Islam (émission de télévision)

émission religieuse d'entretien diffusée par France 2

Islam
Programme Les Chemins de la foi
Genre religieux (islam)
Périodicité hebdomadaire (dimanche)
Pays France
Langue français
Production
Durée 15 min (1983-1991)
30 min (1991-)
Société de production Connaître l'islam (1983-1998)
Vivre l'islam (1998-)
Diffusion
Diffusion TF1 (1983-1987)
Antenne 2 (1987-1992)
France 2 (1992-)
Statut en cours
Public conseillé Tout public
Site web Islam, sur france.tv.

Islam est une émission de télévision sur l'islam, diffusée depuis 1983 à la télévision française, dans le cadre des émissions religieuses du dimanche matin.

Histoire modifier

Tentatives avortées modifier

Une première proposition de programme musulman à la télévision française est faite en 1976 par Paul Dijoud, secrétaire d'État aux Travailleurs immigrés, répondant à une revendication exprimée par la mosquée de Paris depuis plus de dix ans[1]. Cette proposition fait partie d'un ensemble de mesures visant à intégrer davantage l'islam dans la société française[2],[3], que Dijoud présente lors d'un discours aux musulmans d'Évry réunis à la bibliothèque de l'Agora le , pour la fête du Mawlid[4],[5]. Mais cette proposition n'aboutit pas dans l'immédiat[6].

En , cette revendication figure toujours à l'ordre du jour de la réunion créant le Conseil supérieur des affaires islamiques en France, le Majlis, à l'initiative d'Hamza Boubakeur, recteur de la mosquée de Paris[1]. Elle est entendue par Valéry Giscard d'Estaing, président de la République, et le sujet est abordé lors d'une réunion à l'Élysée en 1981, mais reste lettre morte. Selon les journalistes Francis Zamponi et François Reynaert[1], cette inaction s'explique par l'approche de l'élection présidentielle de 1981 à laquelle Giscard d'Estaing se représentera.

Création effective modifier

L'élection de François Mitterrand à la présidence en 1981 ne favorise pas la création de cette émission, la gauche s'attachant alors plus fortement à la laïcité qu'aux revendications religieuses, selon Zamponi et Reynart[1]. Mitterrand est toutefois officieusement sensibilisé au problème par Jacques Berque, islamologue au Collège de France et ami de Jean-Pierre Chevènement, lequel est alors ministre de la Recherche de Mitterrand[1]. Le principe de la création d'une émission musulmane est admis lors d'une conversation entre Mitterrand et Berque au cours d'un voyage en avion entre les Landes et Paris[7]. Berque réunit un conseil de sages musulmans de diverses nationalités, ainsi qu'un représentant de la mosquée de Paris, afin de montrer qu'il est possible de rassembler les musulmans au-delà des rivalités nationales[1].

En 1982, deux programmes consacrés à l'islam sont diffusés ponctuellement, le et le , avant d'intégrer le les émissions religieuses du dimanche matin, diffusées d'abord sur TF1 puis, après sa privatisation en 1987, sur Antenne 2, et enfin, à partir de 1992, sur France 2[8].

Association productrice modifier

À sa création, l'émission est produite par l'association « Connaître l'islam », présidée par Zine Bentabed et parrainée par Jacques Berque et Najm oud-Dine Bammate notamment[7]. Elle est largement financée par la Ligue islamique mondiale[9].

En , le ministère de l'Intérieur écarte l'association « Connaître l'islam », pour la remplacer par l'association « Vivre l'islam »[10] qu'il vient de créer[11],[12],[13].

Animateurs modifier

 
Ghaleb Bencheikh a présenté l'émission pendant 19 ans.

Durée modifier

La durée de l'émission était initialement de 15 minutes. En 1987, dans un rapport sur le racisme en France remis au secrétaire d'État chargé des Droits de l'homme, le député Michel Hannoun constate que « l'islam, deuxième religion de France, est celle qui dispose actuellement à l'antenne du temps le plus court ». Il formule donc la proposition no 52 : « Donner à l'islam la place qui lui revient dans les émissions religieuses audio-visuelles »[16], reprenant les thèses de Bruno Étienne[17] et celles publiées en 1986 par l'association Islam et Occident[18],[19].

La durée de l'émission passe à 30 minutes en 1991[20],[21], sur les h 30 min d'émissions religieuses du dimanche matin.

En 1995, selon le prêtre et chercheur en sciences religieuses Michel Reeber[18], cette durée est toujours « trop courte par rapport à ce que pourrait revendiquer la communauté musulmane, second culte pratiqué en France », et en 2006, selon la maîtresse de conférence en droit public Anne-Marie Oliva[22], ce temps d'antenne ne correspond toujours pas à la « représentativité des religions » et « apparaît très inégalitaire » car, comme le relève aussi en 2017 La Revue des médias de l'INA[23], la durée accordée à l'islam est encore égale ou inférieure à celle accordée au judaïsme et au protestantisme, alors que l'islam compte davantage de fidèles.

Audience modifier

En 2007, le taux d'audience est en hausse et équivalent à celui de l'émission Sagesses bouddhistes, de 220 000 téléspectateurs en moyenne[24].

Références modifier

  1. a b c d e et f Francis Zamponi et François Reynaert, Sur la terre comme au ciel : Pour une nouvelle morale laïque, Paris, Calmann-Lévy, , 266 p. (ISBN 2-7021-1908-5).
  2. Thomas Deltombe, L'islam imaginaire : La construction médiatique de l'islamophobie en France, 1975-2005, Paris, La Découverte, coll. « Poche / Essais », , 382 p. (ISBN 978-2-7071-5331-9, DOI 10.3917/dec.delto.2007.01), chap. I.2 (« 1975-1983 : Ambivalences postcoloniales »), p. 34–56 [lire en ligne] [lire en ligne].
  3. Lila Bencharif, « L'émergence d'un islam public à Saint-Étienne : La question des lieux de culte », Revue de géographie de Lyon, vol. 71, no 3 « Recomposition du système d'acteurs en région stéphanoise »,‎ , p. 223–231 (DOI 10.3406/geoca.1996.6226).
  4. Gilles Kepel, Les banlieues de l'Islam : Naissance d'une religion en France, Paris, Seuil, coll. « L'Épreuve des faits », , 423 p. (ISBN 2-02-009804-0), p. 142.
  5. Angéline Escafré-Dublet, Culture et immigration : De la question sociale à l'enjeu politique, 1958-2007, Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. « Histoire », , 259 p. (ISBN 978-2-7535-3267-0), p. 126.
  6. Alain Boyer, « L'accueil de l'islam dans la République laïque », Raison présente, no 141 « Figures de l'islam »,‎ , p. 51–62 (DOI 10.3406/raipr.2002.3729).
  7. a et b Alili et Taussig 2004.
  8. Reeber 1995, p. 50–51.
  9. Jean-François Legrain, « Islam en France, islam de France », Esprit, vol. 119, no 10,‎ , p. 1–30 [3] (JSTOR 24271503).
  10. Annonce no 1109 du , Journal officiel Associations, no 35, , p. 3864.
  11. Sadek Sellam, La France et ses musulmans : Un siècle de politique musulmane, 1895-2005, Paris, Fayard, , 392 p. (ISBN 2-213-62854-8).
  12. Pierre Bréchon (dir.) et Jean-Paul Willaime (dir.), Médias et religions en miroir, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Politique d'aujourd'hui », , 328 p. (ISBN 2-13-050574-0), p. 311.
  13. Alili 1999.
  14. (en) Mark Richardson (dir.) et Gordy Slack (dir.) (préf. Ian Barbour (en)), chap. 5 « Bruno Guiderdoni : Reading God's Signs », dans Faith in Science : Scientists Search for Truth, Londres et New York, Routledge, , 206 p. (ISBN 0-415-25764-6 et 0-415-25765-4, DOI 10.4324/9780203996652-6), p. 70–86 [lire en ligne].
  15. Anne-Bénédicte Hoffner, « Ghaleb Bencheikh, un islamologue et croyant à la tête de la Fondation pour l’islam de France », La Croix, .
  16. Michel Hannoun, L'Homme est l'espérance de l'Homme (rapport sur le racisme et les discriminations en France au Secrétaire d'État auprès du Premier ministre chargé des Droits de l'Homme), Paris, la Documentation française, coll. « Collection des rapports officiels », , 218 p. (ISBN 2-11-001896-8), p. 141 et 174.
  17. « La France n'est pas raciste, mais... », L'Express, no 1898,‎ , p. 33.
  18. a et b Reeber 1995, p. 52.
  19. Francis Lamand, commission socio-culturelle de l'association Islam et Occident, L'islam en France : Les musulmans dans la communauté nationale, Paris, Albin Michel, coll. « Présence de l'Islam », , 159 p. (ISBN 2-226-02612-6), p. 105 : « Il n'est pas normal [que l'émission musulmane] soit beaucoup plus brève que celle des autres confessions, alors que les musulmans constituent en France la communauté religieuse la plus nombreuse après celle des catholiques ».
  20. Reeber 1995, p. 51.
  21. Anne-Sophie Lamine, « Médias musulmans : le dynamisme de la nouvelle génération », La Revue des médias, INA,‎ (lire en ligne).
  22. Anne-Marie Oliva, « Émissions religieuses et service public audiovisuel », Droit et Cultures, no 51,‎ , p. 103–112 (lire en ligne) : « On peut s'interroger également sur le temps d'antenne attribué à chaque culte. Celui-ci apparaît très inégalitaire — h 30 min pour les catholiques, ¾ d'heure pour les israélites, ½ heure pour l'islam et le même temps pour la religion protestante, ¼ d'heure pour les bouddhistes) — sans correspondre à la représentativité des religions (par exemple, la deuxième religion en France est l'Islam). »
  23. Clément Malherbe, « Comment les religions ont trouvé leur place à la radio et la télévision », La Revue des médias, INA,‎ (lire en ligne) : « Bien qu'elle soit la deuxième communauté la plus représentée en France, la religion musulmane ne concentre que 14 % du temps d'antenne des Chemins de la foi, tout comme les protestants et les juifs (30 minutes en moyenne par semaine). »
  24. Melissa Chemam, « Les émissions religieuses, quelle audience ? », Le Monde des religions, no 24,‎ , p. 77.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

Lien externe modifier