la même année, il formule un projet constitutionnel[8].

Pénières siège sur les bancs de la Gironde. Lors du procès de Louis XVI, Pénières vote la mort et rejette l'appel au peuple et le sursis à l'exécution, mais demande que la peine capitale soit abolie à l'avenir[9]. Son engagement devient de plus en plus marqué au printemps 1793 : en avril, il dénonce Georges-Jacques Danton et Jean-François Delacroix à propos de leurs accointances avec le général Dumouriez[10] ; il dénonce la pétition des sections parisiennes accusant les députés girondins[11] ; il vote en faveur de la mise en accusation de Jean-Paul Marat[12], qui le dénonce en mai dans son journal comme « membre de la faction des hommes d’État »[13] ; fin mai, enfin, il vote en faveur du rétablissement de la Commission des Douze[14].

Pénières n'est ni visé par le décret d'arrestation des vingt-deux girondins du 2 juin 1793, ni par le décret d'arrestation d'Amar du 3 octobre contre les députés qui protestèrent contre l'insurrection. Il cesse cependant de siéger à la Convention et se cache dans le quartier de Chaillot avec son collègue Jacques-Antoine Dulaure, député girondin du Puy-de-Dôme, lui visé par un décret[15]. Durant la nuit du 9 thermidor, membre de la section des Arcis, il combat la Commune insurrectionnelle et est menacé d'un coup de sabre par un émeutier[16].

Pénières reparaît à la tribune de la Convention après la chute de Robespierre. Il milite pour la répression des membres du Club des Jacobins et pour la réintégration des élus girondins décrétés d'arrestation[17] et mis hors-de-la-loi,[18]. Lors de l'insurrection du 12 germinal an III (1er avril 1795), il essuie un tir de pistolet de la part des émeutiers, son collègue Claude-Alexandre Yseabeau le croit mort[19] mais il est indemne[20].

Au Conseil des Cinq-Cents modifier

Lors des élections législatives de 1795, Pénières est élu député par quatorze départements pour le Conseil des Cinq-Cents. Il opte pour la Corrèze. Comme lors de l'ouverture de la session de la Convention, il assure le secrétariat ainsi que Couchery, Duhot, Gamon, Guillemardet et Tallien, sous la présidence de Dusaulx, doyen d'âge du Conseil[21]. Il est réélu aux élections de 1797 et appuie le coup d'État du 18 brumaire.

Sous Napoléon: au Tribunat puis au Corps législatif modifier

Pénières siège au Tribunat entre 1799 et 1802 puis au Corps législatif entre 1807 et 1811. Après son mandat, il se consacre à la gestion de l'abbaye de la Valette qu'il a acquis comme bien national et qu'il a reconverti, sans succès, en verrerie.

Les Cent-Jours modifier

Le , Pénières est réélu député du département de la Corrèze à la Chambre des représentants des Cent-Jours par 54 voix sur 77 votants[22]. Le 22 juin, après le désastre de Waterloo, il demande que Napoléon II soit rendu à la France et que les trois couleurs soient mises sous la protection de l'armée.

L'exil aux États-Unis modifier

Pénières est frappé par la loi du 12 janvier 1816 en raison de son vote au procès de Louis XVI et de son adhésion à l'Acte additionnel. Il est contraint à l'exil mais, victime d'un accident (enseveli sous du foin tombé d'une grange), il obtient un sursis[22]. Le , il embarque à Bordeaux sur le navire le Narriot à destination des États-Unis. Le navire ayant fait naufrage, il accoste sur les rives américaines à bord d'une chaloupe. Le gouvernement américain lui accorde un emploi en Floride. Il meurt en 1821, à l'âge de 55 ans, victime de la fièvre jaune.

Notes et références modifier

  1. Archives départementales de la Corrèze, registre paroissial de Saint-Julien-aux-Bois, baptêmes mariages et sépultures 1763-1772, E DEP 214 / GG 6.
  2. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 34, p. 29.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 39.
  4. Ibidem., séance du 20 septembre 1792, p. 65.
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 53, séance du 27 novembre 1792, p. 614-615.
  6. Alphonse Aulard, Recueil des Actes du Comité de Salut public, tome 1, Comité de Défense générale, séance du 4 janvier 1793, p. 389-392.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 58, séance du 15 février 1793, p. 578-581.
  8. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 17 avril 1793, annexe 23 à la séance du 16 avril, p. 477-482.
  9. Jacques-François Froullé, « Liste comparative des cinq appels nominaux. Faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI [...] »  , sur www.gallica.bnf.fr, (consulté le )
  10. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 61, séance du 1er avril 1793, p. 48-49.
  11. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 63, séance du 20 avril 1793, p. 29.
  12. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 70.
  13. Michel Pertué, « La liste des Girondins de Jean-Paul Marat », Annales historiques de la Révolution française, vol. 245, no 1,‎ , p. 379–389 (DOI 10.3406/ahrf.1981.4254, lire en ligne, consulté le )
  14. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 521.
  15. Philippe Bourdin, « Jacques-Antoine Dulaure, de la Gironde à la Suisse », p. 83-98 in François Antoine, Michel Biard, Philippe Bourdin, Hervé Leuwers et Côme Simien, Déportation et exil des Conventionnels (1792-1830), Paris, Société des études robespierristes, 2018, 264 p.
  16. Marc Bouloiseau, « Une tentative du représentant Pénières dans la nuit du 9 thermidor », Annales historiques de la Révolution française, vol. 179, no 1,‎ , p. 90–92 (lire en ligne, consulté le )
  17. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série tome 99, séance du 1er brumaire an III (22 octobre 1794), p. 334-335.
  18. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série tome 103, séance du 17 frimaire an III (27 décembre 1794), p. 527-528.
  19. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°195 du 15 germinal an III (4 avril 1795), séance du 12 germinal (1er avril), p. 3.
  20. Gazette nationale ou le Moniteur universel n°196 du 16 germinal an III (5 avril 1795), séance du 12 germinal (1er avril), p. 1.
  21. Journal des débats et des décrets n°1139 du 4 brumaire an IV (26 octobre 1795), p. 7.
  22. a et b « Le fabuleux destin de Jean-Augustin Pénières-Delzors, député d’Ussel, régicide » sur La Montagne du .

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Lien externe modifier