Guillaume de La Tour d'Oliergues

Patriarche latin

Guillaume de la Tour d'Olièrgues, mort le , est un ecclésiastique français, évêque de Rodez (1429-1457).

Guillaume de la Tour d'Olièrgues
Biographie
Décès
Évêque de l'Église catholique
Patriarche latin d'Antioche
Évêque de Rodez

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Biographie modifier

Origines modifier

Guillaume de la Tour d'Olièrgues appartient à la famille d'Olliergues, une branche de la famille auvergnate de la Tour d'Auvergne[1].

Il est le fils d'Agne II de la Tour (mort le ), seigneur d'Oliergues, et de Béatrix de Chalençon[1],[2], fille de Guillaume de Chalençon et de Valpurge de Polignac. Il est le cousin d'Henri de la Tour, évêque de Clermont.

Début de carrière religieuse modifier

Il fait ses études à Avignon[1], il obtient son doctorat en droit. Il est reçu chanoine-comte de Saint-Jean de Lyon[3],[4], en 1406[5] ou 1408[1] ou 1408[4].

Il est doyen de Saint-Pierre de Clermont, archidiacre de Saint Flour en l'église de Clermont[3], le [1], et prévôt de Clermont[3],[6].

Une prise de possession difficile modifier

Il est nommé évêque de Rodez par le pape Martin V le [3],[7],[8],[9]. De son côté, le chapitre de Rodez ne voulant pas laisser périmer son droit d'élection, choisit pour évêque Pierre d'Ëstaing[5],[7],[9], archidiacre de Conques[3],[6], l'un de ses membres les plus distingués, à la fin du mois d'[10].

Dans une bulle datée de envoyée au chapitre de Rodez, Martin V lui ordonne de recevoir comme évêque Guillaume de La Tour. Le , Pierre Borniol, official de Saint-Flour, est missionné par le pape pour que Guillaume de La Tour prenne possession de l'évêché de Rodez. Martin V fait emprisonner les vicaires de Pierre d’Estaing ce qui déclenche le un appel du chapitre auprès de Martin V contre cet emprisonnement. Finalement, le , Pierre d’Estaing consent à restituer les biens et places usurpées par ses partisans à Guillaume de La Tour, contre une pension annuelle de cinq cents écus, jusqu’à ce qu’il reçoive un bénéfice de revenu équivalent[10]. Après un arrêt du Parlement de Toulouse[7],[11], Guillaume de la Tour prend possession de son diocèse en 1432[3],[6],[8],[9].

Des conflits modifier

Les tensions avec le chapitre de Rodez persistèrent pendant plusieurs années. Parmi les griefs : l'absence de consultation du chapitre, l'extension de la gabelle sur le vin aux chanoines, la tenue d’un concile à Villefranche, bourg rival de Rodez,… Le différend fut escaladé au concile de Bâle où un arbitrage fut trouvé en confirmant les décisions prises par l’évêque mais instaurant des protections pour les chanoines pour le futur[2],[9]. Les clercs ne furent pas les seuls à avoir des conflits avec Guillaume de La Tour[2]. Un différend l'opposa également aux consuls de Rodez au sujet de la garde des clefs de la porte Saint-Martial. Ni la cour de paréage de Rodez, ni le Sénéchal de Rouergue n'ayant permis de trouver une issue acceptée par les protagonistes, c'est finalement un arrêt du Parlement de Paris rendu en qui clôt l'affaire en donnant raison à l'évêque et asseyant ainsi son autorité[9]. En , il se trouvera alors à arbitrer un différend entre les consuls et les chanoines, exemptant ces derniers de la taille sur quelques possessions[9].

Dès , Guillaume de La Tour et le chapitre de Rodez firent cause commune pour empêcher l'érection d'un chapitre dans la nouvelle église à peine terminée à Villefranche, capitale du Rouergue et siège du Sénéchal. S'ensuivit une série de décisions successives du pape Eugène IV invalidant puis autorisant en puis à nouveau s'opposant en ... Une bulle du pape Nicolas V, successeur de Eugène IV, autorisa finalement l'érection du chapitre de Villefranche en . L'opposition se fit alors plus radicale. L'excommunication fut alors brandie par le pape contre celle-ci. Un nouveau soubresaut eut lieu en avec le décès du premier prévôt du chapitre et l'intervention de Guillaume de La Tour pour essayer d'imposer un successeur sans succès à la suite d'un arrêt du Parlement de Toulouse de . Un accord entre Guillaume de La Tour et le chapitre mit une fin définitive aux désordres en [9].

Les chemins Guillaume de La Tour et de Pierre d'Estaing se croisèrent à nouveau à l'occasion de l'élection de ce dernier comme Dom d'Aubrac en . Alors que la Domerie d'Aubrac ne relevait pas de la juridiction diocésaine, Guillaume de La Tour voulu visiter l'hôpital d'Aubrac et exigea que le Dom participe au synode diocésain. S'ensuivit un appel au pape du Dom et son excommunication immédiate par l'évêque. Après avoir diligenté une enquête que Guillaume de La Tour tenta de contrer, le pape Nicolas V dans une bulle du annula les mesures prises à l'encontre de Pierre d'Estaing et plaça la Domerie d'Aubrac sous sa protection[9],[12]. À la mort de Nicolas V, Guillaume de La Tour obtint de son successeur Calixte III une nouvelle décision annulant la précédente et plaçant la Domerie d'Aubrac sous l'autorité diocésaine[12]. Alors qu'ils entamaient de nouvelles démarches, les moines furent victimes en de bandits qui les dépouillèrent de tous les biens. Ils firent à nouveau appel au pape, Paul II publia le une bulle enjoignant aux pillards de rendre les biens volés sous peine d'excommunication[12] et rétablit l'indépendance de la Domerie d'Aubrac de l'autorité diocésaine, indépendance qui fut confirmée une nouvelle fois par le pape Alexandre VI en [12].

Évêque de Rodez modifier

Guillaume de la Tour assiste aux conciles de Constance en 1415[2],[5] et à celui de Bâle en 1434[2],[3],[5]. Il n'en repart pour son diocèse qu'en [5].

 
Tombeau de Guillaume de la Tour dans la cathédrale de Rodez[5].

Il contribue à la construction de la cathédrale de Rodez, où ses armes peuvent être vues sur plusieurs clefs de voûte de la nef[6],[8]. Il est à l'origine de la construction de la tour Corbière à Rodez en et de la reconstruction du château (en ) et de la collégiale de Salles-Curan (en )[3],[6],[7],[8],[9]. Il y établit un chapitre collégial de 6 chanoines et 2 clercs en [13],[9] qui est supprimé en [7],[9].

Le pape Calixte III accepte sa démission de sa charge d'évêque de Rodez en 1457[3],[5],[6],[7],[9] en faveur de son neveu Bertrand de Chalençon[3],[5]. Il est le fils de Louis-Armand de Chalençon - lui-même fils de Pierre de Chalençon et frère de Béatrix de Chalençon, sa mère - et d'Isabelle de la Tour[14]. Le pape nomme Guillaume de la Tour 8 jours plus tard Patriarche latin d'Antioche[5],[6],[9]. Il garde alors la jouissance des châteaux de Salles-Curan et de Muret-les-Rodez[5] et l'administration du diocèse[11],[15].

Il meurt le au château de Muret-les-Rodez[1],[3],[5],[7],[9]. Il est inhumé dans la chapelle des Trois-Rois de la cathédrale de Rodez[3],[5],[9],[16],[17].

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f Sophie Vallery-Radot, Les Français au concile de Constance (1414-1418). Entre résolution du schisme et construction d’une identité nationale, vol. 2, Bruxelles, Brepols, coll. « Ecclesia militans, vol. 5 », , vol. 1 : 629 pages + vol. 2 : 354 pages (ISBN 978-2-503-56464-7), vol.2, pp. 111-114 ([PDF] Volume 2 : Notices biographiques).
  2. a b c d et e (la) Denis de Sainte-Marthe, Gallia christiana, in provincias ecclesiasticas distributa, (lire en ligne), p. 226.
  3. a b c d e f g h i j k et l Marc Antoine François de Gaujal, Etudes historiques sur le Rouergue, vol. 1, Paris, Conseil Général de l'Aveyron, (lire en ligne), p. 191-192.
  4. a et b Adolphe Vachet et Pierre Hector Coullié, Les anciens chanoines-comtes de Lyon, Lyon, impr. de E. Vitte, (lire en ligne), p. 265-266.
  5. a b c d e f g h i j k et l Etienne Baluze, Histoire généalogique de la maison d'Auvergne justifiée par chartes, titres, histoires anciennes & autres preuves authentiques, Paris, Antoine Dezallier, (lire en ligne), p. 393-395.
  6. a b c d e f et g Louis Bion de Marlavagne, Histoire de la Cathédrale de Rodez : avec pièces justificatives et de nombreux documents sur les églises et les anciens artistes du Rouergue, Rodez, Didron, (lire en ligne), p. 48-49.
  7. a b c d e f et g Louis Bosc, Mémoires Pour Servir A L'Histoire Du Rouergue, vol. 2, Rodez, Devic, (lire en ligne), p. 246-248.
  8. a b c et d Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, vol. 4, Rodez, (lire en ligne), p. 425, 614.
  9. a b c d e f g h i j k l m n et o Louis Servières, Histoire de l'Église de Rouergue, Rodez, (lire en ligne), p. 317-328.
  10. a et b Matthieu Desachy, « « La damnable schisme ore apaisez ». La fin du Schisme dans le Midi toulousain (1409-1430) », Cahiers de Fanjeaux, Privat,‎ , p. 376-377 (lire en ligne).
  11. a et b Mémoires de la Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, Rodez, Société des lettres, sciences et arts de l'Aveyron, (lire en ligne), p. 66-72.
  12. a b c et d Jean-Baptiste Deltour, Aubrac : son ancien hôpital, ses montagnes, sa flore, Rodez, P. Carrère, (lire en ligne), p. 109-114,345.
  13. Jehan d'Arvieux, Le décor d'un rêve d'artiste (Eugène Viala), Paris, Editions Picart, (lire en ligne), p. 53.
  14. Tablettes historiques de la Haute-Loire, Le Puy, M. P. Marchessou, (lire en ligne), p. 425.
  15. Joseph Vaesen et Etienne Charaway, Lettres de Louis XI, roi de France. T. V. Lettres de Louis XI, 1472-1475 publiées d'après les originaux pour la Société de l'histoire de France, Paris, H. Loones, 1883-1909 (lire en ligne), p. 89.
  16. Laurent Fau et Caroline de Barrau-Agudo, Découverte et résultats d’analyse de statuaire médiévale et moderne de la cathédrale de Rodez (Aveyron), vol. 27, (lire en ligne), p. 97-136.
  17. Mémoires de la Société archéologique du Midi de la France, t. LXIX, Toulouse, (lire en ligne), p. 293.

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

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