Cesare Orsenigo

évêque catholique italien

Cesare Orsenigo
Image illustrative de l’article Cesare Orsenigo
Mgr Orsenigo montrant l'ostensoir en 1932, lors d'une cérémonie à Berlin.
Biographie
Nom de naissance Cesare Orsenigo
Naissance
Villa San Carlo (Italie)
Ordination sacerdotale
par Mgr le cardinal Andrea Carlo Ferrari
Décès (à 72 ans)
Eichstätt (Allemagne)
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale
par Mgr le cardinal Pietro Gasparri
Nonce apostolique en Allemagne
Nonce apostolique en Hongrie
Nonce apostolique aux Pays-Bas
Archevêque in partibus de Ptomélaïs-en-Libye (de)

(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Cesare Orsenigo, né le à Villa San Carlo, frazione de la commune de Valgreghentino, dans la province de Lecco, en Lombardie et mort le à Eichstätt, fut nonce apostolique en Allemagne de 1930 à 1946.

Biographie modifier

Cesare Orsenigo naît dans une famille bourgeoise, son père étant soyeux. Il étudie au séminaire de Milan. Il est ordonné en 1896 et devient quelques mois plus tard vicaire à Milan. Il est ensuite curé à la paroisse Saint-Fidèle. Il entre au chapitre de la cathédrale de Milan en 1912 et enseigne dans une école privée pour jeunes filles de la bourgeoisie milanaise, l' Istituto Alfieri. Il s'occupe de diverses organisations caritatives, dont les Dames de Saint-Vincent-de-Paul auxquelles il adjoint une branche issue de la jeunesse et une œuvre à la base de la construction de l'hôpital dit Ospizio Catena. Il est proche de Mgr Ratti (futur Pie XI) et milanais comme lui. Ils s'apprécient mutuellement, aussi n'est-il pas étonnant qu'une fois devenu pape il nomme Cesare Orsenigo, le , évêque in partibus de Ptomélaïs-en-Libye (de) et nonce aux Pays-Bas. Il est consacré le suivant par le camerlingue et secrétaire d'État, le cardinal Gasparri. Il est ensuite nonce en Hongrie en 1925, puis en Allemagne en 1930, où il prend la suite de Mgr Pacelli appelé à Rome pour devenir cardinal à la curie et secrétaire d'État.

Mgr Orsenigo présente ses lettres de créance au maréchal von Hindenburg le . Il écrit à Pie XI le qu'il serait " incohérent " de soutenir en quoi que ce soit le parti national-socialiste nouvellement élu, mais qu'il craignait aussi un nouveau Kulturkampf (qui sera plus feutré, mais réél avec rapidement l'interdiction d'enseigner et l'interdiction des organisations de jeunesse catholiques) dans une ambiance favorisant une idéologie néopaïenne. Il reconnaît cependant un mois que plus tard que 40 % des électeurs catholiques (minoritaires en Allemagne) ont délaissé le Zentrum et se sont laissé tenter par le programme de redressement économique du parti[1]. Il assiste aux violations progressives du concordat récemment signé. Ses notes régulières de protestation sont assidument ignorées du gouvernement allemand qui rogne les droits de l'Église catholique. Il s'occupe aussi de la communauté italienne à Berlin. En 1937, il joue un rôle important dans l'organisation de l'envoi aux évêques de la nouvelle Encyclique Mit brennender Sorge condamnant l'idéologie totalitaire qui prenait de plus en plus d'emprise en Allemagne.

Les tentatives du Saint-Siège de s'opposer à la guerre restent lettre morte et après l'élection de Pie XII, Mgr Orsenigo envoie en cinq ans 1 500 rapports sur la situation en Allemagne. Ribbentrop se félicite dans une lettre à Hans Lammers d'ignorer les mises en garde du Vatican et de son nonce. Il est aussi formellement nonce en Pologne occupée, les Allemands refusant la nomination d'un nonce dans ce pays. Il envoie en une lettre de protestation privée au gouvernement contre les abus commis à l'encontre de l'Église, mais qui n'a évidemment aucun effet. La situation de l'Église est catastrophique en Pologne, ainsi dans le diocèse de Chełmno (Culm) et de Pelpin, seuls vingt prêtres, sur les cinq cents auparavant, ne sont pas assassinés ou emprisonnés. Il est toutefois critiqué pour sa prudence[2]. Après l'armistice de 1943 en Italie, Mgr Orsenigo s'occupe des prisonniers italiens en Allemagne, s'occupant de fournir du matériel liturgique aux prêtres, malgré l'interdiction des autorités, mais aussi des médicaments aux malades. Il séjourne à côté de Berlin au château de Prötzel mis à sa disposition après le bombardement de la nonciature à Berlin.

Mgr Orsenigo meurt inopinément lors d'un déplacement à Eichstätt, le , où il avait fui l'avancée des troupes soviétiques. Les Américains font transporter sa dépouille en Italie le , après une cérémonie célébrée par le cardinal Schuster[3] et il est enterré dans la sépulture familiale à Olginate.

La nonciature ne sera attribuée qu'en 1951. Bien sûr les détracteurs du catholicisme de l'époque critiquent l'action de Mgr Orsenigo pendant cette période, notamment un certain nombre d'historiens à charge américains (Peter Goldman, Michael Phayer), mais il fut aussi jugé trop timide vis-à-vis des autorités en place par certains hommes d'Église prestigieux, comme le soulignait déjà en 1937 Mgr Konrad von Preysing. En conclusion, l'historien jésuite Pierre Blet (1918-2009) estime que si Mgr Orsinego avait été déplacé par le Vatican, le régime du Troisième Reich n'aurait certainement pas accepté de remplaçant et Rome aurait perdu un lien précieux d'information sur la situation de l'Église en Allemagne.

Œuvre modifier

En plus des milliers de lettres qu'il a écrites et qui sont conservées aux archives du Vatican, Cesare Orsenigo a publié une biographie consacrée à saint Charles Borromée et a collaboré au périodique San Carlo Borromeo, alors qu'il était à Milan. Il est aussi l'auteur d'une biographie de Frédéric Ozanam et d'une étude sur le père Lacordaire. Il a aussi publié des ouvrages éducatifs et des traductions du hollandais en matière pédagogique.

Notes et références modifier

  1. cf (en) Peter Goldman, Inside the Vatican, 2004, p. 31
  2. Gilles Ferragu, Les Églises en guerre mondiale dans 1937-1947, La guerre-monde sous la direction d'Alya Aglan et Robert Frank, T.II Gallimard 2015 p. 1687
  3. Béatifié en 1996 par Jean-Paul II.

Bibliographie modifier

  • Pierre Blet, Pie XII et la Seconde Guerre mondiale d'après les archives du Vatican, Perrin, Paris, 1997, seconde édition 2005.
  • Philippe Chenaux, Pie XII, diplomate et pasteur, Cerf, Paris, 2003
  • Rabbin David Dalin, Pie XII et les Juifs, le mythe du pape d'Hitler, Tempora, 2007

Liens externes modifier