Ibtissame Lachgar

militante des droits humains et féministe marocaine, droits sexuels et reproductifs

Ibtissame "Betty" Lachgar (en arabe: ابتسام لشكر), née en à Rabat, est une militante des droits humains et féministe marocaine.

Elle a cofondé le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI), dont elle est la porte-parole, un mouvement féministe universaliste qui œuvre pour les droits des femmes et des LGBT au Maroc, pour l’avortement, la liberté sexuelle, et l’instauration d’un État laïc.

Biographie modifier

Née en à Rabat au Maroc, elle fait ses études secondaires au lycée Descartes, le lycée français de sa ville natale, avant de déménager à Paris pour suivre des études supérieures en psychologie clinique, criminologie et victimologie[1]. Fille d’un syndicaliste[1] et militant des droits de l’homme, elle est sensibilisée dès son enfance à la question des libertés individuelles.

Lachgar parle au Secular Conference 2018 à Londres.

En 2009, elle cofonde, avec Zineb El Rhazoui, le Mouvement alternatif pour les libertés individuelles (MALI) qui a pour but de défendre les libertés individuelles au Maroc. Depuis, le mouvement a mené plusieurs actions en faveur des libertés individuelles, y compris un pique-nique en pleine journée de Ramadan en 2009 et un Kiss-in à Rabat en 2013. Ces actions ont permis d'ouvrir le débat sur les libertés individuelles au Maroc[2].

Elle défend la communauté lesbienne, gay, bisexuelle et transgenre (LGBT) au Maroc[3]. Elle a participé plusieurs fois à des Marche des fiertés en Europe et à une manifestation avec le mouvement Femen pour le droit au mariage homosexuel. Elle était alors la deuxième femme afro-arabe à se dénuder lors d'une manifestation publique, après l’Égyptienne Aliaa Magda Elmahdy[4]. Elle a mis en place au Maroc la « journée internationale contre l’homophobie et la transphobie », célébrée le 17 mai[5].

Elle est pro-choix, c'est-à-dire qu'elle est en faveur de la légalisation de l'avortement dans son pays. « Pour nous, cette cause est primordiale. Il faut accorder aux femmes le droit de disposer de leurs corps », explique-t-elle au magazine marocain Telquel[6].

En , elle coorganise un kiss-in à Rabat, pour protester contre l'arrestation des jeunes adolescents après avoir posté, sur Facebook, une photo d'eux en train de s'embrasser, à Nador. Le kiss-in a été très médiatisé, et a fait scandale dans le pays. Ibtissame a défendu le kiss-in en expliquant: « Pour nous le message est passé, c'est un succès. Il y a des couples et des célibataires, et les couples se sont embrassés en public. Notre message est qu'il y a des gens qui défendent l'amour, la liberté d'aimer et de s'embrasser librement. Ces gens-là étaient présents aujourd'hui »[7].

En 2014, elle vit maritalement avec son ami Soufiane Fares bien que la loi marocaine interdise les relations sexuelles hors mariage et les punisse d'un mois à un an de prison[8].

En août 2018, elle est arrêtée à Rabat et passe 24 heures en garde à vue alors qu'elle se rendait dans un commissariat pour dénoncer une agression dont elle aurait été victime[9].

Depuis 2018, elle milite au sein du CAPP (Collectif abolition porno prostitution)[10], un collectif composé de militantes féministes et de survivantes de la prostitution, qui luttent contre toutes les formes d'exploitation sexuelle ou de marchandisation du corps des filles et des femmes.

Elle milite pour la laïcité, s'oppose au port du voile et rejette l'idée qu'il puisse exister un féminisme musulman. Elle est selon le site ressourcesfeministes.fr l'une des premières marocaines à assumer publiquement son athéisme[11]

En 2022, alors qu'elle est une militante engagée en faveur des droits des personnes transgenres dont elle est le porte-drapeau au Maroc, et qu'elle a aidé des personnes trans marocaines à obtenir l’asile politique en Europe, un court métrage de 3 minutes retraçant sa vie est retiré d'un festival féministe à l'instigation d'une militante trans, qui l'accuse de transphobie parce qu'elle est l'une des 140 signataires d'un manifeste intitulé « Trans : suffit-il de s’autoproclamer femme pour pouvoir exiger d’être considéré comme telle ? »[5].

Notes et références modifier

  1. a et b Sarah Anouar, « Maroc : l'engagement audacieux d'Ibtissame Lachgar, la cofondatrice du Mouvement Alternatif pour les Libertés Individuelles », sur opinion-internationale.com, (consulté le ).
  2. « Ibtissam Lachgar - JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, (consulté le )
  3. « Les militants marocains de défense des LGBT pour ou contre l’action des Femen? », sur Telquel.ma, (consulté le )
  4. Adam Sfali - Lemag, « France : Une marocaine a manifesté nue pour défendre le droit au mariage homosexuel », sur Lemag.ma : Application et Newsletter sur le Maroc (consulté le )
  5. a et b Laure Daussy, « L’absurde censure d’une militante LGBT accusée de transphobie », sur Charlie Hebdo, (consulté le )
  6. « Mali se mobilise pour le droit à l'avortement », sur Telquel.ma, (consulté le )
  7. « Maroc: un "kiss-in" pour soutenir les adolescents poursuivis pour un baiser », sur Le Huffington Post (consulté le )
  8. « Maroc: vivre sous le même toit malgré l'interdit et les préjugés », sur lexpress.fr, (consulté le )
  9. « Betty Lachgar libérée après plus de 24h de garde à vue », Al HuffPost Maghreb,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. Thadée Mougin, « Betty Lachgar, la féministe qui ne s’arrêtait pas aux frontières: Rencontre avec la militante marocaine Betty Lachgar, cofondatrice du Mouvement de désobéissance civile féministe, universaliste et laïque Mali (Mouvement alternatif pour les libertés individuelles). », Hommes & migrations, no 1331,‎ , p. 213–214 (ISSN 1142-852X et 2262-3353, DOI 10.4000/hommesmigrations.11941, lire en ligne, consulté le )
  11. ressources féministes, « – Ibtissame Betty Lachgar : « Le féminisme fondé sur l’Islam est une imposture. Ni plus ni moins. » », sur Feminist Resources, (consulté le )

Liens externes modifier