Classe Independence (porte-avions)

série de neuf porte-avions américains de la Seconde Guerre mondiale développée en modifiant des croiseurs légers en cours de construction.

Classe Independence
Image illustrative de l'article Classe Independence (porte-avions)
L'USS Independence le .
Caractéristiques techniques
Type Porte-avions léger
Longueur 189,7 m[1]
Maître-bau 33,3 m
Tirant d'eau 7,39 m
Déplacement 10 622 tonnes
Port en lourd 14 751 tonnes
Propulsion 4 arbres
Turbines General Electric
4 chaudières Babcock & Wilcox
Puissance 100 000 ch
Vitesse 31,6 nœuds (59 km/h)
Caractéristiques militaires
Armement 26 à 28 canons de 40 mm
4 à 22 canons de 20 mm
Aéronefs En octobre 1944:
24 F6F Hellcat
9 TBF Avenger
Rayon d’action 8 300 milles marins (15 400 km) à 15 nœuds (28 km/h)
Autres caractéristiques
Équipage 1 569 hommes
Histoire
A servi dans Pavillon de l'United States Navy United States Navy
 Marine nationale
 Marine espagnole
Période de
construction
1942 - 1943
Période de service 1943 - 1989
Navires construits 9
Navires perdus 1
Navires démolis 8

La classe Independence est une série de neuf porte-avions légers américains produits en urgence pendant la Seconde Guerre mondiale en transformant des croiseurs légers de la classe Cleveland en cours de construction. Les autres navires composant la classe (sister-ships) sont le Princeton, le Belleau Wood, le Cowpens, le Monterey, le Langley, le Cabot, le Bataan et le San Jacinto.

Quasiment imposées par le président Roosevelt à la marine américaine qui doute de leur valeur militaire[N 1], ces conversions permettent aux États-Unis de doubler dès le milieu de l'année 1943 le nombre de leurs porte-avions rapides (ou fast carriers [N 2]) dans le Pacifique alors que les premiers navires de la classe Essex commencent à peine à entrer en service. Dès l'invasion de Tarawa en , les cinq Independence en service, mettent en œuvre 30 % de l'aviation embarquée de la flotte d'invasion, et près de 40 % de ses chasseurs [N 3]. Les neuf bâtiments sont tous lancés avant la fin de l'année 1943. Leurs groupes aériens combinés sont à-peu-près équivalents à ceux de trois Essex supplémentaires à une époque où ces derniers sont encore rares [N 4].

Transformés dans l'urgence, et donc en acceptant des compromis en matière de capacité militaire, de qualités nautiques, d'habitabilité et de protection, ces navires restent en service en première ligne jusqu'à la fin du conflit et un seul est perdu au combat (l'USS Princeton - CVL 23 - lors de la campagne des Philippines). Ils sont désarmés à la fin de la guerre et l'Independence est sacrifié lors des essais nucléaires de Bikini mais le Bataan, le Cabot et le Monterey reprennent du service pendant la guerre de Corée, comme porte-avions légers ou comme transports d'aviation. Le Langley et le Belleau Wood, sont prêtés entre 1951 et 1963 à la marine française renaissante qui les rebaptise respectivement La Fayette et Bois Belleau et les emploie notamment en Indochine. Enfin, le Cabot est prêté en 1967 - puis cédé en 1972 - à la marine espagnole, dans laquelle il reste en service jusqu'en 1989 sous le nom de Dédalo [2].

Alors qu'avec le recul, certains historiens ont pu remettre en cause la décision américaine de construire autant de porte-avions de la classe Essex (24 seront achevés, dont certains après la fin de la guerre[N 5] ) ou de porte-avions d'escorte (125 lancés, dont 87 conservés par la marine US), personne n'a contesté la contribution des neuf Independence à la victoire alliée à un moment où le cours de la guerre du Pacifique était en train de basculer[3] , [N 6].

Le programme Independence modifier

Genèse modifier

L'idée de construire des porte-avions légers sur une base de coque de croiseur est antérieure à l'attaque de Pearl Harbour. En fait, dès le début des années 1930, la marine étudie des concepts de croiseurs dotés d'une pont d'envol sur une partie de leur longueur tout en conservant des canons de 152 mm ou même de 203 mm [4]. Les projets se succèdent mais aucun n'aboutit. Cependant, en août 1941, le président Roosevelt - qui avait été secrétaire adjoint à la Marine sous Josephus Daniels de 1913 à 1920 et qui reste très impliqué personnellement dans les programmes de construction navale [5] - propose de convertir des croiseurs légers de la classe Cleveland en cours de construction en porte-avions légers. La marine rejette officiellement cette suggestion le car le premier projet de transformation sur laquelle elle travaille est trop sophistiqué et, en conséquence, les navires proposés - qui n'ont bien sûr pas les qualités des Essex en cours de construction - ne peuvent même pas être disponibles avant eux. Le président ne renonce pas et relance la marine par courrier dès le . En effet, il y a urgence car, si onze Essex ont alors été autorisés, cinq d'entre eux seulement sont en chantier et leur mise en service n'est - à ce moment - pas prévue avant 1944[N 7]. L'attaque de Pearl Harbor change la donne et, dans un courrier daté de , le Chef des Opérations navales (CNO)[N 8]confirme la demande de conversion d'un premier croiseur léger en porte-avions. Dès le lendemain, une conférence réunit les services techniques de la marine et les représentants de la New York Shipbuilding Corporation qui doit construire dix-sept Cleveland dans ses chantiers de Camden, New Jersey. La société reçoit dès le 10 janvier un avenant à son contrat lui confirmant la conversion d'un premier croiseur dont les caractéristiques techniques sont soumises au CNO le . Cette fois-ci, les bureaux d'étude de la marine ont produit un projet épuré qui permet une mise en service beaucoup plus rapide. L'approbation des caractéristiques est suivie par la commande de deux conversions supplémentaires dès le , puis de trois autres en mars et enfin des trois dernières de la série le [6]. Les neuf Independence sont construits à Camden. Ils reçoivent des noms de navires célèbres (Independence, Cabot et Langley ), ou de batailles (Princeton, Cowpens, Belleau Wood, Monterey, Bataan et San Jacinto)[N 9]).

Du croiseur au porte-avions - Les défis de la conversion modifier

 
Vues en coupe et éclatée d'un croiseur de la classe Cleveland

En 1941, transformer un navire en porte-avions n'est plus une nouveauté pour les bureaux d'étude navals. En effet, de nombreux porte-avions en service à cette époque sont en fait des conversions de cuirassés ou de croiseurs de bataille en cours de construction. De plus, à cette date, la marine américaine a également lancé la conversion de navires marchands en porte-avions d'escorte. Le projet reste toutefois difficile pour de nombreuses raisons.

Tout d'abord, pour tout navire, les constructions en superstructure (îlot, cheminée, mâts etc. ) nuisent à la stabilité et, sur un porte-avions, elles sont déportées latéralement pour dégager le pont d'envol, ce qui aggrave le problème. Elles génèrent de plus, avec le vent relatif dû au déplacement du navire, des turbulences gênantes pour les avions qui appontent. On envisage donc initialement de remplacer l'îlot par une simple passerelle placée en avant et au-dessous du pont d'envol mais cette solution présente trop d'inconvénients (conduite du navire, conduite des opérations aériennes, emplacement des radars, etc.) et elle n'est pas retenue.

Ensuite, l'étroitesse de la coque et la cambrure du pont principal des Cleveland imposent de réduire non seulement la largeur du pont d'envol mais aussi sa longueur : l'avant de ce dernier doit être positionné une quinzaine de mètres en retrait de l'étrave très effilée du navire - ce qui oblige à reculer d'autant la position de l'ascenseur avant et donc à réduire également la longueur du hangar[7]. Et bien sûr, le hangar, étant lui-même construit en superstructure, contribue à la surcharge du navire dans les hauts [N 10].

Enfin, il faut faire vite, la disponibilité des navires étant une priorité absolue. Mais l'état d'avancement des premiers navires crée une contrainte supplémentaire car il n'est pas question de défaire ce qui a déjà été fait, et notamment de percer le pont principal blindé qui est déjà en place. Ceci complique la mise en place des soutes à munitions ainsi que celle des réservoirs et du système de distribution de carburant d'aviation[8].

Le résultat final n'est pas le navire le plus élégant de la flotte et les nombreux compromis consentis impactent les capacités militaires de la nouvelle classe mais l'objectif principal de disponibilité à très court terme est atteint[3].

Les navires modifier

 
Vue de l'USS Princeton montrant les cheminées et l'îlot déportés

Les Independence ont une coque longue de 186 m, protégée par une ceinture blindée atteignant 5 pouces (127 mm)[N 11]. Leur largeur au maître bau est de 33,3 m. Ils reçoivent un hangar monté en superstructure, recouvert d'un pont d'envol en bois long de 170 m et large de 22, deux ascenseurs axiaux et un élévateur à munitions [9]. Un petit îlot surmonté d'un mât en treillis est installé en encorbellement sur tribord pour ne pas diminuer encore la largeur - déjà fort réduite - du pont-d'envol et une grue est placée sur le pont à l'avant de l'îlot, seule position permettant de transférer des avions à bord à partir d'un quai ou d'une barge, faute d'ouvertures latérales assez grandes au niveau du hangar. Ce dernier repose sur un pont supplémentaire intercalé environ 1,20 m au-dessus du pont blindé principal du croiseur dont la cambrure compliquerait trop les mouvements d'avions, surtout par mer forte. De plus, cette configuration évite d'avoir à le découper pour positionner les puits des ascenseurs[10]. Le pont d'envol reçoit huit brins d'arrêt (un neuvième est ajouté vers 1945 [11]) et trois barrières [N 12]. Initialement, une seule catapulte hydraulique type H 2-1 est installée à bâbord. Une deuxième est ajoutée à tribord lors de passages en chantier naval pour réparation ou travaux à partir de 1944 sauf pour le San Jacinto dont le chantier d'entretien est annulé du fait de la fin du conflit)[12].

Les Independence conservent leurs machines de croiseur, quatre chaudières Babcock & Wilcox alimentant des turbines à engrenages Westinghouse entraînant quatre hélices. Leur puissance de 100 000 ch assure une vitesse maximale proche de 32 nœuds. Ils sont dotés de quatre petites cheminées raccordées directement à chacune des chaudières mais déportées et coudées afin de les écarter au maximum du pont d'envol et de limiter les nuisances causées par les fumées : gêne visuelle pour les guetteurs, turbulences pour les avions à l'appontage, corrosion des équipements situés à proximité etc. Pour accroître la stabilité, deux caissons extérieurs (bulges ou renflements en anglais) sont plaqués de part et d'autre de la coque (ce qui accroît la largeur de 1,5 m, la portant à 21,8 m). Celui de bâbord est lesté de ciment pour compenser le poids de l'îlot, de la grue et des cheminées.

La capacité de stockage de mazout pour la propulsion est d'environ 2700 m3 répartis en une soixantaine de soutes et réservoirs divers (soutes d'alimentation, de réserves, de ballast etc.)[13]. L'essence aviation est stockée dans deux groupes de soutes pour un total d'environ 460 m3. Douze postes de distribution sont installés (huit sur le pont et quatre dans le hangar) [14],[N 13].

Capacités de vitesse et d'endurance des Independence[15]
Vitesse Consommation[N 14] Endurance Distance
nœuds (km/h) litres/heure jours nautiques (km)
10 (18,5) 2.400 à 3.000 43 10.000 (18.500)
15 (28) 8.300 (15.000)
20 (37) 8.000 à 10.000 13 6.500 (12.000)
26 (48) 14.000 à 18.000 7.5 4.700 (8.700)

Les six premiers navires reçoivent un camouflage de type Measure 21 puis différents schémas sont appliqués (Measure 22, Measure 33, Measure 21 à nouveau et Measure 12) au fur et à mesure des passages en chantier naval et de l'évolution de la perception de la menace [N 15]. Seuls le Langley et le Cabot ne reçoivent pas de camouflage[16]. Les bâtiments réactivés après la guerre ne sont plus camouflés et reçoivent une livrée gris clair (Measure 27)[17].

L'armement modifier

 
Affût quadruple Bofors 40 mm (avec canons de 127 mm en arrière plan)
 
Canon Oerlikon 20 mm

Les deux pièces simples de 127 mm/38 Mk12 montées initialement sur l'Independence (une à la proue et une à la poupe) sont retirées dès 1943. Chaque pièce est remplacée par un affût quadruple de 40 mm Bofors, jugé - à l'époque - plus efficace contre les avions et surtout plus léger [18]. Les unités suivantes en sont équipées dès l'origine. La batterie de DCA, comprenant donc ces deux affûts quadruples plus, suivant le navire, neuf ou dix affûts doubles de 40 mm[N 16], est dirigée par sept télépointeurs à visée optique Mk 51 qui seront ultérieurement complétés ou remplacés par des télépointeurs Mk 57 et Mk 63 équipés de radars [19]. La DCA légère prévue initialement sur l'Independence comporte dix affûts simples de 20 mm Oerlikon installés en périphérie du pont d'envol mais ce nombre diffère d'une unité à l'autre et varie considérablement au cours de la guerre. Il augmente d'abord très fortement à cause de l'aggravation de la menace aérienne, puis certains affûts simple sont remplacés par des affûts doubles. Enfin, il est réduit à nouveau lorsque la deuxième catapulte est installée, afin de limiter le poids dans les hauts mais aussi parce que l'efficacité des pièces de 20 mm est de toute manière très limitée [N 17].

La dotation en munitions est de 72 bombes de 454 kg (1000 lbs), 72 bombes de 227 kg (500 lbs) et 162 bombes de 45 kg (100 lbs) stockées dans les anciennes soutes à munition du croiseur, plus 24 torpilles entreposées dans un local situé à l'arrière du hangar. Comme un bombardier TBF/TBM peut emporter un maximum de deux bombes de 454 kg, cette dotation permet aux neuf appareils généralement embarqués d'effectuer chacun seulement quatre missions de bombardement avec les bombes les plus lourdes avant un réapprovisionnement. Lors de l'installation de la deuxième catapulte, le nombre de torpilles en dotation est ramené à 6 pour compenser partiellement l'augmentation de la masse embarquée[20].

Radars et équipements électroniques modifier

Les Independence reçoivent initialement un radar de veille aérienne de type SK - installé entre les deux groupes de cheminées. Un radar de veille de surface SG et un second radar de veille aérienne SC-2 (ultérieurement remplacé par un SP avec altimétrie [N 18]) sont positionnés sur le mât surmontant l'îlot [21]. Ces installations sont complétées par de nombreux équipements de navigation, de communication, d'identification (IFF) et de guerre électronique.

L'organisation des navires modifier

 
Central opérations (CIC) de l'Independence

Le commandant du navire est un capitaine de vaisseau ( captain [N 19]) qui, comme pour tous les porte-avions américains, est obligatoirement un aviateur (pilote ou observateur)[N 20]. Il est secondé par un capitaine de frégate (commander).

L'équipage est réparti en 9 services ou departments (10 en comptant le groupe aérien quand il est à bord), commandés par des capitaines de frégate ou des capitaines de corvette (lieutenant commander). Les services sont eux-mêmes subdivisés en divisions[22] :

  • Air department : chargé de toute l'activité aviation, du pont d'envol, du hangar et du Central opérations (Combat Information Center ou CIC) [N 21].
  • Gunnery department : chargé des canons et de l'armement mais aussi des embarcations du bord ainsi que du nettoyage et de la peinture du navire etc. Le détachement de Marines embarqué, qui met en oeuvre certaines des pièces de DCA et qui constitue le corps de débarquement du navire, appartient à ce service.
  • Engineering department : propulsion, énergie, appareils et équipements électriques etc.
  • Supply department : approvisionnements, mess et service des repas;
  • Communication department : transmissions et signaux;
  • Hull department : Maintenance, entretien et travaux. Réparation des dégâts et avaries (Damage control). Coordination des services dans tous les domaines liés au fonctionnement général du navire;
  • Navigation department : Navigation;
  • Medical department : Service médical et dentaire;
  • Executive department : Service administratif, secrétariat et police interne du navire (capitaine d'armes);
  • Air group : Le groupe aérien embarqué ou Carrier Air Group (abrégé en CVLG)[N 22], dès qu'il est à bord, devient un service du navire (voir ci-dessous).

D'une manière générale, les Independence n'embarquent que rarement un amiral pendant la Seconde Guerre mondiale mais l'Independence et le Princeton portent la marque des contre-amiraux Radford, Ragsdale et Montgommery en 1943 [23]. Par la suite, les amiraux n'embarquent plus que sur les « grands » porte-avions.

L'aviation embarquée modifier

 
Catapultage d'un Grumann F6F Hellcat du Monterey - 1944
 
Appontage d'un Avenger sur le Cowpens. Noter les brins d'arrêt et - au premier plan - une barrière

Les Independence peuvent mettre en œuvre une trentaine d'appareils et en transporter une centaine en configuration de transport d'aviation. Avant même les premières opérations, le parc aérien, initialement composé de 12 chasseurs, 9 bombardiers en piqué et de 9 bombardiers torpilleurs est modifié. En effet, dès 1943, les chasseurs F4F Wildcat sont remplacés par les nouveaux F6F Hellcat qui entrent en service. Puis les bombardiers en piqué Douglas SBD Dauntless, dont les ailes ne sont pas repliables, et qui prennent trop de place à bord sont éliminés [N 23] et on en profite pour porter le nombre de chasseurs F6F de 12 à 24. Le groupe comprend donc généralement 24 à 26 F6F Hellcat - dont quelques modèles -P pour la reconnaissance photographique - et 9 bombardiers torpilleurs TBF ou TBM Avenger [24]. En 1945, un groupe aérien composé de 24 F6F et 9 TBM comporte 60 officiers et 36 hommes (officiers mariniers et marins) [25].

Le groupe aérien est une unité semi-autonome - c'est-à-dire qu'il est considéré comme un des services (departments) du navire dès qu'il est embarqué. Constitué de deux flottilles, il est commandé par le CAG (Commander, Air Group), un capitaine de corvette (lieutenant commander) ou parfois un capitaine de frégate (commander) qui, sur les Independence, est également le commandant de l'une des deux flottilles.

La préparation d'une d'attaque nécessite une mise en place complexe sur le pont des navires. Et, sur un porte-avions de cette époque, pour qu'un seul avion puisse apponter en fin de mission, il faut déplacer vers l'avant du navire tous les appareils qui étaient restés à l'arrière pendant les décollages ou les catapultages (respotting)[N 24]. Mais la protection de la flotte exige également les catapultages et appontages fréquents de patrouilles de surveillance. Les Independence avec leur groupe aérien réduit composé majoritairement de chasseurs, permettent souvent de soulager les Essex de ces missions en leur permettant de se concentrer sur les missions principales[26].

Comparaison des types de navires et de leurs rôles modifier

Le rôle des Independence dans la marine américaine modifier

Les porte-avions de la classe Essex représentent l'achèvement d'une évolution commencée avec les Lexington et poursuivie avec le Ranger puis les Yorktown[N 25]. Avec les sous-marins, les navires ravitailleurs et les navires de débarquement, ils jouent un rôle majeur dans la victoire américaine dans le Pacifique mais leur impact est renforcé par la présence et l'activité des porte-avions légers et des porte-avions d'escorte. Ces deux derniers types présentent quelques similitudes : construction en urgence, taille du navire (avec un pont d'envol encore plus étroit sur les Independence), taille et composition du groupe aérien, mais leurs rôles sont différents car les premiers - qui sont construits sur des coques de navires de guerre - sont capables, du fait de leur vitesse, de leur armement défensif et de leur protection, de s'intégrer parfaitement dans les mêmes Task Forces que les Essex. Ils participent à leurs missions offensives mais soulagent également ces derniers de nombreuses missions de patrouille et de protection. Les porte-avions d'escorte, eux, sont construits sur une base de navire commercial. Plus faciles à produire mais beaucoup plus lents et très peu protégés, ils sont cantonnés à des missions d'entraînement des pilotes, de soutien logistique, d'escorte de convois et d'appui aérien lors des débarquements.

Comparaison entre différents types de porte-avions américains
 
Le Langley (classe Independence) devant le Ticonderoga (classe Essex) - décembre 1944
 
Le Langley - classe Independence) devant le Ticonderoga - classe Essex
PA d'escorte
classe Casablanca
(CVE)
PA léger
classe Independence
(CVL)
PA d'escadre
classe Essex
(CV)
Longueur 156 m 190 m 266 m
Pont d'envol 145 m x 24 m [27] 168 m x 22 m [28] 263 m x 33 m [28]
Hangar 78 m x 17 m [27] 97 m x 17 m [28] 199 m x 21 m [28]
Déplacement[N 26]
standard/pleine charge
8 200 / 10 900 Long ton 11 000 / 15 100 Long ton 27 500 / 36 400 Long ton
Puissance 9 000 ch 100 000 ch 150 000 ch
Propulsion 2 hélices 4 hélices 4 hélices
Vitesse 19 nœuds (35,2 km/h) 31 nœuds (57,4 km/h) 33 nœuds (61,1 km/h)
Catapulte(s) 1 1 puis 2[N 27] 2 [N 28]
Ascenseur(s) 2 2 3
Avions[N 29] 28 34 90-100
Armement 1x 127 mm
16x 40 mm
20x 20 mm
2x4 40 mm
9 ou 10x2 40 mm
10 à 22x 20 mm
4x2 127 mm
4x1 127 mm
18x4 40 mm
52x 20 mm
Blindage aucun 50–125 mm 150–200 mm
Équipage[N 30] 760 1 569 3 000 à 3 500[N 31]

Les Independence comparés aux autres porte-avions légers de la Seconde Guerre mondiale modifier

 
Le HMS Colossus (R15) en 1945
 
Le porte-avions léger japonais Shōhō (classe Zuihō)

Les Independence sont le produit d'un programme d'urgence. La priorité est de mettre en œuvre très rapidement des porte-avions rapides, bien protégés et donc capables d'évoluer en première ligne au sein des task forces. Par pragmatisme, la marine américaine choisit de convertir dans un même chantier naval neuf croiseurs légers en cours de construction en acceptant les avantages (vitesse des navires, blindage et compartimentage, délai de mise en oeuvre) et les inconvénients (taille, capacité militaire, stabilité) qui résultent de ces choix.

La Royal Navy constate qu'elle manque de porte-avions mais que les capacités industrielles du pays (nombre de chantiers navals), les contraintes imposées par la guerre (main d'œuvre limitée, bombardements allemands) et le temps nécessaire à la construction de « vrais » porte-avions d'escadre la forcent à faire des compromis. Elle choisit de développer et de faire construire dans des chantiers non spécialisés des navires sans blindage, moins compartimentés et moins rapides que les porte-avions d'escadre. Malgré ces choix, les Colossus n'entrent en service qu'à la fin de la guerre et ne participent pas aux combats. Ils feront néanmoins le bonheur de nombreuses marines alliées après la guerre[29].

La marine japonaise, quant à elle, procède à la conversion de différents types de navires (ravitailleurs de sous-marins, pétroliers, paquebots) en porte-avions « légers ». Contrairement aux navires américains et anglais, les porte-avions légers japonais n'appartiennent pas à une classe unique. On compte au moins cinq conversions de navires auxiliaires en porte-avions légers dont les deux navires de la classe Zuihō, qui illustrent bien les choix effectués (pas d'îlot, pas de blindage, pas de catapulte)[30].

PA léger
classe Independence
(USA)
PA léger
classe Saipan
(USA)
PA léger
classe Colossus
(UK)
PA léger
Classe Zuihō
(JAPON)
Programme croiseur légers transformés
en cours de construction
coque de croiseur lourd
classe Baltimore
version à taille réduite
de l'Illustrious construite
selon des standards
de la marine marchande
ravitailleurs de sous-marins
transformés
pont continu - pas d'îlot
En service à partir de : 1943 1946 1944 1941
Longueur 190 m 208 m 211 m 205,5 m
Pont d'envol 168 m x 22 m [28] 186 m x 24 m [31] 210 m x 23 m [32] 180 m x 23 m
Hangar 78 m x 17 m [31] 87 m x 21 m [31] 101 m x 16 m [32] 124 m x 18 m
Déplacement[N 26]
standard/pleine charge
11 000 / 15 100 Long ton 15 118 / 18 750 Long ton 13 190 / 18 040 Long ton 11 262 / 14 200 Long ton
Puissance 100 000 ch 120 000 ch 40 000 ch 52 000 ch
Propulsion 4 hélices 4 hélices 2 hélices 2 hélices
Vitesse 31 nœuds (57,4 km/h) 33 nœuds (61,1 km/h) 25 nœuds (46,3 km/h) 28 nœuds (51,9 km/h)
Catapulte(s) 1 puis 2[N 32] 2 1 sans
Ascenseurs 2 2 2 2
Avions[N 29] 33 42 37-42 [N 33] 30
Armement 2x4 40 mm
9 ou 10x2 40 mm
4 à 22x 20 mm
5x4 40 mm
11x2 40 mm
16x 20 mm
4 à 6x4 40 mm (pom-pom)
16x2 20 mm [N 34]
4 × 2 canons de 127 mm
4 × 2 canons de 25 mm [N 35]
Blindage 50–125 mm [31] 38–101 mm [31] aucun aucun
Équipage 1 569 1 821 1 300 785

Histoire opérationnelle modifier

La transformation des futurs croiseurs légers en porte-avions est menée rondement de sorte que tous les navires sont armés pour essais, et sept sur neuf admis au service actif, en 1943. Initialement identifiés comme des porte-avions d'escadre (CV), ils sont numérotés en séquence avec ces derniers avant d'être reclassés comme porte-avions légers (CVL) en sans changement de numérotation.

Les Independence dans le Pacifique modifier

 
L'Independence en 1945. Les lignes du croiseur sont très apparentes.
 
Un Grumann F6F Hellcat sur l'ascenseur avant du USS Monterey -

Tous les Independence sont déployés dans l'océan Pacifique. Dès que leur nombre est suffisant, ils sont intégrés au sein de task groups formés généralement de deux Essex et de deux Independence. Chaque task group comprend de deux à quatre croiseurs, une dizaine de destroyers et, éventuellement un ou deux cuirassés - très appréciés en raison de leur puissante DCA [33] , [N 36]. Plusieurs task groups forment une task force au sein de laquelle ils sont numérotés de manière séquentielle. Par exemple, les porte-avions rapides de la 3e flotte sont regroupés dans la Task Force 38, elle-même divisée en Task Groups 38.1, 38.2 etc. Les task groups sont, à leur tour subdivisés en task units, soit de manière permanente (par exemple les porte-avions d'un même task group forment une task unit, les croiseurs en forment une autre etc.), soit pour accomplir une mission particulière (par exemple, lorsque l'Independence opère comme porte-avions de nuit, il forme chaque soir la task unit - TU 38.2.1 - avec quelques escorteurs pour pouvoir évoluer indépendamment du reste du task group 38.2. Cette task unit temporaire est dissoute au matin).

Les Independence et leurs groupes aériens participent à toutes les campagnes de la marine à partir de 1943 :

  • Raid sur l'île Marcus (août 1943). Un CVL : Independence (CVL-22/CVLG-22) et deux grands porte-avions (CV) [34];
  • Raid sur l'île Baker (septembre 1943). Deux CVL : Princeton (CVL-23/CVLG-23) et Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24) [34];
  • Raid sur Tarawa (septembre 1943). Deux CVL : Princeton (CVL-23/CVLG-23), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24) et un CV [34];
  • Raid sur l'île de Wake (octobre 1943). Trois CVL : Independence (CVL-22/CVLG-22), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24), Cowpens (CVL-25/CVLG-25) et trois CV;
  • Raid sur Rabaul (novembre 1943). Deux CVL : Independence (CVL-22/CVLG-22), Princeton (CVL-23/CVLG-23) et trois CV [34];
  • Îles Gilbert et Tarawa (novembre 1943). Cinq CVL : Independence (CVL-22/CVLG-22), Princeton (CVL-23/CVLG-23), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24), Cowpens (CVL-25/CVLG-25), Monterey (CVL-26/CVLG-30) et six CV [35];
  • Raid sur l'atoll de Truk (février 1944). Quatre CVL : Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24), Monterey (CVL-30/CVLG-30), Cowpens (CVL-25/CVLG-25), Cabot (CVL-28/CVLG-31) et cinq CV [35];
  • Invasion des Mariannes (juin 1944). Huit CVL : Princeton (CVL-23/CVLG-27), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-24), Cowpens (CVL-25/CVLG-25), Monterey (CVL-26/CVLG-28, Langley (CVL-27/CVLG-32), Cabot (CVL-28/CVLG-31), Bataan (CVL-29/CVLG-50), San Jacinto (CVL-30/CVLG-51) et sept CV [35];
  • Leyte (octobre 1944). Huit CVL : Independence (CVL-22/CVLG(N)-41), Princeton (CVL-23/CVLG-27), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-21), Cowpens (CVL-25/CVLG-22), Monterey (CVL-26/CVLG-28, Langley (CVL-27/CVLG-44), Cabot (CVL-28/CVLG-29), San Jacinto (CVL-30/CVLG-51) et neuf CV [35];
  • Iwo Jima : (février-mars 1945). Cinq CVL : Belleau Wood (CVL-24/CVLG-30), Cowpens (CVL-25/CVLG-46), Langley (CVL-27/CVLG-23), Cabot (CVL-28/CVLG-29), San Jacinto (CVL-30/CVLG-45) et dix CV [34];
  • Okinawa (mars-avril 1945). Six CVL : Independence (CVL-22/CVLG-46), Belleau Wood (CVL-24/CVLG-30), Langley (CVL-27/CVLG-23), Cabot (CVL-28/CVLG-29), Bataan (CVL-29/CVLG-47), San Jacinto (CVL-30/CVLG-51) [35] et onze CV;

Le Princeton est perdu lors de la reconquête des Philippines. Tous les autres - à l'exception du Bataan - sont endommagés à des degrés divers au cours de la campagne du Pacifique : l'Independence reçoit une torpille en 1943, le Langley une bombe en 1945 [36]. Le Belleau Wood, et le Cabot sont touchés par des kamikaze tandis que le Cowpens, le Monterey et le San Jacinto subissent des dégâts lors de typhons [37].

Le groupe aérien embarqué modifier

Le groupe aérien (CVLG) porte initialement le même numéro que son navire d'affectation (par exemple, le CVLG-24 à bord du CVL-24). Affectés pour un tour d'opération d'une durée d'environ six mois, les groupes se succèdent à bord des bâtiments et, au bout de quelques mois, leur numéro n'a plus rien à voir avec le numéro de coque de leur navire d'affectation. Ainsi, par exemple, de 1943 à juillet 1945, le Belleau Wood (CVL-24) embarque successivement les CVLG-24, 21, 30, puis 31 [24].

Les groupes aériens embarqués pendant la guerre[38]
CVL Nom Air Group
22 Independence 22, 41(N), 46, 27
23 Princeton 23, 27
24 Belleau Wood 24, 21, 30, 31
25 Cowpens 25, 22, 46, 50
26 Monterey 30, 26, 34
27 Langley 32, 44, 23
28 Cabot 21, 29, 32
29 Bataan 50, 47
30 San Jacinto 51, 45, 49, 47

Pendant les deux grandes batailles aéronavales de 1944 (au large des Mariannes et des Philippines), les Independence fournissent 40 % des chasseurs et 36 % des bombardiers-torpilleurs de la Fast carrier Task Force (TF.58 puis TF.38).

L'Independence devient quant à lui, le premier porte-avions de nuit (night carrier), suivi par l'Enterprise et le Saratoga [39]. Le Bataan est destiné à devenir également porte-avions de nuit mais en 1945, la décision est prise de retirer cette mission aux Independence et de ne plus la confier qu'aux grands porte-avions[40].

Ultérieurement, du fait de la menace kamikaze, il est décidé en de supprimer entièrement les bombardiers sur une partie des unités et de ne plus embarquer que 36 chasseurs[N 37]. Cette configuration, proposée dès 1943 par l'amiral Pownall alors qu'il commande la Task Force 15 [N 38] mais rejetée au plus haut niveau, est finalement retenue dans les toutes dernières semaines de la guerre et elle n’est appliquée que sur le Cabot[41].

Évolution du groupe aérien embarqué pendant la guerre
 
Le Cowpens avec un groupe aérien comportant encore des SBD Dauntless -
 
Le pont d'envol du USS Cowpens -
Année Navire Air Group Flottille Chasseurs Flottille Bombardiers
en piqué
Flottille Bombardiers
torpilleurs
Total
1943 (mai) Independence CVG-22 VF-22 12 F4F-4 [N 39] VC-22 [N 40] 9 SBD-5[42] VC-22 9 TBF-1[42] 30
1943 (septembre) Independence CVLG-22 VF-6 24 F6F-3 [42] VT-22 9 TBF-1 [42] 33 [N 41]
1944 Independence
(Night carrier)
CVLG(N)-41 VF(N)-41 14 F6F-5N [43]
5 F6F-5
VT(N)-41 8 TBM-1D [44] 27[N 42]
1945 Monterey CVLG-34 VF-34 24 F6F-5[45]
1 F6F-5P
VT-34 8 TBM-3E [45]
1 TBM-3P
34
1945 (août)[46] Cabot CVLG-32 VF-32 36 F6F-5 36[N 43]

Le groupe aérien participe à toutes les missions de la flotte, comme le montre l'extrait suivant du Journal de bord de l'Independence au large d'Okinawa le dimanche 15 avril 1945 [47] :

  • 0430 : appel aux postes d'aviation (flight quarters)
  • 0537 : fin du lancement de 8 F6F (4 pour patrouille basse altitude autour de la flotte (Low CAP), 4 pour patrouille anti-kamikaze au-dessus des destroyers en piquet radar (Radar Picket Combat Air Patrol ou RAPCAP)).
  • 0842-0844 : lancement de 4 F6F pour relever la patrouille des piquets radar (RAPCAP)
  • 0939 : fin du ramassage des 8 F6F lancés à 0537
  • 1141-1201 : lancement de 4 F6F et 7 TBM pour une mission de bombardement sur les positions ennemies au sud d'Okinawa, plus 4 F6F en relève de la RAPCAP
  • 1205 : fin du ramassage des 4 F6F lancés à 0844
  • 1322 : fin du lancement de 8 F6F participant à une attaque combinée de 90 avions. Au cours de la mission, les Hellcats de l'Independence abattent 4 avions japonais et en détruisent 14 au sol. Un chasseur revient avec une aile endommagée mais parvient à apponter.
  • 1330 : Service commémoratif dans le hangar en hommage au Président Roosevelt, décédé le 12 avril. Le pavillon avait été mis en berne de 1100 à 1130 par ordre du commandant de la flotte.
  • 1443 : fin du lancement de 3 F6F pour relever la patrouille des piquets radar (RAPCAP)
  • 1540 : fin du ramassage de 8 F6F et 7 TBM lancés à 1201
  • 1654 : fin du ramassage de 8 F6F lancés à 1322
  • 1727-1731 : le destroyer USS Owen navigue en parallèle pour transfert de courrier.
  • vers 1840 : ramassage des 3 F6F lancés à 1443

En général, s'ils ne participent pas à un raid important, ou lors des transits, ou encore pendant les ravitaillements à la mer - qui neutralisent les navires pendant plusieurs heures - les Independence lancent et maintiennent en l'air tout au long de la journée une patrouille de chasse (Combat Air Patrol ou CAP) composée de 4 F6F et une patrouille anti-sous-marine (Anti Submarine Patrol ou ASP) de 3 TBM. La plupart des décollages se font par catapultage. Chaque task group interrompt les missions d'assaut pour se ravitailler à la mer tous les quatre à six jours[48].

En , l'USS Langley est en route pour le Pacifique avec la flottille VF-19 qui est la première dotée des nouveaux chasseurs F8F “Bearcat” mais la capitulation japonaise intervient avant leur engagement au combat.

Points faibles et évolutions modifier

 
Sur le Bataan - 1944. Noter l'étroitesse du pont d'envol et son encombrement
 
Le USS Cowpens (CVL-25) durant le typhon Cobra

Les Independence sont de petits porte-avions et leur groupe aérien ne représente que le tiers de celui d'un Essex. De plus, l'utilisation d'une coque de croiseur léger fait que l'équipage, qui passe de 1 255 hommes [N 44] sur un Cleveland à 1 569 hommes sur un Independence, se trouve à l'étroit. Les autres reproches concernant les Independence sont l'étroitesse de leur pont d'envol et de leur hangar ainsi qu'une surcharge dans les hauts qui se traduit par des qualités nautiques (roulis, tangage) inférieures à celles des autres porte-avions de la Navy. En conséquence, les taux d'accident à l'appontage enregistrés par leurs groupes aériens sont supérieurs à ceux des grands porte-avions [49].

Sur les Independence, comme d'ailleurs sur tous les porte-avions US de la période, mais contrairement aux porte-avions britanniques, le pont d'envol n'est pas blindé et ils sont donc plus vulnérables que ces derniers aux attaques aériennes (et notamment aux kamikaze). Enfin, le stockage des munitions est un point faible supplémentaire et joue un rôle important dans la perte du Princeton en [50].

Les principales modifications apportées aux navires de la classe pendant le conflit concernent l'installation d'une deuxième catapulte hydraulique à tribord, la modification de l'artillerie anti-aérienne et l'installation de nouveaux radars. Après la guerre, le Bataan et le Cabot perdent deux de leur quatre cheminées afin d'améliorer leur stabilité [12].

La marine américaine, qui anticipe la perte d'au moins deux unités, transforme également deux croiseurs lourds de la classe Baltimore, pour créer la classe Saipan mais ces deux bâtiments (USS Saipan et Wright) ne sont lancés qu'à la fin du conflit et ne participent pas aux combats [51].

Unités composant la classe modifier

 
Un avion japonais s'écrase à proximité du Belleau Wood (CVL-24)
 
Incendie provoqué par un kamikaze à bord du Belleau Wood (CVL-24), , à l'horizon, le Franklin également touché
  • Independence (CVL-22). Mis en chantier sous le nom d'Amsterdam (CL-59) en , reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Participe à l'offensive du Pacifique central à partir de mi-1943. Torpillé en , il reste en réparations pendant six mois. Il participe ensuite à l' invasion des Philippines, d'Iwo Jima et d'Okinawa. À la fin de la guerre, il participe à l'opération Magic Carpet (Opération Tapis Volant) pour rapatrier les troupes aux États-Unis. Il participe enfin aux essais nucléaires de Bikini (1946). Sa coque, irradiée et très endommagée, est remorquée à Kwajalein (Iles Marshall). Retiré du service officiellement en , il sert à des expériences sur les radiations à Pearl Harbor et San Francisco avant d'être utilisé comme cible et coulé le [52].
  • Princeton (CVL-23). Mis en chantier sous le nom de Tallahassee (CL-61) en ; reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Il est coulé à la suite d'une attaque aérienne japonaise le pendant la bataille du golfe de Leyte. Touché par une unique bombe, il subit une série d'explosions catastrophiques et doit finalement être coulé par les navires de son escorte. 108 membres d'équipage sont tués à bord du Princeton (mais 233 marins et officiers sont également tués à bord du croiseur Birmingham qui est très proche lors de la plus forte explosion)[53].
  • Belleau Wood (CVL-24). Mis en chantier sous le nom de New Haven (CL-76); reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Participe à l'offensive du Pacifique Central. Ses avions coulent le porte-avions japonais Hiyo pendant la bataille navale de la Mer des Philippines. Il est touché par un kamikaze qui provoque un incendie et la mort de 92 marins. Après réparation, participe aux raids contre le Japon, puis, après la capitulation, à l'opération Magic Carpet. Versé en réserve en . Transféré à la Marine Nationale française et rebaptisé Bois Belleau (R97) en , il est engagé en Indochine d' à [54]. Rendu à l'US Navy en , il est démantelé à Chester, Pennsylvanie en 1962 [55].
  • Cowpens (CVL-25). Mis en chantier sous le nom de Huntington (CL-77) en  ; reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Participe à la bataille de la mer des Philippines et à l'invasion des Philippines. Endommagé à la suite d'un typhon qui provoque un incendie en . Participe à l'opération Magic Carpet à la fin de la guerre. Placé en réserve en . Reclassé en transport d'aviation (AVT-1) en mais laissé en réserve. Rayé des cadres en et démantelé à Portland, Orégon en 1961 [55].
  • Monterey (CVL-26). Mis en chantier sous le nom de Dayton (CL-78) en ; reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Participe à l'offensive du Pacifique central à partir de . Endommagé par un typhon en . Réparé à Bremerton (Washington). Participe à l'assaut d'Okinawa puis aux raids contre le Japon. Opération Magic Carpet après la capitulation. Retiré du service en puis réintégré en comme porte-avions école et admis dans la flotte de réserve en . Reclassé transport d'aviation (AVT-2) en . Rayé des cadres en puis démantelé [55].
  • Langley (CVL-27). Mis en chantier sous le nom de Fargo (CL-85); reclassé en porte-avions léger en sous le nom de Crown Point; rebaptisé Langley en ; lancé en ; opérationnel en . Rejoint la flotte du Pacifique dans laquelle il sert à partir de l'invasion des Marshalls () jusqu'à la fin de la Guerre. Opération Magic Carpet à la fin du conflit. Mis en réserve en 1947, il est transféré à la Marine Nationale française et rebaptisé La Fayette (R96) le . Il sert notamment en Indochine (trois campagnes de mars à , d'avril à et de janvier à ) ainsi que lors de la crise du canal de Suez de juillet à () [56]. Rendu à l'US Navy en 1963. Démantelé à Baltimore, Maryland en 1964 [57].
  • Cabot (CVL-28). Mis en chantier sous le nom de Wilmington (CL-79) en ; reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Baptisé Cabot après qu'un porte-avions de la classe Essex initialement nommé Cabot soit devenu le deuxième Lexington[N 45]. Rejoint la flotte du Pacifique à Pearl Harbor en et participe à l'offensive jusqu'à la fin de la guerre. Touché par un kamikaze (62 morts et blessés). Opération Magic Carpet à la fin de la guerre. Retiré du service en 1947 et réactivé en 1948 comme porte-avions école et anti-sous-marin. De nouveau retiré en , mis en réserve et reclassé comme transport d'aviation (AVT-3). Réactivé et modernisé en 1965-1967. Transféré à la marine espagnole sous le nom de Dédalo (R01) le . Met en œuvre des hélicoptères et des avions à décollage vertical AV8S Matador (Harrier) sans tremplin. Officiellement désactivé par la Navy en et vendu à l'Espagne en décembre de la même année. Retiré du service actif en 1989. Ramené aux États-Unis, il fait l'objet de nombreuses tentatives de préservation mais est finalement démantelé à partir de novembre 2000 à Brownsville, Texas [57].
  • Bataan (CVL-29). Planifié sous le nom de Buffalo (CL-99); reclassé en porte-avions léger en ; lancé en ; opérationnel en . Premier engagement lors du débarquement d'Hollandia (Nouvelle Guinée) en puis participe aux opérations jusqu'à la fin de la guerre. Opération Magic Carpet à la fin du conflit. Transféré à la flotte de réserve en 1947. Réactivé en , il participe à la guerre de Corée de à en mettant en œuvre des F4U-4B Corsair des Marines (flottille VMF-212 puis VMF-312)[58]. Il alterne ensuite missions de transport et de combat jusqu'en 1953. Placé en réserve en , il est reclassé comme transport d'aviation (AVT-4) en puis retiré en avant démantèlement [59].
  • San Jacinto (CVL-30). Planifié sous le nom de Newark (CL-100); reprogrammé comme porte-avions léger en sous le nom de Reprisal ; rebaptisé San Jacinto en [N 46]; lancé en . Participe aux raids contre les îles de Wake et Marcus puis à l'invasion des Mariannes (). Endommagé lors d'un typhon en au large des Philippines. Retiré du service actif en et reclassé comme transport d'aviation (AVT-5) en ; il est finalement retiré en puis vendu pour la ferraille en [59].

La guerre de deux futurs présidents modifier

 
George H.W. Bush en 1944
 
Gerald Ford en 1945

Deux futurs présidents des États-Unis ont participé à la Seconde Guerre mondiale à bord de porte-avions de la classe Independence :

  • Gerald Ford (président d' à ). Officier de réserve, il fait partie de l'équipage du Monterey de à la fin 1944. Il se distingue particulièrement lors de la lutte contre un incendie qui se déclenche alors que le navire traverse le typhon Cobra en et au cours duquel il manque passer par-dessus bord[60].
  • Georges Herbert Bush (vice président de 1981 à 1989 puis président de 1989 à 1993). Officier de réserve et pilote dans l'aéronavale, il est affecté à la flottille VT-51 sur le San Jacinto, comme pilote de TBM Avenger. Il accomplit 58 missions. Son avion est abattu lors de la dernière, le . Les deux autres membres de son équipage ne survivent pas mais il parvient à sauter en parachute et il est secouru en mer par le sous-marin USS Finback[61].

L'après-guerre modifier

Pendant la guerre de Corée, le Bataan effectue plusieurs déploiements entre 1950 et 1953, au cours desquels il embarque alternativement des chasseurs bombardiers F4U Corsair du corps des Marines et des groupes aériens composés d'avions de lutte anti-sous-marine Grumman TBM Avenger ou de AF-2W et AF-2S Gardian [62]. Les La Fayette (ex Langley) et Bois Belleau (ex Belleau Wood) prêtés à la France dans les années 1950 opèrent d'abord avec des F6F Hellcat, des TBM Avenger et des SB2C Helldiver puis avec des F4U et AU-1 Corsair. Ils embarquent également des hélicoptères, notamment les HUP-1 et S-51. Le Dédalo espagnol (ex Cabot prêté de 1967 à 1988) met en œuvre des ADAC/V AV-8S Matador (Harrier) et des hélicoptères (surtout Twin Huey et Sea King).

Quelques exemples de groupes aériens embarqués de l'après-guerre
Année Nom Chasseurs Bombardiers en piqué Hélicoptères Total
1953 (Corée) Bataan (CVL-29) 24 F4U-4 2 HO3S-1 26 [63]
1954 (Indochine) Bois Belleau (R97) 12 F6F-5 12 SB-2C 2 HUP-2 26 [64]
1956 (Suez) La Fayette (R96) 22 F4U-7 2 HUP-2 24 [65]
1978 Dédalo (R01) 4-8 AV-8S Matador (Harrier) 4 AB 212ASW Twin Huey
4 Sikorsky SH-3D/W Sea King
4 Bell AH-1G Cobra
16-20 [66]

Le bilan des Independence modifier

Fermement « encouragé » par le président Roosevelt, et souvent qualifié de mesure d'extrême urgence (desperate mesure [67]), le développement rapide de la classe Independence, permet à la marine américaine d'obtenir une supériorité numérique indiscutable dès le début de l'offensive dans le Pacifique central en 1943. Par la suite, malgré l'augmentation du nombre des porte-avions de la classe Essex, les Independence ne sont pas de trop pour permettre à la Navy de continuer son offensive en dépit des pertes subies du fait des kamikaze.

Consciente des risques de pertes au combat, la marine US développe la classe Saipan - une version améliorée des Independence, basée sur une coque de croiseur lourd - et lance la construction de deux exemplaires, qui arrivent cependant trop tard pour participer au conflit. Mais, dans un rapport en 1945, le comité d'évaluation de la flotte du Pacifique (Pacific Fleet Board) reconnait les limitations de ces navires. S'il admet volontiers que ces neuf bâtiments ont causé plus de dommages à l'ennemi que s'ils avaient été achevés comme des croiseurs et qu'ils soulagent les grands porte-avions des missions de surveillance et de protection en leur permettant de se concentrer sur les missions offensives, il reconnaît néanmoins que leurs capacités militaires sont trop limitées et qu'ils n'ont plus leur place dans une marine où, avec la fin de la guerre, chaque tonne doit être justifiée[26].

Trois Independence reprennent néanmoins du service pendant la guerre de Corée et trois autres permettront aux marines française et espagnole de développer et de maintenir des capacités aéronavales qu'elles n'auraient pas eu les moyens de se payer. Et ce jusqu'en 1989 pour l'Armada, ce qui en dit long sur le potentiel de ces navires développés dans l'urgence pendant la Seconde Guerre mondiale.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Le président Roosevelt s'implique souvent très directement dans les choix de matériel de la marine US - pour les porte-avions légers mais également pour imposer la production des 50 porte-avions d'escorte de la classe Casablanca, dont la marine ne veut pas. La marine, elle, exige une sophistication qui ne va pas dans le sens d'une construction rapide et donc rend le programme moins intéressant. D'après Michael C. Smith (US Light Carriers in Action), elle garde de plus un mauvais souvenir des constructions d'urgences qui lui ont été imposées lors de la Première Guerre mondiale et qu'elle a dû conserver après la paix.
  2. c'est-à-dire, dans la terminologie américaine, porte-avions capables d'évoluer à trente nœuds avec les autres navires de la flotte de combat, contrairement aux porte-avions d'escorte issus de la transformations de navires marchands ou construits en série selon les standards de la marine marchande. Destinés à l'escorte de convois ou à des missions de soutien, ils sont incapables de soutenir de telles vitesses.
  3. La Task Force regroupe six porte-avions d'escadre (CV dans la terminologie américaine) et cinq porte-avions légers (CVL). Ce pourcentage reste à peu près le même lors des deux batailles navales majeures de 1944 au large des Mariannes et des Philippines.
  4. ou équivalents à ceux de quatre Essex, selon Michael C. Smith (US Light Carriers in Action, p. 8). La comparaison semble cependant optimiste au vu des tailles respectives des groupes aériens (35 avions sur un Independence contre une centaine sur un Essex) même s'il faut prendre en compte les synergies résultant de la concentration des navires.
  5. 32 Essex sont commandés en tout mais 8 sont annulés à la fin de la guerre, dont 2 déjà en cours de construction
  6. Entre , période où, après la perte du Hornet, la marine américaine ne dispose plus que d'un seul porte-avions d'escadre dans le Pacifique et (l'invasion de Tarawa), le nombre de porte-avions d'escadre disponibles dans le Pacifique passe de un (l'Enterprise) à onze (dont cinq Independence) !
  7. Onze Essex avaient été autorisés dès le par le Two-Ocean Navy Act. À la suite de la déclaration de guerre leur construction est fortement accélérée et l'Essex lui-même entre en service en .
  8. Le titre est trompeur car, à cette époque, le CNO (Chief of Naval Operations) se concentre sur l'administration et les programmes de construction, les responsabilités opérationnelles étant le domaine du COMINCH (Commander in chief, United States Fleet) qui est un autre amiral. L'amiral King cumulera les deux postes à partir de . La fonction de COMINCH est supprimée en . De nos jours, le CNO, comme les chefs d'état-major des autres armes, n'a aucun rôle opérationnel.
  9. L'Independence est un sloop de 10 canons de la guerre d'indépendance américaine, Langley est le nom du premier porte-avions américain (USS Langley ou CV-1), construit par transformation d'un charbonnier. Utilisé comme transport d'aviation, il venait d'être coulé par les japonais en . Princeton et San Jacinto sont deux batailles de la guerre d'indépendance (en 1777) et de la guerre américano-mexicaine (en 1846)
  10. Le hangar des Independence, comme d'ailleurs celui des Essex, n'est pas intégré dans la coque mais fait partie de la superstructure du bâtiment. Sur les Independence, il n'y a pas vraiment le choix mais, sur les Essex, cette configuration, qui permet d'augmenter la capacité du hangar a un impact négatif sur la stabilité et sur le niveau de protection des navires.
  11. À l'exception des deux premières unités (Independence et Princeton) qui n'en reçoivent pas. Moulin p. 23.
  12. Ce sont des câbles destinés à arrêter un avion n'ayant pas croché les brins d'arrêt, afin qu'il ne percute pas les appareils garés à l'avant du navire. En général, l'appareil est très endommagé, voire détruit mais le pire (collision suivi d'un incendie) est évité. Sur les porte-avions modernes, où la piste oblique limite les risques de collision en permettant le re-décollage en cas d'appontage raté, les barrières sont remplacées par un unique filet amovible qui n'est dressé en cas d'urgence (crosse d'appontage brisée par exemple)
  13. Les quatre postes du hangar servent principalement à vider les réservoirs de tout appareil qui descend dans le hangar, précaution systématique à bord d'un porte-avions où le risque d'incendie est omniprésent.
  14. Dépend de nombreux paramètres dont l'état de propreté de la coque
  15. Dans la marine américaine le camouflage de type dazzle (éblouissement) est défini par deux valeurs : Measure, qui définit les couleurs, et Design qui définit les formes. Michael C. Smith US Light Carriers in action p. 28
  16. L'Independence, initialement équipé de huit affûts doubles, est doté d'un neuvième après son arrivée dans le Pacifique. Les autres navires reçoivent neuf affûts dès l'origine. Un dixième affût (à tribord) est installé en 1944 sur l'Independence et sur le Bataan en compensation du retrait de canons de 20 mm Moulin p. 156-157.
  17. À la fin de la guerre, la pièce de 20 mm est considérée comme entièrement inadéquate pour lutter contre les kamikaze car il ne suffit plus de désemparer un avion, il faut le détruire. Même l'utilité de la pièce de 40 mm est remise en cause car sa munition ne comporte pas de fusée de proximité et elle est trop légère pour désintégrer un kamikaze. La pièce de 127 mm, elle, est adéquate mais trop lourde pour être installée sur des navires déjà chargés dans les hauts... Jean Moulin, Les porte-avions La Fayette et Bois-Belleau p. 156
  18. Détection d'altitude. On parle également de sitométrie ou détection de hauteur, ce qui est équivalent sur un navire en mer puisque l'altitude est la hauteur par rapport au niveau de la mer. Cette capacité est particulièrement importante pour la DCA et pour le guidage des chasseurs.
  19. captain est un grade correspondant à celui de capitaine de vaisseau mais c'est également un titre, porté par le commandant de tout navire de guerre quel que soit son grade.
  20. À la suite d'une loi de 1925 (Référence : Richard C. Knott, Captain USN, Naval Aviation Guide. Fourth Edition. 1985, Naval Institute Press. (ISBN 0-8702-1409-8) p.99.
  21. La fonction d'officier « Opérations » n'existe pas pendant la Seconde Guerre mondiale. Le central opérations à bord des porte-avions (y compris les Essex) est sous la responsabilité du chef du service aviation qui est le n° 3 du navire.
  22. CV est l'identifiant d'un porte avions. Sur un grand porte-avions, le groupe aérien est un CVG, (parfois également appelé CAG, comme Carrier Air Group), sur un porte-avions d'escorte (CVE) un CVEG, sur un Independance (CVL), un CVLG
  23. Même lorsque le remplaçant du Dauntless, le Curtiss SB2C Helldiver - dont les ailes sont repliables - entre en service, les bombardiers en piqué ne réapparaissent pas pour autant sur les porte-avions légers. Seule la marine française en mettra en œuvre sur le La Fayette et le Bois Belleau dix ans plus tard.
  24. L'invention de la piste oblique quelques années après la fin de la guerre aidera considérablement à résoudre le problème car il devient alors possible d'assurer simultanément des catapultages et des appontages sans déplacer la totalité des appareils mais, pendant la guerre, cette solution n'existe pas encore et il est quasiment impossible de mener des opérations aériennes de jour puis de les poursuivre la nuit sans épuiser rapidement les équipages
  25. Les Lexington sont des croiseurs de bataille transformés en cours de fabrication. Le Ranger est le premier porte-avions américain construit comme tel mais se révèle trop petit et trop lent. La classe Yorktown représente un progrès important mais c'est la classe Essex qui représente la synthèse des caractéristiques souhaitées par la Navy
  26. a et b Les déplacements (standard/pleine charge) sont exprimés en tonnes Washington - ou long tons (ou tonnes anglaises). Pour obtenir des tonnes métriques (système SI), il faut multiplier ces valeurs par 1,016. Jean Moulin. Les Porte-avions de la Seconde Guerre mondiale. Marine Éditions, 2009
  27. Les Independence sont initialement dotés d'une seule catapulte. Une deuxième catapulte est installée ultérieurement, lors de travaux de réparations pour l'Independence ou d'entretien et d'amélioration pour les autres.
  28. Trois des quatre premiers Essex sont également dotés d'une catapulte transversale installée dans le hangar, qui sera supprimée ultérieurement.
  29. a et b Ordre de grandeur. Le nombre d'avions embarqués varie tout au long de la guerre en fonction leur type, de la période et de la mission.
  30. Ordre de grandeur. L'effectif embarqué varie suivant la période, et notamment suivant la composition du groupe aérien et la présence éventuelle d'un amiral et de son état-major. La source retenue pour les PA américains est Friedman.
  31. Prévu initialement pour un équipage de 2 400 hommes, l'USS Essex en emporte plus de 3000 dès les essais à la mer. Du fait de l'accroissement de la taille de leur groupe aérien, de l'armement anti-aérien et des équipements radars, l'effectif moyen en 1945 est proche de 3400 pour les Essex. Norman Friedman, U.S. Aircraft Carriers, Naval Institute Press, 1983 - p. 155-156
  32. Les Independence sont initialement dotés d'une seule catapulte. Une deuxième catapulte est installée ultérieurement, lors de travaux de réparations pour l'Independence ou d'entretien et d'amélioration pour les autres.
  33. 37 selon Angus Konstam (British Aicraft Carriers 1939-45 - Osprey), 42 selon Jean-Moulin (Les Porte-avions de la Seconde Guerre Mondiale en images - Marines Éditions). David Hobbs (British Aircraft Carriers - Design, Development and Service Histories - Seaforth Publishing) cite le même chiffre mais mentionne également la composition des groupes aériens au sein de la British Pacific Fleet (BPF) comportant 21 chasseurs Corsair et 18 bombardiers Barracuda.(
  34. Armement initial. Les QF 2-pounder « pom pom » sont rapidement remplacés par des Bofors 40 mm
  35. Armement initial. Renforcé en 1943 puis à nouveau en 1944 pour le Zuihō (le Shōhō avait été coulé en 1942)
  36. Mais, en fonction de la situation tactique (par exemple si un combat naval est prévisible), les cuirassés peuvent également être regroupés au sein d'une task force séparée comme la TF 34 lors de la bataille de Leyte
  37. qui par ailleurs sont de plus en plus souvent utilisés comme chasseurs-bombardiers quand la menace aérienne est réduite. Toutefois, les missions de patrouille anti-sous-marine confiées aux TBM doivent alors être assurées par d'autres porte-avions
  38. C'est la task force des porte-avions, qui deviendra TF50 fin 1943 puis TF58 ou TF38 en 1944 et 1945. Pownall n'est pas jugé suffisamment agressif et perd son commandement à la mer après la campagne de Tarawa mais il est muté à Pearl-Harbor où il reste impliqué dans l'organisation de l'aéronavale jusqu'à la fin de la guerre. Voir notamment Clark G. Reynolds The Fast Carriers - The Forging of an Air Navy United States Naval Institute, Annapolis, Maryland - USA - 1968,
  39. La flottille VF-22 reçoit des chasseurs F6F-3 Hellcat en remplacement de ses F4F-4 Wildcat avant le début de la compagne du Pacifique central et n'effectue pas de missions de combat avec ces derniers. Elle est ensuite temporairement détachée avec ses Hellcat à bord du Belleau Wood et remplacée par la flottille VF-6
  40. VC identifie un composite squadron (flottille composite ou mixte), unité comprenant différents types d'appareils (ici des bombardiers en piqué et des bombardiers torpilleurs). Les composite squadrons, qui étaient surtout déployés sur les porte-avions d'escorte comprenaient généralement des chasseurs et des bombardiers-torpilleurs. Lorsque les SBD Dauntless sont débarqués, la flottille change d'appellation et devient la VT-22
  41. Pendant une courte période, en , les SBD de la flottille VC-22 sont encore à bord et les chasseurs appartiennent à la flottille VF-22 ainsi qu'à un détachement de la VF-6. Le total embarqué dépasse alors la quarantaine d'avions mais cette période de transition ne dure pas.
  42. Le nombre d'Avenger embarqués varie de 8 à 12 selon les sources. Le chiffre retenu ici est celui cité par Clark G. Reynolds
  43. En août 1945, la flottille VT-32 est débarquée et la flottille VF-32 reçoit 12 F6F ainsi qu'un renfort de pilotes pour porter sa composition à 36 chasseurs
  44. 1 325 hommes si un amiral et son état-major étaient embarqués (Moulin, p. 14). Les Independence n'embarquèrent que rarement un amiral pendant la Seconde Guerre mondiale -
  45. Le premier Lexington avait été coulé lors de la Bataille de la mer de Corail en
  46. Le nom de Reprisal est attribué à un Essex...dont la construction est annulée à la fin de la guerre

Références modifier

  1. « Independence light aircraft carriers » sur navypedia
  2. Smith 2002, p. 16-17
  3. a et b Smith 2002, p. 8
  4. Friedman 1983, p. 179
  5. Norman Friedman - U.S. Aircraft Carriers: An Illustrated Design History - 1983 - voir aussi Jean Moulin, Les porte-avions La Fayette et Bois-Belleau et Michael C. Smith, US Light Carriers in action
  6. Moulin 2000, p. 21-22. En fait, la fabrication des quatre dernières unités est lancée directement, leur construction comme croiseurs n'ayant pas encore commencé
  7. Robert Chesneau, Aircraft Carriers of the World, 1914 to the Present, An Illustratdd Encyclopedia, Arms & Armour Press, London, 1984 ISBN, 0-85368-636-X p. 232
  8. CVL's succes story, par le Lieutenant Commander A. Halsey, USN Proceedings of the Naval Institute - 1946, reproduit avec permission (en anglais) http://www.stexboat.com/books/cabot/cab14_16.htm#CH14
  9. Moulin 2000, p. 153
  10. Moulin 2000, p. 23
  11. Moulin 2000, p. 150
  12. a et b Moulin 2000, p. 180
  13. Moulin 2000, p. 144 Lambert donne des chiffres très proches, les différences tenant essentiellement à la différence entre capacité totale et capacité utilisable
  14. Moulin 2000, p. 154
  15. Lambert 2011-2015 p.836. L'endurance à 15 kt provient des ouvrages de Friedman, Moulin (Lafayette & Bois Belleau) et Stille US Navy Aircraft Carriers 1942-1945 WWII-built ships - Osprey Publishing, Oxford - 2007 (ISBN 978-1-8460-3037-6) . Certaines valeurs sont arrondies
  16. Moulin 2000, p. 173
  17. Michael C. Smith (US Light Carriers in Action) mais les sources divergent et Jean Moulin (Les porte-avions La Fayette et Bois-Belleau) identifie également les Measure 13 et 14 pour les années de guerre.
  18. Smith 2002, p. 7,11
  19. Moulin 2000, p. 156-162
  20. Moulin 2000, p. 154-155
  21. Moulin 2000, p. 164-166
  22. Flight Quarters - The War Story of the USS Belleau Wood p. 119-189
  23. Lambert 2011-2015 p.145,152, 181, 190-191 ainsi que Reynolds p.110
  24. a et b Moulin 2000, p. 184
  25. A History of the USS CABOT (CVL-28): A Fast Carrier in World War II by J. Ed Hudson. http://www.stexboat.com/books/cabot/cab17_23.htm#CH18
  26. a et b Friedman 1983, p. 191
  27. a et b Al Ross - The Escort Carrier Gambier Bay - Anatomy of the Ship - Conway Maritime Press- London, 1993 (ISBN 0-8517-7613-2)
  28. a b c d et e Mark Stille - US Navy Aircraft Carriers 1942-1945 WWII-built ships - Osprey Publishing, Oxford - 2007 (ISBN 978-1-8460-3037-6)
  29. Jean Moulin. Les Porte-avions de la Seconde Guerre mondiale. Marine Éditions, 2009 - p30, voir aussi Angus Konstam, British Aicraft Carriers 1939-45 - Osprey - p 23-24.
  30. Mark Stille Imperial Japanese Navy Aircraft Carriers 1921-1925, Osprey, 2005 - p 21-22. Voir aussi Jean Moulin. Les Porte-avions de la Seconde Guerre mondiale. Marine Éditions, 2009 - p 56.
  31. a b c d et e Norman Friedman, US Aircraft Carriers, An Illustrated Design History, Arms and Armour Press - London - Melbourne, 1983
  32. a et b David Hobbs - British Aircraft Carriers - Design, Development and Service Histories - Seaforth Publishing, Barnley S. Yorkshire, 2013 (ISBN 978 1 84832 138 0) p 185
  33. Moulin 2000, p. 225
  34. a b c d et e Clark G. Reynolds The Fast Carriers - The Forging of an Air Navy United States Naval Institute, Annapolis, Maryland - USA - 1968 (ISBN 1-5575-0701-5)
  35. a b c d et e René Francillon US Navy Carrier Air Groups - Pacific 1941-1945 - Osprey, Londres, 1978 0-85045-291-0 p 40-46
  36. Moulin 2000, p. 42
  37. Smith 2002, p. 15-18
  38. A History of the USS CABOT (CVL-28): A Fast Carrier in World War II by J. Ed Hudson
  39. Moulin 2000, p. 24
  40. Smith 2002, p. 39
  41. Clark G. Reynolds The Fast Carriers - The Forging of an Air Navy United States Naval Institute, Annapolis, Maryland - USA - 1968, p. 82, 86, 357, 377 (ISBN 1-5575-0701-5). C'est l'amiral King lui-même qui impose le maintien des Avenger en 1943. Le sujet redevient d'actualité avec les attaques kamikaze en 1945 et l'amiral Mitscher recommande à son tour le remplacement des F6F et des TBM - à court terme par 36 F4U Corsair (plus rapides que les F6F) puis, dès qu'ils seront disponibles, par 48 F8F Bearcat.
  42. a b c et d John G. Lambert USS Independence CVL-22 A War Diary of the Nation's First Dedicated Night Carrier - 2011-2015 p. 150, 154 (ISBN 978-0-9838869-1-4)
  43. Barrett Tillman Hellcat The F6F in World War II United States Naval Institute, Annapolis, Maryland - USA - 1979, p. 175 (ISBN 0-8505-9383-2)
  44. Clark G. Reynolds The Fast Carriers - The Forging of an Air Navy United States Naval Institute, Annapolis, Maryland - USA - 1968, p. 228 (ISBN 1-5575-0701-5)
  45. a et b Robert L Lawson Carrier Air Group Commanders - The Men and their Machines Schiffer Publishing Limited - Atglen PA, USA - 2000, p. 25 (ISBN 0-7643-1035-6)
  46. A History of the USS CABOT (CVL-28): A Fast Carrier in World War II by J. Ed Hudson.
  47. Lambert 2011-2015 p.595-596.
  48. Lambert 2011-2015
  49. Smith 2002, p. 20
  50. Friedman 1983, p. 189
  51. Smith 2002, p. 47
  52. Smith 2002, p. 15
  53. Smith 2002, p. 15,36
  54. Moulin 2000, p. 108-112
  55. a b et c Smith 2002, p. 16
  56. Moulin 2000, p. 56-74
  57. a et b Smith 2002, p. 17
  58. Moulin 2000, p. 220
  59. a et b Smith 2002, p. 18
  60. (en) Drury Robert et Tom Clavin, « How Lieutenant Ford Saved His Ship », The New York Times, (consulté le )
  61. Site du Naval History and Heritage Command (en anglais) https://www.history.navy.mil/content/history/nhhc/research/histories/biographies-list/bios-b/bush-george-h-w.html Consulté le
  62. Moulin 2000, p. 219-220
  63. Site Nine Sisters (neuf sœurs). https://web.archive.org/web/20070629074256/http://www.ninesisters.com/bataan.htm Voir notamment les liens vers les rapports de combat et en particulier https://web.archive.org/web/20070306090324/http://www.history.navy.mil/a-korea/cvl29-may53.pdf
  64. Moulin 2000, p. 108 Les Hellcat et Helldiver ne sont pas embarqués en permanence, une partie d'entre eux étant fréquemment basée à terre
  65. Moulin 2000, p. 69 Les 22 Corsair appartiennent aux flottilles 15F (18) et 14F (4)
  66. Sources diverses : Jean Labayle Couhat, Flottes de Combat (1982/1983), Robert Chesneau, Aircraft Carriers of the World, 1914 to the Present, An Illustratdd Encyclopedia, Arms & Armour Press, London, 1984
  67. Smith 2002, p. 7. Voir également : CVL's succes story, par le Lieutenant Commander A. Halsey, USN Proceedings of the Naval Institute - 1946, reproduit avec permission (en anglais) http://www.stexboat.com/books/cabot/cab14_16.htm#CH14 qui parle de desperate experiment

Bibliographie modifier

  • Jean Moulin, Les porte-avions La Fayette et Bois-Belleau, Nantes, Marine éditions, (ISBN 2-909675-62-9). Consacré au deux navires prêtés à la France mais couvre toute la série.
  • (en) Robert Gardiner et Roger Chesneau, Conway's All the World's Fighting Ships (1922-1946), [détail de l’édition]
  • (en) Norman Friedman, U.S. Aircraft Carriers : An Illustrated Design History, Annapolis, MD, Naval Institute Press, , 427 p. (ISBN 0-87021-739-9)
  • (en) Michael C. Smith, US Light Carriers in action, Carrollton (Texas), Squadron/signal publications, coll. « Warships » (no 16), (ISBN 0-89747-437-6)
  • (en) John G. Lambert, USS Independence CVL-22 - A War Diary of the Nation's First Dedicated Nignt Carrier : Enhanced Edition II - 2015, Lightning Source, , 781 p. (ISBN 978-0-9838869-1-4)
  • (en) Collectif, Flight Quarters : The War Story of the USS Belleau Wood, Cole-Holmquist Press, Los Angeles,

Voir aussi modifier

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Article connexe modifier

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