Déodat Roché

magistrat, philosophe, anthroposophe, franc-maçon et historien du catharisme

Déodat Roché, né à Arques (Aude) le et mort à Arques le est surtout connu pour ses travaux sur le catharisme. Il fut à la fois magistrat, philosophe, anthroposophe, franc-maçon et historien du catharisme.

Déodat Roché
Déodat Roché, en 1953.
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Maire
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Biographie modifier

Il fut très jeune préoccupé par les questions spirituelles et ésotériques. Depuis 1890, il étudiait avec son père les auteurs occultistes de son époque, entre autres, Fabre d'Olivet, Papus, Édouard Schuré, Paul Sédir, Allan Kardec, Fabre des Essarts, etc. À l'âge de quatorze ans, il prit conscience de la tragédie qui s'était déroulée dans sa région au XIIIe siècle résultant de la croisade des albigeois. De là son intérêt pour l'histoire et les doctrines des Cathares.

En 1896 il s'affilia au « Groupe indépendant d'études ésotériques » de Papus et entretint une correspondance avec Sédir. Puis en 1898 il fut initié dans l'Ordre martiniste par le docteur Louis-Sophrone Fugairon[1] et en 1899 il s'affilia à l'Église gnostique de France de Jules Doinel et, en 1901 en sera ordonné diacre, finalement en 1903, le diacre Theodotos est ordonné évêque gnostique de Carcassonne, « Sa Grandeur Tau Theodotos », mais peu de temps après, il prit ses distances de l'Église gnostique dont il trouvait les enseignements figés.

Après une licence en Droit, il obtint une licence en philosophie avec un travail de fin d'études intitulé Plotin a-t-il simplifié le système des Valentiniens ? qu'il présenta en 1903.

Alors qu'il était encore étudiant à Toulouse, en 1900, avec le docteur Louis Sophrone Fugairon, également membre de l'Église gnostique (« Tau Sophronius »), il fonda la revue Le Réveil des Albigeois, qui devint en 1901 La Gnose moderne, dont la publication fut stoppée avant 1904, après avoir réalisé quelques échanges avec la revue viennoise Die Gnosis de M. Rappaport.

Devenu avocat en 1901, puis magistrat en 1906, d'abord à Limoux, puis à Carcassonne, il resta pourtant branché sur la philosophie en participant à des revues et des associations ayant trait à la spiritualité, comme la « Société de culture morale et de recherches psychiques ». À Carcassonne, il sera initié en franc-maçonnerie au Grand Orient de France, dans la loge maçonnique « Les Vrais amis réunis ». Il en deviendra le « vénérable maître » et en restera membre pendant toute sa vie[2].

En 1923, il entra au tribunal de Castelnaudary, dont il fut nommé Vice-Président en 1935, puis Président en 1939. Sa carrière de magistrat fut interrompue par le régime de Vichy, à cause de son appartenance maçonnique (mais comme il n'était plus actif, on prit comme prétexte fallacieux qu'il s'occupait d'histoire des religions et de spiritisme). Il fut ainsi radié de la Magistrature par le gouvernement de Vichy en 1941, il demeurera cependant à Béziers jusqu'en 1943, où il fut mis à la retraite d'office. Il fut élu maire d'Arques en 1925, mais démissionna en 1935 et aussi élu conseiller général du canton de Couiza, après la Libération, en 1945, mais en 1946, il quitta définitivement la scène politique. À partir de ce moment, il put se consacrer pleinement à ses recherches et activités liées au catharisme.

En 1921, il découvrit l'œuvre de Rudolf Steiner. Il écrivit à Steiner en novembre 1921, il le rencontra en septembre 1922 à Dornach. Il devint membre de la Société anthroposophique et, en 1924, membre de l'Université libre de la science de l'esprit.

En automne 1948, Déodat Roché fit paraître le premier numéro des Cahiers d'études cathares[3] et en avril 1950, il fonda la « Société du souvenir et des études cathares » dont Lucienne Julien devint la secrétaire générale et ensuite la présidente après la mort de Déodat Roché. Simone Hannedouche fut une active collaboratrice de Déodat Roché aux Études cathares dès 1949 jusqu'en 1971. Déodat Roché, soulignons-le, obtint principalement la collaboration de Lucienne Julien, héroïne de la résistance, qui fut institutrice à Arques et devait continuer à assurer la continuité de l'association du « Souvenir et des Études Cathares » transformée plus tardivement en « Spiritualité cathare » dont elle demeura secrétaire générale puis présidente jusqu'à son propre décès.

De nombreux auteurs et chercheurs de toutes tendances, dont René Nelli dont il fut l'ami, entourèrent Déodat Roché.

Chaque année à partir de 1956, Déodat Roché et Lucienne Julien ainsi que Simone Hannedouche organisaient et animaient les camps d'été de l'Estagnol dans la vallée du Rialsès dans les Hautes-Corbières. Le séjour d'été de la « Société du souvenir et d'études cathares » était un lieu de rencontres, d'échanges, de vie communautaire et de conférences. Les journées commençaient par une méditation avant le lever du soleil. On y faisait aussi de la musique, du chant, de la paneurythmie (Peter Deunov), des cours de peinture, etc. Ces camps d'été ont rassemblé quantité de personnes motivées par une recherche spirituelle. Déodat Roché ou Simone Hannedouche faisaient des exposés. Déodat Roché se référait souvent à Rudolf Steiner et à Peter Deunov, des cours de peinture, etc.

Lucienne Julien conservait l'amitié de Fanita de Pierrefeu, autour de laquelle « les fins esprits » de la recherche historique et philosophique se retrouvaient à l'Hestia de Montségur comme plus tard à Auzat en Ariège, à l'ombre de Montréal-de-Sos sous Sem.

Déodat Roché et la « Société du souvenir et des études cathares » firent placer la stèle commémorative qui se trouve au pied du pog de Montségur. Elle fut inaugurée le 21 mai 1961.

Déodat Roché meut à Arques le 12 janvier 1978 à l'âge de 100 ans[4].

Depuis 1996, la maison de Déodat Roché au cœur du village d'Arques a été transformée en une exposition consacrée au catharisme[5].

Institutions modifier

  • Congrès d'études cathares (ou Congrès de la société du souvenir et des études cathares), fondé en 1948, présidé par Déodat Roché, assisté de René Nelli et Fanita de Pierrefeu ;
  • Cahiers d'études cathares (1949) (CEC), revue trimestrielle, Arques (Aude) ;
  • éditions des Cahiers d'études cathares (1951), Narbonne (Aude) ;
  • Société du souvenir et des études cathares, fondée en 1950 par Déodat Roché ;
  • camp d'été de l'Estagnol, au col du Paradis ;
  • stèle du souvenir (1960) : copie d'un monument cathare du Lauragais, édifiée au pied du pog de Montségur, plus haut que le Pré des brûlés de 1244, avec l'inscription en occitan Als Catars, als martirs del pur amor crestian ;
  • Maison Déodat Roché (1996) : sa maison, organisée en musée et lieu d'exposition-vente, à Arques (Aude)[6].

Principales publications modifier

  • Gnose antique et pensée moderne (1904-1906), Cahiers d'études cathares, Société du Souvenir et des Études cathares, Narbonne, no 93, printemps 1982, p. 5-41.
  • Contes et légendes du catharisme, 1949, Éditions des Cahiers d'études cathares, Arques (Aude) ; 2e éd. 1951, 40 p. ; 3e éd. augmentée 1966 79 p.
  • Études manichéennes et cathares, 1952, Éditions des Cahiers d'études cathares, 268 p.
  • Mission future de la Russie. Mission actuelle de l'Occitanie (brochure), Cahiers d'études cathares, 1953, 22 p.
  • Catharisme et science spirituelle (brochure), Éditions des Cahiers d'études cathares, I, no 22, 1955, p. 91-108.
  • Survivance et immortalité de l'âme. Fantômes des vivants et des morts, vies successives, corps lumineux de résurrection, 1955 ; 2e éd. augmentée 1962, Cahiers d'études cathares, 270 p.
  • Évolution individuelle et harmonie sociale (brochure), Éditions des Cahiers d'études cathares, conférence de 1956, 16 p.
  • Le Catharisme, son développement dans le midi de la France, et les croisades contre les Albigeois, 1937, 29 p.
  • Le Catharisme. Nouvelle édition revue et augmentée, 1947, 206 p.
  • Le Catharisme, tome I, Éditions des Cahiers d'études cathares, Carcassonne, 1957, 225 p. (comprend des parties des Études manichéennes et cathares [1952], une partie du Catharisme [1947], Spiritualité de l'hérésie : le catharisme [1954], divers articles).
  • Le Catharisme, tome II, Cahiers d'études cathares, numéro hors série, 1976, 145 p. (comprend des parties du Catharisme, diverses communications).
  • L'Église romaine et les Cathares albigeois, Éditions des Cahiers d'études cathares, 1957, 206 p. ; 3e éd. augmentée 1969, 327 p.
  • Résurgence du manichéisme : Ismaéliens, Cathares, Rose-Croix, "Société du souvenir et des études cathares", 1981, 68 p.
  • Saint Augustin et les manichéens de son temps, in Cahiers d'études cathares, printemps 1989, XLe année, no 121, p. 3-33.

Notes et références modifier

  1. Richard Raczynski, Un dictionnaire du Martinisme, Paris, Dualpha éd., 2009, p. 524-525.
  2. Daniel Ligou, Dictionnaire de la franc-maçonnerie, Paris, Presses universitaires de France, , 5e éd. (1re éd. 1986), 1 376 p. (ISBN 2-13-055094-0), « Roché (Déodat) » 
  3. « Le col du Paradis, vrai sanctuaire de la nature », sur L'indépendant, (consulté le )
  4. Maurice Denuzière, « Mort de Dédodat Roché "rénovateur" du Catharisme. Un mystique discret. », sur Le Monde, (consulté le )
  5. « Maison Déodat Roché », sur audetourisme.com, (consulté le )
  6. Dominique Poulot, « L'impossible reconstitution du catharisme : la maison Déodat Roché à Arques. », sur Cairn.info, (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Lucienne Julien, Hommage à Déodat Roch, in: Renaissance Traditionnelle, N. 36, octobre 1978, p. 276-279.
  • Jean-Pierre Bonnerot, Déodat Roché et l'Église gnostique, in: Cahiers d'études cathares, numéro spécial, 11190 Arques (Aude), 1982.
  • Lucienne Julien, Cathares et Catharismes, Ed. Dangles, Paris, 1990.
  • Jean-Philippe Audouy, Déodat Roché « Le Tisserand des catharismes », Impressions du pays cathare, 1997, 254 p. [1]
  • José Dupré, Un Cathare au XXe siècle : Déodat Roché (1877-1978), La Clavellerie, 24650 Chancelade (Dordogne), 2001, 415 p.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

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