Force de Sibérie 2

gazoduc entre la Russie et la Chine

Force de Sibérie 2
Informations géographiques
Pays Drapeau de la Russie Russie
Drapeau de la Mongolie Mongolie
Drapeau de la République populaire de Chine Chine

Force de Sibérie 2 (en russe : Сила Сибири - 2), précédemment appelé Altaï, est un projet de gazoduc entre les champs de gaz de Sibérie et la région de Xinjiang à l'ouest de la Chine. Là où le gazoduc pourra se connecter avec le gazoduc Ouest-Est (en), par lequel le gaz entrera en Chine. Il fait suite au gazoduc Force de Sibérie achévé en 2019. La longueur prévue du gazoduc est d'environ 6 700 km dont 2 400 km sur le territoire de la Russie. Le diamètre prévu des conduits est de 1 420 mm[1].

Force de Sibérie 2 et ses deux variantes de projets présentées — directement sur le territoire de la Chine (1) et via l'Altaï et la Mongolie (2).

En mars 2023, lors de la rencontre entre le président Xi Jinping et le président Vladimir Poutine, la coopération énergétique entre la fédération de Russie et la Chine est réaffirmée, mais aucun détail n'est révélé, ni sur le calendrier du projet, ni sur le financement, ni sur le prix du gaz. La déclaration conjointe mentionne seulement « des efforts pour faire progresser les travaux sur l'étude et les accords ».

La source du gazoduc est le nouveau et important condensat de gaz naturel du gisement de gaz de Tchaïandina auquel, en 2022, devra encore être raccordé le nouveau et important condensat de Kovykta. Ce dernier a été inauguré le par Vladimir Poutine [2]. Le coût prévu du projet s'élève selon diverses estimations de 4,5–5 milliards de roubles[3] à 10–13,6 milliards de dollars américains[1].

Histoire du projet modifier

Au printemps 2006, lors d'une visite en Chine, le président russe Vladimir Poutine a déclaré qu'en 2011 serait construit dans ce pays un gazoduc en provenance de la Russie, grâce auquel seraient transportés jusqu'à 80 milliards de m3 par an. Suivant Vladimir Poutine le gaz arriverait en Chine par deux itinéraires : l'un depuis la Sibérie occidentale et l'autre depuis la Sibérie orientale.

En octobre 2008, de nombreux médias en Russie, citant un communiqué qu'aurait transmis le ministère de l'énergie de la fédération de Russie (en), ont annoncé qu'en raison du manque de compétitivité et de l'inopportunité économique du projet de gazoduc Altaï un schéma général de développement du secteur gazier était mis en place jusqu'à l'année 2030[3],[4]. Mais le ministère de l'énergie a été contraint de déclarer qu'il n'avait pas distribué de communication officielle à la presse et que le schéma général de développement de l'industrie du gaz pour la période allant jusqu'à 2030 était encore au stade de la conception et de l'examen[5]. Les risques économiques et autres associés à la mise en œuvre du projet Altaï, sont pris en compte par Gazprom et le ministère de l'énergie et, selon la version préliminaire du schéma général, la décision finale sur le projet sera prise après l'étude de faisabilité de la construction[6].

Lors du sommet APEC de Coopération économique pour l'Asie-Pacifique qui s'est tenu à Pékin en , après les accords de mai 2014 sur l'approvisionnement en gaz de la Chine par la route de l'est de Force de Sibérie, un mémorandum et un accord cadre ont été signés pour quasiment doubler les approvisionnements de gaz en Chine du fait de la capacité de l'itinéraire de l'Altaï[7].

Début , le ministre de l'énergie du Kazakhstan Nurlan Nogaev (en) a renouvelé ses marques d'intérêts pour des négociations sur la possibilité de faire passer le gazoduc Force de Sibérie — 2 par le territoire de son pays avec une connexion supplémentaire au réseau de gazoducs Ouest-Est. Dans le même temps, le chef du ministère russe de l'énergie Alexandre Novak, a annoncé le début des travaux d'évaluations de la possibilité d'un approvisionnement en gaz russe de la Chine par Force de Sibérie — 2 via la Mongolie. Il n'a pas exclu non plus la possibilité d'une gazéification de Oblys de Pavlodar, au Kazakhstan, par ce même gazoduc[8].

Le le ministre russe de l'énergie Alexandre Novak répond positivement à la question de la chaine de télévision Rossiya 1 sur le remplacement dans la stratégie énergétique russe de Nord Stream 2, par Force de Sibérie 2. La Russie et la Chine vont bientôt signer des accords sur la livraison de 50 milliards m3 via le futur gazoduc Force de Sibérie 2. Ce volume représente quasiment la capacité de Nord Stream 1 à l'arrêt depuis septembre 2022[9].

Le 23 mars 2023, lors de la visite de Xi Jinping à Moscou, Vladimir Poutine affirme que « tous les accords ont été conclus » pour la réalisation du projet Force de Sibérie 2, qu'il qualifie d'« affaire du siècle », mais la déclaration conjointe mentionne seulement « des efforts pour faire progresser les travaux sur l'étude et les accords ». Peu de détails ont été révélés, ni sur le calendrier du projet, ni sur le financement, ni sur le prix. Pékin négocie sans doute un très gros rabais par rapport à ce que Moscou faisait payer jusqu'alors à l'Europe, car dans la négociation, la Chine se sait en position de force[10].

Gazoduc Soyouz Vostok modifier

Soyouz Vostok sera la continuation du gazoduc principal Force de Sibérie - 2 vers l'ouest de la Chine selon Alexeï Miller[11].

Gazprom a débuté la projection du trajet du gazoduc via la Mongolie vers la Chine le . Sa longueur sera de 960,5 km et il aura une capacité estimée à 50 milliards m3 de gaz par an[12]. Le parcours du gazoduc est approuvé[13].
En avril 2021, une étude de faisabilité technico-économique du projet de construction a été approuvée[14].

Le le vice-premier ministre de Mongolie Sainbuyanguina Amarsaikhana et le président de Gazprom Alexeï Miller ont signé le protocole relatif à l'achèvement de l'étude de faisabilité de la construction du gazoduc Soyouz Vostok, qui traversera la Mongolie vers la Chine[15]. Il est prévu que les gouvernements des trois pays concluront un accord sur la règlementation des tarifs. La Mongolie deviendra un pays consommateur et négocie avec Gazprom à ce sujet.

La date du début de la construction est fixée à 2024[16],[17],[18].

Critique du projet modifier

 
Paysage du plateau de l'Oukok.

Selon le projet préliminaire il est prévu que le gazoduc de l'Altaï traverse le territoire du Parc naturel Oukok, un plateau montagneux unique (Plateau de l'Oukok), inscrit sur la liste du Patrimoine mondial UNESCO au sein des montagnes dorées de l'Altaï, et considéré par les Altaïens comme un lieu sacré. Selon un certain nombre d'experts, la construction du gazoduc perturbera le complexe naturel et historique unique de ces lieux[19]:

  • Le tracé proposé traverse des zones de pergélisol anciennes, dont la destruction entraînera une déstabilisation générale des sols ainsi qu'une augmentation des processus thermokarstiques.
  • Une partie du territoire par lequel le gazoduc pourra passer (plateau Oukok), est situé dans une zone de sismicité de magnitude 8-9 et les forages peuvent déstabiliser les processus sismotectoniques.
  • Le long du parcours, durant la période de construction, le sol et le couvert végétal seront détruits. Dans les conditions climatiques d'Oukok les cycles biologiques sont ralentis et les processus d'auto récupération des complexes naturels peuvent prendre un certain temps.
  • Le plateau de l'Oukok est également l'habitat naturel du léopard des neiges et d'autres espèces animales menacées. Les dirigeants nationaux de l'Altaï craignent aussi que l'autoroute technique qui accompagne le gazoduc ouvre la voie à une expansion chinoise dans l'Altaï et à des atteintes aux lieux de sépulture et aux sanctuaires de la région[20].

Des opinions sont exprimées, selon lesquelles le gazoduc devrait être posé autour du plateau Oukok, alternativement sur le territoire du Kazakhstan ou de la Mongolie. Une variante propose également le passage par le fond du lac Baïkal[21].

Références modifier

  1. a et b (ru) « Carte de l'Altäi de Gazprom (Алтайская карта «Газпрома») », 12 (17 janvier 2007), Нефть и Капитал,‎ (ISSN 1561-8838, lire en ligne [archive du ])
  2. AFP et Kevin D, « Energie : Poutine inaugure un énorme champ gazier en Sibérie, afin de pouvoir davantage alimenter la Chine », RTBF (consulté le )
  3. a et b (ru) « Le projet Altaï est réorienté vers le schéma général de développement de l'industrie gazière de la Fédération de Russie jusque 2030. », // Агентство нефтегазовой информации,‎
  4. (ru) « Le ministère de l'énergie propose de geler le projet de gazoduc Altaï ( Минэнерго предлагает заморозить проект газопровода «Алтай») », // [Regnum],‎ (consulté le )
  5. (ru) « Le Ministère de l'énergie de la Fédération de Russie n'a pas diffusé d'informations officielles sur le refus des projets d'exportation prometteurs (Министерство энергетики Российской Федерации не распространяло официальных сообщений об отказе от перспективных экспортных проектов) » [archive du ], // [Министерство энергетики РФ],‎ (consulté le )
  6. (ru) Olga Marinitcheva (Ольга Мариничева), « «Gazprom» ne renonce pas à «Altaï» », 20 (112), Энергетика и промышленность России,‎ 2008, octobre (lire en ligne)
  7. (ru) « Sommet APEC à Pekin: premiers résultats » [archive du ], // ChinaBabe.ru, (consulté le )
  8. (ru) « Le Kazakhstan continue à discuter avec la Russie à propos de Force de Sibérie-2 », // [РИА Новости],‎ (consulté le )
  9. Belga, « Guerre en Ukraine : le gazoduc Force de Sibérie 2 vers la Chine "remplacera" Nord Stream 2, annonce Moscou », RTBF, (consulté le )
  10. Le projet de gazoduc entre la Russie et la Chine dans les limbes, Les Échos, 23 mars 2023.
  11. Дмитрий Малов. Dmitri Malov. Selon le chef du ministère de l'énergie, le financement du gazoduc par la Chine n'est pas exclu Глава Минэнерго не исключил финансирование газопровода «Союз Восток» Китаем // [Газета.ru], 10 novembre 2021.
  12. (ru) « Gazprom a commencé la projection du trajet de Force de Siébrie -2 », // Коммерсантъ (consulté le )
  13. « «Gazprom» et la Mongolie se sont mis d'accord sur le schéma du tracé pour l'approvisionnement de Gaz de la Chine par la Russie », // [Радио Спутник (радиостанция)] (consulté le )
  14. (ru) Le projet de construction du Gazoduc à travers la Mongolie vers la Chine est prévu pour 2024 Строительство газопровода из РФ в Китай через Монголию планируют начать в 2024 г. // [Интерфакс], 11 novembre 2021
  15. « "Gazprom" confirme la signature avec la Mongolie du projet de Soyouz Vostok », sur ТАСС (consulté le )
  16. (ru) Platon Choukine. La date du début de la construction du gazoduc de la Russie à la Chine en traversant la Mongolie a été annoncée Назван срок строительства газопровода из России в Китай через Монголию // Lenta.ru, 11 novembre 2021.
  17. (ru) Olga Mordiouchenko (Ольга Мордюшенко), « Mongolie et le gaz (Газовая монголополия) », // [Коммерсантъ], 12.11.2021 (consulté le )
  18. (ru) Les experts mongols sont sceptiques quant au projet gazier depuis la Bouriatie quant à l'implication de la MongolieЭксперты Монголии скептично оценивают проект газопровода из Бурятии // МК, 17 février 2022
  19. (ru) Parc naturel Oukok. Gazodux Altaï Природный парк Укок. Социально-экономические особенности территории. Газопровод «Алтай» « https://web.archive.org/web/20120204170515/http://www.platoukok.ru/history/present »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?),
  20. (en) « Pèlerins et Touristes », Earth Island Institute (consulté le )
  21. Académie des sciences, Arnold Tilokhonov (Академик РАН [Тулохонов, Арнольд Кириллович]) Faiblesses du projet de Force de Sibérie passant par la Bouriatie назвал слабые стороны проекта газопровода «Сила Сибири – 2» через Бурятию // "Московский комсомолец" №8 от 16 février 2022

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier