Pervenche de Madagascar

espèce de plantes
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Catharanthus roseus

La Pervenche de Madagascar (Catharanthus roseus) est une espèce de plante herbacée pérenne originaire et endémique de Madagascar appartenant à la famille des Apocynacées.

Elle est largement cultivée et naturalisée dans les régions tropicales et subtropicales[1]. Elle est notamment connue pour contenir de la vincristine et de la vinblastine, des molécules utilisées dans le traitement chimiothérapeutique de nombreux cancers.

Historique et dénomination modifier

L'espèce a été décrite par le naturaliste suédois Carl von Linné en 1759, sous le nom initial de Vinca rosea[2]. Révisée par le botaniste britannique George Don en 1837 qui l'a classée dans le genre Catharanthus.

Synonymes modifier

  • Vinca rosea L. basionyme
  • Ammocallis rosea (L.) Small [3]
  • Lochnera rosea (L.) Reichenb. ex Spach [4]
  • Pervinca rosea (L.) Gaterau [5]
  • Vinca speciosa Salisb[6].

Noms vernaculaires modifier

Elle est aussi appelée en créole Kaka poul ou Zèb a sosyé aux Antilles françaises et Guillemette, Rose amère, Vinca à La Réunion et Saponaire, Pervenche à l'Ile Maurice.

Taxinomie modifier

 
Pervenche de Madagascar

Deux variétés sont reconnues :

  • Catharanthus roseus var. roseus
Synonymie pour cette variété
Catharanthus roseus var. angustus Steenis ex Bakhuizen f[7].
Catharanthus roseus var. albus G.Don [8]
Catharanthus roseus var. occellatus G.Don[9]
Catharanthus roseus var. nanusMarkgr[10].
Lochnera rosea f. alba (G.Don) Woodson[11]
Lochnera rosea var. ocellata (G.Don) Woodson
  • Catharanthus roseus var. angustus (Steenis) Bakh. f[12].
Synonymie pour cette variété
Catharanthus roseus var. nanus Markgr[13].
Lochnera rosea var. angusta Steenis [14]

Description modifier

 
Pervenche de Madagascar, Jardin botanique de la reine Sirikit, Thaïlande

C'est un arbrisseau persistant ou une plante herbacée, d'odeur désagréable, pouvant mesurer jusqu'à 1 m de hauteur.

Les feuilles sont entières, ovales à oblongues, 2,5 à 9 cm de long et 1 à 3,5 cm de large, vert brillant, glabres, avec une nervure médiane pâle et un court pétiole de 1 à 2 cm de long ; elles sont disposées en paire opposées.

Les fleurs sont de couleur blanche à rose foncé avec un centre rouge sombre, un tube de base 2.5–3 cm de long et une corolle à tube très étroit de 20–30 mm, de 2–5 cm de diamètre, avec cinq lobes étalés, en forme de pétales. La floraison s'étale sur toute l'année.

Le fruit est une paire de follicules, pubescents, de 2 à 4 cm de long et de 3 mm de large.

 
Pervenche de Madagascar, au Parc national de l'Isalo, à Madagascar.

Écologie modifier

Cette espèce endémique de Madagascar pousse aussi bien dans les zones humides que dans les zones sèches, presque arides, du niveau de la mer jusqu'à 1 500 mètres d'altitude. Elle se rencontre dans les prairies, les cultures, les forêts claires et le long des chemins.

Elle est actuellement cultivée et naturalisée sous les tropiques.

Propriétés[15] modifier

Les parties aériennes de la Pervenche de Madagascar renferment de 0,2 à 1 % d’alcaloïdes. Les composés intéressants sur le plan pharmacologique sont des alcaloïdes formés par le couplage de deux alcaloïdes monomères, un indole et un dihydroindole. Il a été isolé 71 alcaloïdes différents dont la vincristine, la vinblastine, la leurosidine etc. Leur complexité n'a pas permis pour l'instant de les synthétiser en laboratoire. Les feuilles sont par ailleurs très riches en acide-phénols (96 % d’acide 5-O-caffeoylquinique) et en flavonoïdes[16].

La racine séchée contient de l'ajmalicine, molécule anti-hypertensive, servant à améliorer la fonction cérébrale du sujet âgé.

Utilisations modifier

Cette plante est utilisée à des fins thérapeutiques et comme une plante ornementale.

Médicinales modifier

En médecine traditionnelle chinoise et en médecine ayurvédique, des extraits de celle-ci ont été utilisés pour traiter de nombreuses maladies, y compris le diabète, le paludisme et la maladie de Hodgkin[17].

Les principes actifs (vinblastine et vincristine) extraits de la plante sont des antimitotiques, permettant de produire des médicaments contre le cancer[18], notamment les lymphomes (hodgkiniens et non-hodgkiniens) et les leucémies aiguës[19].

L'utilisation de cette plante et les dépôts récents de brevets sur C. roseus par l'industrie pharmaceutique occidentale, sans compensation pour les autochtones, a conduit à des accusations de biopiraterie[20].

La plante peut être dangereuse si elle est consommée par voie orale. Elle peut être hallucinogène, et est citée (sous son synonyme Vinca rosea) dans le « Louisiana State Act 159 (en) ». Comme la plupart des molécules ayant une activité antitumorale, les alcaloïdes binaires de la pervenche de Madagascar ont une toxicité élevée.

C. roseus est utilisé en phytopathologie à titre expérimental comme hôte pour les phytoplasmes. En effet, l'espèce est facile à infecter par une grande majorité de phytoplasmes, et a souvent des symptômes très distinctifs tels que phyllodie et réduction significative de la taille des feuilles.

La décoction de toutes les parties de Catharanthus roseus est réputée comme agent hypoglycémique par voie orale. Elle se prend aussi pour traiter le paludisme, la dengue, la diarrhée, le diabète, le cancer et les maladies de peau.

Ornementales modifier

Comme plante ornementale, elle est populaire dans les jardins tropicaux et subtropicaux où les températures ne tombent jamais sous 5 à 7 °C. Appréciée pour sa résistance en terre aride et pauvre, elle est en outre connue pour sa longue durée de floraison, tout au long de l'année dans des conditions climatiques tropicales, et du printemps à la fin de l'automne dans les climats tempérés chauds.

 
Catharanthus roseus de couleur rose et blanche au milieu.

Elle apprécie le plein soleil et un sol bien drainé. De nombreux cultivars ont

 
Catharanthus roseus fleur de couleur rose.
 
Catharantus roseus fleur de couleur blanche.

été sélectionnés, pour les variations de la couleur des fleurs (blanc, mauve, pêche, rouge et écarlate-orange), et également pour leur tolérance à des conditions de culture plus froides dans les régions tempérées. Parmi les cultivars, on peut citer 'Albus' (fleurs blanches), « Grape Cooler » (rose ; tolérant au froid), le Groupe ocellatus (différentes couleurs), et « Peppermint Cooler » (blanc avec un centre rouge ; tolérant au froid)

 
Catharanthus roseus de couleur blanche et rose au milieu.

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Alcaloïdes modifier

La plante contient les alcaloïdes suivants :

Notes et références modifier

  1. (fr) Claude Sastre et Anne Breuil, Plantes, milieux et paysages des Antilles françaises, Mèze, Biotope, coll. Parthénope, 2007 (ISBN 9782914817066)
  2. L., Syst. Nat., ed. 10. 944. 1759
  3. Small, Fl. S.E. U.S. 936, 1336. 1903.
  4. Reichenbach, Consp. 134. 1828.
  5. Gaterau Descr. Pl. Montauban 52. 1789.
  6. Salisb.Prodr. Stirp. Chap. Allerton 147. 1796, nom. illegit.
  7. Steenis ex Bakhuizen f., Blumea 6: 384. 1950.
  8. G.Don, Gen. Hist. 4(1): 95. 1837.
  9. G.Don Gen. Hist. 4(1): 95. 1837.
  10. Markgr., Adansonia, ser. 2. 12: 222. 1972.
  11. Woodson, N. Amer. Fl. 29: 124. 1938.
  12. Bakh. f.Blumea 6 (2): 384. 1950.
  13. Markgr. Adansonia, ser. 2. 12: 222. 1972.
  14. Steenis Trop. Nat. 25: 18. 1936.
  15. Bruneton, J., Pharmacognosie - Phytochimie, plantes médicinales, 4e éd., revue et augmentée, Paris, Tec & Doc - Éditions médicales internationales, , 1288 p. (ISBN 978-2-7430-1188-8)
  16. (en) David M. Pereira, Federico Ferreres, Juliana Oliveira, Patrνcia Valentγo, Paula B. Andrade, Mariana Sottomayor, « Targeted metabolite analysis of Catharanthus roseus and its biological potential », Food and Chemical Toxicology, no ?,‎ (ISSN 0278-6915, doi:10.1016/j.fct.2009.03.012)
  17. (en) Référence Flora of China : Catharanthus roseus
  18. Levêque D, Wihkl J et Jehl F. - Pharmacologie des Catharantus alcaloïdes. Bull. Cancer 1996, 83, pages 176 à 186
  19. DrugDigest: Catharanthus roseus
  20. Karasov, C. (2001). « Who Reaps the Benefits of Biodiversity? ». Environmental Health Perspectives 109 (12): A582–A587. doi:10.2307/3454734.

Bibliographie modifier

  • Jacques Fournet, Flore illustrée des phanérogames de Guadeloupe et de Martinique, Gondwana éditions, Cirad,
    Tome 1 (ISBN 2-87614-489-1) ; Tome 2 (ISBN 2-87614-492-1).
  • Laurent Sorcelle, Le trésor de Los Mangos, Editions de la Courrière,

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