Commanderie de Villejésus (Charente)

Commanderie de Villejésus (Charente)
Présentation
Fondation Drapeau des chevaliers hospitaliers Hospitaliers XIIe siècle
Géographie
Pays Drapeau de la France France
Région Angoumois
Géolocalisation
Coordonnées 45° 53′ 37″ nord, 0° 01′ 40″ est

La commanderie de Villejésus est une commanderie de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem à l'origine de la commune de Villejésus, dans le département de la Charente, en région Nouvelle-Aquitaine.

Histoire modifier

Bien qu'enclavée dans le territoire du grand prieuré d'Aquitaine, cette commanderie faisait partie du grand prieuré d'Auvergne[1]. Ceci s'explique par le fait que la langue dans la région au XIVe siècle était encore l'occitan limousin. Du point de vue ecclésiastique, Villejésus a d'abord été un fief et une paroisse de l'évêché d'Angoulême que l'on trouve mentionné vers 1300 lorsque Aymeric Pascaudi, valet et fils du chevalier Bernard Pascaudi prête hommage à l'évêque Guillaume III de Blaye[2]. L'abbé Nanglard mentionne quant à lui la présence des Templiers au XIIIe siècle[3],[4].

Commanderies d'Auvergne ( ) et membres de Villejésus (point noir). Les principales commanderies autour faisant partie du grand prieuré d'Aquitaine ( ).
NB: L'Épardelière y figure à titre indicatif[N 1].

Les Templiers à Villejésus modifier

L'assertion de l'abbé Nanglard qui mentionnait en 1895 (sans source précise) les Templiers à Villejésus paraît infondée. Ce même auteur a publié dix ans plus tard le Livre des fiefs où l'on constate que Villejésus était un fief vassal (hommage lige) de l'évêché d'Angoulême. Dans ce document appelé Liber Feodorum et recensant les fiefs vassaux de l'évêque à l'époque de Guillaume de Blaye (1273-1307) , on constate que les Templiers n'apparaissent que dans trois lieux proches de ces fiefs (Templarii, Templariorum): On y trouve leur commanderie du Dognon (Dompnio)[5] et ils sont mentionnés comme ayant des biens à Marcillac[6] et près de Saint-Genis-les-Meulières à la Motte[7]. Quant aux Hospitaliers, on les trouve peut-être à Douzat comme voisins du fief de Saint-Genis-les-Meulières[8]. Les Templiers ou les Hospitaliers avaient peut-être à cette époque des terres près de Villejésus, mais il est étrange que ce document n'en fasse pas état.

Membre de Fouqueure modifier

Au même titre que pour Villejésus, on constate dans le Livre des Fiefs que la paroisse de Fouqueure (Fulcodrium, parrochia de Fulcodrio) n'appartenait ni aux Templiers ni aux Hospitaliers avant 1307. Ces deux paroisses sont mentionnées parmi les divers fiefs vassaux de l'évêque et il n'y est jamais question d'un de ces deux ordres militaires. L'appellation Commanderie de Templiers Saint-Etienne à Fouqueure[9] semble de ce fait inappropriée.

Il faut attendre le début du XVe siècle (1402-1414) pour trouver un document attestant formellement de l'appartenance de la paroisse de Fouqueure au grand prieuré d'Auvergne de l'ordre de Saint-Jean de Jérusalem[10].

Puis il faut encore attendre le début du XVIIe siècle pour voir Fouqueure apparaître comme membre de Villéjus. En 1614-1615, le commandeur Anne de Naberat fut chargé de faire un inventaire (visite) des commanderies du grand prieuré d'Auvergne. Il mentionne le membre de « Fouquerre » : église de Saint-Etienne, cure, jardin, dîmes et rentes[11].

Membre de L'Expardelière (ou de Lépardelière) modifier

Du point de vue des sources[N 2], il s'agirait du hameau de L'Expardelière au nord-ouest de la commune de Lussac-les-Églises[N 3] bien qu'on ait du mal à s'expliquer pourquoi ce membre était si éloigné de la commanderie de Villejésus (140 kilomètres). L'Expardelière est une commanderie hospitalière formellement attestée et autonome au moins jusqu'en 1570 avec comme dernier commandeur connu Jean de Robinet[12].

À une quarantaine de kilomètres au sud-est de la commanderie de Villejésus, on trouve le hameau de Lépardelière, commune de Saint-Adjutory[N 4] mais les archives de la langue d'Auvergne ne semblent pas s'y rapporter. Exceptée peut-être la description faite par Anne de Naberat lors d'une visite de son ancienne commanderie qui donne une description des possessions assez proche des lieux-dits que l'on trouve autour de ce lieu.

Liste des commandeurs modifier

Nom Période Commentaires
... ... ...
fr. Antoine Cressin 1541 - 1544[13] Frère chapelain conventuel de la langue d'Auvergne,
natif de Rhodes[réf. souhaitée]
Commandeur de Villejésus et Lépardelière
[N 5]
Présent au chapitre général de l'ordre à Malte en 1543 en tant que greffier du chapitre

Prieur de l'église Saint-Jean de Malte (1556-1584)[14],[N 6]
fr. Gabriel Seiglière 1577 - 1579[15]
fr. Ferréol Balbe 1595[16] - c.1602 08 nov. 1595: Commandeur de « Ville-Jesus & dudit lieu de Lesperdilliere, membre en dépendant »
Commandeur du temple d'Ayen (?-1615)
† 1615
fr. Anne de Naberat c.1602 - 1614 Prêtre conventuel de la langue d'Auvergne
Commandeur du Temple d'Ayen (1616-1630)
fr. Jehan de Meaux 1634
Le commandeur Gaccelepre 1655
fr. César Bonnier 1676-1683, 1680, 1690 Commandeur du Temple d'Ayen (-)
fr. Pierre de Saint-Laurent 1696 - 1699
fr. Gilbert Ragon 1708[17] - 1714[18] Prêtre conventuel
Archiviste du grand prieuré d'Auvergne (1711-...)
Commandeur de l'Hôpital du Frêne (Lieu-Dieu) (1727, 1733, 1743-45)
Commandeur du Temple d'Ayen (1747-...)
† 4 juin 1755, St. Amand
[19]
fr. Philibert Ragon 1713[20] Probablement Gilbert Ragon
fr. Michel d'Auteroche 1720, 1735[21] Le commandeur d'Hauteroche: 1727, 1729, 1733
Le chevalier de Modon 1736 [Douteux]
fr. Michel d'Auteroche 1738 - 1748[22] Commandeur de Lieu-Dieu-du-Fresne (1757)
fr. Joseph Josset 1759[23] - 1762[24] Prêtre conventuel de la langue d'Auvergne
Reçu le 10 janvier 1727
Archiviste du grand prieuré d'Auvergne (1752-1774)
Prieur-curé de la commanderie Saint-Georges de Lyon (1759-1774) et commandeur de La Croix-au-Bost (1769-1774)
[25]

Description modifier

Possessions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le fait qu'il puisse s'agir de ce lieu n'est pas formellement attesté
  2. C'est en tout cas l'emplacement retenu par les historiens et les archivistes (Allard,, Faure, Guigue, Vayssière, Niepce et al.) et c'est également le cas au niveau du classement des archives relatives à la langue d'Auvergne (archives départementales du Rhône, fonds de l'ordre de Malte - Langue d'Auvergne (1113-1790), 48 H 1-3425). De nombreux documents mentionnent Lussac-les-Églises y compris dans des ouvrages publiés par les Hospitaliers eux-mêmes (Haudessens d'Escluseaulx 1700).
  3. 46° 21′ 39″ N, 1° 08′ 22″ E: « les Pardelelières », annoté en tant que commanderie sur la carte de Cassini, « L'Epardelière » sur la carte d'État-Major (1820-1865).
  4. 45° 46′ 52″ N, 0° 27′ 09″ E: « L'Espardeliere », sur la carte de Cassini, « Lépardeliere » sur la carte d'État-Major (1820-1865).
  5. Parfois mentionné seulement comme commandeur de Lépardelière (1541-1543) ou de Villejésus mais en 1544 on le trouve avec les deux titres. Le document est une reconnaissance d'un laboureur au sujet de terres à « Montcougnioux » (hameau de Montcoudioux, Lussac-les-Églises).
  6. Il était prieur conventuel de l'église Saint-Jean (siège sur l'île de Malte), ce qui en fait le deuxième dignitaire de l'ordre à cette époque mais pas grand prieur d'Auvergne. Cette dernière information prend sa source chez Marie-Claude Guigue qui a publié une liste des commandeurs de Laumusse dans Topographie historique du département de l'Ain, 1873, p. 196, lire en ligne sur Gallica où l'auteur le mentionne comme grand prieur sans préciser de date. La liste des grands prieurs d'Auvergne établie en 1931 par le chanoine Parinet ne le mentionne pas ! D'autre part, frère Antoine Cressin est l'auteur du Vray Discours de la guerre et siège de Malte, par les Turcz : contenu és lettres du révérend Prieur de l'Église : premier du Conseil du reverendissime grand Maistre de l'ordre de sainct Jehan de Hierusalem. Au révérend grand Prieur de France publié en 1565. Il est aussi connu pour avoir été un farouche détracteur du grand maître Jean L'Evesque de La Cassière. À noter qu'il n'était pas non plus commandeur de Sales en 1576. Le 6 mars 1576, le procureur d'Antoine Cressin rédige une amodiation à Chariez et ce procureur était également commandeur de Sales.

Références modifier

  1. Guigue 1895
  2. J. Nanglard, « Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d'Angoulême », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente: Année 1904-1905, Angoulême, L. Coquemard, vII, t. V,‎ , p. 89, 140-141, 256, lire en ligne sur Gallica
    Le Liber Feodorum commence p. 49, les pages précédentes concernent divers concordats composiciones dont certains sont postérieurs au livre de l'évêque. c.1300: « parrochiis de Fulcodrio et Villajhesu » ; « Aymerico Pascaudi, valeto, de Villajhesu » ; « Aymericus Pascaudi, valetus, de Villajesu » ; « ...homagiis quod facit dominus Aymericus Paschaudi, de Villajhesu ».
  3. J. Nanglard, « Pouillé historique du diocèse d'Angoulême (suite) », Bulletin et mémoires de la Société archéologique et historique de la Charente: Année 1894, Angoulême, L. Coquemard, vI, t. IV,‎ , p. 62-63, lire en ligne sur Gallica
  4. Jean Nanglard, Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d'Angoulême [« Liber feodorum »], t. 5, Société archéologique et historique de la Charente, (1re éd. 1273), 404 p. (lire en ligne), p. 49
  5. Nanglard 1905, p. 201
    « quod erat de feudo in manu Templariorum. Nam Iterius Adelii alienavit et posuit in manu Templariorum de Dompnio ».
  6. Nanglard 1905, p. 101
    « quandam terram vocatam de Comba Negra, existentem in parrochia de Marciaco, in qua Templarii habent III solidos annuatim ; Nec Templarii habent in aliquo jus dominii ibidem ».
  7. Nanglard 1905, p. 99, 130
    « Item et apud Sanctum Genesium in Moleriis et in parrochia, excepto tamen hoc quod habet apud Motam, quod avoat a Templariis ». La Motte est une ancienne paroisse au sud de Saint-Genis-d'Hiersac. Vraisemblablement des biens appartenant à la baillie du Temple qui englobait la maison du Temple d'Angoulême, celle de Boixe et celle du Fouilloux.
  8. Nanglard 1905, p. 126, 183
    « Item et in territorio de Hospitali et parrochia de Dozaco ; qui debentur de terris hospitali » mais ce n'est pas certain dans la mesure où cela ne désigne qu'un hospice qui ne dépendait pas nécessairement des Hospitaliers de saint-Jean de Jérusalem.
  9. Notice no IA00040794, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  10. Nanglard 1905, p. 21
    « Presentatio parrochie de Fulcoris reperitur pertinere ad religiosos sancti Johannis Jherusalem et specialiter ad priorem Alvernie ».
  11. Guigue 1895, p. 118 (H. 137.), lire sur archive.org
  12. Guigue et Faure 1932, p. 211 (48 H 3354.)
    20 juin 1570 : sentence maintenant frère Jean de Robinet, commandeur de Lépardelière, en possession d'une rente de six boisseaux de seigle. À la suite de ce document on trouve une enquête faite sur cette rente par Jean Mérigot, juge de la châtellenie de Lussac-les-Églises.
  13. Guigue et Faure 1932, p. 209, 211, 213
  14. (la) Paolo Paciaudi, De Cultu S. Joannis Baptistae Antiquitates christianae, (lire en ligne), p. 374-375 (n°24)
    Liste des prieurs conventuels de l'église Saint-Jean publiée par Paciaudi, n° 24, Antonius Cressinus Burgundio.
  15. Inventaire sommaire des Archives départementales antérieures à 1790, Creuse : Archives civiles. Séries [C], C complément, D et E (première partie), (présentation en ligne, lire en ligne), p. 200 (E. 1006.)
    p. 290 du document Pdf.
  16. Alexandre-François Haudessens d'Escluseaulx, Privilèges des papes, empereurs, rois et princes de la chrétienté accordez à l'ordre Saint-Jean de Hiérusalem, Pierre-Augustin Le Mercier, , 1306 p. (lire en ligne), p. 867
  17. Marie-Claire Pontier, « Archives départementales de la Haute-Vienne - 39 H - Fonds des commanderies de l'ordre de Malte (1195-1791) », Limoges,
  18. Guigue 1895, p. 260 (H. 373.), lire sur archive.org
  19. Guigue 1895, p. 325 (H. 548.), lire sur archive.org
  20. Guigue 1895, p. 67 (H. 126.), lire sur archive.org
  21. Guigue 1895, p. 79 (H. 129.), 158 (H. 197.), 287 (H. 450.), lire sur archive.org
  22. Guigue 1895, p. 296 (H. 281.), 298 (H. 288.),, lire sur archive.org
  23. Guigue et Faure 1932, p. 128
  24. Almanach de la ville de Lyon et des provinces de Lyonnois, Forez et Beaujolois avec la notice des paroisses du diocèse pour l'année 1762., (lire en ligne), p. 29
  25. Cartulaire des Hospitaliers : Ordre de Saint-Jean de Jérusalem du Velay, (présentation en ligne), xxviii ; Almanach de la ville de Lyon et des provinces de Lyonnois, Forez et Beaujolois avec la notice des paroisses du diocèse pour l'année 1771., (lire en ligne), p. 32

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Georges Guigue, Inventaire-Sommaire des archives départementales antérieures à 1790 : Rhône - Archives Ecclésiastiques - Série H - H1 à H 702 - Ordre de Malte -- Langue d'Auvergne , t. I, (lire en ligne), p. 2 (H. 6.), 59 (H. 114.), 117-118 (H. 137.), 148 (etc.)
    Commanderie de Villejésus qui apparaît également dans le H. 178., 190.,225.,233.,234.,245.,259.,260.,318., 342.,356.,454.,481.,488.,498.,578. et H. 702. - Les membres de Villejésus sont cités dans cet inventaire sous la forme: membre de « Fouquair, Fouquere, Fouquerre » ; membre de « L'Hospital-de-L'Esperdillière », membre de « Lespardelière, Lespardellière, Lespardillière ». On y trouve également le nom latin des commanderies de Ville-Jhesus et de Esperdeler en 1374-1375 ainsi que celui de toutes les commanderies d'Auvergne à cette époque (H. 244.).
  • Georges Guigue et Claude Faure, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 - Rhône : H 703 à 48 H 2400 : Ordre de Malte, Langue d'Auvergne, Henri Georg, (présentation en ligne)
    Peu d'informations sur Villejésus mais quelques noms de commandeurs y figurent.
  • Georges Guigue et Claude Faure, Inventaire-sommaire des Archives départementales antérieures à 1790 - Rhône : 48 H. 2401 à 48 H. 3422 : Ordre de Malte, Langue d'Auvergne, Henri Georg, (présentation en ligne)
    Principaux documents concernant Villejésus (48 H 3343-3381) et ses membres apparaissent sous le nom de « Fouqueure » et « Lespardelière, Lépardelière (le plus souvent) ou encore Lespardillière », voir en particulier p. 209 à 213.
  • Léopold Niepce, Le Grand-Prieuré d'Auvergne : ordre des hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, H. Georg., , 352 p. (présentation en ligne)

Liens externes modifier