Gouvernement Jean-de-Dieu Soult (2)

Gouvernement Jean-de-Dieu Soult II

Monarchie de Juillet

Description de cette image, également commentée ci-après
Jean-de-Dieu Soult
Roi Louis-Philippe Ier
Président du Conseil Jean-de-Dieu Soult
Formation
Fin
Durée 9 mois et 18 jours
Composition initiale

Le deuxième gouvernement Jean-de-Dieu Soult du au , ou deuxième ministère Soult, treizième ministère de la monarchie de Juillet, est formé le sous la présidence du maréchal Soult. Il comprend 9 membres et reste en place jusqu'au .

Constitution modifier

La coalition qui s'est formée au sein de la Chambre des députés pour renverser le deuxième ministère Molé s'avère incapable de faire émerger en son sein une majorité de gouvernement et ne tarde pas à se désagréger aussitôt son objectif atteint.

La session parlementaire s'ouvre, le , dans une atmosphère quasi-insurrectionnelle. Des bandes rôdent autour du Palais-Bourbon, défilent en chantant La Marseillaise, brisent des réverbères et dévalisent des magasins d'armes tandis que la presse de gauche accuse le gouvernement d'être à l'origine de ces désordres.

L'élection du président de la Chambre, le 14 avril, achève de rompre la coalition : Thiers, leader du centre gauche, fait campagne, depuis la chute de Molé, pour l'élection de Barrot, leader de l'opposition dynastique ; mais son attitude lors de la crise ministérielle, qui l'a vu faire échouer toutes les combinaisons tentées par Louis-Philippe, a divisé ses troupes et suscite, au centre gauche, la dissidence d'Hippolyte Passy qui se présente contre Barrot et recueille les voix du centre ministériel et des doctrinaires, ravis de cette zizanie à gauche. Passy est donc élu par 227 voix contre 193 à Barrot. Une majorité s'est donc dessinée pour empêcher tout ministère de gauche.

Vers la fin du mois d'avril, Passy met au point une combinaison de centre gauche avec Thiers et Sauzet sous la présidence de Dupin aîné, mais ce dernier, comme à son habitude, fait défaut à la dernière minute, entraînant la caducité du projet, que la gauche impute à Louis-Philippe, accusé de prolonger la crise pour montrer qu'il est incontournable. En riposte, Thiers fait promettre à ses amis de ne pas entrer dans un quelconque cabinet sans son aval, et, le 4 mai, Mauguin propose hypocritement à la Chambre d'adopter « une humble adresse au roi, le suppliant de mettre un terme aux anxiétés du pays et de constituer, en usant de sa prérogative, un ministère qui ne soit pas provisoire ». Cette proposition est prise en considération le 10 mai et la commission chargée de l'examiner est constituée le lendemain.

Le surlendemain, 12 mai, une opération insurrectionnelle est déclenchée rue Saint-Denis et rue Saint-Martin par la Société des saisons, société secrète républicaine, dont les meneurs sont Martin Bernard, Armand Barbès et Auguste Blanqui. L’opération échoue et les conjurés sont arrêtés. Mais cet événement renverse la situation politique : le soir même, Louis-Philippe est en mesure de former un nouveau gouvernement sous la présidence du maréchal Soult, accouru l'un des premiers aux Tuileries pour témoigner son soutien au roi et à la monarchie de Juillet, et personnalité à qui Louis-Philippe songeait depuis le début de la crise ministérielle. Le roi a donc gagné la partie et fait émerger une combinaison qui lui convient.

Le deuxième ministère Soult (après celui de 1832 et avant celui de 1840) comprend essentiellement des techniciens et des obligés du maréchal. Celui-ci, qui s'est réservé les Affaires étrangères, place deux de ses créatures à la Justice (Teste) et à la Guerre (Schneider), et attribue à des techniciens la Marine (confié à l'amiral (Duperré), l'Instruction publique (attribué à un célèbre professeur, Villemain) et l'Agriculture et le Commerce (qui va à un riche industriel, Cunin-Gridaine). Dans cette équipe, on ne trouve en définitive que trois personnalités au profil réellement politique : Duchâtel, doctrinaire, à l'Intérieur, ce que justifient les troubles à l'ordre public ; et Passy, centre gauche, aux Finances et Dufaure, centre gauche, aux Travaux publics.

Les deux ténors respectivement du centre gauche et du centre droit, Thiers et Guizot, restent donc en dehors de la combinaison. Le second sera bientôt nommé ambassadeur à Londres (), tandis que le premier tente, en guise de compensation, de se faire élire à la présidence de la Chambre des députés en remplacement de Passy, devenu ministre. Mais, il est battu le par Sauzet (213 voix contre 206), et cette humiliation nourrit son ressentiment contre le ministère, dont la chute devient son principal objectif.

Composition modifier

Présidence du Conseil modifier

Fonction Image Nom
Président du Conseil des ministres   Jean-de-Dieu Soult

Ministères modifier

Fonction Image Nom
Ministre des Affaires étrangères   Jean-de-Dieu Soult
Ministre de l’Intérieur   Tanneguy Duchâtel
Ministre de la Justice et des Cultes   Jean-Baptiste Teste
Ministre de la Guerre   Virgile Schneider
Ministre des Finances   Hippolyte Passy
Ministre de la Marine et des Colonies   Guy-Victor Duperré
Ministre de l'Instruction publique   Abel François Villemain
Ministre des Travaux publics   Jules Dufaure
Ministre du Commerce et de l'Agriculture   Laurent Cunin-Gridaine

Sous-secrétariat d’État modifier

Fonction Image Nom
Sous-secrétaire d'État aux Travaux publics   Alexis Legrand
nomination du

Fin modifier

Thiers, qui a échoué à devenir président de la Chambre des députés, entreprend, peu après la constitution du ministère Soult, de se rapprocher de Molé, son adversaire d'hier, et fait savoir au roi qu'il est prêt à entrer dans toute combinaison ministérielle qui ne comprendrait pas Passy et Dufaure qui, estime-t-il, l'ont trahi en acceptant des portefeuilles sans son aval.

Le , la Chambre rejette par 226 voix contre 200 le projet de loi accordant une dotation au duc de Nemours à l'occasion de son mariage avec la princesse Victoire de Saxe-Cobourg-Kohary. Jamais un ministère n'a été battu par une majorité aussi importante : le cabinet présente aussitôt sa démission au roi, qui l'accepte.

Références modifier

Sources modifier

  • Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994 (ISBN 2-213-59222-5)
  • Benoît Yvert (dir.), Premiers ministres et présidents du Conseil depuis 1815. Histoire et dictionnaire raisonné, Paris, Perrin, 2002 (ISBN 2-262-01354-3)

Articles connexes modifier