Concerto pour piano no 23 de Mozart
Le Concerto pour piano no 23 en la majeur, K. 488, est un concerto pour piano du compositeur classique Wolfgang Amadeus Mozart. Le second mouvement figure parmi les œuvres les plus connues du compositeur.
Concerto pour piano no 23 en la majeur KV. 488 | |
Mozart par Doris Stock en 1789. | |
Genre | Concerto pour piano |
---|---|
Nb. de mouvements | 3 |
Musique | Wolfgang Amadeus Mozart |
Effectif | Orchestre symphonique, piano |
Durée approximative | environ 26 minutes |
Dates de composition | 1786 à Vienne |
Partition autographe | Partition autographe à la BnF[1] |
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Création
modifierMozart réside à Vienne lorsqu'il compose cette œuvre, au printemps 1786, à la même période que son opéra Les Noces de Figaro.
Instrumentation
modifierInstrumentation du Concerto pour piano no 23 |
Clavier |
piano |
Cordes |
premiers violons, seconds violons, altos, violoncelles, contrebasses |
Bois |
1 flûte, 2 clarinettes en la, 2 bassons |
Cuivres |
2 cors en la |
Structure
modifierComme les concertos de forme classique, le Concerto pour piano no 23 en la majeur, comprend 3 mouvements :
- Allegro, en la majeur, à , cadence à la mesure 297, 313 mesures
- Adagio, en fa dièse mineur, à
, 99 mesures - Allegro assai, en la majeur, à , 524 mesures.
Durée : environ 26 minutes
Olivier Messiaen qualifie ce concerto ainsi : « Il se place au tout premier rang des 22 concertos pour piano ; c'est sûrement le plus parfait de tous, si non le plus beau ! »[2]. Ce que ne contredisent pas Girdlestone lorsqu'il la considère comme « l'une des créations les plus personnelles du musicien »[3] ou Jean-Victor Hocquard qui écrit : « Sur le double plan de l'écriture et de l'invention mélodique, c'est un pur chef-d'œuvre »[4].
Allegro
modifierLe premier mouvement, de forme sonate, est de structure assez rythmée, rapide, en tonalité de la majeur. L'orchestre introduit dès le début les thèmes du soliste, qui les reprend ensuite, dans le même ordre.
Le second thème, en mi, ressemble à un sujet de fugue, que Mozart semble traiter comme une synthèse des langages de Bach et de Haydn[5]. Une cadence suivie d'une coda conclut le premier mouvement, mais Mozart fait réentendre avant la cadence « la belle et noble mélodie » du second thème[5].
Adagio
modifierLe second mouvement, dans la tonalité de fa dièse mineur — unique dans l'œuvre de Mozart[5] —, constitue le cœur de l'œuvre[6]. La première partie expose une mélodie simple à laquelle sa couleur sombre et son rythme lent confèrent un caractère mélancolique. Une seconde mélodie, plus soutenue et rapide, mais dans la même tonalité, ajoute un caractère particulièrement dramatique à l'œuvre. Henri Ghéon écrit que « la beauté de ce chant ne souffre pas de discussion : bien desséché qui n'en serait ému aux larmes »[7].
Allegro assai
modifierLe troisième mouvement est composé de nombreuses mélodies rapides avec de fréquents changements de tonalité, qui apportent à l'œuvre un caractère brillant. « L'un des morceaux les plus entraînant et les plus contagieux qui aient jamais jailli de Mozart, débordant d'une énergie et d'une vie non méconnaissable, et pas seulement agité […]. C'est le finale le plus réussi et le plus puissant de toute la série » des concertos pour piano « nous ne pouvons lui égaler que celui du concerto en fa, K. 459 »[8].
Commentaires
modifier- Dans son livre sur Mozart, Bernhard Paumgartner donne cette brève description du Concerto no 23[9] : « avec le merveilleux adagio en Fa dièse mineur et l'ennuyeux finale ».
- Le 2e mouvement a été abondamment utilisé comme musique de film (ex : L'Incompris réalisé par Luigi Comencini ou Le nouveau monde de Terrence Malick). Il est également présent dans l'acte III du ballet Le Parc d'Angelin Preljocaj, dans la scène de l'Abandon. Air France a également utilisé ce morceau pour leur publicité appelé "L'envol".
- L'enregistrement du concerto réalisé lors d'un concert organisé spécialement pour Staline était sur le tourne-disques du dictateur à sa mort. Les deux concerts successifs, public puis improvisé pour cet enregistrement, sont représentés dans le film La Mort de Staline. Staline écoute cet enregistrement dans le film Une exécution ordinaire qui se déroule au cours des jours précédant sa mort.
- Lors des 23e Victoires de la musique classique 2016 (diffusées le , sur France 3), le 2e mouvement de ce concerto fut interprété par le pianiste Adam Laloum. Frédéric Lodéon parle de ce 23e concerto en ces termes : « ...Un des passages les plus touchants, c'est le 23e concerto. Alors les deux mouvements extrêmes sont vivants, joyeux, lumineux, c'est le Mozart qui veut avoir du succès qui donne des académies, c'est-à-dire des concerts, on achète des billets sur souscription. Et puis brusquement, il y a comme une sorte de confession, il y a quelque chose : Mozart met son âme à nu dans cet adagio il montre sa solitude. Finalement, il a souvent été très seul et même à la fin de sa vie complètement perdu : il demandait de l'argent à ses frères francs-maçons dans des lettres déchirantes, son épouse était partie à Baden... Enfin bref, et puis il reprend dans le final évidemment la joie de vivre. Mais ce moment de confession est absolument unique et c'est vraiment l'esprit mozartien qui s'exprime au plus haut niveau là. »
Voir aussi
modifierNotes et références
modifier- BNF 42437191
- Messiaen 1987, p. 81.
- Girdlestone 1953, p. 384.
- Hocquard 1992, p. 433.
- Hocquard 1992, p. 434.
- Einstein 1991, p. 394.
- Ghéon 1932, p. 259.
- Girdlestone 1953, p. 395.
- Bernhard Paumgartner (trad. de l'allemand par Paule Pascali), Mozart, Paris, Gallimard, coll. « Leurs Figures », (1re éd. 1932 (de)), 526 p. (OCLC 721356865, BNF 32512430), p. 308.
Bibliographie
modifier- Henri Ghéon, Promenades avec Mozart : l'homme, l'œuvre, le pays, Paris, Desclée de Brouwer, coll. « Les îles », , 484 p. (OCLC 898857287, BNF 41650004), p. 257–262.
- C. M. Girdlestone (trad. de l'anglais), Mozart et ses concertos pour piano [« Mozart and his piano concertos »], Paris, Desclée de Brouwer, (1re éd. 1939), 534 p. (OCLC 915819916, BNF 32170241), p. 383–403.
- Théodore de Wyzewa et Georges de Saint-Foix, Wolfgang Amadeus Mozart : sa vie musicale et son œuvre, t. 2, Paris, Desclée de Brouwer, 1977–1978 (1re éd. 1936-1946), 1231 p. (ISBN 978-2-220-02130-0, 2220021440 et 2-220-02130-0, OCLC 461614357, BNF 34595099), p. 578–582 (§ 485).
- Alfred Einstein (trad. de l'allemand par Jacques Delalande, préf. Pierre-Antoine Huré, nouvelle édition revue par le traducteur), Mozart, l'homme et l'œuvre [« Mozart, sein Charakter, sein Werk »], Paris, Gallimard, coll. « Tel » (no 175), (1re éd. 1953 (en)), 628 p. (ISBN 2-07-072194-9, OCLC 750855357, BNF 35410856), p. 394–395.
- Jean Massin et Brigitte Massin, Mozart, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », (1re éd. 1959), 1270 p. (ISBN 2-213-00309-2, OCLC 492707144), p. 1008.
- Olivier Messiaen (préf. Jean-Victor Hocquard), Les 22 concertos pour piano de Mozart, Paris, Séguier, , 120 p. (ISBN 2-906284-46-7, OCLC 906580385, BNF 35588243), p. 81–86.
- Jean-Victor Hocquard, Mozart, l'amour, la mort, Paris, Lattès, coll. « Musiques et musiciens », (1re éd. 1987), 810 p. (ISBN 2-7096-1179-1, OCLC 257793983, BNF 35546538), p. 433–439.
- François-René Tranchefort, Guide de la musique de piano et de clavecin, Paris, Fayard, coll. « Les indispensables de la musique », (1re éd. 1987), 869 p. (ISBN 2-213-01639-9), p. 546.
- Bertrand Dermoncourt (dir.), Tout Mozart : Encyclopédie de A à Z, Paris, Robert Laffont, coll. « Bouquins », (réimpr. 2006), xlix-1093 (ISBN 2-221-10669-5, OCLC 470543766, BNF 40192176), p. 162.
- (en) Neal Zaslaw et William Cowdery, The compleat Mozart : A guide to the musical works of Wolfgang Amadeus Mozart, New York, W. W. Norton & Company, , xv-352 (ISBN 0-393-02886-0, OCLC 964093009), p. 132.
- (en) Simon P. Keefe, Mozart’s Viennese Instrumental Music : A study of Stylistic Re-invention, Woodbrige, Boydell Press, , 217 p. (ISBN 978-1-84383-319-2, OCLC 938333822, lire en ligne), p. 55–64.
Article connexe
modifierLiens externes
modifier
- Ressources relatives à la musique :
- (de) Partition, discographie et 4 enregistrements et appareil critique dans la Neue Mozart-Ausgabe.
- Manuscrit autographe lire en ligne sur Gallica.
- Concerto pour piano no 23 : partitions libres dans Mutopia.