Compagnie maritime belge

La Compagnie maritime belge (CMB), avant 1930 Compagnie belge maritime du Congo (CBMC), est un groupe établi à Anvers opérant principalement dans l'industrie et le transport maritime.

Le Villeboat Baudouinville (1957-1961) de la CMB en route vers les Canaries et Matadi
Compagnie maritime belge
Histoire
Fondation
Prédécesseurs
Lloyd Royal Belge (d), Armement Deppe S.A. (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Cadre
Type
Domaine d'activité
Transports par eauVoir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Site web

Histoire modifier

Compagnie belge maritime du Congo modifier

 
Affiche Anvers Congo

Le 24 janvier 1895, la Compagnie belge maritime du Congo fut créée à l'instigation du roi Léopold II, en vue de fournir une liaison maritime régulière entre le port d'Anvers et la colonie belge du Congo. À l'origine, le capital de la société était en majorité détenu par les Anglais.

Le premier navire sous pavillon belge à quitter Anvers fut le Léopoldville, premier du nom. Les contrats successifs passés entre la CBMC et l'État indépendant du Congo exigèrent des vitesses de rotation plus rapides ce qui amena la compagnie à remplacer régulièrement ses navires par des unités neuves plus rapides et plus grandes. Dans la période qui précède 1911, la durée moyenne de service d'un navire n'était que de 3 ans et 10 mois. En août 1914, la flotte de la CMBC présentait un tonnage global de 22 456 tonnes brutes.

Pendant la Première Guerre mondiale, la diminution du tonnage britannique, français et portugais vers le Congo belge du fait de la guerre sous-marine, combinée à l'essor des exportations congolaises, provoqua une accumulation des stocks dans les ports congolais. De plus, il fallut assurer une liaison avec les États-Unis pour approvisionner la colonie. La compagnie, non seulement perdit l'Élisabethville 1 torpillé, mais ne put acquérir de navires supplémentaires.

À la fin des hostilités, la construction et l'acquisition de nouveaux navires put reprendre pour faire face à l'accroissement du tonnage à transporter entre la colonie et la métropole.

Compagnie maritime belge modifier

Le 20 février 1930, la CMBC absorba le numéro un de la marine marchande belge, le Lloyd Royale Belge, et prit le nom de Compagnie maritime belge. La CMB devint ainsi le leader incontesté des armements belges avec près de 50 % du tonnage belge. Cette fusion amena aussi une extension de ses liaisons vers l'Amérique du Nord et du Sud et vers l'Extrême-Orient.

Mais avec la crise de 1929, la compagnie dut désarmer des navires, jusqu'à 28 % de son tonnage début 1933[1]. À la fin 1933, l'État belge accorda des prêts aux armements belges pour remettre en service des unités désarmées et pour encourager la construction de nouveaux navires. À partir de 1937, la conjoncture économique s'améliora et la CMB en profita pour rajeunir sa flotte en revendant 24 anciens vapeurs.

Pendant la Drôle de guerre, la compagnie eut 2 cargos qui sautèrent sur une mine.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, la CMB perdit 20 navires par saisie des Allemands dans les ports français, par bombardement et par torpillage. Mais elle put acquérir 4 Liberty ships aux États-Unis. Au total, la compagnie perdit trois quarts de son tonnage. Ses pertes en hommes d'équipage furent de 271 blancs et 23 noirs[2].

Après la guerre, la CMB acquit très vite de nouveaux navires de type Liberty ship, Victory ship ou cargo Empire, en propriété ou en affrètement. Elle passa aussi commande de 3 nouveaux paquebots mixtes pour la ligne congolaise. En 1951, la flotte de la compagnie comprenait 5 paquebots et 24 cargos. La même année, la CMB décida le remplacement progressif d'anciens cargos par de nouveaux de la classe Lu (Lubumbashi, Lubilash, Lusambo, ...) destinés aux lignes vers l'Amérique du Nord et du Sud. De 1957 à 1962, la compagnie mit en service 13 cargos de la classe Mo (Moanda, Moero, Mokambo, ...) destinés aux lignes de l'Afrique de l'Ouest et de l'Est. Fin 1958, la flotte rajeunie comportait 33 navires pour un port en lourd de 352 084 tonnes.

En juillet 1960, la mutinerie de la Force publique au Congo provoqua le départ définitif d'une importante partie de la population européenne de ce pays. La même année, la compagnie aérienne nationale belge Sabena mit en service ses premiers quadriréacteurs Boeing 707 vers l'Afrique. Ces deux facteurs amenèrent une chute très sensible du nombre de passagers voyageant sur les paquebots de la CMB. En conséquence, en janvier 1961, la compagnie mit en vente 3 de ses 5 Ville-boats. En 1973, la compagnie vendit son dernier paquebot.

À la fin des années 70, la CMB commença à vendre ses cargos pour les remplacer par des navires spécialisés : vraquier, porte-conteneurs, pétrolier, transporteur de GPL réfrigéré.

Elle s'est ensuite progressivement élargie en absorbant les armateurs belges Armement Deppe (1960), puis Bocimar (1982) et Hessenatie (1988), spécialisée dans la logistique et l'entreposage au port d'Anvers.

Originellement dans le giron de la Société générale de Belgique, le groupe passa sous contrôle du holding Almabo en 1991 et, depuis 2007, il dépend du holding Saverco.

Flotte modifier

Paquebots et Ville-boats[3] modifier

Nom Jauge brute Constructeur Mise en service Arrêt Remarques
Albertville 1 3953 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1896 1898 vendu à l'African Steam Ship Cy.
Albertville 2 3805 idem 1898 1904 vendu
Albertville 3 4793 Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 1906 1911 vendu à l'African Steam Ship Cy.
Albertville 4 7745 John Cockerill, Hoboken 1913 1923 mis à la disposition de la Croix Rouge pour servir de navire-hôpital en 1914. Il reprit ses voyages vers le Congo au départ de la Grande-Bretagne de 1915 à 1918. Vendu au Portugal. A été démoli en 1950.
Albertville 5 10629 Ateliers et Chantiers de la Loire 1928 1940 réquisitionné par la France à Bordeaux en mai 1940. Il fut bombardé et coulé au Havre le .
Albertville 6 10530 John Cockerill, Hoboken 1948 1973 vendu pour la casse.
Anversville 1 4080 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1899 1906 vendu
Anversville 2 8400 Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 1912 1938 basé à Hull en Grande-Bretagne de 1915 à 1918. En 1938 il fut vendu pour démolition.
Baudouinville 1 13517 John Cockerill, Hoboken 1939 1944 réquisitionné par la France à Bordeaux en 1940, puis capturé par les Allemands et immobilisé à Nantes où il fut sabordé et incendié le 10 août 1944. Il fut remorqué à Anvers pour y être mis à la casse.
Baudouinville 2 10312 idem 1950 1957 renommé Thysville (2) à la suite du lancement du Baudouinville 3 en 1957.
Baudouinville 3 13876 Cockerill Ougrée, Hoboken 1957 1961 vendu à P&O (MS Cathay). Revendu en 1976 à la Nab Yang Shipping Company (MS Kengshin) et ultérieurement à la China Ocean Shipping Company (MS Shanghai). Envoyé à la casse en 1996.
Bruxellesville 1 3900 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1898 1907 vendu
Bruxellesville 2 4075 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1906 1908 ex Zunguru, affrété par la CMB pour remplacer le Léopoldville 3 immobilisé par une avarie.
Bruxellesville 3 5771 Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 1909 1911 vendu en 1912
Charlesville 10978 John Cockerill, Hoboken 1951 1967 vendu à une compagnie maritime est-allemande qui l'utilisa pour des transports vers Cuba et le Mexique. En 1977 le navire fut désarmé à Rostock et utilisé comme école professionnelle puis comme auberge de jeunesse. Sombré en mer en mai 2013 lors de son remorquage vers un port de casse.
Coomassie 2902 Naval Cons. & A, Barrow-in-Furness 1890 1896 premier navire de la compagnie. Reçu en 1895 de l'African Steam Ship Cy. en échange d'actions de la compagnie belge, il fut revendu en 1896 à l'African Steam Ship Cy.
Élisabethville 1 7017 Alex Stephen & Sons Ltd, Glasgow 1911 1917 torpillé par le sous-marin allemand UC-71 le 6 septembre 1917[4],[5] en face de Belle-Ile-en-Mer. 14 personnes périrent.
Élisabethville 2 8300 John Cockerill, Hoboken 1922 1947 arrivé en Angleterre le 5 décembre 1940, il participa au transport des troupes à dater du 16 décembre. Vendu.
Élisabethville 3 10530 idem 1949 1968 vendu pour démolition après un incendie.
Jadotville 13724 SA des Chantiers et Ateliers de Saint-Nazaire 1956 1961 nommé en hommage à Jean Jadot, Gouverneur auprès de la Société générale de Belgique. Vendu à P&O (MS Chitral). Revendu pour la casse en 1975.
Léopoldville 1 2500 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1895 1897 vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 2 3963 idem 1897 1903 vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 3 4152 idem 1904 1909 remplacé par le Bruxellesville 2 entre 1906 et 1909. Vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 4 6327 Harland & Wolff Ltd, Belfast 1909 1914 vendu à l'African Steam Ship Cy.
Léopoldville 5 11439 John Cockerill, Hoboken 1929 1944 utilisé pour la liaison vers le Congo et pour des croisières. Il fut mis au service de la Grande-Bretagne en 1940 et transformé en transporteur de troupes. Il fut torpillé par le Unterseeboot 486, le vers 18 h en vue de Cherbourg. 765 G.I. et 5 hommes d'équipage périrent.
Léopoldville 6 10530 idem 1948 1967 transféré à la Compagnie Maritime Congolaise (CMC) sous l'appellation P.E. Lumuba. Envoyé à la casse en 1973.
Mar del Plata 7380 John Cockerill, Hoboken 1938 1958 1940 réquisitionné par l'Allemagne, 1945 restitué à la CMB, 1958 vendu à l'Allemagne de l'Est (MS Heinrich Heine), 1968 revendu à Loyna Cia. Navigation S.A., Famagusta, Chypres (Cleo II). Envoyé à la casse en 1973.
Philippeville 4100 Sir Raylton Dixon & Cy, Middlesbrough 1899 1908 vendu à l'African Steam Shipt Cy.
Stanleyville 1 4051 idem 1899 1902 fit naufrage le 23 mai 1902 sur les rochers de la Côte de l'Or alors qu'il se rendait au Congo.
Stanleyville 2 6612 J. Brown & Co, Clydebank 1926 1932 d'abord cargo, puis transformé en paquebot. Vendu.
Thysville 1 8300 John Cockerill, Hoboken 1922 1948 vendu
Thysville 2 10312 idem 1957 1961 ex Baudouinville 2. Vendu à Vestey Group et affecté successivement à la Booth Line Cy (RMS Anselm), puis en 1963 à la Blue Star Line (MV Iberia Star) et finalement en 1965 à l'Austasia Lines (MV Australasia). Envoyé à la casse en 1972.
 
Le Paquebot Thysville (1922-1948)

Bien que classés par la CMB comme Paquebots, ces navires furent en fait des paquebots mixtes.

Ceux construits après 1945 pouvaient emporter de 208 à 325 passagers et 9500 tonnes[6] de fret dans les cales. La différence avec les cargos mixtes (comme les Copacabana, Mar del Plata ou Gouverneur Galopin, Fabiolaville [1972-1989]) est que ces derniers ne prenaient que de 90 à 180 passagers. Quant au terme Ville-boat, propre à la CMB, il fut réservé aux paquebots mixtes construits après la Seconde Guerre mondiale.

Cargos modifier

 
Couleurs des cargos de la CMB dans les années 1970 (Memling 1973).

Jusqu'à l'achat des Liberty ships, il n'y eut pas de standardisation dans les navires commandés. Après 1940 et une certaine standardisation, la CMB fut propriétaire de :

  • 4 Liberty ships[7] ;
  • 6 Victory ships[7] ;
  • 4 cargos classe Empire de 10 000 tonnes filant à 11 nœuds ;
  • 8 cargos classe Lu de 11 200 tonnes filant à 16 nœuds ;
  • 13 cargos classe Mo de 12 900 tonnes filant à 13-14 nœuds ;
  • 4 cargos classe Peintres (Breughel, Rubens, Memling, Jordaens) de +/- 12 700 tonnes filant à 18 nœuds ;
  • 3 cargos classe Mont (Montaigle, Monfort, …) de 16 560 tonnes filant à 20 nœuds.

Au début de 2014, la compagnie est propriétaire d'une flotte de 47 navires (de 32 000 à 180 000 tonnes) et a commandé la construction de 15 nouvelles unités.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • André Lederer, L'expansion belge outre-mer et la Compagnie Maritime Belge, Bruxelles, coll. « Académie royale des Sciences d'Outre-Mer, Classe des Sciences Techniques, N.S. » (no XVIII,2), , 61 p. (lire en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. De Wandelaar et Sur l'Eau, mai 1933, p.193
  2. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, p. 145 - Editions Lannoo, 1995
  3. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, annexes - Editions Lannoo, 1995
  4. Épave de l'Élisabethville.
  5. "14-18 en mer. Navires et marins belges pendant la Grande Guerre" de Freddy Philips, Ed. Racine, Bruxelles 2013, p. 148.
  6. CMB 100 de G. Devos et G. Elewaut, pp 155 et 178 - Editions Lannoo, 1995
  7. a et b Compagnie Maritime Belge, Compagnie Maritime Belge 1895-1945, Anvers, J.-E. Buschmann, , 168 p., p. 125